2 mars 2015 45eNord.ca (AFP)
Les forces gouvernementales irakiennes bombardaient lundi des positions djihadistes dans et autour de Tikrit, un bastion du groupe armé État islamique au nord de Bagdad où une offensive d’envergure impliquant quelque 30 000 hommes était en cours, a indiqué l’armée.
«Les forces de sécurité avancent depuis trois directions vers Tikrit, Ad-Dawr (au sud) et Al-Alam (au nord)», a déclaré par téléphone à l’AFP un colonel de l’armée irakienne.
«Des chasseurs-bombardiers, des hélicoptères et l’artillerie visent Tikrit pour assurer la progression (des forces progouvernementales) et couper les voies de ravitaillement», a-t-il précisé.
Des sources militaires ont fait état d’avions irakiens participant à l’opération, mais il n’était pas clair dans l’immédiat si l’offensive pouvait aussi compter sur un soutien aérien étranger, iranien ou de la coalition internationale antidjihadistes conduite par les États-Unis.
Selon le colonel, les forces progouvernementales «progressent également sur les routes secondaires afin d’empêcher la fuite de Daech (un acronyme du groupe djihadiste en arabe)», qui contrôle Tikrit depuis neuf mois.
Le groupe armé État islamique (EI) s’était emparé de cette ville en juin à la faveur d’une percée fulgurante dans le nord et l’ouest de l’Irak, où ce groupe extrémiste sunnite impose sa loi et multiplie les atrocités, comme sur les territoires qu’il contrôle en Syrie voisine.
L’opération militaire en cours à Tikrit est l’une des plus ambitieuses entreprises par Bagdad à ce jour pour faire reculer les djihadistes.
Elle a débuté tôt lundi, après avoir été annoncée la veille par le premier ministre Haider al-Abadi.
D’après le colonel irakien interrogé par l’AFP, les forces impliquées dans la bataille de Tikrit appartiennent à l’armée, à la police, à des unités antiterroristes, à des groupes de volontaires progouvernementaux connus sous le nom d’Unités de mobilisation populaire et à des tribus locales sunnites hostiles à l’EI.
«Venger Speicher»
Depuis Samarra, l’autre grande ville de la province de Salaheddine, le premier ministre irakien a appelé dimanche les forces progouvernementales à épargner la population civile lors de cette offensive majeure.
«La priorité que nous avons fixée à l’armée et aux forces qui l’aideront est de préserver la sécurité des citoyens», a indiqué M.Abadi, semblant vouloir rassurer la population de Tikrit, principalement sunnite, qui craint des représailles de la part des forces de sécurité si les djihadistes sont chassés de la région.
Le premier ministre a martelé ce message sur les réseaux sociaux, appelant «à protéger les civils et les propriétés avec le plus grand soin».
L’armée irakienne resserre l’étau depuis plusieurs semaines sur Tikrit, une ville qu’elle a plusieurs fois échoué à reprendre même si elle a enregistré quelques succès dans d’autres secteurs de l’Irak depuis le début des frappes de la coalition internationale contre les djihadistes.
Hadi al-Ameri, commandant des Unités de mobilisation populaire et figure centrale de la lutte en Irak contre l’EI, avait appelé samedi la population de Tikrit à quitter la ville dans les «48 heures», «pour venger Speicher».
Speicher est une base militaire proche de Tikrit où plusieurs centaines de nouvelles recrues, essentiellement chiites, avaient été enlevées avant d’être exécutées lors des premiers jours de l’offensive de l’EI en Irak.
Les milices chiites en particulier ont toujours promis de venger les exécutions de Speicher, suscitant des craintes de massacres visant la population sunnite dans le cas d’une reprise de Tikrit, région d’origine de l’ancien président irakien Saddam Hussein.
D’autant que certaines tribus sunnites de la région ont été accusées d’être impliquées dans le massacre de Speicher.
Dimanche, M. Abadi s’est également adressé aux habitants de Tikrit pour leur demander de se retourner contre les djihadistes.
«J’appelle tous ceux qui ont été trompés et ont commis des erreurs à déposer les armes aujourd’hui. Celle-ci pourrait être leur dernière chance», a-t-il dit, suggérant la possibilité d’une amnistie pour certains habitants qui avaient choisi le camp de l’EI.