18/06/2015 Sources : Marine nationale
Après avoir achevé sa 82ème et dernière mission dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), le patrouilleur austral Albatros a mouillé au large de Jamestown, du 16 au 17 juin 2015. Cette escale était doublement symbolique car le 18 juin 1815 la bataille de Waterloo sonnait le glas de l’Empire et au cours de cette même année, Napoléon rejoignait à bord de la frégate anglaise Northumberland son lieu d’exil final, Sainte-Hélène, pour y être selon Victor Hugo et André Malraux, « enchaîné comme Prométhée sur son rocher ».
Perdue au milieu de l’Atlantique Sud, Sainte-Hélène est une île d’où on ne s’échappe pas, éloignée de nos zones habituelles d’opérations. C’est un rocher battu par les vents et les flots et un lieu préservé encore pour quelques mois, l’aéroport devant la desservir n’étant pas encore opérationnel. Les nombreuses manifestations officielles prévues au cours du passage de l’Albatros ont connu leur point d’orgue au cours d’une cérémonie militaire émouvante en présence des hautes autorités de l’île. L’équipage de « la légende des TAAF » comme l’appelle le préfet des TAAF, a rendu hommage à l’Empereur sur la tombe qui a abrité son corps, avant de visiter la résidence de Longwood où il a résidé pendant son séjour sur l’île.
Certes, depuis le 16 octobre 1840 et le retour des cendres de Napoléon en France sur la frégate Belle Poule, « au milieu de ce peuple français qu’il aimait tant », le corps de l’Empereur ne repose plus à Sainte-Hélène. Néanmoins, la « Vallée du géranium » comme on l’appelait au temps de Napoléon a accueilli sa dépouille pendant 19 ans et il y règne une atmosphère de beauté et de paix qui contraste avec l’austérité de la résidence de Longwood isolée du reste de l’île. Jean-Paul Kauffmann, grand amoureux des îles tourmentées et auteur de la chambre noire de Longwood, parle d’un « lieu délivré, dégagé des tourments de la captivité ».
L’équipage de l’Albatros, fier d’affirmer la présence française sur les mers les plus hostiles de la planète depuis plus de 31 ans, ne peut qu’éprouver une grande émotion en regardant s’éloigner les côtes inhospitalières de l’île de Sainte-Hélène. C’est en effet la dernière mission opérationnelle de l’Albatros rentrant sur Brest pour y être désarmé à compter de la mi-juillet 2015. Les paroles prêtées à l’Empereur résonnent donc à nos oreilles avec une acuité forte, alors que la vie opérationnelle exceptionnellement longue et bien remplie de l’Albatros s’achèvera bientôt.
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