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18 décembre 2014 4 18 /12 /décembre /2014 12:55
Mers et océans : les grands enjeux


16 Décembre 2014 Marine nationale

 

Le fait maritime n’est plus à démontrer. Politiques, économistes, militaires et stratèges, tous sont désormais tombés d’accord : le Monde est en voie de maritimisation. Les mers et les océans sont d’ailleurs le théâtre d’une intense compétition entre États, qui se renforcera à l’avenir, au rang desquels les marines militaires jouent un rôle toujours plus croissant. Autour d’une armada de spécialistes, aux profils les plus divers, dont le CV Laurent de Jerphanion, Frédéric Cuvillier, Jean-Luc Mélenchon ou encore Isabelle Autissier, cette revue pose les bases du débat et s’interroge sur ces espaces de compétitions et d’opportunités. Réchauffement de l’Arctique, énergies renouvelables ultramarines, hydrocarbures offshore, stocks halieutiques inexploités… Les opportunités offertes sont nombreuses, et désormais stimulées par la raréfaction des ressources terrestres. Autant de réflexions de stratèges pour nourrir sa réflexion sur les mers et les océans que l’on croît toujours connaître et maîtriser.

 

La Revue internationale et stratégique N°95. Le dossier  Mers et océans, espaces de compétitions et d’opportunités sous la direction de Bastien Alex et Didier Billion. 198 pages - 20 €. Disponible en librairie.

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26 septembre 2014 5 26 /09 /septembre /2014 11:55
carte-des-operations-1er-aout-2014 (source EMA)

carte-des-operations-1er-aout-2014 (source EMA)

 

26/09/20 par Patrice Barrère - DNA

 

ITW d’ Alain Coldefy Directeur de recherches à l’Iris, spécialiste des questions de défense

 

    Après l’assassinat de l’otage, l’armée française peut-elle passer à la vitesse supérieure en Irak ?

 

Sur les moyens militaires, nous sommes presque au bout du bout. En Libye en 2011, l’Armée de l’air et la Marine avaient mis déjà 100 % de leur capacité. Avec le Mali et la Centrafrique, au niveau de l’Armée de terre, on a atteint également les limites. Aujourd’hui, on est au taquet pour les avions de combat et les pilotes de l’Armée de l’air. C’est la même situation pour la Marine. Nous participons en Irak avec quelques Rafale basés à Abou Dhabi. On peut toujours en rajouter quelques-uns. Mais cela va se compliquer. Pour un avion, il faut compter une équipe en moyenne de 50 personnes.

 

Suite de l’interview

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13 août 2014 3 13 /08 /août /2014 20:30
Quelles armes la France va-t-elle fournir à l'armée kurde ?

 

13/08/2014 Par Caroline Piquet - LeFigaro.fr

 

INTERVIEW- Paris s'apprête à livrer des armes aux forces kurdes en Irak pour soutenir leur lutte contre les djihadistes de l'Etat islamique. Mais quels types d'armes peuvent être envoyés et comment seront-elles acheminées ?

 

«Afin de répondre aux besoins urgents exprimés par les autorités régionales du Kurdistan, le chef de l'Etat a décidé, en accord avec Bagdad, de faire acheminer des armes dans les heures qui viennent», a annoncé François Hollande ce mercredi, sans apporter de précision sur la nature, ni le volume du matériel militaire qui pourrait être envoyé. Contacté à plusieurs reprises, l'Elysée n'a pas souhaité répondre à nos questions. Comment l'armée française mène ce genre d'opération? Quels types d'armes pourraient-être envoyés? Eléments de réponses avec Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l'Iris (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), spécialisé sur les questions militaires.

 

Lire l’interview

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 11:55
Comment développer notre industrie de pointe pour la sécurité de demain ?

 

Jean-René LECERF sénateur du Nord, président du Haut comité français pour la défense civile vous invite à la Conférence parlementaire sur la Sécurité qui se tiendra le jeudi 15 mai 2014, à la Maison de la Chimie sur le thème : 

 

Comment développer notre industrie de pointe pour la sécurité de demain ?

