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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 19:40
Les ambitions militaires de l' Azerbaïdjan (2)

 

15 novembre 2013 Henri Weill Ainsi va le monde !

 

Ce pays du Caucase vit depuis la fin de l'ex-URSS sous la domination du clan Aliev. Qui en contrôle tous les rouages, qu'ils soient politiques ou économiques (post du 13 novembre). Dans ce second entretien, nous examinons avec Mathieu BOULEGUE, chercheur à l’IPSE *(programme Eurasie-Europe), les ambitions militaires de l'Azerbaïdjan.

 

Le conflit du Karabakh dure depuis 20 ans ; Azéris et Arméniens ne sont pourtant pas pressés d’y mettre fin. Pourquoi ?

 

MB : Cela fait presque deux décennies, en effet, que le conflit du Karabakh perdure, ce qui en fait la plus longue guerre de tranchées de l’Histoire. Tragiquement, la préservation de cette situation est  bénéfique aux deux Etats, officiellement en guerre.

Pour l’Azerbaïdjan, se lancer dans une aventure militaire reviendrait à risquer de perdre la rente énergétique sur laquelle la famille Aliev s’est consolidée depuis le « contrat du siècle » de 1994. La guerre n’est donc pas une option valable pour le pouvoir en place. Par ailleurs, l’explosion du budget de la défense depuis 10 ans permet au pays de se lancer dans une sorte de politique de « défiscalisation » à grande échelle, afin de trouver un relais de croissance supplémentaire mais également de concilier un certain nombre d’opérations de détournement de fonds. De plus, la rhétorique belliqueuse permanente permet de garder la situation suffisamment sous tension et flatter ainsi le nationalisme.

Pour l’Arménie, la préservation de ce statu quo implique que la « République du Haut-Karabakh » demeure sous son contrôle. Se livrer à des provocations serait contre-productif, Erevan pouvant se retrouver en position de faiblesse à la table des négociations. L’Arménie joue également sur sa victimisation dans le conflit et profite du lobbying actif de sa diaspora... Les perspectives de règlement du conflit sont donc bloquées !

 

Comment la Russie  considère-telle l’Azerbaïdjan ?

De manière assez ambiguë ! Les rapports entre Moscou et Bakou sont marquées par de profondes dissensions, notamment sur la question énergétique et le Karabakh. Pour faire simple, c’est principalement grâce à la rente énergétique et le transit des pipelines que l’Azerbaïdjan est aujourd’hui un Etat autonome vis-à-vis de la Russie. Sans quoi Bakou aurait rejoint le giron russe depuis longtemps…

Plusieurs points irritent la Russie et ternissent les relations bilatérales. D’abord l’Azerbaïdjan s’est retiré de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC, alliance militaire des anciens pays soviétiques) en 1999 pour rejoindre, la même année, l’organisation du GUAM, ouvertement tournée contre la Russie. Le rapprochement entre Bakou et Tbilissi à la suite de la guerre russo-géorgienne d’août 2008, a également été mal perçu par Moscou. Les deux pays sont en réalité dans une forme de confrontation vis-à-vis de la Turquie et de l’Iran, deux alliés sur lesquels l’Azerbaïdjan compte activement et que la Russie courtise.

Au cours de l’année 2013, plusieurs développements internationaux ont provoqué une nouvelle phase de tension. Ainsi la fermeture provoquée par Bakou de la station radar de Gabala, prêtée aux forces armées russes  ou encore la mise en avant du gazoduc TANAP. De plus, Moscou ne semble pas parvenir à exercer une pression suffisante pour forcer l’Azerbaïdjan à rejoindre l’Union Eurasienne. Enfin, Moscou soutient plus ou moins ouvertement l’Arménie dans le conflit du Karabakh, notamment en lui fournissant la majorité de son matériel militaire. Moscou a également tout intérêt à préserver le statu quo dans ce conflit tant d’un point de vue stratégique qu’énergétique.

 

Les Azeris se positionnent et lancent un salon de l’armement à Bakou en 2014 ?

De manière assez surprenante en effet ! En avril 2013, le ministre de l’industrie de défense Yaver Djamalov avait annoncé que la capitale accueillerait un salon international de défense, ADEX, du 11 au 13 septembre 2014. L’Azerbaïdjan cherche à développer son complexe militaro-industriel national via la production interne d’équipements et de matériel militaire.

