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12 mai 2014 1 12 /05 /mai /2014 10:55
Le budget de la Défense amputé de 2 milliards?

 

12/05/2014 Par LEXPRESS.fr

 

Xavier Bertrand a assuré dimanche que le gouvernement comptait pratiquer de sévères coupes sur le budget de la Défense, malgré une promesse de sanctuarisation. Manuel Valls a démenti l'existence d'un "plan caché".

 

C'est la bombinette du dimanche. Invité du Grand rendez-vous Europe1/i-Télé/Le Monde, , l'ancien ministre UMP du Travail Xavier Bertrand a assuré, sans citer ses sources, que le gouvernement préparait 1,5 à 2 milliards d'économies sur le budget de la Défense. "Ce qui est prévu, le monde de la Défense nationale le sait précisément, ce qui a été demandé, c'est de prévoir des coupes budgétaires de 1,5 à 2 milliards d'euros par an pendant trois ou quatre ans, de façon à pouvoir espérer atteindre les 50 milliards d'euros", a assuré l'ancien ministre UMP.

L'entourage du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a réagi auprès de l'AFP en soulignant que "le ministère n'a pas été informé de la suppression de crédits budgétaires depuis le vote de la loi de programmation militaire 2014-2019 en décembre dernier". 

"Pour des calculs de comptables, on est en train de sacrifier notre défense. C'est une remise en cause sans pareille de notre sécurité et de notre défense", a de son côté dénoncé l'ancien ministre du Travail. 

En juillet 2013, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian avait affirmé, sur Europe 1, que "le budget de la Défense en 2014, en 2015, en 2016 serait sanctuarisé". 

Manuel Valls dément l'existence d'un "plan caché"

Cette déclaration est intervenue alors que le Premier ministre Manuel Valls devait s'exprimer ce dimanche soir sur TF1, ce que n'a pas manqué de relever Corinne Lhaïk, chef du service politique de L'Express. 

 

Lors de son intervention, Manuel Valls a assuré qu'il n'existait pas de "plan caché" de réduction des crédits de la Défense. "Nos armées doivent être préservées mais chacun doit faire des efforts" dans la réduction des dépenses publiques, a-t-il déclaré, ce qui ne dissipe pas les doutes.

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 11:50
La défense européenne, éloge d'une agonisante

 

07/05/2014 Jean Guisnel - Défense ouverte / Le Point.fr

 

L'Europe a mis des mois à envoyer quelques dizaines de soldats en RCA, et on voudrait qu'elle applique une politique de défense et de sécurité à la crise ukrainienne ? Soyons sérieux...

 

L'Europe de la défense est-elle autre chose qu'une incantation ? Pas sûr... Mise en avant depuis des décennies, l'idée ne peut fonctionner dans les faits que lorsqu'il s'agit de produire en commun des matériels qu'un État seul ne pourrait se payer. En réalité, les exemples sont légion de la fausseté de cet argument, dont les frégates Horizon, le chasseur Eurofighter Typhoon ou l'A400M Atlas sont des preuves vivantes.

On écarquille les yeux quand on lit les satisfecit des eurocrates constatant qu'après plusieurs mois de négociations tendues, l'Union européenne a réussi tant bien que mal à envoyer une force européenne en RCA, dont l'ossature est fournie par des Français s'y trouvant déjà et des Géorgiens n'appartenant pas à l'Union européenne. C'est pourquoi on se dit qu'on serait bien inspiré de répondre franchement "oui" quand Nicole Gnesotto, présidente de Notre Europe-Institut Jacques Delors, pose crûment la question "Faut-il enterrer la défense européenne ?".

Tant d'années de déception

Dans un petit ouvrage ainsi titré, l'auteur dresse un bilan de tant d'années de déception et ne manque pas de souligner les atouts que notre Vieux Continent pourrait mettre en avant, si seulement il le souhaitait. Et notamment sa "légitimité collective" plus forte que celle de toute nation isolée ou ses capacités militaires bien réelles. Par exemple, ses armées comptaient en 2011 près de deux millions d'hommes. Mais ces effectifs ne sont d'aucune utilité quand il faut des mois pour en envoyer quelques dizaines en RCA ou au Mali !

