07.04.2014 Romandie.com (ats)
Les veuves et mères des victimes du massacre de Srebrenica, en 1995, ont accusé lundi les Pays-Bas d'être civilement responsables de la mort de leurs proches. Elles ont assuré devant le tribunal de La Haye que les soldats néerlandais présents sur place auraient dû les protéger.
"Ils n'ont pas empêché le meurtre de milliers de civils", a déclaré Marco Gerritsen, avocat des plaignantes, lors de sa plaidoirie. Il a reproché à l'Etat néerlandais de se retrancher derrière l'excuse selon laquelle les soldats néerlandais ne pouvaient utiliser leurs armes que pour se défendre.
"La légitime défense a une définition plus large que ce que l'Etat veut l'admettre (...), la protection des civils est un principe qui devait passer avant tout", a-t-il dénoncé.
Son collègue Simon van der Sluijs a de son côté assuré que, suivant les ordres émanant de La Haye, "le Dutchbat a considéré sa sécurité comme la priorité, en dépit des instructions de l'ONU".
Reconnaissance de responsabilité
L'enclave de Srebrenica était placée sous la protection de l'ONU lors de sa prise par les forces serbes de Bosnie en juillet 1995. Mais, faiblement armés et peu nombreux, les Casques bleus néerlandais n'avaient pas résisté. Les forces serbes de Bosnie sous le commandement du général Ratko Mladic avaient alors tué près de 8000 hommes et garçons musulmans.
Une dizaine de "Mères de Srebrenica" étaient présentes dans la salle d'audience. Cette association, qui représente les mères et veuves des victimes, avait saisi en 2007 la justice néerlandaise, estimant que la responsabilité de l'ONU et de l'Etat néerlandais dans la mort de leurs proches était engagée.
"Les Mères de Srebrenica veulent avant tout que la responsabilité des Pays-Bas soit reconnue, et ensuite, une indemnisation, même si cette dernière est d'importance mineure à leurs yeux", a assuré à l'AFP un des avocats des plaignantes, Semir Guzin.
Immunité pour l'ONU
La justice néerlandaise avait refusé de poursuivre l'ONU en raison de son immunité statutaire, décision confirmée ensuite jusque par la Cour européenne des droits de l'Homme en juin 2013. La procédure contre l'Etat néerlandais avait été mise en suspens le temps qu'une décision sur l'ONU soit prise.
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