 

Avec la participation de : 

Michel FIAT

Président du Pôle Risques 

 
Hervé GUILLOU
Président du Conseil des industries
de confiance et de sécurité (CICS)
 
Evence RICHARD
Directeur de la protection et de la sécurité de l’État,
Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale
 
Vous pouvez vous inscrire en vous rendant sur notre site Internet ou en nous envoyant votre bulletin d'inscription dûment complété à l'adresse inscription@rivington.fr, par fax au 01 84 16 56 58, ou par courrier avant le 13 Mai 2014.
 

Sous la direction scientifique de :

 

 

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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 17:55
Défense : quel changement pour demain ?

 

15.12.2013 par Olivia Gesbert - Les Retours du dimanche
 

Définitivement votée au Sénat mardi dernier, la loi de programmation militaire prévoit une réduction des effectifs ainsi que des programmes d'équipement, tout en maintenant les principales missions de l'armée (protection du territoire, capacité de projection et dissuasion).

 

Entérine-t-elle un changement de cap stratégique ? Quelle perspective pour l'armée en France ? En misant sur le renseignement, la cyberdéfense et les forces spéciales, la France sera-t-elle capable de répondre aux défis sécuritaires (inter)nationaux de demain ? Faut-il rouvrir le débat sur la dissuasion nucléaire ? Les engagements de la France à l'étranger resteront-ils cohérents avec ses capacités ? Dans un contexte de réduction des politiques de défense nationale, l'armée de demain sera-t-elle européenne ?

 

 

Avec :

 

Claude-France Arnould, directrice exécutive de l'Agence européenne de défense depuis 2011 Membre de la Commission du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale en 2012.

 

Bruno Tertraispolitologue, maître de conférence à la Fondation pour la recherche stratégique. Membre de la Commission du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale en 2007-2008 et 2012.Auteur de La menace nucléaire, (Armand Colin), L’Apocalypse n’est pas pour demain. Pour en finir avec le catastrophisme (Denoël) etl'Atlas mondial du nucléaire civil et militaire (Autrement) tous publiés en 2011.

 

Pierre Conesachercheur associé à l’IRIS, spécialiste des questions stratégiques internationales et en particulier militaires.Auteur de La fabrication de l’ennemi, ou comment tuer avec sa conscience pour soi (Robert Laffont, 2011).

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 19:55
Forces spéciales - Nouvelles recrues « transmissions » en stage d’intégration

15/10/2013 Défense

 

Les nouvelles recrues transmetteurs des forces spéciales ont suivi leur formation d'adaptation 8 semaines à Caylus. Avec ce stage IRIS (intégration de recrues par l'instruction spécialisée), les transmetteurs venus des différents régiments des forces conventionnelles, deviennent des opérateurs radio aptes à servir dans les forces spéciales. C’est-à-dire être capables de déployer leurs moyens transmissions ou logistiques dans tous les milieux et dans toutes les configurations des missions « FS ».

15 oct. 2013  Armée de Terre

 

Créée en juillet 2007, la compagnie de commandement et de transmissions des forces spéciales a sa propre formation d'adaptation. Le stage IRIS (intégration de recrues par l'instruction spécialisée) d'une durée de huit semaines permet aux transmetteurs venus des différents régiments conventionnels de devenir des opérateurs radio apte à servir dans les forces spéciales.

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 20:35

asia-pacific source harvard.edu

 

16 janvier Par Edouard Pflimlin, chercheur associé à l’IRIS - affaires-strategiques.info

 

En matière de dépenses militaires en Asie, c’est généralement la Chine qui frappe les esprits. Mais en ce début d’année, c’est le Japon qui surprend. L’exécutif japonais affiche sa volonté d’accroître, pour la première fois depuis 11 ans, le budget de la défense de l’Archipel. Le ministère de la Défense japonais a indiqué mercredi 9 janvier qu’il souhaitait bénéficier d’une rallonge budgétaire de 180,5 milliards de yens (1,6 milliard d’euros) pour moderniser quatre avions-chasseurs F15, acheter des nouveaux systèmes antimissiles PAC-3 et des hélicoptères, dans le cadre d’un plan de relance économique préparé par le gouvernement. Devrait s’y ajouter une trentaine de milliards de yens (25 millions d’euros) supplémentaires pour l’année en cours, non inclue dans le train de mesures économiques spéciales.

