Malgré son allure d’avion furtif, le T-50 FGFA nécessite encore plusieurs années de mise au point, ce qui rend cet ambitieux programme risqué - photo Sukhoi
22 janvier 2014 Aerobuzz.fr
Des hauts responsables de l’Indian air force émettent des doutes sur les performances du futur avion de combat de cinquième génération, dérivé du T-50 PAK FA de Sukhoi. Cette prise de position pose d’autant plus un problème que le programme est développé en commun par l’Inde et la Russie.
Le torchon brulerait t il entre New Delhi et Moscou ? Sans en arriver jusqu’à cette conclusion extrême, il apparaît néanmoins que la coopération militaire entre l’Inde et la Russie semble avoir un peu de plomb dans l’aile. C’est en effet la première fois depuis 2008, date de lancement du programme d’avion de combat de russo-indien de cinquième génération FGFA, que des divergences apparaissent ouvertement entre les deux partenaires.
Le T-50 de Sukhoi a effectué plus de 300 vols d’essais se veut plus furtif que le F-22 Raptor américain - photo Sukhoi
Les mises en doute du chef d’état major adjoint des forces aériennes indiennes, également en charge des acquisitions, portent sur les performances de l’appareil et la volonté réelle de la Russie de transférer tout son savoir-faire en matière d’avion de combat moderne. Au niveau technique, les critiques ne manquent pas, notamment au niveau des moteurs « 117 », également désignés AL-41F1, de Saturn Lyulka de 147 kN de poussée ; cette évolution des AL-31F du Sukhoi 30 ne tiennent pas leurs promesses en termes de fiabilité.
L’avion de combat russo-indien FGFA sur le salon aéronautique Aero India (Bangalore, février 2013) - photo Sukhoi
La qualité de construction et la furtivité de la cellule ne seraient pas au niveau des attentes des militaires indiens. Le radar à antenne active N036, développé par l’institut russe NIIP Tikhomirov s’avère décevant également. Enfin l’Indian Air force estime que le partage industriel actuel est défavorable à l’Inde en termes de transfert de technologie. En un mot, ce programme ne vaut pas les 6 milliards de dollars réclamés par Moscou pour participer à ce programme risqué.
D’aucuns à New Delhi se demandent si ces critiques acerbes sur un programme prometteur ne sont pas en réalité une tentative de sécuriser un budget de 18 milliards de dollars pour l’achat au plus tôt de 126 Rafale. Un avion moins avancé technologiquement sur le papier mais qui tient déjà toutes ses promesses et dont le transfert de technologie intégral est assuré.
L’avion de combat de 5ème génération développé par l’Inde et la Russie est dérivé du T-50 PAK FA de Sukhoi. - photo Sukhoi
Moscou de son côté poursuit le développement du T-50. A ce jour les cinq prototypes ont effectué plus de 300 vols. Un sixième prototype est en cours de finition dans les ateliers de Sukhoi à Komsomolsk sur Amour. Et la société russe Rostec, abréviation de « Technologies russes » ne tarit pas d’éloges sur les promesses d’un avion dont la furtivité serait largement supérieure à celle du F-22 Raptor américain.
Le différend qui oppose russes et indiens porte notamment sur la motorisation du FGFA - photo Sukhoi
Sa signature équivalente radar serait comprise entre de 0,1 et 0,3 M2 contre 0,4 M2 pour le Raptor. Pour faire simple, l’avion de combat russe, dans des conditions optimales, ne serait pas plus visible pour un radar de conduite de tir qu’une balle de tennis !
Par comparaison la signature d’un SU-27 est plus proche de celle d’un autobus.
Des progrès qui s’expliquent par des formes planes soigneusement étudiées, ou les bords d’attaque et les bords de fuite sont alignés.
L’Inde souhaite se doter de 144 FGFA - photo Sukhoi
La qualité d’assemblage évite au maximum les interstices, entre les différents organes, tandis que les compresseurs des moteurs sont « masqués » par des dispositifs incorporés dans les entrées d’air. Enfin, la cellule qui fait largement appel à des matériaux composites, est dotée de revêtements absorbant les ondes radar. On peut dans le détail voir des surimpressions en forme de zigzag sur des points clés de la structure du T-50. Ces zébrures dissipent l’énergie radar reçue autour de zones clés de l’appareil tels que les bords d’attaque de voilure.
Les protubérances, et autres arrêtes sont évitées au maximum. Ainsi les antennes radio sont intégrées dans la peau de l’avion. C’est le cas des aériens V/UHF et HF placés dans les dérives. Le capteur optronique OSF se rétracte dans le nez de l’avion pour masquer son optique à des senseurs adverses. Les armements sont logés dans une large soute ventrale afin d’éviter les points brillants que sont les points d’emport sous voilure.
Il n’empêche, la Russie reconnaît que, à l’instar du F22 Raptor ou du Rafale, il faudra encore de nombreuses années avant que le T-50 ne soit définitivement au point. L’avion sera produit en deux versions. Une première version avec des moteurs provisoires AL-41F améliorés (117S) et une version de base du système d’arme, dérivée de celle du SU-35 présentée au Bourget, dotée d’un radar à antenne active N036 munie de 1526 modules émetteurs récepteurs et fonctionnant en bande X. Son ensemble d’autoprotection L402, signé KNIRTI utilise entre autres, l’antenne radar principale ainsi que des antennes actives secondaires déployées entre les deux moteurs et sur les côtés de l’avion.
Moscou prévoit de mettre en service 60 T-50 de première génération d’ici à 2016.
Il sera suivi d’une version plus évoluée avec de nouveaux moteurs désignés Izdelye 30 (article 30) plus puissants produisant 177 Kn de poussée en cours d’étude, des tuyères à poussée dirigée améliorées et un radar NO36 complété par des antennes latérales fonctionnant en bande L intégrées dans les bords d’attaque de voilure. Ainsi équipé le T-50 pourra traquer à plusieurs centaines de kilomètres des cibles à 360 degrés autour de lui. C’est précisément cet avion là que souhaitent acquérir l’Inde, à hauteur de 144 unités, et la Russie, dans dix ans au mieux. Un pari qualifié de très ambitieux par de nombreux experts.