14/03/11 par Véronique Guillermard, LeFigaro.fr
Une fois obtenu le feu vert de Paris et de Londres, les deux constructeurs vont développer un drone d’observation (MALE) dans le cadre d’une coopération exclusive.
Quatre mois après la signature à Londres d’accords de défense et de sécurité entre Nicolas Sarkozy et le premier ministre David Cameron, les industriels entrent dans le vif du sujet. Dassault Aviation*, le constructeur de l’avion de combat Rafale, et BAE Systems qui est un des pays participant au programme rival Eurofighter, ont signé un mémorandum (MOU) qui trace les lignes d’une coopération exclusive dans le domaine d’appareils sans pilotes humains - drones - d’observation de moyenne altitude et longue endurance (MALE) de nouvelle génération.
A côté des porte-avions et de la défense antimissiles, les drones étaient au cœur des accords de défense signés le 3 novembre 2010 entre Paris et Londres. Les deux gouvernements étaient tombés d’accord pour identifier des grands domaines de coopération permettant, contraintes budgétaires obligent, de partager des ressources afin de développer des matériels pour les deux armées.
Dassault Aviation et BAE ont déjà bien avancé. Ils ont remis une étude de faisabilité de drone MALE à leur gouvernement. «Ce dont nous avons besoin à présent, c’est d’une décision rapide de lancement de programme par les deux gouvernements», souligne Éric Trappier, directeur général international du groupe français. Ce feu vert doit être donné dans le cadre des relations bilatérales au niveau politique le plus haut ainsi qu’aux niveaux des deux instances principales : le «Senior level group» et le «high level working group». Ce dernier étant composé des représentants des deux directions générales de l’armement des deux pays.
Dans le détail, la coopération s’inscrit dans le cadre d’un partenariat à 50-50 entre les deux industriels. BAE Systems est le maître d’œuvre du projet qui s’appuie sur la plateforme MANTIS, un démonstrateur de drone MALE bimoteurs équipé de turbopropulseurs PT6 du canadien Pratt & Whitney, construit par le groupe britannique. «Mantis offre une base de travail pour développer une plateforme nouvelle qui soit financièrement abordable et réponde aux besoins opérationnels des deux pays», précise un porte-parole du constructeur français. L’appareil sera construit en Grande-Bretagne. De son côté, Dassault Aviation développera le système de mission (l’électronique, l’avionique, les capteurs) ainsi que les stations de programmation terrestres. Ce drone sera proposé aux armées françaises et britanniques. Le budget du projet n’est pas encore calé mais il faudra investir plusieurs centaines de millions d’euros pour le développement.
Mise en service à la fin de la décennie
Les deux industriels visent une mise en service à la fin de cette décennie. Les deux partenaires espèrent également le vendre à l’export notamment dans les pays qui utilisent l’actuel système américain Predator de General Atomics.
Les deux industriels sont optimistes sur leur capacité à travailler ensemble. Les rôles de chacun sont bien définis et il n’y a pas d’ambiguïté en matière de leadership. De plus ils ont déjà joint leurs efforts dans le passé. En 1967, Bréguet Aviation (repris et fusionné ensuite avec Dassault) et British Aircraft Corporation (devenu BAE) avaient signé un protocole d’accord pour développer ensemble un avion de combat : le Jaguar. Fabriqué à plus de 600 exemplaires pour six pays, ce programme a été un succès. Les derniers exemplaires du Jaguar, mis en service en 1973, sont encore fabriqués sous licence en Inde à Bengalore mais l’appareil a été retiré du service actif en 2005 par la France et en 2007 par la Grande-Bretagne qui en avait utilisé une dizaine pendant la guerre du Golfe.
* Dassault Aviation est une filiale de dassault, propriétaire du Figaro