Poursuivant son cycle d'auditions consacrées à la dissuasion nucléaire française, la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale a entendu le 15 avril le général Denis Mercier, chef d'état-major de l'armée de l'Air (CEMAA), ainsi que le général Patrick Charaix, commandant les Forces aériennes stratégiques (FAS). Evoquant la modernisation de la composante aéroportée de la dissuasion, le CEMAA a rappelé que deux projets sont à l'étude pour remplacer l'actuel missile de croisière nucléaire ASMP-A, emporté par les Rafale et les Mirage 2000N : "l'un privilégiant la furtivité du missile, l'autre l'hypervélocité de celui-ci avec des perspectives à Mach 7 ou Mach 8", a-t-il souligné. "C'est cette seconde solution qui a ma faveur", a déclaré l'aviateur.
"La maîtrise de l'hypervélocité apparaît d'ores et déjà comme une donnée centrale", explique le général Mercier aux députés, ajoutant que de nombreux pays comme les Etats-Unis, la Russie, la Chine ou l'Inde conduisent déjà des expérimentations dans ce domaine. "J’imagine avec peine que la France, pays qui jouit d’une avance incontestable en matière de statoréacteur, reste en marge de ces développements", ajoute l'aviateur.
Cette évolution à long terme du missile air-sol français, dont le lancement éventuel pourrait être décidé à l'horizon 2016, nécessitera d'opérer une "rupture capacitaire" et d'engager "un véritable travail, avec le CEA et avec MBDA de recherche technologique, notamment sur la résistance des matériaux et les propulseurs", selon les termes du général Patrick Charaix.
Le CEMAA rapelle par ailleurs que "s’agissant du missile ASMP-A, une opération de traitement d’obsolescences et d’amélioration a minima de certaines performances pour les adapter aux missiles anti-missiles connus sera conduite et devrait durer environ dix ans". Ce chantier de rénovation à mi-vie, qui doit théoriquement être commandé cette année par la Direction générale de l'armement (DGA) au missilier MBDA et au CEA, permettra également "d’améliorer la probabilité de réussite des tirs", d'après le général Mercier.
Revenant sur la complémentarité de la composante aérienne par rapport aux sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, le patron des FAS insiste sur la "très grande précision du missile ASMP-A", censée offrir "la possibilité de détruire des objectifs fortement résistants et d’exécuter des frappes aux effets adaptables et strictement conformes à ceux décidés par le président de la République". "Nous amenons la précision, et la composante océanique apporte un effet plus large", résume le général Mercier.
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