21.05.2012 DSI (Article publié dans DSI n°75 – novembre 2011)

 

Moins médiatisé que la question du phasage du retrait afghan, celle des défenses antimissiles de territoire est l’une des plus problématiques du sommet OTAN de Chicago. C’est pourquoi nous publions in extenso l’article qu’avaient consacré à cette problématique Joseph Henrotin et Philippe Langloit, chargés de recherche au CAPRI, dans DSI n°75 (novembre 2011)

 

Avec la parution en juillet d’un rapport sénatorial sur la Défense Antimissile Balistique (DAMB), on reparle à nouveau de la possibilité pour la France de disposer d’une défense ABM de territoire – par opposition à la nécessaire défense de théâtre, dont elle se dote effectivement. Mais alors que se dessine la prochaine révision du Livre blanc mais aussi les prochaines élections présidentielles, les paramètres pris en compte pour légitimer un investissement considérable sont-ils les bons ?

 

La menace balistique

 

Un premier examen des paramètres légitimant la DAMB pourrait certes laisser à penser qu’elle est nécessaire : plusieurs Etats se sont dotés ou veulent se doter de l’arme nucléaire, d’autres travaillent aux armements chimiques et ces derniers (de même que d’autres) travaillent tous à disposer de missiles balistiques. Ce phénomène de prolifération balistique, laisse cependant sceptique. Outre qu’il ne soit pas nouveau même s’il semble s’accélérer, il renvoie essentiellement à l’acquisition de capacités de courte voire de moyenne portée, par ailleurs « traitées », d’un point de vue capacitaire, par les progrès effectués en stratégie aérienne comme par les systèmes de DAMB de théâtre, à la fois aptes aux missions de défense aérienne classique comme de lutte antimissile. Il ne faut toutefois pas s’y tromper, si les partisans de la DAMB tendent à gommer la distinction entre défense de théâtre et de territoire, c’est aussi pour que les a priori positifs de la première soient étendus à la deuxième. En réalité cependant, d’un point de vue militaire, ces deux types d’antimissiles répondent à des questionnements comme à des menaces différenciées.

 

Là où l’antimissile de théâtre protège des troupes en déploiement de frappes au moyen de roquettes de gros calibre ou de missiles balistiques, de croisière ou d’appareils de combat susceptibles de mener des frappes conventionnelles ou NBCR – et répondent donc à une logique tactique ou opérative dans le cadre d’une manœuvre de combat – la DAMB de territoire relève d’une catégorie autre. En protégeant le sol national, elle est d’emblée de niveau stratégique. Elle est également moins souple : là où un Aster peut protéger les troupes d’un missile SS-21 ou d’un raid d’appareils, un intercepteur exo-atmosphérique ne sert qu’à cette seule fonction antimissile. Surtout, la DAMB de territoire est présentée comme un complément à la dissuasion nucléaire, ce qui ne manque pas de poser question dans un contexte où, en France à tout le moins, toute atteinte aux intérêts vitaux (ce qui comprend raisonnablement une frappe balistique sur le territoire national) serait sanctionnée par une riposte nucléaire.

 

Au demeurant, ce « couplage » entre dissuasion et antimissiles ne va pas de soi : il n’est guère reconnu que dans le contexte extrêmement particulier des Etats-Unis et, à demi-mots, en Russie . Là où d’autres DAMB de territoire sont développées – Chine, Inde – c’est dans un contexte où les frappes tactiques adverses seraient issues d’un territoire qui est contigu. Au Japon, la DAMB est un substitut au manque d’une dissuasion. A ce stade, si la DAMB de territoire peut a priori laisser penser à un renforcement de la protection nationale, le raisonnement semble toutefois tronqué. Comme souvent en dissuasion nucléaire, il est contre-intuitif. Il faut ainsi pouvoir penser la DAMB du point de vue de l’adversaire potentiel, pour qui notre investissement dans cet outil pourrait être le signe d’une volonté moindre de faire usage de la dissuasion . Il faut aussi considérer les effets de la DAMB sur notre stratégie nucléaire : cette dernière est conçue comme étant « tous azimuts », ne visant spécifiquement personne mais permettant de répondre à n’importe quel Etat qui chercherait à nous menacer ou nous engager dans un chantage nucléaire. Or, la posture DAMB proposée dans le dernier rapport du Sénat à ce sujet se pose en rupture de notre stratégie. D’une part, le rôle de la menace iranienne (sur lequel nous reviendrons) y apparaît fondamental, justifiant le positionnement hypothétique d’un radar dans un pays du Golfe.

