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20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 12:50
Europe de la défense : les Belges montent au front

 

19 décembre 2013 Olivier Rogeau – LeVif.be

 

Sortir du coma l’Europe de la défense, un vœu pieux ? Côté belge, on veut croire à un sursaut lors du sommet des Vingt-Huit, ces 19 et 20 décembre.

 

Branle-bas de combat au sein des cellules stratégiques des ministres fédéraux, réunies au sein d’un groupe de coordination. Les experts belges peaufinent la contribution du gouvernement Di Rupo au sommet européen des 19 et 20 décembre, consacré, une fois n’est pas coutume, à la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Au menu, trois questions essentielles : comment mieux répondre aux crises internationales ? Comment combler les lacunes en matière de capacités militaires ? Comment encourager l’intégration de l’industrie européenne de défense ?

 

L’incapacité de l’Union européenne à agir sur les théâtres libyen, malien, syrien, voire centrafricain aujourd’hui, rappelle l’état toujours embryonnaire de la PSDC. La réticence de certains Etats à améliorer son fonctionnement, ses moyens et ses ambitions y est pour beaucoup. Néanmoins, la décision de consacrer le thème principal du sommet européen à cette politique concrétise la volonté de relancer une défense européenne jugée peu efficace et peu visible. Dès juillet, la Commission européenne a balisé le terrain dans un plan d’action présenté comme un « new deal » pour le marché européen de la défense, les industriels, les centres de recherche.

 

Ce que veulent les Belges

 

Les Belges, eux, devraient défendre, selon nos sources, l’idée de mettre le sujet de la sécurité et de la défense au moins une fois par an à l’ordre du jour du Conseil européen. Ils voudront souligner les enseignements à tirer des coopérations régionales réussies : Benelux, European Air Transport Command d’Eindhoven… Ils insisteront aussi sur la nécessité de développer une capacité d’intervention humanitaire d’urgence (EU-Fast) et sur l’amélioration de la formation des militaires, en particulier des officiers, au départ du programme Erasmus militaire lancé en 2008.

 

« Aucune raison de croire que le sommet européen ne sera pas à la hauteur des espérances… quoique ? N’y-a-t-il pas un risque de décalage entre les paroles et les actes ? », s’interroge le colonel Corinne Faut, directeur général de l’Institut royal supérieur de défense (IRSD). « Je ne m’attends pas à une grande révolution lors de ce sommet, pronostique de son côté le député fédéral PS Christophe Lacroix, membre de la commission de la Défense nationale. Certains Etats auront toutefois à cœur de glisser le pied dans la porte entrouverte pour qu’elle ne se referme pas complètement. L’attitude de la France me semble, à cet égard, pragmatique et proactive. Vu l’inertie de la politique de défense commune, elle prône la création d’un groupe de pays pionniers, dont le socle serait le traité militaire franco-britannique de Lancaster House de 2010. »

 

L’Eurocorps délaissé ?

 

Les partisans d’un tel projet fondent leur argumentation sur le fait que l’Europe de la défense peine à sortir d’un état comateux. Elle s’est engluée, depuis dix ans, dans une « impasse conceptuelle », estiment les sénateurs français, pour qui les insuccès de l’Union dans cette matière souveraine doivent inciter un noyau de pays volontaires - France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie… - à structurer leur collaboration en marge des institutions européennes. La mise sur pied de cet « Eurogroupe de défense » permettrait au Vieux Contient de se doter d’une capacité militaire autonome et d’assumer ses responsabilités au sein l’Alliance atlantique.

 

Cette logique française ne convainc pas tous les experts belges. « Le gouvernement Hollande tourne le dos aux Allemands, au risque de tout casser, déplore Patrick Descy, secrétaire permanent à la CGSP-Défense. Cela crée un malaise au sein-même du PS français. Les projets de coopération militaires franco-britanniques se multiplient au détriment d’un axe franco-allemand, pourtant indispensable pour pouvoir planifier des opérations à l’étranger. » Le désengagement de Paris à l’égard de l’Eurocorps de Strasbourg serait, selon Descy, le signe le plus frappant du changement de cap : « La capacité aérienne française n’est plus à la disposition de ce noyau d’armée européenne constitué en 1992. En outre, Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, a supprimé le régiment d’infanterie basé en Allemagne et qui faisait partie de la brigade franco-allemande, pilier symbolique de l’Eurocorps. Si, aujourd’hui, pour 13 millions d’euros par an, une institution comme l’Eurocorps, capable de mobiliser 60 000 hommes, n’est pas utilisée, c’est que l’Europe de la défense n’est vraiment pas pour demain ! »

 

Un futur drone européen

 

Les engagements stratégiques et matériels disparates des pays européens sont un autre sujet de débat. L’Union compte actuellement 13 constructeurs d’avions, 10 de missiles, 9 de véhicules militaires, 8 de navires. Cette fragmentation se traduit par une duplication des efforts de développement et de production. Un gâchis dans les dépenses européennes d’autant plus affligeant que les coupes budgétaires sont de plus en plus contraignantes. L’Europe ne consacre plus que 1,6 % de son PIB à sa défense, contre 5 % pour les Etats-Unis. Particulièrement frappées, les dépenses de recherche et développement ont chuté de 14 % ces dernières années. Dans ce domaine, les Américains dépensent aujourd’hui cinq fois plus que les Européens.