De plus, les effectifs ne sont rien sans les moyens d'équiper et de faire fonctionner ces armées. En 2011, chaque Européen a dépensé 387 euros pour sa défense. Contre 1 610 euros pour chaque Américain. La même année, chaque soldat européen a coûté 23 829 euros. Contre 102 264 pour un soldat américain... En fait, l'Europe a depuis longtemps baissé les bras et nul ne cherche réellement, ni en France ni ailleurs, à faire émerger une véritable défense européenne. Une année ou presque a été nécessaire pour que les Français montent l'opération Sangaris en Centrafrique. Ont-ils associé les Européens à sa préparation ? Non.

 

Constat d'échec

Même les symboles voulus dès leur conception pour être des emblèmes d'une volonté de défense et de sécurité communes, comme l'Eurocorps ou la brigade franco-allemande, ne sont que des objets de vitrine. Il existe bien sûr quelques initiatives réussies, comme celle de la mise en commun de moyens de transport aérien tactique et stratégique. Certes. Mais nous n'aurons pas la cruauté de rappeler combien de temps a été nécessaire pour obtenir des avions pour la seule mission européenne en RCA... Nicole Gnesotto est cruellement lucide quand elle écrit, à propos de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), qu'elle "n'est pas faite pour l'entrée en premier sur un théâtre de crise, mais plutôt pour le soutien en second". Il n'est nul besoin d'ajouter quoi que ce soit à ce constat d'échec.

Après avoir lu ce livre, on attendait une conclusion d'ouverture, mais en vain... La dernière phrase du livre est un constat d'échec : "Face à la crise économique mondiale, face à la révolution stratégique américaine, les Européens n'ont en effet pas d'autre choix que de reprendre en main leur destin." Dit comme ça... Le seul problème, c'est que la crise ukrainienne leur en donne une occasion parfaitement adaptée. À nos frontières, amputé par un voisin puissant, tout prêt à basculer dans la guerre civile, un État chancelle et l'Europe assiste impuissante à son naufrage. On sait que ce qui se passe en Centrafrique, au Mali ou en Afghanistan est lié à notre sécurité collective. C'est pour cela que nous y sommes intervenus. L'Ukraine, qui a sombré dans le chaos après avoir voulu se rapprocher de l'Europe, serait-elle plus loin encore ?

 

Nicole Gnesotto, Faut-il enterrer la défense européenne ? La Documentation française, 150 pages, 9 euros

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 11:40
Ukraine border - The Washington Post May 2, 2014

Ukraine border - The Washington Post May 2, 2014

 

07/05/2014  IRSEM


Analyse de la crise ukrainienne. Regards universitaires, dossier rassemblé par Frédéric Charillon


Auteurs : Olivier Schmitt, Silvia Serrano, Marie-Elisabeth Baudoin, Françoise Daucé, Igor Delanoë, Elena Morenkova-Perrier, Inessa Baban

 

A la suite de la première Note de recherche Stratégique consacrée à la crise ukrainienne (n°6-2014), l’IRSEM rassemble sept autres chercheurs spécialistes de la zone, pour analyser les répercussions possibles de l’épisode russo-ukrainien. Nous tenons cette fois encore à remercier les auteurs d’avoir accepté de contribuer à cet exercice : nous mesurons ce que représente, en cette période de l’année, l’acceptation de délais aussi courts, et l’amitié que cela témoigne à l’égard de notre institut.

 

Numéro 8 - 2014

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 20:35
Qui se souvient de Diên Biên Phu?

 

07 mai 2014 Tout un monde

 

Il y a soixante ans, le 7 mai 1954, s’achevait au détriment de la France la terrible bataille de Diên Biên Phu. Elle concluait la première guerre d’Indochine en donnant la victoire à un mouvement national-communiste vietnamien en pleine ascension. Hanoï a décidé d’organiser de grandes cérémonies d’anniversaire, mais qui s’en souvient aujourd’hui ? Certainement pas l’Amérique, qui a oublié la longue guerre qu’elle perdit ensuite contre le Vietnam pour se consacrer désormais à une diplomatie beaucoup plus souple. Pas non plus la Chine, qui avait pourtant fourni à l’allié vietminh une aide militaire décisive, puis les plans de la bataille finale. Car ses relations avec le Vietnam sont désormais si mauvaises que celui-ci en est arrivé à inviter dans ses ports la flotte américaine…

 

Tribune de Jean-Luc Domenach*, Ceri

 

   La France, elle aussi, ignore ce soixantième anniversaire de Diên Biên Phu, et c’est dommage. Une raison de l’oubli réside dans l’empilement de médiocrités et de stupidités qui a provoqué la défaite de 1954, notamment (mais pas seulement) dans l’armée. Et pourtant, la trajectoire française au Vietnam comprend également le meilleur, même sur le plan militaire, et même à Diên Biên Phu.

