11 Février 2015 Marine nationale
Embarqué sur la frégate La Fayette actuellement en déploiement en Méditerranée orientale, le matelot H. occupe les fonctions de matelot de pont d’envol. Sous les ordres d’un officier directeur de pont d’envol, il est chargé du saisinage des hélicoptères sur la plate-forme. Il a fêté ses 18 ans le 2 février 2015 à bord de la frégate…
Comment avez-vous connu la Marine ? Comment y êtes-vous rentré ?
Mon grand-père était marin civil de la défense et travaillait à l’arsenal de Cherbourg. Son métier consistait à produire des meubles pour des sous-marins, des bâtiments de surface, des chasseurs de mine et des bateaux ateliers.
Il a arrêté de travailler à ma naissance en 1997, après avoir fait ça pendant plus de 35 ans. Il côtoyait beaucoup de marins et avait pour habitude de me raconter ses histoires : campagnes et missions formaient son quotidien, avec entre autre un long séjour de cinq ans à Tahiti et deux de trois ans à Nouméa et Dakar. Il me montrait des photos dans les ateliers, me parlait des bateaux en bois et me montrait les tapes de bouche des bâtiments sur lesquels il travaillait. Je me rappelle lui avoir demandé un jour d’où venait cette curieuse tape en bois, et il me raconta la façon dont il avait fabriqué de ses mains la coque du chasseur de mines Andromède.
À la fin de ma troisième, je décide de pousser la porte d’un CIRFA. On m’a proposé de rentrer à l’école des mousses, alors que j’avais seulement 16 ans. Le cadre que m’a offert la Marine est pour moi un réel épanouissement.
Le métier / la vie embarquée
Je suis « ponev », c’est-à-dire équipier de pont d’envol. Sous les ordres d’un directeur de pont d’envol, je suis chargé de mettre des cales et des saisines sur les aéronefs de l’aéronautique navale. En ce moment, je suis chargé de la saisine des hélicoptères, ce qui leur évite de glisser lors de leur appontage sur la plateforme.
Ma journée commence au branle-bas, à 7h30 du matin. Après avoir petit déjeuné, je me charge d’entretenir toutes les installations du secteur aviation. Sur le La Fayette, je suis affecté au hangar des hélicoptères, ou est stationné le Panther. Le bateau est constitué d’un certain nombre de locaux, qui servent à stocker du matériel essentiel pour les techniciens aéronautiques.
Au moment du vol de l’hélicoptère, je m’équipe avec mon casque, mon maillot bleu (de pont) et mes gants. Chacun a sa couleur particulière : le vert désigne les techniciens du détachement que nous accueillons, le bleu les matelots du pont d’envol, et le jaune celui du directeur, mon chef direct.
Je suis également membre de la brigade de protection du bateau. C’est une équipe constituée de marins de hautes spécialités chargés de différentes missions. Je peux être amené à visiter un bateau dans le cadre d’un contrôle de pêche ou encore participer activement à la protection d’un site afin d’évacuer des ressortissants français. Cet été, j’ai participé à un exercice de ce type sur le BPC Tonnerre. C’était impressionnant, des grands chalands de débarquement ont déchargés toute la brigade de protection.
Quel est votre parcours de formation ?
Ma formation à l’école des mousses de Brest a durée dix mois. Tout d’abord, j’ai suivi des cours académiques « Marine », puis un enseignement plus spécialisé une fois ma spécialité choisie. En alternant théorie et pratique, on nous a appris le rôle des marins sur les bateaux, le maniement des armes, et nous avons ait des sorties sur le terrain. Par ailleurs, j’ai eu l’occasion de passer mon permis bateau dans la rade de Brest. Pour finir l’année, j’ai défilé le 14 juillet à Cherbourg, devant une partie de ma famille. C’était un moment de grande fierté pour moi, et même mon plus beau souvenir pour le moment.
J’ai ensuite été affecté sur le Tonnerre en tant que Ponev, en attendant de suivre ma formation élémentaire de métier. Cette formation à l’école du personnel de pont d’envol de Hyères a duré un mois. Grace à beaucoup de pratique, j’y ai appris les règles de sécurité, le compartimentage des bateaux mais aussi la manipulation des saisines et les gestes des directeurs. J’ai pu profiter de reconstitutions d’hélicoptère et d’avions, tels que celle de l’Alouette, du Puma, ou encore du Super Etendard. Après cela, j’ai fait une semaine sur le porte-avions avant d’être embarqué sur le La Fayette. Seulement trois mois après, c’est mon premier grand départ pour une mission. Et c’est en pleine mer que je fête aujourd’hui ma majorité !
Engagement
Que vous apporte la vie de marin ?
La Marine m’a apporté à la fois un cadre et du bonheur. Je ne vois pas les journées passer. Lorsque j’étais jeune, je rêvais comme beaucoup de garçons de devenir pilote de chasse. Lorsque je vois des hélicoptères ou des avions décoller en pleine mer, je m’en approche un peu et je retrouve mes rêves d’enfant. Avec ma famille, j’étais parti en vacances à Chypre il y a quelques années, et il y a quelques jours, j’y suis retourné pour le travail !
Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui souhaite s’engager ?
Je lui dirai de ne pas baisser les bras, de toujours persévérer. J’ai failli tout arrêter à un moment de ma formation lorsque je me suis blessé alors que je voulais devenir fusilier marin. Aujourd’hui, je ne regrette pas du tout d’avoir fait ce choix.
Qu’est-ce que pour vous être marin ? Qu’est-ce que « l’esprit d’équipage » ?
La cohésion est pour moi une force qui traverse les unités. Lorsque quelqu’un a un peu le cafard, les autres essayent de lui remonter le moral. L’esprit d’équipage consiste à ne jamais laisser quelqu’un seul. Quand je suis arrivé à bord on est parti en mer pour plusieurs jours. Je n’étais pas habitué à ne plus avoir de nouvelles de ma famille, j’étais un peu démoralisé. Très vite, on est venu me soutenir, me faire rire. Ça m’a fait beaucoup de bien.