 

« Faute de capacités de défense suffisantes, nos pays seront à la merci de chantages militaires et leur diplomatie s’en trouvera paralysée », prévenait récemment Didier Reynders. Mais le ministre des Affaires étrangères sait aussi que la crise économique et l’absence de perception d’une menace aux frontières rendent inexorable le déclin des capacités militaires européennes. En Belgique comme dans d’autres pays de l’Union, la Défense est devenue la variable discrète d’ajustement du budget.

 

« Nous gardons tout de même des niches d’excellence, signale le député Lacroix : les interventions de la marine, les opérations de déminage, le soutien logistique ». Et l’avenir ? Bruxelles compte participer, aux côtés de Paris, Berlin et Londres, au développement du futur drone européen « MALE » (moyenne altitude, longue endurance). Elle envisage aussi d’adhérer à des programmes de R&D dans le domaine aéronautique, où la Wallonie et la Flandre ont des compétences reconnues. Ces projets, destinés à mettre en place une production européenne à l’horizon 2020, visent à rendre l’Europe moins dépendante de fournisseurs non-européens.

 

L’inertie de Catherine Ashton

 

Longtemps privée d’orientations par le Conseil européen, l’Europe de la défense va-t-elle enfin prendre son envol ? « Les questions de défense n’ont plus été à l’agenda depuis cinq ans, constate André Dumoulin, chercheur à l’Institut royal supérieur de défense. Décembre 2013 est une opportunité stratégique que les Etats européens ne peuvent se permettre de manquer. »

 

Toutefois, d’autres spécialistes laissent entendre qu’on ne doit pas s’attendre à des avancées substantielles sous l’ère Ashton. La Haute Représentante pour la politique étrangère de l’UE peine à cacher son manque d’ambition pour la politique de sécurité et de défense commune. Dans son rapport supposé être une contribution cruciale au sommet de décembre, Catherine Ashton se contente, pour l’essentiel, de mettre en avant le rôle que l’Europe est appelée à tenir dans le monde et la palette d’instruments militaro-humanitaires dont elle dispose pour répondre aux conflits. En revanche, pas un mot sur le Quartier général militaire européen, un projet dont la nécessité est reconnue par tous, sauf par le Royaume-Uni, qui ne veut pas en entendre parler.

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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 07:50
Photo Rudy Krater

Photo Rudy Krater

19/09/13 par Jean-Albert Legros – Mil.be

 

L'ouverture de l'année académique de l'Institut Royal Supérieur de Défense (IRSD) à Bruxelles a eu lieu ce 16 septembre 2013. Pour la première fois, les présidents du Comité militaire de l'OTAN et du Comité militaire de l'Union européenne, les généraux Knud Bartels (Danemark) et Patrick de Rousiers (France) étaient reçus à la conférence du soir.

 

Au-delà de la symbolique que constitue la présence des représentants de ces deux « pierres angulaires » de la sécurité européenne et transatlantique, cette conférence inaugurale fut également l'occasion de passer en revue les missions et opérations lancées par les deux organisations au cours de la décennie écoulée.

 

Les deux orateurs ont évoqué le chemin parcouru par les deux organisations. Selon eux, le nombre de missions réalisées ou en cours atteste aujourd'hui de l'importance et de la qualité des moyens déployés sur divers théâtres de crise (Afghanistan, République démocratique du Congo, golfe d'Aden, Mali, etc.). Les stratégies mises en œuvre tant par l'Union européenne que par l'OTAN sont le fruit d'une évolution sur le long terme par laquelle les deux organismes ont mué pour s'adapter au mieux aux formes nouvelles de violence et de conflits.

 

Sur le chantier permanent qu'est la sécurité internationale en ce début de 21e siècle, la solidarité et la coopération qui caractérisent les rapports entre l'OTAN et l'Union européenne (qui comptent par ailleurs 22 États membres en commun) sont des facteurs fondamentaux pour la stabilisation des situations de crise sur des théâtres proches ou distants. Telle fut, sans nul doute, la teneur principale du message véhiculé par les présidents des comités militaires à l'occasion de cette conférence du soir.

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