C'est une escalade de plus dans le conflit syrien. Israël a pilonné des positions syriennes dans la nuit de mardi à mercredi sur les hauteurs du Golan, à la frontière des deux Etats. Dans ce territoire occupé par Israël, une explosion avait blessé mardi quatre soldats israéliens, dont un grièvement. Ces soldats ont été touchés au moment où ils descendaient de leur jeep pour aller vérifier un engin suspect repéré près de la clôture qui longe la ligne de cessez-le-feu avec la Syrie.
"La nuit dernière, l'armée israélienne a attaqué des cibles en territoire syrien. Il s'agissait de cibles d'éléments syriens qui ont non seulement favorisé, mais aussi coopéré avec les attaques contre nos forces", a déclaré mercredi le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahou en Conseil des ministres. "Nous attaquons ceux qui nous attaquent", a-t-il ajouté. Le Premier ministre avait déjà averti la veille que l'Etat hébreu réagirait "avec force" à cette attaque. L'artillerie israélienne a riposté une première fois contre des positions de l'armée syrienne, selon un communiqué militaire. Puis, dans la nuit, les raids de Tsahal, l'armée israélienne, ont touché une infrastructure d'entraînement de l'armée syrienne, des QG militaires et des batteries d'artillerie, selon un autre communiqué.
La "frontière syrienne fourmille d'éléments djihadistes et du Hezbollah"
Cette attaque aurait fait un mort et sept blessés, selon l'armée syrienne. Celle-ci a "mis en garde" Israël "contre les tentatives désespérées incitant à l'escalade et la tension". "La répétition de ces actes agressifs menacent la sécurité de la région", a indiqué l'armée dans un communiqué. Ces hostilités font en effet craindre une telle escalade entre les deux pays. Israël occupe depuis 1967 quelque 1.200 km2 du plateau du Golan qu'il a annexés, une décision que n'a jamais reconnue la communauté internationale, alors qu'environ 510 km2 restent sous contrôle syrien. Mais bien que ces Etats soient officiellement en état de guerre, la frontière israélo-syrienne, supervisée par une force des Nations unies, était considérée jusqu'à présent comme la frontière la plus calme depuis la fin de la guerre de Kippour en 1973.
Les attaques - tirs à l'arme légère ou au mortier auxquels l'armée israélienne a généralement répliqué - sont restées jusqu'à présent relativement mineures malgré une situation tendue depuis le début de la guerre civile en Syrie, en 2011. Les incidents se sont toutefois multipliés récemment entre Israël, d'une part, et la Syrie et le Hezbollah d'autre part. Samedi, des soldats israéliens ont tiré vers plusieurs "suspects" qui s'étaient approchés de la frontière israélo-libanaise. Le 5 mars, l'armée avait annoncé avoir tiré sur deux membres du Hezbollah - le puissant mouvement chiite libanais, allié de Bachar el-Assad -, et les avoir blessés, alors qu'ils installaient un engin explosif dans le nord du Golan. Certaines zones du côté syrien sont également contrôlées par des rebelles combattant l'armée syrienne, y compris des combattants djihadistes hostiles à Israël.
Mardi, le Premier ministre Benjamin Netanyahou avait déclaré que la "frontière syrienne fourmille d'éléments djihadistes et du Hezbollah, ce qui constitue un nouveau défi pour Israël". "Ces dernières années, nous avons réussi à maintenir le calme (sur le plateau) malgré la guerre civile en Syrie, mais là aussi, nous agirons avec force", a-t-il lancé. Son ministre de la Défense, Moshé Yaalon, a ainsi mis en demeure mercredi le régime de Bachar el-Assad de cesser de "coopérer" avec les ennemis d'Israël. "Nous considérons que le régime d'Assad est responsable de ce qui se passe sur son territoire et s'il continue à coopérer avec les agents terroristes qui cherchent à nuire à l'Etat d'Israël, il paiera un prix élevé", a-t-il menacé.