Le président ukrainien Petro Porochenko en visite en Slovaquie les 15 et 16 novembre 2014 (Archives/ service de presse de la présidence ukrainienne)
17 novembre 2014 par Jacques N. Godbout – 45eNord.ca
Le président ukrainien Petro Porochenko, qui compte bien soutenir les aspirations à l’intégration européenne moldaves, annonce aujourd’hui qu’il se rendra dans ce pays le 20 novembre en compagnie de son homologue polonais.
Après avoir déclaré que son pays était «préparé à un scénario de guerre totale», bien qu’il préférait une solution pacifique, Porochenko s’apprête à soutenir les aspirations de la Moldavie dont les problèmes, à bien des égards, ont de nombreux points communs avec ceux de l’Ukraine.
Le Président Porochenko a eu une réunion avec son homologue polonais Bronislaw Komorowski à Bratislava où les deux chefs d’État ont annoncé une visite commune en Moldavie, aux prises comme l’Ukraine avec des sécessionnistes pro-russes et où se tiendront des législatives le 30 novembre..
Les deux présidents ont aussi coordonné lors de cette rencontre leur position à la veille de la réunion du Conseil de l’Europe au niveau des ministres des Affaires étrangères qui se tiendra à Bruxelles le 17 novembre.
L’Ukraine a demandé lundi à l’Union européenne d’envoyer un message clair de fermeté à la Russie, assorti d’une menace de nouvelles sanctions si nécessaire.
À Bratislava, l’Ukraine et la Pologne ont convenu de plusieurs mesures communes coordonnées jusqu’à la fin de l’année, explique la présidence ukrainienne, en particulier une visite conjointe de Petro Porochenko et Bronislaw Komorowski en Moldavie le 20 novembre
«Nous prévoyons de soutenir les aspirations de l’intégration européenne de la Moldavie», a déclaré le président ukrainien.
«Le sort de Moldavie est important pour nous», a-t-il noté, ajoutant que ce pays devrait devenir un exemple positif en matière de réformes et de processus d’intégration européenne.
Comme l’Ukraine avec le Donbass, ou la Georgie où deux républiques séparatistes ont reçu l’appui militaire de Moscou en 2008, la Moldavie, située en Europe orientale entre la Roumanie et l’Ukraine, est aux prises avec les problèmes que lui pose une région sécessionniste soutenue par Moscou, la Transniestrie.
La Transniestrie, la partie orientale de la Moldavie, pays à majorité roumanophone, est dominée par des minorités russe et ukrainienne.
Cette région de l’est de la Moldavie a fait fait sécession avec le soutien de Moscou à l’issue d’une guerre en 1992, un an après la chute de l’URSS, bien que son indépendance n’a été reconnue par aucun pays.
La Russie maintient depuis des soldats dans la région contre la volonté du gouvernement moldave et malgré l’engagement pris en 1999 de les retirer.
Le commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur), le général Philip Breedlove, s’était d’ailleurs inquiété en mars dernier de la présence massive de troupes russes à la frontière de l’Ukraine, qui pourrait déboucher selon lui sur une intervention de Moscou en Transnistrie, la région séparatiste de Moldavie à majorité russophone.
Pour sa part, le Canada, ‘spécialiste’ des élections problématiques au nez et à la barbe des Russes, après avoir fourni le plus fort contingent d’observateurs lors des élections législatives en Ukraine en octobre, appuiera aussi la tenue des élections en Moldavie en envoyant jusqu’à 20 observateurs électoraux pour suivre le déroulement du scrutin dans ce pays le 30 novembre et en faire état.
Le bal des expulsions
Au même moment, la Russie a annoncé ce lundi 17 novembre l’expulsion pour espionnage de diplomates polonais et d’une collaboratrice de l’ambassade d’Allemagne en représailles à celles de diplomates russes de Varsovie et de Bonn.
Pologne, Allemagne, mais aussi Lettonie: les annonces d’expulsions symétriques de diplomates ou d’employés d’ambassades à Moscou, Varsovie, Riga ou Bonn, se multiplient en pleine crise diplomatique entre la Russie et les Occidentaux engagés dans un bras de fer concernant la crise ukrainienne.
Ces annonces rappellent les pratiques de la Guerre froide lors de la confrontation entre l’Ouest et le bloc socialiste mené par l’URSS.
La Russie et l’Occident traversent leur pire crise depuis la fin de la Guerre froide en raison du conflit en Ukraine.
La montée des tensions avec la Russie inquiète particulièrement les pays de l’ex-bloc socialiste entrés ces dix dernières années dans l’Union européenne et l’OTAN.
Kiev réclame en vain un durcissement des sanctions
Pendant ce temps à Bruxelles, l’Ukraine réclamait à Bruxelles un durcissement des sanctions qu’elle n’a pas obtenu.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine, a rencontré la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, avant de s’adresser au Parlement européen.
«Il est temps de formuler un message clair envers Moscou disant que toute nouvelle déstabilisation en Ukraine déclenchera des mesures supplémentaires de l’UE», a déclaré à la presse le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine, alors que ses homologues européens devaient décider de nouvelles sanctions en relation avec le conflit dans l’est de l’Ukraine.
M. Klimkine a ajouté que son pays espérait participer à une rencontre de haut niveau avec la Russie cette semaine pour faire revivre le cessez-le-feu conclu à Minsk en septembre.
«Nous avons besoin de ce message très clair qui identifiera les prochaines étapes (…) il faudrait que cela soit un paquet de sanctions robuste qui exercera de la pression sur tous ceux qui veulent déstabiliser la situation sur le terrain», a plaidé M. Klimkine, reprochant à l’UE de n’avoir jamais eu de politique cohérente sur la Russie.
«Il est maintenant temps d’en trouver une», a lancé le chef de la diplomatie ukrainienne, ajoutant que l’UE devrait aussi soutenir les réformes en Ukraine pour que cela soit un vrai succès».
L’U.E. se contentera d’élargir sa liste de personnes sanctionnées
L’Europe a décidé quant à elle d’élargir la liste des personnes sanctionnées pour leur implication dans le conflit en Ukraine, mais ne durcira toutefois pas ses sanctions économiques.
Les ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Bruxelles, ont demandé au service diplomatique de l’UE de «proposer de nouvelles inscriptions sur la liste, en visant des séparatistes».
Une décision doit être prise «d’ici la fin du mois», a indiqué une source européenne. La nouvelle liste ne devrait donc pas comprendre des responsables russes.
Jusqu’ici, 119 personnes, des séparatistes mais aussi des Russes -politiques, oligarques et proches de Vladimir Poutine-, sont visées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de visa pour l’UE.
En outre, l’Europe s’en tient aux sanctions individuelles et n’envisage pas à ce stade de durcir ses sanctions économiques.
«Les sanctions ne sont pas un objectif en soi. Elles peuvent être un instrument si elles viennent avec d’autres» solutions, a expliqué la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. «Il faut maintenir la pression, mais aussi parler» avec M. Poutine, «aussi difficile que cela soit», a quant à lui fait valoir le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders.
Après le «Je te serre la main, mais c’est bien parce que j’y suis obligé» peu protocolaire de Stephen Harper à Brisbane, il semble que les Européens, eux, ne soient pas tous prêts à s’enfermer dans une logique de guerre.