02 mai 2014 Tout un monde
Quatre pays : le Japon, la Corée du Sud, la Malaisie, les Philippines. Deux thématiques : le commerce et la sécurité. Trois objectifs : intégrer davantage l’Asie dans l’économie mondiale, réaffirmer la présence américaine et donc rassurer les pays visités face aux ambitions grandissantes de la Chine, et faire tout cela en maintenant un dialogue privilégié avec Pékin, même si le président américain n’a pas eu d’étape chinoise dans son voyage. Il y avait enfin un objectif non déclaré, mais néanmoins important : parfaire l’isolement international de Moscou.
*Dominique Moïsi est conseiller spécial à l'IFRI
Le voyage de Barack Obama en Asie – qui n’a pas eu toute la couverture médiatique qu’il méritait, pris entre la crise Ukrainienne et la double béatification de Jean XXIII et Jean Paul II – s’est achevé lundi avec un bilan en demi-teinte. Le président américain a, certes, décliné les objectifs de sa «grande stratégie » en Asie, continent qu’il a désigné comme le « pivot » de son action extérieure. Mais a-t-il les moyens humains et politiques de ses ambitions ?
Il n’y a pas autour de lui de grands spécialistes de l’Asie. Un stratège à la Kissinger fait défaut, les experts sont ternes. Sur le plan politique, Démocrates comme Républicains ne partagent pas l’enthousiasme libre-échangiste de l’exécutif. De même, ils ne souhaitent pas augmenter leur aide militaire au continent asiatique.
Ainsi, les dirigeants asiatiques – à l’exception des Chinois qui les voudraient moins présents– soupçonnent-ils l’Amérique d’être dans une posture de retrait et non d’engagement. « Pourquoi ferions-nous des concessions en matière de commerce si vous n’allez pas nous soutenir de manière plus sérieuse en terme de sécurité ? » Certes, Washington a pris, de manière très nuancée, une position plus favorable à Tokyo qu’à Pékin sur la question des îles contestées par les deux pays. Mais cela suffira-t-il à rassurer les Japonais ?
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