03.12.2013 par Jacques N. Godbout – 45eNord.ca (AFP)
La France a décidé de retirer ses derniers militaires, environ 300, qui participent à la force de l’Otan au Kosovo, la KFOR, en mettant en avant les impératifs de ses autres opérations, en particulier au Mali et en Centrafrique, a-t-on appris mardi de sources diplomatiques, rapporte aujourd’hui l’AFP.
Le retrait de la France de la Kfor, se fera progressivement jusqu’en juin 2014 dans le cadre du processus régulier de renouvellement des effectifs de cette mission qui compte encore environ 5.000 hommes.
«Nous savons tous que la France a de nombreux engagements sur d’autres théâtres d’opération», a réagi à l’annonce du retrait de la France le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, avant une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l’Alliance à Bruxelles.
Elle «a contribué de manière significative à la Kfor» et «je crois que, sur la base du principe de solidarité, nous serons en mesure de combler le départ» des soldats français, a-t-il ajouté.
Alors que le Kosovo avait accédé à la pleine souveraineté, le 10 septembre 2012, la Kfor déployée par l’Otan en 1999 était alors passée en force de dissuasion, afin de pérenniser la stabilité et la sécurité de ce pays situé aux portes de l’Union européenne.
La KFOR participe au maintien d’un environnement sûr et sécurisé au profit de l’ensemble de la population du Kosovo, en coopération avec la Mission des Nations unies au Kosovo (MINUK) et la mission de l’Union européenne (EULEX), compétente, elle, dans les domaines de la police, de la justice et des douanes.
Présente dès le début de l’intervention menée par l’Otan, à partir de 1999, la France était toujours activement investie au Kosovo aux côtés de ses alliés.
Du 30 septembre au 3 octobre 2013, une délégation de l’inspection des armées (IDA), conduite par le général de division Pinel, adjoint au général inspecteur des armées, s’est rendue au Kosovo pour inspecter le contingent français de la KFO (Archives/EMA/Armée de terre française)
Cinquième contributrice de la Kfor, sur un total de trente nations, plus de 300 soldats français étaient aujourd’hui déployés sur ce théâtre, principalement au nord, ainsi que certains éléments insérés à l’état-major.
Les forces françaises avaient plus spécifiquement la responsabilité de la sécurité à des postes administratifs et frontaliers particulièrement sensibles, qu’ils soient officiels ou sauvages, de démanteler les barrages routiers, de monter des points de contrôle des véhicules, ainsi que d’effectuer des patrouilles.
Les forces françaises participaient ainsi à la lutte contre le terrorisme, en empêchant l’approvisionnement en armement et en explosifs des groupes extrémistes installés dans le nord du pays par la Serbie qui n’a jamais accepté l’indépendance du Kosovo jusqu’à la conclusion en avril 2013 d’un accord de normalisation par lequel la Serbie ne reconnaît toutefois pas formellement l’indépendance de ce qui reste, pour elle, une province serbe.
Paris a justifié son retrait par son implication au Mali, et prochainement en Centrafrique, qui sollicitent d’importants moyens en terme d’hommes et de matériel.
La France continuera cependant à participer à l’état-major de la Kfor, et sera prête à envoyer des renforts si la situation sécuritaire l’exigeait au Kosovo.
Certains pays, dont l’Allemagne, premier contributeur à la Kfor avec près de 700 militaires, mettent en garde contre un désengagement trop rapide alors que la situation reste «tendue» dans le nord du Kosovo, malgré la signature de l’accord de normalisation.
M. Rasmussen a donc insisté mardi sur la nécessité de maintenir «un niveau suffisant» de soldats de la Kfor «pour assurer le succès de l’accord entre Belgrade et Pristina».