 

D’autre part, si la dissuasion est « tous azimuts », il semble également logique que la DAMB le soit également, sous peine de perte de cohérence. Or, les schémas proposés actuellement prennent plus facilement en compte l’Iran que la Corée du Nord, la Russie ou des Etats certes dotés de capacités balistiques (Turquie, Egypte, Israël) mais proches et pour cause : Moscou voit clairement une DAMB comme une menace sur ses capacités de dissuasion – nonobstant les centaines de têtes encore opérationnelles dont elle dispose – et il serait politiquement très incorrect de dire à Ankara ou Tel Aviv qu’ils sont des menaces potentielles… Pourtant, en étant « tous azimuts », la dissuasion nous protège aussi de la Russie, de la Chine, de l’Inde ou de la Corée du Nord. Sauf à considérer, comme c’est le cas, qu’un de ces Etats quitterait la rationalité de la dissuasion pour devenir « voyou ».

 

Scénarii d’engagements

 

Pour Paris, la DAMB permettrait pouvoir se défendre contre un « Etat voyou » ou « fou », prêt au martyr nucléaire en représailles à une frappe qu’il aurait préalablement lancée – on ne sait d’ailleurs trop avec quel espoir . Cette notion d’Etat-voyou ou d’Etat-fou, elle-même, est finalement peu examinée : elle permettrait certes de classifier des Etats utilisant le nucléaire comme un facteur permettant d’élargir leur liberté de manœuvre stratégique, au besoin en ne respectant pas les règles du jeu de la dissuasion . Mais – outre que tout Etat utilise le nucléaire pour élargir sa liberté de manœuvre – une manœuvre stratégique présuppose aussi l’espérance de sa réussite, laquelle est conditionnée à la survie de celui qui la mène. On peut certes envisager une stratégie d’anéantissement partant du principe qu’il restera de toute façon quelques millions d’hommes pour exploiter la « percée » induite par les frappes nucléaires. Mais une telle « percée » implique aussi une attaque passablement massive et conduisant, en toute hypothèse, à la saturation de la DAMB.

 

A ce stade, la question iranienne revient fréquemment dans les débats avec, à la clé, la possibilité que l’Iran se lance dans une stratégie de frappes nucléaires sur l’Europe. Or, les recherches effectuées en France où aux Etats-Unis tendent à montrer que l’Iran se place dans une logique de dissuasion défensive, que ce soit à l’égard d’Israël comme des Etats-Unis. Son réflexe est proche du nôtre à l’époque où la dissuasion avait été conceptualisée. Au demeurant, sa stratégie des moyens diffère : il chercherait plus à disposer de capacité « de seuil » (être capable de produire rapidement des armes nucléaires en disposant de l’ensemble des composants et technologies nécessaires) qu’à disposer en permanence d’un arsenal opérationnel. Au-delà, l’Iran, comme tous les Etats actuellement dotés de l’arme nucléaire, se soumette aux logiques de la dissuasion : accepter d’avoir la bombe, c’est aussi accepter de subir des représailles, forçant ses acquéreurs à une « maturation stratégique » .

 

Reste que d’autres hypothèses légitimeraient, selon ses tenants, une DAMB de territoire : l’emploi de missiles balistiques par une organisation ne répondant précisément pas à ces logiques, par exemple. Outre que cette hypothèse soit peu probable en l’état (notamment du point de vue des contraintes techniques posées), on ne peut toutefois s’empêcher d’examiner le passé de la prolifération pour constater que, souvent, les premiers designs produits par les Etats n’étaient pas aptes à être intégrés dans des missiles balistiques. Dès lors, si jamais une organisation parvenait à construire sa propre arme ou à la voler et dans l’hypothèse où elle parviendrait effectivement à s’en servir, il est nettement plus probable qu’elle utiliserait un avion ou même un conteneur maritime – des dizaines de milliers entrent chaque jour en Europe – comme vecteur nucléaire plutôt qu’un ICBM ou un SLBM, dont les technologies nécessaires à la mise au point sont autrement plus importantes .