 

   Ensuite, la France est parvenue à maintenir avec Hanoï des relations correctes, voire désormais amicales. Outre la persévérance du Quai d’Orsay, la raison en est simple : pour nombre de Vietnamiens, la France a été et reste un modèle de civilisation.

 

   C’est en effet que, pour le pire et le meilleur, le Vietnam a décidé de rester lui-même, c’est-à-dire indépendant : avant-hier contre le colonialisme français, hier contre l’impérialisme américain et aujourd’hui contre une Chine devenue la deuxième puissance du monde. En célébrant la bataille de Diên Biên Phu qu’il avait remportée en partie grâce à son puissant voisin, c’est à Pékin qu’il s’adresse pour l’avertir solennellement qu’il est prêt à défendre bec et ongles son indépendance.

 

   Cette constance dans l’affirmation des valeurs nationalistes a de quoi impressionner, d’autant qu’elle jette une lumière très vive sur l’Asie contemporaine. On a certes raison de mettre en évidence les performances économiques successivement réalisées par le Japon, la Chine, l’Inde, la Corée, l’Indonésie et les autres pays de la région. Et l’on signale avec juste raison que ces performances font école dans d’autres pays, dont le Vietnam.

 

   Mais l’on oublie trop souvent des vérités essentielles. Leurs progrès économiques, aussi favorisés qu’ils soient par la mondialisation, sont inspirés par des projets fondamentalement nationalistes. Ces pays se sont affirmés autrefois contre les grandes puissances occidentales, mais ils sont désormais tout aussi méfiants contre les trois grandes puissances de l’Asie : le Japon, bien sûr, mais aussi l’Inde et surtout la Chine.En célébrant le souvenir de Diên Biên Phu, le Vietnam rappelle qu’il veut avant tout demeurer indépendant.

 

*Jean-Luc Domenach est directeur de recherches au Ceri-Sciences Po.

 

Note RP Defense : j'ai modifié les illustrations originales de l'article. Pour que la mémoire ne s'efface pas.

Prisonnier français libéré par le Viêt-minh. Source ECPAD

Prisonnier français libéré par le Viêt-minh. Source ECPAD

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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 11:35
Obama en Asie - Pivot, retrait ou absence de stratégie? TRIBUNE de Dominique Moïsi - Ifri

 

02 mai 2014 Tout un monde

 

3695015936_2.jpgQuatre pays : le Japon, la Corée du Sud, la Malaisie, les Philippines. Deux thématiques : le commerce et la sécurité. Trois objectifs : intégrer davantage l’Asie dans l’économie mondiale, réaffirmer la présence américaine et donc rassurer les pays visités face aux ambitions grandissantes de la Chine, et faire tout cela en maintenant un dialogue privilégié avec Pékin, même si le président américain n’a pas eu d’étape chinoise dans son voyage. Il y avait enfin un objectif non déclaré, mais néanmoins important : parfaire l’isolement international de Moscou.

 

*Dominique Moïsi est conseiller spécial à l'IFRI

 

   Le voyage de Barack Obama en Asie – qui n’a pas eu toute la couverture médiatique qu’il méritait, pris entre la crise Ukrainienne et la double béatification de Jean XXIII et Jean Paul II – s’est achevé lundi avec un bilan en demi-teinte. Le président américain a, certes, décliné les objectifs de sa  «grande stratégie » en Asie, continent qu’il a désigné comme le « pivot » de son action extérieure. Mais a-t-il les moyens humains et politiques de ses ambitions ?

