Améliorer la disponibilité du matériel de l'armée française est une des cinq grandes priorités de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. En 2015, le budget de l'entretien des équipements appelé MCO (maintien en condition opérationnelle) augmentera de 4,5%, à 3,2 milliards d'euros. L'hôtel de Brienne a fixé des objectifs de redressement du taux de disponibilité d'ici à 2017 et décidé d'introduire des critères de performance et d'efficacité dans les contrats MCO. En clair, les industriels en charge devront s'engager sur des seuils de disponibilité. À défaut, il y aura des pénalités.
L'effort se justifie par l'urgence de la situation. Les équipements et les hommes sont extrêmement sollicités en raison de la multiplication des opérations extérieures (Opex). Afghanistan, Mali, Centrafrique et désormais l'Irak. L'armée française est sur tous les fronts avec 7800 militaires déployés. Les matériels, surtout les plus anciens qui équipent l'armée de terre, se détériorent à grande vitesse et nécessitent des réparations toujours plus coûteuses.
Des avions gouvernementaux très disponibles
En 2013, seuls 31% des AMX 10 RCR, ces chars de reconnaissance et de combat de 15 tonnes, et 44% des hélicoptères de manœuvre - Puma, Gazelle et autres Caracal - qui interviennent en appui des fantassins, étaient bons pour le service. La marine ne pouvait compter que sur 48% de ses frégates et l'armée de l'air sur 49,7% de son aviation de transport tactique et 61,8% de ses avions de combat. En revanche, les avions destinés aux missions gouvernementales sont prêts à décoller 90% du temps!
D'ici à 2017, le taux de disponibilité non pas du parc installé mais des matériels indispensables pour remplir le «contrat opérationnel» fixé aux armées devra remonter. Celui des frégates est fixé à 68%, celui des hélicos légers de l'armée de terre à 60% et celui de l'aviation de transport tactique à 80% et à 94% pour les chasseurs. Remise à niveau des matériels rapatriés d'Afghanistan ou du Mali, maintien en service prolongé de d'équipements en fin de vie et financement du surcoût des Opex seront, selon le ministère de la Défense, «les facteurs clefs du succès en 2015» et dans les années à venir en attendant la mise en service de véhicules ou aéronefs de nouvelle génération.
Le porte-avions Charles de Gaulle opérationnel à 10% en 2017
L'AMX 10 RCR très engagé au Mali par exemple doit tirer les fruits d'une remise à niveau (retrofit) dès 2015 en attendant l'arrivée de son successeur, l'EBRC, dans le cadre du programme Scorpion de modernisation de l'armée de terre. Même scénario pour le véhicule avant blindé (VAB) dont le taux de disponibilité sera maintenu à 50% jusqu'à l'entrée en service du VBMR. De son côté, l'armée de l'air doit bénéficier de la montée en puissance de l'Airbus de transport A400M dont cinq exemplaires ont déjà été livrés.
A contrario certains équipements seront quasi indisponibles. Ce sera le cas du porte-avions «Charles-de-Gaulle» dont le taux de disponibilité ne sera que de 10% en 2017 (32% en 2013, 95% prévus en 2014). «Cette prévision (...) s'explique par le début de l'arrêt technique majeur numéro 2 qui comprend des travaux de grande ampleur destinés à lui redonner du potentiel et à maintenir ses capacités opérationnelles», est-il précisé dans l'annexe dédiée au budget de l'armée du projet de loi de finances (PLF) 2015. De même, le taux de disponibilité des sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) chutera de 70 à 72% actuellement à 57%. «La diminution de la disponibilité technique opérationnelle des SNA en 2017 s'explique par le retrait du service du SNA Rubis avant l'admission en service actif du SNA Suffren (NDLR: le premier des six nouveaux SNA de classe Barracuda) en 2018», peut-on lire dans l'annexe au PLF 2015.