Armement - Pressenti pour succéder à Patrick Boissier, Hervé Guillou pourrait arriver à la tête de DCNS dès cet été - photo ensta-bretagne
26/06/2014 Michel Cabirol – LaTribune.fr
Pressenti pour remplacer Patrick Boissier à la tête de DCNS, Hervé Guillou pourrait prendre ses quartiers dès cet été.
L'ancien patron des activités de cyberdéfense d'Airbus Group, Hervé Guillou, pressenti pour remplacer le PDG de DCNS Patrick Boissier, serait sur le point d'embarquer finalement plus tôt que prévu à la tête du groupe naval. Vraisemblablement cet été. Pourquoi ? Selon nos informations, le ministère de la Défense souhaiterait que le nouveau PDG porte la responsabilité du budget 2015 du groupe naval, qui a réalisé 3,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2013 pour 13.648 emplois (équivalents temps plein). Un budget très compliqué qui sera préparé dès la rentrée prochaine.
D'où la volonté de l'Hôtel de Brienne d'accélérer le remplacement de Patrick Boissier, qui devrait initialement quitter le groupe qu'à la fin de l'année. Pour autant, le PDG de DCNS a trouvé une sortie honorable en étant élu mercredi président du conseil d'administration du Groupement des Industries de Construction et Activités Navales (GICAN). Il a succédé à Jean-Marie Poimbœuf.
L'Etat veut des relations apaisées entre DCNS et Thales
Au regard du passé, le ministère a aussi demandé à Hervé Guillou de travailler en bonne intelligence avec Thales, actionnaire à 35 % du groupe naval. Car le futur patron de DCNS quand il était président d'EADS Defence and Security France a par le passé beaucoup ferraillé contre le groupe électronique. notamment Hervé Guillou
En 2009, Hervé Guillou avait remporté un appel d'offres important de la Marine nationale face à son rival Thales en situation de quasi-monopole sur le secteur en France. Le ministère de la Défense avait préféré EADS Defense and Security au groupe d'électronique pour passer une commande de 240 millions d'euros pour renforcer le réseau intranet des bâtiments et avions de sa marine, programme « Rifan » (réseau IP de la force aéronavale) étape 2. Hervé Guillou avait également beaucoup œuvré au succès d'EADS Allemagne pour remporter également en 2009 le célèbre appel d'offre de surveillance des frontières saoudien Miksa... contre Thales.
Et Thales ?
Thales a pris la décision, selon nos informations, de ne pas proposer de candidats à la succession de Patrick Boissier, qui se serait bien vu continuer un demi-mandat supplémentaire. Ce qui a bloqué les éventuelles candidatures de Pascale Sourisse, directeur général en charge du développement internationale, et de Pierre-Eric Pommellet, directeur général adjoint en charge des systèmes de mission de défense. Avant la décision de Thales de ne pas proposer de candidats, Pascale Sourisse aurait été approchée par la DGA pour le job. Mais vu le salaire proposé, pas sûr qu'elle se serait lancée....
Pourquoi une telle décision de la part de l'électronicien ? Parce que le PDG Jean-Bernard Lévy aurait trouvé maladroit, dans le cadre de la réflexion du ministère de la Défense sur une éventuelle montée de Thales au capital de DCNS, de présenter un candidat à la tête du groupe naval. Par ailleurs, certains observateurs du milieu industriel de la défense estiment que le renoncement de Thales serait la conséquence d'un veto de l'Hôtel de Brienne à sa montée au capital de DCNS avant la fin du quinquennat de François Hollande. A suivre.
Chasse aux sorcières ?
La succession de Patrick Boissier arrive au plus mauvais moment pour DCNS, qui aborde une année cruciale à l'export. La deuxième partie de l'année pourrait être complètement parasitée, voire paralysée, par la course à la présidence. Et beaucoup craignent enfin que l'arrivée d'un nouveau président soit une occasion pour déclencher une chasse aux sorcières néfaste à l'obtention de contrats proches d'être signés ou nuisible à des campagnes très importantes pour l'avenir du groupe, voire de la loi de programmation militaire (LPM), notamment celles concernant les frégates multimissions FREMM.
Le groupe naval a signé un contrat avec l'Egypte (4 corvettes Gowind), et en Uruguay (trois patrouilleurs Gowind dont l'Adroit). Il n'est pour le moment pas mis en vigueur. Surtout le groupe naval lorgne un contrat en Arabie Saoudite de plus de 15 milliards d'euros (Sawari 3). L'Arabie Saoudite et la France négocient un projet de vente de six frégates multimissions FREMM et de cinq à six sous-marins dans le cadre du programme Sawari 3. Un mégacontrat estimé à plus de 15 milliards d'euros. Il fait tourner les têtes des principaux groupes concernés : DCNS, Thales, le missilier MBDA et l'hélicoptériste Eurocopter (EADS). La France a signé une LoI (Letter of intent), elle attend maintenant la signature de Ryad où des changements au plus haut niveau au sein du ministère de la Défense ont perturbé le processus de ratification.
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