 

   Il n’y a pas autour de lui de grands spécialistes de l’Asie. Un stratège à la Kissinger fait défaut, les experts sont ternes. Sur le plan politique, Démocrates comme Républicains ne partagent pas  l’enthousiasme libre-échangiste de l’exécutif. De même, ils ne souhaitent pas augmenter leur aide militaire au continent asiatique.

 

   Ainsi, les dirigeants asiatiques – à l’exception des Chinois qui les voudraient moins présents– soupçonnent-ils l’Amérique d’être dans une posture de retrait et non d’engagement. « Pourquoi ferions-nous des concessions en matière de commerce si vous n’allez pas nous soutenir de manière plus sérieuse en terme de sécurité ? » Certes, Washington a pris, de manière très nuancée, une position plus favorable à Tokyo qu’à Pékin sur la question des îles contestées par les deux pays. Mais cela suffira-t-il à rassurer les Japonais ?

 

Suite de la tribune

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 13:28
Puisque l'ambiance est à la désinformation .... [humour - humour - humour - je répète une dernière fois, il s'agit d'humour]

source les Crises.fr

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 08:00
Dirigeables, ballons, drones... : les satellites sont-ils une espèce en voie de disparition ?

Thales Alenia Space se dit prêt à relever le défi du dirigeable stratosphérique stationnaire

 

05/05/2014 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

L'arrivée de nouveaux systèmes non spatiaux capables de missions d'observation, de surveillance et de relais télécoms sont-ils une menace pour les satellites. Des systèmes qui sont également beaucoup moins chers qu'un satellite.


 

L'industrie satellitaire va-t-elle être confrontée d'ici peu à un big-bang ? Ou à une évolution de rupture avec l'arrivée de nouveaux systèmes non spatiaux remplaçants une partie des missions des satellites d'aujourd'hui, notamment dans l'observation et la surveillance, et surtout beaucoup moins cher ? Pas impossible. "On sent bien que l'espace pourrait être une solution, mais pas la seule", constate le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël.

Une nouvelle génération de systèmes non spatiaux arrive à maturité comme les ballons de Google (Loon) et le pseudolite à haute altitude (High Altitude Pseudo-Satellite - HAPS) d'Airbus Defence & Space (Zephyr) ou en voie de développement comme celui de Thales Alenia Space (TAS) avec son fameux dirigeable StratoBus, des Américains (Lockheed Martin, Northrop Grumman…) et des Japonais (JAXA). "Peut-être que l'avenir c'est plus le satellite low cost que le lanceur low cost", s'interroge Stéphane Israël, qui estime qu'"il faut que le coût d'accès à l'espace soit le plus limité possible". Une tendance qui peut favoriser le come-back des dirigeables.

 

Le Zephyr, un vent d'avance

Airbus Defence & Space (ADS), qui travaille sur les pseudolites à haute altitude depuis 2008, a pris une longueur d'avance commerciale avec le programme Zephyr. Le groupe européen s'apprête à commercialiser cette année un HAPS, qui détient le record du monde d'endurance (350 heures de vol d'affilée) et vole à 20 km d'altitude au-dessus du trafic aérien. "Le Zephyr 7 a manifestement des années d'avance sur tous les autres systèmes HAPS existants, et nous avons passé l'année dernière à en analyser et concevoir les aspects perfectibles", explique le directeur technique du Zephyr au sein d'ADS, Chris Kelleher. Une longueur d'avance certes, mais avec un produit qui sera beaucoup moins performant que les futurs dirigeables stratosphériques imaginées par les Américains et par TAS. A condition bien sûr de valider les projets en cours. Ces engins devraient arriver sur le marché commercial dans sept ans environ, estime le patron du programme StratoBus Jean-Philippe Chessel chez Thales Alenia Space.

Avec une envergure de 23 mètres et pesant 50 kilos, le Zephyr ne peut emporter qu'une charge utile de cinq kilos : transmetteur, caméras optiques et infrarouges. Avant de choisir ce type de HAPS, le directeur du programme Zephyr Jens Federhen avait abandonné la piste des dirigeables stratosphériques, estimant qu'ils consommeraient trop d'énergie pour se maintenir sur place face au vent.