 

Plus précisément, le grand quotidien Yomiuri Shimbun(1) , indique mercredi 9 janvier que cette hausse répond à plusieurs objectifs :
- assurer le paiement des coûts du carburant et de maintenance pour les avions d’alerte précoce et de de contrôle ;
- permettre la recherche sur la technologie radar capable de détecter des petits avions à longue distance.
- permettre les préparatifs pour l’introduction de l’avion de transport MV-22 Osprey de l’armée américaine. Cet avion à décollage vertical peut voler plus loin et plus vite que les hélicoptères actuels du Japon, permettant à ses troupes d’atteindre plus facilement les îles japonaises lointaines.
 

L’annonce par le ministère de la Défense japonais est intervenue au lendemain de l’annonce par le Parti Libéral Démocrate (PLD) au pouvoir depuis le 26 décembre sous la direction du premier ministre, Shinzo Abe, que le Japon devrait augmenter ses dépenses militaires pour l’année budgétaire 2013-2014 qui commence au 1er avril.
 

Avec cette rallonge, le budget de la défense devrait atteindre autour de 4 700 milliards de yen, soit 41 milliards d’euros. La demande du ministère de la Défense doit encore être approuvée par celui des finances avant d’être incluse dans le paquet de relance de plus de 110 milliards d’euros pour l’année courant jusqu’au 31 mars. Le tout doit être annoncé prochainement par le gouvernement de Shinzo Abe. Le PDL et son allié clé, le parti Nouveau Komeito, ont remporté 325 sièges (sur 480) à la Chambre basse lors des élections générales le 16 décembre dernier, ce qui signifie que le parti au pouvoir pourrait faire passer ses projets budgétaires à la Diète même s’ils se voyaient opposer un veto à la Chambre haute.

Hausse modeste du budget

Le budget militaire n’avait pas connu de hausse depuis 2002, alors que le Japon traîne une dette colossale équivalant à près de 240 % de PIB. La hausse est certes modeste par rapport à celle que connaît le budget de la défense chinois habitué aux taux de croissance à deux chiffres. Néanmoins, elle marque un tournant dans la politique de défense japonaise. Sur l’exercice budgétaire en cours, qui s’achève en mars, le budget de la défense a subi une dixième année de baisse consécutive à 4.650 milliards de yens (40 milliards d’euros environ). Fin octobre dernier, le gouvernement de Yoshihiko Noda avait toutefois débloqué des crédits supplémentaires de 17 milliards de yens (170 millions d’euros à l’époque) en faveur des garde-côtes pour, selon l’agence de presse Kyodo, se procurer quatre patrouilleurs de 1.000 tonnes, trois autres de 30 mètres de long et trois hélicoptères capables de voler par gros temps. De son côté, fin décembre, la Chine a ajouté deux destroyers et neuf autres navires de guerre à sa flotte de surveillance maritime.
 

La hausse est symbolique de la volonté des nouveaux dirigeants nippons d’affirmer la position régionale du Japon, surtout en période de tension avec le grand voisin chinois ainsi, quoiqu’à un degré moindre, avec la Corée du Sud. « Nous avons besoin d’améliorer nos équipements à un moment où l’environnement sécuritaire du Japon est devenu plus dur : la Corée du Nord a procédé à deux lancements tests de missiles l’année dernière, et les tensions avec la Chine se poursuivent. », en raison d’un conflit territorial en mer de Chine orientale, a précisé mercredi à l’AFP un responsable du ministère de la Défense.
 

Les relations sino-japonaises sont exécrables depuis quatre mois à cause d’un conflit territorial en mer de Chine orientale. Pékin clame vigoureusement sa souveraineté sur les îles Diaoyu, tandis que Tokyo, qui les administre sous le nom de Senkaku, n’entend pas en céder un pouce. Pékin envoie régulièrement des navires patrouiller dans les eaux territoriales de cet archipel inhabité à 200 km au Nord-Est des côtes de Taïwan et 400 km à l’ouest de l’île d’Okinawa (Sud du Japon), en mer de Chine orientale. Lundi 7 janvier, 4 navires de surveillance maritime chinois sont entrés dans les eaux territoriales japonaises. La Chine a même envoyé fin décembre un appareil survoler l’archipel, ce qui a provoqué le décollage immédiat de chasseurs nippons. Outre sa position hautement stratégique, l’archipel recèlerait d’hydrocarbures dans ses fonds marins. Suite à la dernière incursion maritime lundi, Tokyo a convoqué mardi l’ambassadeur chinois en poste au Japon.

