24 Septembre 2014 Marine Nationale
Son parcours :
1999 : Diplômé de l’École navale.
2003 : Affecté au sein des forces sous-marines, sur le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Améthyste.
2004 : Premier déploiement Agapanthe avec l’Améthyste en océan Indien.
2007-2008 : Commandant du bâtiment école Lynx.
2011-2013 : Officier d’échange de la Force océanique stratégique (FOST) au Royaume-Uni.
2014 : Stagiaire au cours du « Perisher » au Royaume-Uni. (voir encadré « son unité »)
Meilleurs souvenirs :
La nuit du 24 décembre 2010, sous la surface de l’océan Indien, la conjugaison entre l’esprit de Noël et la tension palpable de la mission sortait de l’ordinaire. Loin de nos familles, entre communion et poste de combat, nous avons vécu un réveillon hors du commun.
La réception au stage « Perisher » est un autre temps fort de ma vie de marin. Le rituel de rentrée se tenant à bord du HMS Victory, dans le bureau même où l’amiral Horatio Nelson prépara la bataille de Trafalgar, constitue un moment fortement symbolique qui restera gravé dans ma mémoire.
Portrait :
Le sous-marinier, tapi plusieurs mois par an au fond des mers, intrigue le commun des mortels. Dans les profondeurs, le capitaine de corvette Thomas Legrand est allé chercher la cohésion et le dévouement d’un équipage, comme le goût de l’effort et le dépassement de soi. Des valeurs qu’il aime à retrouver à terre dans le rugby, son sport de prédilection. Depuis son plus jeune âge, le CC Legrand veut être marin. Lors de sa première immersion, il choisit son navire. « Dans un sous-marin, l’équipage est réduit au minimum, raconte-t-il. Au contact permanent de ses hommes, le commandant est en prise directe avec son bâtiment, voire à la manœuvre quand la mission se corse. Cette réalité m’a convaincu de mon choix de carrière », explique-t-il, tout juste sorti du Perisher, ce stage draconien de sélection des commandants de sous-marins nucléaires de la Royal Navy. Ainsi le CC Legrand est-il un témoignage de l’amitié franco-britannique. Officier d’échange au sein des forces de sa Majesté, il s’est familiarisé aux us et coutumes d’outre-manche. Fort de ce bagage, sélectionné pour le stage Perisher, il s’est naturellement plié à l’expérience décisive. Sur les six candidats retenus, seuls quatre ont franchi la « mini war », l’exercice de synthèse qui conclut un cursus long de quatre mois. Pour les autres, leur carrière de sous-marinier s’est arrêtée là. Perisher est implacable. Dans sa réussite, le commandant Legrand est conscient que travail et détermination vont de pair avec le petit coup de pouce de la chance, qui arrive « au bon moment, au bon endroit », selon ses mots. Pour leur part, ses formateurs n’évoquent rien d’autre que le leadership et les qualités tactiques du stagiaire français. De cette épreuve, ce dernier retient la confiance qu’ils lui ont portée, sans laquelle un tel échange n’aurait pas eu lieu. Bricoleur, passionné par une vielle longère bretonne, le CC Legrand lui consacrera une bonne partie de ses permissions bien méritées, avant, nous lui souhaitons, de troquer truelles et marteaux pour les commandes d’un « bateau noir ».
Perisher :
Au Royaume-Uni, la sélection des commandants de sous-marins nucléaires se fait par le biais du Submarine Command Course (SMCC), mieux connu sous le nom de « Perisher » (du verbe to perish, périr en anglais), en raison de son taux d’échec important. Au terme de trois mois de formation théorique, des exercices complexes s’enchainent en mer un mois durant pour finir de tester les candidats. Les évolutions tactiques par faibles fonds, sous la menace de navires de surface et d’avions de patrouille maritime, constituent des classiques parmi de nombreuses autres épreuves. Soumis à une pression soutenue qui vise à tester leur potentiel et vérifier leur aptitude à assurer la mission en sécurité, à peine 70% des stagiaires réussissent à obtenir le précieux sésame qui leur offrira le commandement d’un sous-marin. En 2014, la participation d’un marin français au stage Perisher témoigne tant de la confiance de la Royal Navy en les équipages de la Marine nationale française que de la volonté commune des deux marines de développer plus encore leur interopérabilité. Les forces sous-marines britanniques sont composées de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de type Vanguard et de sept sous-marins nucléaires d’attaques (SNA) de type Trafalgar et Astute. Au cours du stage Perisher, le capitaine de corvette Thomas Legrand était intégré à l’équipage du sous-marin nucléaire d’attaque HMS Torbay de type Trafalgar.
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