Les experts internationaux doivent reprendre ce dimanche leurs recherches concernant les restes des victimes du crash du vol MH17. Environ 70 spécialistes des polices néerlandaise et australienne, dont la mission a été reprise puis repoussé à de nombreuses reprises, sont à l'oeuvre depuis vendredi en zone rebelle. Vendredi et samedi, ils ont pu retrouver des restes humains des victimes et des effets leur appartenant. Ceux-ci doivent être rapportés ensuite à Kharkiv, en territoire contrôlé par Kiev plus au nord, avant d'être rapatriés aux Pays-Bas en vue d'être identifiés. Plus de 200 cercueils ont déjà été rapatriés dans les jours suivant la catastrophe, comme les boîtes noires.
Le travail minutieux, entrepris avec l'aide de chiens renifleurs dans la campagne ukrainienne sous la surveillance d'insurgés armés, s'annonce complexe, plus de deux semaines après la catastrophe du 17 juillet qui a conduit à une flambée des tensions internationales. Kiev accuse les insurgés pro-russes d'avoir abattu le Boeing de la Malaysia Airlines, qui transportait 298 passagers dont 193 Néerlandais, avec un missile fourni par Moscou.
Tirs à proximité de la zone
L'état-major ukrainien a indiqué que ses positions avaient subi plusieurs attaques dans la nuit de samedi à dimanche aux lance-roquettes Grad, une arme imprécise qui frappe de vastes zones. Elles ont aussi été visées, selon la même source, par de nouveaux tirs d'artillerie tirés depuis le territoire de la Russie.
A Lougansk, trois civils sont morts dans les combats en vingt-quatre heures, affirme ce dimanche la mairie, qui avait la veille averti d'une situation "au bord d'une catastrophe humanitaire". Dans cette ville de 500.000 habitants avant les hostilités, l'eau et l'électricité sont coupées, les communications sont très perturbées et les approvisionnements extérieurs en nourriture et carburants quasi-impossibles.
L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a fait état samedi soir, sur la foi de témoignages de réfugiés ayant quitté la ville, "de bombardements à l'artillerie lourde". "La plupart des magasins sont fermés et les gens commencent à manquer de nourriture", a-t-elle rapporté. Selon l'organisation, les bombardements s'intensifient en outre aux abords de Donetsk, la plus grande ville de cette région industrielle et principal fief des rebelles qui y ont proclamé une "République populaire".
Autour du site du crash, forces ukrainiennes et rebelles se sont engagées à un cessez-le-feu. Mais on entend régulièrement des explosions. Si les principales recherches engagées par les experts ont pu se poursuivre samedi, une petite équipe, qui s'était rendue dans une autre partie du site à la recherche d'une partie du fuselage du Boeing, a préféré rebrousser chemin, les tirs à l'arme lourde semblant se rapprocher. Les enquêteurs néerlandais et australiens doivent être rejoints dans les jours qui viennent par leurs collègues malaisiens afin d'intensifier les recherches, qui prendront plusieurs semaines.
Les Occidentaux maintiennent la pression
Les Européens, jusque là divisés et réticents à frapper un important partenaire commercial comme la Russie, ont adopté, à l'image des Etats-Unis, des sanctions sans précédent depuis la Guerre froide. Elles réduisent notamment l'accès des marchés financiers européens aux principales banques publiques russes, au risque de réduire leur capacité à financer une économie au bord de la récession.
A Washington, Barack Obama a dénoncé lors d'un entretien téléphonique vendredi avec Vladimir Poutine un soutien encore accru de Moscou aux séparatistes. Le Premier ministre britannique David Cameron a de son côté estimé samedi que l'Otan devait repenser sa relation à long terme avec la Russie et renforcer sa capacité à réagir rapidement à toute menace.
Selon des experts russes, le Kremlin peut difficilement reculer dans la crise ukrainienne face à une opinion galvanisée depuis le rattachement de la péninsule de Crimée en mars, moins d'un mois après l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement pro-occidental à Kiev.