Réarmement ou remilitarisation ?

Cette hausse du budget japonais est une traduction de l’engagement et de la volonté du premier ministre, Shinzo Abe, de renforcer la défense de son pays. Le budget militaire japonais est déjà le 6e de la planète. Le Japon a une des armées les plus grandes et les plus avancées en Asie, mais il a maintenu jusqu’à présent un profil bas pour éviter de remuer des souvenirs des exactions commises par l’empire japonais au XXe siècle, notamment en Chine et en Corée.
 

Aussi cette évolution nouvelle questionne. Assiste-t-on à un réarmement du Japon, voire à une remilitarisation de l’Archipel nippon ?
 

Le réarmement est en réalité à l’œuvre depuis de nombreuses années comme le montrent l’acquisition récente programmée sur plusieurs années de 42 avions de chasse américains furtifs F-35(2) à plus de 100 millions de dollars l’unité, l’augmentation – prévue par le pouvoir précédent - du nombre de sous-marins passant de 16 à 22(3) ou encore l’acquisition de destroyers porte-hélicoptères aux dimensions de porte-avions(4) . A cela s’ajoutent la volonté d’acheter des drones d’observation américains Global Hawk comme le rapporte la revue Jane’s defence weekly, le 2 janvier, afin de renforcer la surveillance des eaux territoriales japonaises. Ils pourraient être introduits pour cette mission autour des Senkaku d’ici à 2015(5) . De leur côté, les Chinois ont d’ailleurs aussi des programmes de développement de drones et pourraient « construire 11 bases de lancement de drones le long des côtes d’ici à 2015 ». Une course aux drones est lancée entre les deux pays...
 

Par ailleurs, d’après le quotidien Yomiuri, le 8 janvier, le programme quinquennal d’acquisitions de matériels militaires sera revu d’ici à la fin de l’année 2013. Ces évolutions ont fait s’envoler les actions de groupes industriels japonais d’aéronautique et armement mercredi 9 janvier à la Bourse de Tokyo. L’action de Mitsubishi Heavy Industries (MHI) a gagné 4,98% à 442 yens, et celle de IHI 6,49% à 246 yens. MHI fabrique sous licence les avions F-15 et systèmes PAC-3 pour lesquels IHI fournit des moteurs.
 

A cette modernisation des moyens et équipements s’ajoute l’évolution de la doctrine de défense. Celle-ci devrait aussi être modifiée assez rapidement. Le Japon reverra sa politique de défense d’ici à la fin de l’année, écrit aussi mardi 8 janvier le Yomiuri. L’actuel Livre blanc de la défense japonaise remonte à deux ans. Adopté pour une période de dix ans par le Parti démocrate alors au pouvoir, il prône des réductions dans le budget de la défense et dans les effectifs de l’armée de terre dont les effectifs devaient diminuer de 1 000 hommes à 154 000.
 

Cette politique de défense a été critiquée par Shinzo Abe, qui a ramené le Parti libéral démocrate au pouvoir à la faveur des législatives du 16 décembre dernier. Le premier ministre défend, lui, une augmentation des dépenses militaires et des effectifs des forces japonaises. Il milite également pour une révision de la Constitution pacifiste du Japon, en vigueur depuis 1947.
 

Remilitarisation du Japon donc ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer tant la population reste profondément attachée au pacifisme. Il convient plutôt de parler d’une réaffirmation de la place du Japon sur la scène internationale et régionale. D’ailleurs, selon le site The Diplomat(6) , le Japon envisage aussi maintenant plusieurs scénarios de guerre avec la Chine, notamment autour des îles Senkaku mais aussi sur Taïwan si l’île venait à être attaquée par Pékin.
 

Ces évolutions sont sources de nouvelles tensions et d’autant plus inquiétantes que, selon une étude publiée en octobre dernier par le Center for Strategic and International Studies (CSIS), un think tank américain, les dépenses de défense dans les pays d’Asie qui y consacrent le plus gros budget - Chine, Inde, Japon, Corée du Sud et Taïwan - ont pratiquement doublé en dix ans, quadruplant en Chine. Le total des budgets militaires de ces cinq pays a atteint 224 milliards de dollars en 2011, estimait le CSIS.
 