Il est vrai que l’industrie de défense azérie a réalisé des progrès notables en matière de production indigène ces derniers années, dans le domaine des armes légères et de petit calibre (notamment le fusil de précision Istiglal) ou encore des véhicules de transport blindés (comme les modèles Matador et Marauder dont la licence de production a été achetée à l’Afrique du Sud en 2009). La création d’un ministère de l’industrie de défense en 2005 a permis la mise en place de grands projets, en particulier de centres de production de munitions. Il convient toutefois de relativiser ces succès internes car le complexe militaro-industriel de l’Azerbaïdjan reste très faible technologiquement et dépend en grande partie de la coopération internationale. Notamment des productions conjointes avec des partenaires diversifiés comme l’Afrique du Sud, la Turquie ou Israël. Le salon ADEX intègre cette logique qui pourrait permettre une montée en gamme.

De manière plus insidieuse, l’organisation d’ADEX permet d’exercer une pression indirecte sur l’Arménie en mettant en avant les avancées militaires « spectaculaires » de l’Azerbaïdjan.

 

Les Azéris voudraient également se positionner sur le marché des drones ?

Ils sont demandeurs et même producteurs. En février 2012, la signature d’un contrat de défense avec Israël a fait grand bruit (notamment en Iran et en Arménie) puisqu’il a conduit à la vente pour 1.6 milliards de dollars d’armement à l’Azerbaïdjan ; principalement des drones Heron et Searcher ainsi que d’autres systèmes de défense anti-aérien. Cette question des drones israéliens avait déjà été abordée lors de la visite de Shimon Peres à Bakou en 2009. Des accords de production ont suivi. En mars 2011, la joint-venture Azad Systems a vu le jour entre l’Azerbaïdjan et la société israélienne Aeronautics Defense Systems pour la production conjointe de drones type Aerostar et Orbiter. Toutefois, l’implication azerbaïdjanaise se limite à la production de quelques composants et à l’assemblage sur place. De plus, le contrat n’aurait pas permis de transferts de technologie importants.

Les drones sont utiles pour les forces armées d’Azerbaïdjan à des fins de surveillance et de reconnaissance. Fin 2011, un drone azerbaïdjanais a d’ailleurs été abattu par les forces du Karabakh sur la ligne de contact, confirmant la présence de ces engins dans les activités de renseignement militaire.

 

* Institut prospective et sécurité en Europe

 

Azerbaïdjan, , Mathieu Boulegue

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 11:45

Opération Serval - Secteur Sévaré Mopti, le 22 janvier 2

 

02.04.2013 par Henri Weill - Ainsi va le monde

 

Laurent Fabius sera auditionné aujourd'hui à 17h, par la commission des affaires étrangères du Sénat. Il pourrait y être interrogé sur la série de mutations de diplomates (liés au dossier Afrique) enregistrée depuis l'automne dernier. Il y eut Elisabeth Barbier, responsable de la direction Afrique-Océan Indien puis, plus récemment, le numéro deux de cette direction Laurent Bizot qui « a été prié » de cesser ses fonctions. De même que l’ambassadeur Jean-Félix Paganon, représentant spécial du ministre des affaires étrangères pour le Sahel (nommé depuis ambassadeur au Sénégal). Que leur reproche-t-on ? Une trop grande liberté de ton ? Une incompatibilité d’humeur avec le ministre ? Auraient-ils commis des erreurs d’appréciation sur le dossier malien ?  Emmanuel Dupuy, qui préside l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), think tank spécialisé sur les questions géopolitiques revient sur ce « rififi » au quai d’Orsay et plus généralement sur le dossier malien.

 

 

A lire ICI.

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28 décembre 2012 5 28 /12 /décembre /2012 20:45

Les Etats-Unis apparaissent de plus en plus comme

un acteur clef pour résoudre la crise malienne.

 

27 déc, 2012 by La rédaction - ActuDéfense

 

L’intervention au Mali se précise. Des forces africaines devraient se mobiliser au premier semestre 2013. Emmanuel Dupuy, président de l’Institut  prospective et sécurité en Europe (IPSE) et responsable de la commission Défense du think tank « Atelier de la République », fait le point sur la faisabilité de cette opération (Partie 2/2).

 

  • L’UE fournirait donc 400 hommes : est-ce suffisant pour apporter un soutien logistique, un conseil et de la formation à hauteur des besoins des forces qui seraient mobilisées par la Cédéao ?

