23/05/2014 Par Christophe Decroix , Yaël Goosz – RTL.fr
Gwendal Rouillard, député PS du Morbihan, adresse une lettre à François Hollande ce vendredi 23 mai. Il met en garde le Président contre une éventuelle réduction du budget de la Défense.
Manuel Valls a promis qu'aucune coupe ne serait faite sur le budget de la Défense. Pourtant, certains membres de la majorité sont inquiets.
C'est le cas notamment de Gwendal Rouillard, député PS du Morbihan, qui a écrit directement à François Hollande afin de le mettre en garde.
Les responsables m'ont alerté, avec gravité et solennitéGwendal Rouillard
"J'ai reçu l'intersyndicale Défense du Morbihan, écrit-il. Les responsables m'ont alerté, avec gravité et solennité, sur l'avenir de la Loi de Programmation Militaire 2014-2019 et sur les réalités professionnelles des personnels", explique le député.
"Je vous demande de confirmer clairement vos engagements en faveur de la Loi de Programmation Militaire 2014-2019, à la fois dans son volume "sanctuarisé" mais aussi dans son rythme, année après année", écrit encore Gwendal Rouillard.
Ce que craignent les militaires, c'est une modification de la Loi de Programmation militaire, votée il y a moins de six mois. Celle-ci prévoit déjà la suppression de 34.500 postes d'ici à 2019, et pourrait également prévoir une amputation budgétaire de 3 à 6 milliards sur 3 ans.
La capacité d'intervention de la France remise en cause
Car si Manuel Valls affirme qu'il ne touchera pas à l'enveloppe globale de 190 milliards d'euros d'ici 2019, il n'a pas évoqué le rythme annuel de ces dépenses.
C'est ce qui inquiète l'armée. Si la France décide de retarder ses commandes, elle pourrait en effet manquer de matériel en cas de future intervention.
Exemple : si la France décide de ne pas acheter cette année les deux ravitailleurs Airbus, prévus pour 2016, les deux ravitailleurs actuels afficheront 50 ans d'âge. Il serait alors impossible d'envisager une opération comme celle que François Hollande voulait mener en Syrie, il y a quelques mois, contre le régime de Bachar al-Assad, accusé d'avoir utilisé des armes chimiques contre son peuple.
Autres exemples : les militaires estiment qu'il faut absolument acheter dix drones aux États-Unis pour pouvoir mener les opérations anti-terroristes au Sahel. L'un d'eux confiait récemment à RTL qu'il est inutile de faire des sommets sur le Nigeria si l'on a pas de drone pour contrer Boko Haram.
Les industriels de la Défense aussi inquiets
Et la Grande Muette multiplie ainsi les exemples avec les programmes pour satellites d'observation, le renouvellement de blindés ou même la composante aérienne de notre force nucléaire.
Les industriels de la Défense comme Thales, Airbus, Dassault, les Chantiers navals ou Safran tirent eux aussi la sonnette d'alarme. Outre le décrochage technologique que le retard des programmes pourrait engendrer, ils rappellent qu'ils emploient 165.000 personnes.