La course aux armements en Asie n’est donc pas prête de s’arrêter, alors qu’au Nord de l’Archipel nippon la Russie modernise ses forces, et notamment la flotte du Pacifique et que le budget de la défense japonaise ne représente que 1 % du PIB et a donc de la marge pour éventuellement s’accroître...
 

(1) http://www.yomiuri.co.jp/dy/nationa...
(2) http://www.defenseindustrydaily.com...
(3) http://www.affaires-strategiques.in...
(4) http://www.affaires-strategiques.in...
(5) http://www.guardian.co.uk/world/201...

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 17:30
Les enseignements stratégiques du conflit afghan

 

30 janvier 2012 Vincent DESPORTES*,  Officier, Général de division (2S) - magistro.fr

 

Intervention lors du colloque stratégique annuel de l’IRIS, le 11 mai 2011, sur le thème "Afghanistan, 10 ans de conflit".

 

Le conflit afghan nous offre l’occasion de revenir aux principes fondamentaux de la stratégie. Je voudrais montrer, à partir de quelques exemples, qu’il apporte une validation supplé¬mentaire de quelques concepts stratégiques persistants : ils réaffirment en chaque occasion leur pertinence, quel que soit le mépris que l’on puisse affecter à leur égard.

 

La première idée qui me semble ainsi ratifiée est celle de la "vie propre de la guerre", pour reprendre le concept de Clausewitz. Dès que vous avez créé une guerre, la guerre devient un sujet et non plus un objet. Elle possède une vie propre qui vous conduit là où vous n’aviez pas prévu d’aller.

L’exemple de l’Afghanistan est particulière¬ment frappant. La guerre commence le 7 octobre 2001 avec un objectif clair : faire tomber le pouvoir taliban à Kaboul et détruire le réseau d’al-Qaida en Afghanistan. L’objectif est atteint fin novembre et il y a, alors, moins de deux mille militaires occidentaux au sol. Dix ans après, les objectifs de guerre ont totalement changé et ce sont 140 000 soldats de la coalition qui sont déployés sur le théâtre. Le général Beaufre, qui a commandé l’opération de Suez en 1956 et qui est l’un de nos grands stratèges, synthétise clai¬rement ce phénomène en évoquant "le niveau instable des décisions politiques" : il conduit les stratèges militaires à adopter des modes de guerre successifs s’avérant souvent contre-productifs par rapport aux objectifs ultérieurs. Cette évolu¬tion afghane éclaire ainsi deux réalités éternelles de la guerre ; la première est que toute guerre est marquée par une dérive des buts et, le plus souvent, une escalade des moyens ; la seconde, que les "fins dans la guerre" influent toujours sur les "fins de la guerre", pour reprendre les expressions si signifiantes de Clausewitz.

 

La deuxième idée qu’il nous est donné de revisiter relève de l’essence même du raisonne¬ment stratégique. La guerre doit être conçue et conduite non pas en fonction de l’effet tactique immédiat, mais en fonction de l’état final recherché, c’est-à-dire du but stratégique. Autrement dit, la forme que l’on donne initialement à la guerre a de lourdes conséquences ulté¬rieures : ce qui est perdu d’entrée est très difficile à rattraper.

Prenons les deux premières phases de la guerre.

 

La première phase est celle du "modèle afghan" (2001) (ou de la "stratégie minimaliste" selon l’expression de Joe Biden). Elle associait les milices afghanes, la puissance aérienne et un faible contingent de forces spéciales américaines. Le modèle a fonctionné pour faire tomber le régime des talibans, mais beaucoup moins pour débusquer et détruire les membres d’al-Qaida qui vont se réfugier dans leurs zones sanctuaires. Cette stratégie a contribué, en revanche, à renforcer les "chefs de guerre" locaux, en parti¬culier ceux dont le comportement envers la population était honni et qui étaient hostiles au gouvernement central de Kaboul. Elle a aussi renforcé la puissance tadjike et donc aliéné d’autant la population pachtoune. Elle a donc finalement affaibli les deux piliers qui allaient se révéler ultérieurement essentiels, puisqu’ils sont le socle de la reconstruction : un État central et les conditions de la "bonne gouvernance".