Tout dépend de la mission qui lui est assignée. Comme évoqué, c’est plus une présence symbolique qui est en jeu ici pour l’Union européenne. Ce qui est réellement en jeu c’est l’action globale dans laquelle s’inscrit la mission européenne.

 

Celle-ci est d’ailleurs massivement présente, du moins sur le papier. Une Stratégie de l’UE pour le développement de la sécurité au Sahel a été adoptée dès mars 2011, dans l’optique de traiter la crise au Sahel sous une « approche globale » associant potentiellement actions cinétiques à des objectifs de stabilisation. Dans ce cadre, la mise en place d’EUTM-Mali n’est qu’une brique supplémentaire pour étayer de la légitimité de la politique de sécurité et de défense commune. Une mission d’assistance et de conseil des forces de sécurité nigériennes – EUCAP-Niger a été lancée le 17 juillet dernier.

 

Bruxelles répète inlassablement que c’est l’UE qui contribue, en premier lieu à la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et la criminalité organisée. L’UE distribue, en effet, une enveloppe financière consacrée à des projets de développement d’une ampleur considérable : 503 millions d’euros pour le Mali, 458 millions pour le Niger et 156 millions pour la Mauritanie.

 

Les Etats-Unis ne consacrent, en comparaison, que 100 millions de dollars par an dans le cadre de leur Initiative pan-Sahel de lutte contre le terrorisme, lancé par Washington depuis 2002 ! Il est vrai que cette somme devrait être considérablement « gonflée » à l’aune de la nouvelle donne sécuritaire.

 

A cela s’ajoute l’initiative « Action Globale Internationale Résilience » (AGIR) lancée en juin 2012, qui, avec une enveloppe de 318 millions d’euros vise à lutter contre la crise alimentaire qui aggrave la crise au Mali et au-delà sur l’ensemble du Sahel…

 

L’UE avait, par ailleurs, initié une réflexion visant à créer des outils sécuritaires régionaux, à l’instar d’un Collège sahélien de sécurité, qui se serait appuyé sur le modèle de l’Ecole de formation au maintien de la paix situé à Kolikoro au Mali. Il en va de même avec le projet du West African Police Information System (WAPIS), sorte d’Interpol ouest-africain, partie intégrante du plan d’action de l’UE contre le narco-trafic.

 

Bref, beaucoup de projets sur la table, mais toujours pas de drapeau européen planté sur le sol malien…

  • Quels sont dans cette intervention les Etats clefs côté européen et côté africain ?

Paradoxalement, les Etats clés sont sans doute ceux qui sont les moins en première ligne et paradoxalement ni membres de la Cédéao ni de l’UE. Je veux bien évidemment faire référence à l’Algérie et aux Etats-Unis.

Alger, on le sait est très actif dans cette crise, mais agit en sous-main. Elle n’appartient à aucune des organisations sous régionales impliquées (Cédéao, Communauté des Etats Sahélo-sahariens – CEN-SAD) lui laissant ainsi peu de marge de manœuvre diplomatique « officielle ».

 

L’Algérie, soucieuse de repousser hors de ses propres frontières, un terrorisme d’essence salafiste, influencé et composé d’anciens du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), souffle ainsi le chaud et le froid.

D’un côté, certains analystes dénoncent un soutien « logistique » déguisé – à travers la présence du Croissant rouge algérien à Gao – à certains mouvements fondamentalistes, dont Ansar Dine. Son fondateur, ex-rebelle touareg, Iyag Ag Ghaly est souvent décrit comme une « créature » du Département du Renseignement et de la Sécurité – DRS (services de renseignement algériens).

 

Paradoxalement, les seuls actes de terrorisme avérés (hormis les prises d’otages dont sont victimes les ressortissants occidentaux, dont désormais 9 Français avec celui pris en otage par le groupe Ansaru au Nord du Nigéria) ont été commis sur son territoire ou contre ses intérêts. Les derniers en date, qui remontent à janvier et novembre 2011 puis février 2012, ont touché « symboliquement » le Comité d’Etat-major opérationnel conjoint (CEMOC, crée en 2010 entre l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger) qui vise – certes péniblement et de manière quelque peu artificielle – à fédérer les efforts régionaux contre le terrorisme.

 

Alger a du reste, depuis la prise d’otages de quatre de ses ressortissants, les mêmes préoccupations que Paris. La visite du président François Hollande à Alger, les 19 et 20 décembre derniers, a été l’occasion de confirmer ce rôle de médiateur discret. Une délégation du MNLA y était en même temps qu’une autre d’Ansar Dine. Bien qu’un document ait été signé entre les deux mouvements, certains y ont vu une « manipulation » d’Alger afin de remettre Ansar Dine dans le jeu.