 

Thales tente le pari du stratosphérique

Fort de ses études de préfaisabilité, Thales Alenia Space se dit quant à lui prêt à relever le défi du dirigeable stratosphérique stationnaire, qui répond pour le moment au cahier des charges du groupe pour développer un démonstrateur. Le groupe spatial prévoit de développer un démonstrateur dans cinq ans, puis deux ans plus tard de commercialiser un dirigeable avec des technologies qui arrivent aujourd'hui à maturité.

"C'est le time-to-market à tenir", juge Jean-Philippe Chessel, qui prévoit déjà une nouvelle génération de dirigeables plus performants à un horizon de 15 ans. Un "marché qui existe" et qu'il estime à 1 milliard de dollars, partagé entre un tiers pour le marché institutionnel et deux tiers pour le marché commercial. La Direction générale de l'armement (DGA), qui se montre intéressée par ce projet dont elle a suivi l'étude de faisabilité, selon TAS, pourrait apporter son écot. "Le premier fabricant aura un avantage vis-à-vis de ce marché", estime en tout cas Jean-Philippe Chessel.

 

Cinq ans de durée de vie

Pour être attractif, TAS vise certaines performances incontournables. Les premiers StratoBus emporteront une charge utile de 200 kg (soit une charge utile d'un satellite de la gamme Globalstar) et seront à l'abri des Jet Stream. Soit à une altitude comprise entre 18 et 25 km. Ce qui lui permettra de balayer par tous les temps avec un petit radar une zone de 500 km à une altitude 20 km (contre une vision continentale pour les satellites) et de lutter contre des vents moins forts. Le StratoBus devra également être repositionnable pour pouvoir revendiquer une autonomie à poste de douze mois sur douze et 24h sur 24. Mais, selon la force des vents, la première génération des StratoBus ne pourrait assurer des missions que de huit mois sous les latitudes françaises, mais en revanche pourrait atteindre des durées de mission de 12 mois autour de l'équateur.

Le StratoBus devrait avoir une durée de vie de cinq ans sans interruption de mission. Tous les ans, il devra être redescendu (trois heures, contre quatre heures de montée) pour "une à deux semaines de maintenance pour vérifier l'état de l'enveloppe et des équipements", explique Jean-Philippe Chessel. Et selon les études de marché de TAS, le Stratobus sera trois à quatre fois moins cher en termes de coût de possession par rapport à un drone MALE (Moyenne altitude et longue endurance) ou HALE (haute altitude, longue endurance).

 

Des verrous technologiques à faire sauter

Pour arriver à développer ce type de dirigeable, Thales devra faire sauter des verrous technologiques. Notamment trouver une solution pour lutter contre les vents en haute altitude. La première génération de dirigeables de TAS sera capable, selon le patron de Stratobus, de lutter contre des vents d'au moins de 90 km/h grâce à une double motorisation électrique. Il devra abandonner la position au-delà. La deuxième génération devrait quant à elle pouvoir lutter contre des vents de 130 km/h, qui sont assez fréquents dans la stratosphère quand on s'éloigne de l'Equateur.

Mais les défis technologiques sont liés essentiellement à la gestion de son énergie pour des missions de longue durée dans un environnement (vent et thermique) sévère. Il faudra que TAS et ses concurrents développent d'une part une pile à combustible réversible qui permettra de stocker l'énergie solaire le jour pour produire de l'électricité la nuit. C'est l'une des missions du CEA-Liten, à Grenoble, de développer cette fameuse pile à combustible réversible ultra-légère pour StratoBus.

Et TAS devra mettre au point d'autre part une enveloppe transparente en fibres de carbone qui permettra de placer une surface réduite de cellules photovoltaïques vers l'intérieur du ballon au lieu d'en couvrir toute l'enveloppe comme dans les projets japonais et américains. C'est l'un des défis de Zodiac Marine, qui depuis 1966 fabrique à Ayguesvives (proche de Toulouse en Haute-Garonne) des ballons sondes pour le CNES. Que ce soit dans les petits ballons sphériques survolant les océans à basse altitude aux ballons BSO de type Z, capables d'atteindre la haute stratosphère, la société a acquis une solide réputation auprès de la communauté scientifique internationale. Mais TAS a déjà déposé un brevet pour un système d'amplification de l'énergie solaire. 