 

La deuxième phase est celle du modèle américain (2002-2006). En raison de l’impossi¬bilité des milices afghanes à venir à bout des talibans – les Afghans du Nord ne souhaitant d’ailleurs pas s’engager au sud de Kaboul –, les Américains prennent la tête des opérations de ratissage. On se souvient des opérations Anaconda (2002), Mountain Viper (2003), etc., des opérations de "bouclage et fouille" (Cordon and Search) visant l’élimination des terroristes et la destruction de leurs caches. Selon les termes du général (US) Barno, il s’agissait d’une "enemy-centric raid stategy". Les résultats sont médiocres, mais les conséquences définitives. L’efficacité du "modèle américain" est limitée par un grand défaut de sensibilisation culturelle et politique, voire par les effets pervers de la supériorité technologique. Les bombardements aériens et leurs cortèges de dégâts collatéraux importants soulè¬vent des questions sensibles qui ont des coûts politiques considérables. Dès lors, en dépit d’un a priori favorable, les Américains vont susciter crainte et hostilité dans la population. Les troupes sont perçues comme des infidèles, des forces d’occupation. La population initialement neutre, voire favorable, est aliénée. À partir de 2006, la guerre enemy-centric se mue en guerre population-centric (suivant les nouvelles théories en cours sur la contre-insurrection), mais le premier mode de guerre aura commis des dommages irréparables.

 

Troisième idée : si le "centre de gravité" (1) de l’adversaire se situe au-delà des limites politiques que l’on s’est données, il est inutile de faire la guerre car il sera impossible de la gagner. Au sens clausewitzien, le centre de gravité des tali¬bans se trouve dans les zones tribales situées entre le Pakistan et l’Afghanistan, puisque c’est de ces espaces incontrôlables qu’ils tirent leur capacité de résistance. Or, il est impossible pour les Américains d’y mettre militairement bon ordre : cette cible se situe au-delà des limites politiques qu’ils se sont fixées, ne serait-ce que pour de simples raisons de logistique militaire, à cause de la vulnérabilité de leurs convois lorsqu’ils traversent le Pakistan.

 

La quatrième idée à laquelle il convient de faire appel n’est pas nouvelle, mais il est toujours nécessaire de la répéte r: sauf à le détruire (ce qui est impossible en Afghanistan), c’est avec son adversaire que l’on fait la paix. Selon le bon esprit de la guerre froide – qui n’a pas fini de nous faire du mal –, la conférence de Bonn, en décembre 2001, a été non pas la conférence de la réconciliation mais la conférence des vainqueurs. Elle a, de fait, rejeté les talibans – donc les Pachtouns – dans l’insurrection. Dix ans plus tard, nous n’en sommes pas sortis.

 

La cinquième idée qu’il s’agit de convoquer est aussi évidente que méconnue : ce qui est important, c’est le stratégique, et non le tactique. Le général Beaufre nous le rappelle : "En 1940, tout notre système de guerre était faux parce que fondé sur des tactiques… L’Indochine est perdue à coups de tactiques excellentes, vaincues par la stratégie adverse à laquelle nous n’avons su opposer aucune stratégie digne de ce nom… Suez, victoire tactique, débouche sur un épou¬vantable échec politique… [très souvent] l’ignorance de la stratégie nous a été fatale" (2)

En Afghanistan, nous sommes aujourd’hui plongés au cœur d’une véritable "quadrature du cercle tactique", entre protection et adhésion de la population, d’une part, protection de nos propres troupes, d’autre part, et destruction de l’adversaire taliban par ailleurs. Nous sommes engagés dans un travail de Sisyphe de micro-management du champ de bataille, comme si nous étions enfermés dans une "stratégie de tactiques", et son appareil d’indicateurs de performance (3). C’est une impasse. Nous ne trouverons pas de martingale tactique en Afghanistan : la solution est d’ordre stratégique.

Citant des officiers US, le New York Times regrettait récemment, je cite, "la déconnexion entre les efforts intenses des petites unités et les évolutions stratégiques". Une accumulation de bonnes tactiques ne constituera jamais une bonne stratégie : un problème politique au premier chef ne peut être résolu que par une solution politique.

 

Descendant d’un cran, je voudrais insister sur une évidence opérationnelle simple. Le nombre compte. "Mass Matters", comme disent nos amis anglo-saxons. Or, les coupes budgétaires successives conjuguées à l’exponentielle du coût des armements ont conduit nos armées à des réductions de format incompatibles avec l’efficacité militaire dans les nouvelles guerres au sein des populations. En contre-insurrection, gagner c’est contrôler le milieu. Les ratios sont connus. En dessous de vingt personnels de sécurité pour mille locaux, il est tout à fait improbable de l’emporter. En Irlande du Nord, pour une popu-lation d’un million d’habitants, les Britanniques ont maintenu une force de sécurité globale de 50 000 hommes et sont restés pendant vingt ans (ratio de 1 pour 20 et non 1 pour 50). En Irak, la population est de trente millions de personnes environ. Il a fallu mettre sur pied (avec les Irakiens) une force de 600 000 hommes pour que la manœuvre de contre-insurrection commence à produire ses effets. En Algérie, à la fin des années 1950, les effectifs français étaient de 500 000 pour une population de huit millions d’Algériens "d’origine musulmane" (1/20). Au Vietnam, les Américains sont parvenus, également grâce à la conscription, à établir ce ratio mais n’ont cependant pas réussi à l’emporter. En Afghanistan, nous en sommes loin. Alors que le théâtre est infiniment plus complexe, physiquement et humainement, que nous agissons en coalition, le ratio est de 1/120 000 (en comptant les forces de sécurité afghanes, à la qualité cependant contestable) pour trente millions, soit la moitié de ce qui est nécessaire. Nous le constatons tous les jours, nos ratios actuels "forces de sécurité/population" nous permettent de conquérir, mais pas de tenir. Encore une fois, gagner la guerre, c’est contrôler le milieu. Or, nous ne savons plus contrôler le milieu.

 

Pour conclure, je voudrais encore mettre en avant deux préoccupations.

La première est qu’une nation – ou un groupe de nations – pèse dans une guerre à hauteur de sa participation. En ce sens, le conflit afghan est bien une "guerre américaine". On se rappelle ce télégramme diplomatique révélé dans Le Monde par Wikileaks dans lequel l’ambassadeur des États-Unis à Paris demandait, à l’instigation de l’Élysée, que Washington trouve des façons de faire croire que la France pesait sur le choix des options stratégiques. On se rappellera aussi que – de McKiernan à Petraeus en passant par McCrystall – les chefs militaires de la coalition sont nommés et relevés par Washington sans que l’on en réfère aux autres membres. N’en doutons pas : les calendriers et les stratégies sont bien plus dictés par les préoccupations de poli¬tique intérieure américaine que définis par le dialogue avec des coalisés obligés de s’aligner. Ceux qui ont lu Les Guerres d’Obama (4), de Bob Woodward, ne me contrediront sur aucun de ces points !

 

Ma seconde préoccupation tient au fait que l’Afghanistan est une nouvelle preuve de l’échec de l’Europe. Je constate qu’il y a, ou qu’il y a eu, quinze pays de l’Union ayant engagé des forces militaires en Afghanistan : Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Hongrie, Italie, Lettonie, Lituanie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Suède, République tchèque, Portugal. Les effectifs européens sont loin d’être négligeables puisqu’ils représentent environ trente mille combattants, soit un tiers de la force engagée. Or, il n’y a presque pas d’Europe, en tout cas aucune Europe de la défense, en Afghanistan. On pourra toujours expliquer que, historiquement, l’Europe a eu du mal à s’imposer en tant que telle dans cette guerre. Certes, mais le constat est là : l’Europe mène la guerre la plus longue qu’elle ait jamais conduite ; elle le fait avec des effectifs très importants, et elle n’existe pas. Cela donne une résonance forte aux propos de l’ancien ministre de la Défense, Hervé Morin, qui affirmait fin octobre : "L’Europe est devenue un protectorat des Etats-Unis" (5) Il est temps que l’Europe se reprenne en main.

 

* Vincent DESPORTES Officier, Général de division (2S) est un ancien commandant de l’École de Guerre

 

(1) D’où il retire sa force et sa capacité à durer, selon Clausewitz.

(2) Introduction à la stratégie, Pluriel, 1998, pp. 24, 25.

(3) Georges-Henri Bricet des Vallons, Faut-il brûler la contre-insurrection?, Choiseul, 2010, p. 19.

(4) Denoël, 2011.