 

On comprend évidemment qu’une DAMB n’y pourrait pas grand-chose, a contrario des services de renseignement, voire des capacités de frappes conventionnelles préemptives. Par ailleurs, la crédibilité d’une DAMB reposant, comme l’hypothèse est actuellement posée en France, sur un radar qui serait positionné dans le Golfe persique bloque toute possibilité de faire efficacement face à l’un des autres scénarios évoqués pour légitimer cette défense antimissile : celui du tir d’un missile de courte portée sur la France depuis un navire de surface civil. Là aussi, la meilleure sécurité possible n’est pas le fait de la DAMB mais d’une Marine nationale forte. Or, la réduction de ses capacités est avérée et le coût de la DAMB pourrait être tel que ce déclin s’en trouverait accéléré…

 

A cette question de la crédibilité de la menace s’en ajoute une autre, toujours aussi hypothétique : la saturation étant la contre-mesure par excellence à une défense antimissile, il existe une possibilité que la DAMB mette le territoire national plus en danger qu’il ne l’était. En effet, compte tenu des faibles probabilités d’interceptions de ces systèmes (elles sont estimées, au mieux, à 70 % dans le cas du SM-3, par ailleurs inapte à l’interception d’IRBM ), un adversaire pourrait être tenté de doubler ou de tripler sa salve. Avec pour résultat de ne plus voir une ou deux ogives frapper la France, mais bien trois ou quatre. A ce seul égard et en poussant le raisonnement à l’absurde, si 10 milliards d’euros étaient à consacrer à la sécurité des Français face à une attaque balistique, sans doute seraient-ils mieux investis dans un réseau d’alerte et dans la construction systématique d’abris…

 

Contraintes budgétaire et stratégie

 

Or, si une DAMB de territoire ne parviendra pas à faire face à ces menaces, force est aussi de constater que les investissements consommés par une DAMB ne pourront être injectés dans d’autres capacités… comme le renseignement, première arme contre le terrorisme. Ces investissements sont lourds : le dernier rapport sénatorial évoque 7,4 milliards d’euros et 10 milliards ont été cités mais le chiffre paraît largement sous-évalué. Pour ce prix, il s’agit notamment de développer une capacité d’interception exo-atmosphérique à 1,77 milliards d’Euros là où les Etats-Unis, nettement plus en avance que nous, ont dépensé plus du double pour le seul système Ground Based Interceptor et ce, sur la seule année 2006. Il est également fait mention de l’achat de deux frégates destinées à la DAMB et leur armement, pour seulement 1,5 milliards d’euros là où les deux Horizon avec leur armement ont coûté 1,6 milliards.

 

L’investissement pour une DAMB de territoire, conduit sur 10 ans, aboutirait – a priori et dans une hypothèse, on l’a vu, plus qu’optimiste – à une ponction d’environ 1 milliards sur un budget d’équipement déjà passablement contraint. Hors dissuasion, hors infrastructure et hors MCO, l’équipement représente pour le budget 2012 un montant de 7,8 milliards d’euros. Or, il est évident que, déjà dans les conditions actuelles, un certain nombre de programmes pourraient être soit réduits, soit étalés dans le temps. Dans pareil cadre, quels seraient les impacts d’une ponction de l’ordre de 12-15 % du budget équipement durant dix ans ? S’il est difficile à ce stade de l’évaluer précisément – le poids de la dette n’a sans doute pas fini d’impacter le budget militaire de la France et le coût d’une DAMB de territoire a minima est encore inconnu en dépit de l’évaluation citée supra – la réponse pourrait être désagréable pour les capacités conventionnelles de la France.

 

Qu’on le veuille ou non, la probabilité d’une augmentation substantielle du budget de défense est inexistante alors que l’on voit tous les jours combien manquent les hélicoptères, les hommes ou même les avions de combat. On ne sait même pas si les munitions tirées en Libye seront effectivement remplacées nombre pour nombre. Ce qui ne manque pas, au passage, de faire dire à certains observateurs que si seuls 3 milliards venaient à miraculeusement se libérer, ils les affecteraient plus certainement à un nouveau porte-avions, à une paire de SNA ou 75 NH90 TTH qu’à une DAMB de territoire…

 

Surtout, on ne peut découpler, comme c’est actuellement le cas, un programme tel que la DAMB du reste de la stratégie des moyens des armées : ce qu’on prend à Pierre, on l’enlève à Paul. L’impact de la perte de 10 milliards d’euros conduirait certainement l’EMA à se poser de graves questions sur la capacité de la France à pouvoir mener une stratégie globale ou à respecter les contrats opérationnels existants. Or ces derniers sont déjà taillés au plus juste. Toutes les expériences récentes, qu’elles relèvent du combat irrégulier en Afghanistan ou du combat régulier en Libye montrent que « mass matters » et que le pari de la guerre technologique – une armée d’échantillons que l’on engage sur des opérations très différentes – n’est pas gagnant, quel que soit le type de conflit dans lequel on est engagé . Aussi, on peut se demander si la DAMB et ses coûts ne vont pas, en, érodant un peu plus nos capacités conventionnelles, participer d’une réduction capacitaire, même sans qu’elle soit voulue.

 

Le poids du politique

 

Si la DAMB de territoire n’a pas les faveurs du monde militaire, quelles pourraient donc être les raisons d’une mise en avant aussi systématique de la question ? Une première piste de réponse renvoie à l’activisme américain en la matière, bien réel. En abandonnant en 2009 l’idée d’un déploiement de missiles en Pologne et en lançant l’EPAA, l’administration Obama cherchait à faire coup double. D’une part, réifier sa traditionnelle vision géopolitique de l’Europe comme d’un rempart protégeant les Etats-Unis des menaces dont ils seraient la cible. En somme, offrir une première ligne de défense au territoire américain, en l’occurrence face à l’Iran. D’autre part, démontrer aux Européens l’attention dont fait montre Washington, qui continuerait ainsi à se poser comme protecteur d’une Europe décidément perçue comme incapable de se défendre et alors qu’ils sont par ailleurs engagés dans d’autres zones. Or, l’initiative américaine, si elle a été assez favorablement accueillie dans les capitales européennes, n’a pas manqué d’avoir des impacts plus nuancés en France. Pour plusieurs acteurs, la possibilité que les Etats-Unis puissent, par un tir d’intercepteur, défendre la France la placerait dans une situation de débiteur stratégique. Plus largement, cette vision est considérée comme impensable dans une logique gaullienne, sorte de camouflet stratégique majeur que préviendrait une DAMB « franco-française ».

 

Toutefois, il faut également se poser la question de savoir si cette préemption de la défense de la France par les Etats-Unis – qui est un réel problème politique – peut uniquement être résolue par une réponse technologique. C’est en particulier le cas si le coût de cette réponse technologique sera tel qu’il réduira les moyens conventionnels disponibles et, donc, notre capacité à faire preuve d’autonomie stratégique, que ce soit dans l’OTAN ou à l’égard des Etats-Unis. En réduisant nos capacités conventionnelles, on se rapproche d’un paradigme du repli, sacrant un repositionnement des forces sur la défense du territoire. Cette dernière option n’est certes pas un mal en soi mais elle limite les options de défense « à distance » alors pourtant que 2 000 ans d’histoire militaire ont démontré qu’il est toujours préférable de combattre à distance plutôt qu’aux frontières. Surtout, une réduction de nos capacités conventionnelles aboutit à « neutraliser » la France en tant que grande puissance. In fine, il faut en revenir aux leçons stratégiques élémentaires : la technologie ne permet pas de résoudre les problèmes politiquement insolubles.

 

Autre piste de réponse dans la question de la récurrence des poussées « pro-DAMB », le poids des industriels dans le processus de mise à l’agenda stratégique de questions particulière est bien réel. Le rapport des sénateurs revient ainsi fréquemment sur les propositions des industriels mais finalement peu (voire pas) sur celles de la DGA, de l’ONERA, de militaires ou de chercheurs en études stratégiques. Il faut cependant, ici, raison garder : le rapport n’est pas un plaidoyer pour une DAMB de territoire et se contente souvent de dresser l’état des lieux des possibles. Si les avis des industriels sont retenus, il ne s’agit pas non plus d’un document de lobbying. Pour autant, l’option d’une DAMB de territoire ne manquerait pas, également, d’impacter la politique industrielle de défense. Restrictions, étalements voire annulation de programmes pourraient en découler. Avec, à la clé et dans le contexte d’une diversification insuffisante des clients de nombres d’industriels de la défense dépendant largement des commandes françaises, la possibilité que certains soient placés dans de graves difficultés. In fine, à chercher à sauvegarder la souveraineté française, on risquerait, là aussi, de la réduire.

 

Des leçons à garder à l’esprit : la DAMB comme symptôme

 

Les débats sur la DAMB doivent avoir lieu : si ce présent article ne lui est pas fondamentalement favorable, il faut aussi constater que trouver des contradicteurs n’est pas aisé. Ce qui pourrait être le signe d’une évolution potentiellement défavorable pour les armées française, augurant d’une véritable confiscation de l’objet militaire des mains des militaires. Stratégiquement et militairement problématique, la mise en place d’une DAMB serait légitimée par des facteurs d’ordre politique ou industriel qui placeraient le militaire dans la situation, toujours plus délicate, de la recherche d’un « faire toujours plus avec toujours moins ». Dans pareil cadre, la confiscation de « l’objet DAMB » des mains des opérateurs de la stratégie militaire ne manque pas de poser question non seulement pour l’évolution de la stratégie nucléaire française mais aussi pour l’évolution de la stratégie française d’une manière plus générale. Or, les contraintes pesant sur cette stratégie sont, déjà à l’heure actuelle, passablement importantes…

 

[1] Voir à ce sujet Jean-Philippe Baulon, L’Amérique vulnérable ?, Coll. « Bibliothèque stratégique », Economica, Paris, 2008.

[2] Où il s’agit uniquement de protéger Moscou. Au demeurant, l’état opérationnel du système est très incertain. Le développement des systèmes S-400 et S-500 répond quant à lui à des logiques de défense de théâtre.

[3] C’est ainsi qu’avait été légitimé le fait que la France ne se lance pas dans un programme de construction d’abris anti-atomiques.

[4] Et comme si le 11 septembre, au passage, n’avait pas montré que l’on peut porter des coups extrêmement forts à un adversaire sans utiliser le nucléaire.

[5] Au demeurant, on regrettera que cette notion d’Etat-fou ou « voyou » soit insuffisamment explorée dans la littérature stratégique…

[6] Cette question de la « maturité stratégique » imposée par la disposition du nucléaire est classique à l’échelle historique. Outre que l’URSS en son temps ait « mûri sans l’avoir dit » (de la publication de la doctrine Sokolovski au discours de Tula), la question d’Etats « immatures » s’est à nouveau posée avec l’Inde puis le Pakistan – qui n’en sont jamais arrivé à un emploi opérationnel du nucléaire. Leur conflictualité s’est ensuite maintenue sous le seuil nucléaire, dans les domaines conventionnels et irréguliers. Paradoxe d’une DAMB : à iso-budget de défense, elle aboutit à réduire nos capacités conventionnelles qui permettent, justement, de faire face au « retour du conventionnel » découlant des maturations induites par le nucléaire…

[7] Rares sont les Etats à avoir été capable de mettre au point et à industrialiser ces catégories de missiles. Encore l’ont-ils fait par paliers successifs : il a fallu 40 ans à la France pour disposer d’un SLBM ayant une portée de plus de 7 000 km…

[8] La probabilité d’interception est, dans le cas du GBI américain, estimée à 50 % dans des conditions de laboratoire.

[9] Voir notre tableau de bord, en pages 76-77.

[10] On ajoutera, au demeurant, que c’est également le cas pour la conduite de conflits hybrides.

 

 

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