 

Les Etats-Unis ne s’y sont pas trompés.

 

Hillary Clinton, alors encore Secrétaire d’Etat, quand elle s’est rendue à Alger il y a de cela quelques semaines avait tenu à indiquer son accord avec Alger afin de privilégier la voie du dialogue entre parties prenantes. Alger et Washington visent à mettre l’agenda du rétablissement de la stabilité institutionnelle à Bamako en tête des préalables à la résolution finalement votée à l’ONU. C’est là une légère quoique évidente divergence de point de vue avec Paris.

On sait aussi Washington très préoccupé par l’ampleur que prend la crise sécuritaire au Mali et au-delà dans la sous-région. Les Etats-Unis craignent par-dessus tout une imbrication de plus en plus évidente entre narco-trafic et terrorisme djihadiste. Ils craignent ainsi que l’Ouest africain, où ils tentent d’y ancrer leurs investissements économiques, deviennent une zone de perturbations où ils aient à intervenir, comme en Somalie en 1992 avec l’Opération « Restore Hope ». La similitude avec la situation d’alors leur fait craindre une implication qu’ils ne cherchent évidemment pas mais préparent néanmoins activement.

 

Washington voit ainsi, de nouveau, les ingrédients d’une instabilité régionale globale et durable : mal gouvernance ayant aboutie à la consolidation d’une « zone grise » de plusieurs dizaines de millions de km² ou se croisent narco-dollars et prolifération d’armes de petits calibres (8 millions aux derniers évaluations) et d’autres plus inquiétantes – à l’instar de missiles sols-air apparus à la chute du régime Khadafi – ; d’états dit « faillis » qui plus est doublés de revendications d’indépendances micro-territoriales (Azawad) ; le tout, aggravé par une famine qui menace désormais près de 12 millions de personnes à travers l’ensemble de la bande sahélienne.

 

La crainte, du reste avérée, d’une convergence de mouvements terroristes, réunissant dans un même combat, AQMI, Ansar Dine, Mujoa, les Shebaab somaliens, Boko Aram et Ansaru nigérian, contre des forces occidentales, qui deviendraient, dès lors, des cibles d’opportunité, termine de préoccuper les nouveaux acteurs influents à Washington, au sein du Pentagone que sont le Commandement des Forces spéciales (SOCOM – notamment sa branche africaine -SOCAFRICA) et le Commandement africain des forces armées (AFRICOM, crée en 2007).

Ce dernier, AFRICOM, va considérablement se renforcer dans les premiers mois de 2013.

 

Il va y dispatcher des troupes ainsi que renforcer son équipement en drones dans 35 Etats africains (Kenya, Ouganda, Somalie, Algérie, Soudan, Niger, Mali, Mauritanie, Nigéria, République centrafricaine, etc.) dans le but d’accompagner les efforts d’entrainement et d’équipement de la nouvelle architecture de sécurité sur le continent.

 

Les Américains pensent aussi bien évidemment à la capacité « résiliente » d’intervention de leurs troupes en cas de crises, à l’image des forces pré-positionnées françaises jusqu’à leur réforme en 2009. Ils disposent ainsi de bases discrètes de surveillance au Niger, abritées sous l’égide de leur opération « Creek Sand ».

 

Par ailleurs, sont ainsi d’ores et déjà programmés, entre février et avril, près d’une centaine d’exercices conjoints entre les forces armées locales et les équipes américaines, au niveau d’une compagnie (200 hommes) pouvant aller jusqu’à celui d’un bataillon (approximativement 800 soldats).

 

Les enjeux et les vrais acteurs de la résolution de la crise ne sont ainsi peut-être pas là où l’on met communément et médiatiquement l’accent !

 

Tous les acteurs conviennent, néanmoins, que la résolution 2085 – votée jeudi dernier – ne vise qu’à gagner du temps afin « d’épuiser » l’agenda diplomatique et laisser ainsi une dernière chance aux différentes médiations en cours (sous l’égide du président burkinabais, Blaise Compaoré) ou à venir (sous les bons auspices du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, l’ancien Président du Conseil italien Romano Prodi).

 

Tous les chemins, même et surtout ceux de la « diplomatie informelle » mènent ainsi à Rome…

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