(5) Le Monde, 31 octobre-1er novembre 2011.

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 18:00
IRIS

 

16èmes Conférences stratégiques annuelles

 

Afghanistan, 10 ans de conflit

 

Mercredi 11 mai 2011

 

Salle Victor Hugo
Immeuble Jacques Chaban-Delmas- 101, rue de l’Université - 75007 Paris

 

Entrée gratuite - INSCRIPTION OBLIGATOIRE


 

9H00 - ALLOCUTION DE BIENVENUE
Pascal Boniface, Directeur de l’IRIS

 

ALLOCUTION D’OUVERTURE
S.E. Omar Samad, Ambassadeur d’Afghanistan en France

 

9H30 - L’AFGHANISTAN EN 2011
Modérateur   Karim Pakzad, Chercheur associé à l’IRIS
Françoise Hostalier, Députée, membre de la Commission de la Défense nationale et des forces armées et Vice-présidente du groupe d'amitié France-Afghanistan de l’Assemblée nationale, ancienne ministre
Georges Lefeuvre, Anthropologue et ex-attaché politique de l'UE, spécialiste régional Afghanistan-Pakistan
Mohammad Musa Mahmodi, Executive Director, Afghanistan Independent Human Rights Commission (AIHRC)
S.E. Jean de Ponton d’Amécourt, Ancien ambassadeur de France en Afghanistan
S.E. Olivier Weber, Ambassadeur itinérant chargé de la lutte contre la criminalité organisée et le trafic d'êtres humains, ancien grand reporter

 

11H15 - LES ENSEIGNEMENTS STRATÉGIQUES ET MILITAIRES DU CONFLIT AFGHAN
Modérateur   Jean-Pierre Maulny, Directeur adjoint de l’IRIS
Gérard Chaliand, Géostratège, spécialiste des conflits armés
Général Pierre Chavancy, Ancien Chef des Armées françaises en Afghanistan
Général Vincent Desportes, Conseiller spécial du Président, Panhard General Defense
Antoine Gérard, Directeur du Bureau de Liaison du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (BCAH - OCHA) de l’ONU à Bruxelles
Jean Glavany, Député et membre de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, ancien ministre
Nicholas Williams, Chef de la Section des Opérations, OTAN

 

12H45 - GUEST SPEAKER
Dr. Abdullah Abdullah, Ancien ministre des Affaires étrangères, Candidat à l’élection présidentielle afghane en 2009

 

13H15 - Pause-déjeuner libre -

 

14H30 - QUELLES OPTIONS POUR LA RECONSTRUCTION DE L’AFGHANISTAN ?
Modérateur   Charlotte Lepri, Chercheur, IRIS
S.E. Christian Lechervy, Directeur adjoint de la Prospective, ministère des Affaires étrangères et européennes, ancien ambassadeur
Denis MacShane, Député du Labour Party, ancien ministre britannique
Serge Michailof, Enseignant à Sciences Po, consultant international, ancien directeur exécutif de l’Agence Française de Développement
S.E. Ronald E. Neumann, Président de l’American Academy of Diplomacy, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Afghanistan
Wadir Safi, Executive Director of the Independent National Legal Training Center of Afghanistan, Senior Legal Advisor to the International Development Law Organization in Kabul
S.E. Rauf Engin Soysal, Envoyé spécial des Nations Unies pour l’assistance au Pakistan
Emmanuel Tronc, Policy & Advocacy Coordinator, Médecins sans frontières International

 

16H30 - LES DÉBATS SUR LE CONFLIT AFGHAN EN FRANCE
Modérateur   Pascal Boniface, Directeur de l’IRIS
Jean-François Copé, Secrétaire général de l'UMP, Député-Maire de Meaux, ancien ministre
Laurent Fabius, Député et membre de la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale, ancien Premier ministre
Eva Joly, Députée européenne Europe Ecologie - Les Verts, Présidente de la Commission du Développement du Parlement européen

 

18h00 - ALLOCUTION DE CLÔTURE
Stefanie Babst, Secrétaire générale adjointe faisant fonction pour la Diplomatie publique, OTAN



 

Entrée gratuite - INSCRIPTION OBLIGATOIRE

 

Avec le soutien de :
OTAN  Ambassade US à Paris  European foundation for democracy 
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