C'est une belle promesse pour l'avenir pour MBDA en particulier, et pour les industriels de la défense français en général en Inde. Selon le ministre des Finances britannique, George Osborne, actuellement en visite à Bombay en compagnie du secrétaire d'État des affaires étrangères William Hague, le missilier européen a obtenu un contrat estimé à 428 millions de dollars (315 millions d'euros) pour équiper les vieux Jaguar de l'armée de l'air indienne de missiles britanniques air-air de courte portée Asraam. Ce contrat va créer "des centaines d'emplois" en Grande-Bretagne, a précisé George Osborne.
MBDA attendait depuis le début de l'année la mise en vigueur du contrat Asraam. Le contrat avait été validé par l'ancienne majorité en Inde, notamment par le CCS (Cabinet Committee on Security), qui est présidé par le Premier Ministre. Mais il n'avait pas été mis en vigueur, puis les élections législatives avaient gelé le processus. Toutefois, le missilier n'avait pas encore reçu le premier versement officialisant la mise en vigueur du contrat, selon nos informations. Outre le SR-SAM (Short Range Surface to Air Missile), un missile sol-air de nouvelle génération co-développé et coproduit en Inde avec Bharat Dynamics Limited, le missilier a plus d'une trentaine de campagnes en cours actuellement en Inde dont celles concernant MMRCA (Scalp, Meteor...).
Une promesse pour l'avenir
Pourquoi la signature de ce contrat est-elle une belle promesse pour l'avenir pour les industriels de la défense de la planète à commencer par Dassault Aviation, qui négocie la vente de 126 Rafale avec New Delhi ? Parce que le nouveau gouvernement de Narendra Modi semble vouloir aller plus vite comme le démontre ce contrat signé avec MBDA que le précédent. Le ministère de la Défense est critiqué pour sa lenteur, la signature des contrats prenant souvent des années avant d'aboutir. Les très nombreuses affaires de corruption ces dernières années ont paralysé la plupart des processus d'acquisition du gouvernement de Manmohan Singh, notamment ceux dans le domaine de la défense. En janvier, l'Inde a annulé un contrat d'achat de 12 hélicoptères au groupe italien AgustaWestland sur fonds de soupçons de versement de pots-de-vin. Aussi, plus aucun responsable ne souhaitait prendre de décision.
D'autant qu'en décembre, le Parlement indien avait approuvé une loi anti-corruption prévoyant la création d'un médiateur ayant le pouvoir d'enquêter sur les politiques et les fonctionnaires soupçonnés de corruption. En mai, le Premier ministre s'était engagé à ce que les achats d'armements et d'équipements militaires soient "plus transparents, lisses, efficaces et moins vulnérables aux pratiques contraires à l'éthique".
Pour Modi, l'Inde doit devenir un producteur d'armes
Issu du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi entend développer les capacités militaires de l'Inde et transformer progressivement le premier importateur mondial d'armes en pays producteur d'armes. Un des moyens d'y parvenir pourrait être d'assouplir les règles encadrant la participation d'investissements étrangers dans ce secteur.
Le nouveau ministre indien de la Défense, Arun Jaitley, a récemment promis d'accélérer le processus d'achat d'équipement militaire. "Plusieurs décisions sont dans les tuyaux et il y a de bonnes raisons pour conduire ces processus à leur terme", a dit le ministre lors d'une rencontre avec l'Etat-major de la marine à New Delhi. C'était le cas du contrat Asraam de MBDA. "Le gouvernement va tout faire pour travailler dans cette direction", avait-il précisé, reconnaissant que "la lenteur du rythme des acquisitions" constituait un motif de préoccupation.
L'Inde est le premier importateur de matériel militaire conventionnel mais plusieurs grands contrats attendent d'être conclus depuis des années, créant d'importants lacunes dans l'équipement de l'armée indienne. Cette dernière a laissé percer son mécontentement devant ces problèmes d'approvisionnement, alors que la situation est tendue à la frontière avec le Pakistan et que la Chine déploie ses ambitions militaires.