 

Les atouts des dirigeables stratosphériques

La permanence sur zone est un des enjeux majeurs de certaines missions de surveillance et d'observation. C'est donc l'un des atouts des dirigeables stratosphériques qui peut assurer cette permanence. Le StratoBus, tout comme les projets concurrents, pourront assurer sur une longue période des missions de surveillance de sites, de personnes, de piraterie, de frontières, des pays (comme par exemple au Mali), estime Jean-Philippe Chessel. Pour exemple il suffirait selon lui de trois ballons pour surveiller la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Sans compter également des missions saisonnières de surveillance des plages, des forêts...

Outre les missions de surveillance et d'observation, le Stratobus peut également remplir des fonctions de relais de télécoms et d'internet. Il permettra de renforcer le réseau GSM au cours d'événements de grande ampleur ou l'amélioration du système GPS sur les zones de trafic intense. Par exemple, le projet Loon de Google vise à développer l'accès à l'Internet dans les zones les plus reculées de la planète. Chaque ballon, de quinze mètres de diamètre, flotte à une vingtaine de kilomètres d'altitude et permet une connexion sur 40 kilomètres autour de lui, avec des débits équivalents à de la 3G, selon Google. Une première expérience a été tentée en Nouvelle-Zélande en juin 2013.

Mais d'une façon générale, le marché classique des satellites n'est pas mort pour autant. Bien au contraire, "le dirigeable stratosphérique, parce que sa portée est régionale, est un parfait complément du satellite", explique Jean-Philippe Chessel.

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 11:50
Premières fissures dans la façade « occidentale »

 

29 April 2014 by

 

Certes, c'est le temps des propos grandiloquents sur l’unité de l’Occident. Certes, c’est aussi le temps des gestes rassurants entre membres de l’OTAN. Mais plus la crise ukrainienne dure, plus les alliés doivent se rendre compte que leur détermination n’est que du spectacle, au fond. Après avoir poussé ses amis européens vers la radicalisation et encouragé l’escalade, le président Obama a clairement fait savoir qu’il n’avait d’ailleurs nullement l’intention de faire intervenir ses soldats. Ce qui est fort sage. Mais laisse quand même la porte ouverte à une (très hypothétique) « pire des scénarii », dans lequel les Européens se retrouveraient seuls face à une Russie provoquée à outrance par les Etats-Unis.

Bien entendu, l’article 5 de l’Alliance est censé nous rassurer sur ce point. Si jamais nous étions attaqués par Moscou, l’Amérique courrait automatiquement à notre rescousse. Sauf que ce n’est pas plus crédible aujourd’hui que ça ne l’était au temps de la guerre froide. Or à l’époque les Européens étaient bien conscients des incertitudes de l’engagement US. Ce n’est pas pour rien qu’ils tenaient à héberger des centaines de milliers de soldats américains – des « otages » de l’article 5. Aujourd’hui, l’Amérique étant préoccupée par l’Asie et rongée par ses déficits, sa capacité d’entrer dans ce genre de jeu aura forcément ses limites. D’où l’agacement des alliés de l’Est qui réclament, en vain, l’envoi et le stationnement permanent de nouvelles unités américaines.

Ajoutons-y la mise en évidence de désaccords profonds entre les membres européens de l’Alliance élargie. Que ce soit dans le domaine de l’armement ou dans celui de l’énergie. Pour l’exemple : les pays baltes (et l’Amérique) souhaitent voir la France (et d’autres) renoncer à la vente d’armements à la Russie, alors que la Pologne (et l’Amérique) reprochent à Berlin sa dépendance énergétique. Derrière la rhétorique enflammée et les démonstrations de fermeté, « l’Occident » est donc loin d’être tout à fait uni sous sa flamboyante bannière transatlantique. Mais ils font tous des pieds et des mains pour faire comme si. Pour la simple et bonne raison que les Européens n’ont pas, pour l’heure, de plan B crédible.

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16 avril 2014 3 16 /04 /avril /2014 11:50
No more schisms in the holy alliance

 

14th April 2014  – by Sven Biscop * - europeangeostrategy.org

 

The North Atlantic Treaty Organisation’s (NATO) events can seem a touch religious. One congregates to profess one’s belief in the Holy Alliance. And because it is holy, there is little tolerance for heretics. