30 mai 2013 Romandie.com (AFP)
KANO (Nigeria) - Les services de sécurité nigérians ont affirmé jeudi avoir découvert une cellule du Hezbollah dans une maison à Kano (nord), où des ressortissants libanais avaient caché des armes devant servir à des attaques contre des cibles israéliennes et occidentales au Nigeria.
Le responsable des services de renseignement de l'Etat de Kano, Bassey Etang, a déclaré devant des journalistes que le propriétaire du local où la cache d'armes a été découverte entretenait des liens avec le Hezbollah et que cette maison abritait une cellule du mouvement chiite libanais.
Ceci est l'oeuvre du Hezbollah. Ce que nous venons juste de découvrir c'est une cellule du Hezbollah et ce que vous avez vu, c'est un arsenal du Hezbollah, a-t-il dit sans toutefois apporter les preuves de ces accusations.
Les armes devaient servir à viser des intérêts israéliens et occidentaux au Nigeria, a ajouté M. Etang, dirigeant local du Département de la sécurité d'Etat (DSS), le plus important des services de renseignement.
Dans un communiqué distinct, l'armée a affirmé que le compound (résidence qui compte plusieurs villas) abritait une cellule terroriste liée au Hezbollah.
Dans l'arsenal découvert, il y avait des armes anti-chars, des lance-roquettes, des mines anti-chars et anti-personnelles, selon l'armée. En outre, trois Libanais ont été arrêtés en lien avec cette affaire et un quatrième suspect est en fuite, après une solide enquête anti-terroriste menée ces derniers mois.
Des journalistes ont été conduits dans ce compound dans le quartier huppé de Bompai. La cache y était creusée sous une chambre.
A Jérusalem, des responsables israéliens de la sécurité ayant requis l'anonymat ont déclaré à l'AFP que le Nigeria était un lieu de destination pour le terrorisme chiite et la mouvance jihadiste mondiale qui intensifient leurs activités en Afrique.
Ces responsables ont affirmé que la cellule démantelée faisait partie d'une campagne terroriste chiite contre des cibles occidentales et israéliennes qui se développe dans le monde entier depuis un certain nombre d'années.
Les services de sécurité israéliens n'excluent pas que des membres de cette cellule aient opéré pour le compte du Hezbollah dans d'autres Etats africains comme la Sierra Leone, la Côte d'Ivoire, le Bénin et le Ghana.
Le Nigeria est confronté depuis des années à une insurrection armée dans le nord du pays, menée par le groupe islamiste armé Boko Haram.
L'armée mène une vaste offensive contre ces insurgés dans le nord-est où l'état d'urgence a été décrété. Selon l'ONG Human Rights Watch, les attaques menées par Boko Haram et la répression ont fait 3.600 morts depuis 2009.
Des enquêtes sont toujours en cours pour déterminer si les ressortissants libanais sont réellement liés à Boko Haram, a déclaré le responsable du renseignement.
Selon des experts, Boko Haram est avant tout un groupe nigérian qui a pu nouer des liens avec la branche d'Al-Qaïda au Maghreb et en Afrique de l'Ouest.
Selon l'armée, l'un des suspects libanais, Mustafa Fawaz, a été arrêté le 16 mai et ses aveux ont permis d'identifier d'autres membres du réseau terroriste étranger.
Cet homme serait, selon certaines sources, le dirigeant d'un supermarché et d'un parc d'attractions Wonderland à Abuja. Un employé répondant au téléphone dans ce parc a déclaré à l'AFP que M. Fawaz n'avait pas été vu au bureau cette semaine.
Un second suspect, Abdullah Tahini, a été arrêté plusieurs jours après, en essayant d'embarquer de Kano sur un vol pour Beyrouth, selon l'armée. Le troisième Libanais, Talal Roda, a été arrêté à Kano le 26 mai. Et le quatrième homme, présenté comme un suspect, Fauzi Fawad, est en fuite.
Le plus haut responsable de l'armée à Kano, le général Iliyasu Abba, a expliqué aux journalistes que cette affaire avait suscité beaucoup d'intérêt national.
En février, le DSS a annoncé avoir découvert une cellule militante qui recevait des instructions d'agents iraniens cherchant à attaquer des cibles israéliennes et occidentales au Nigeria.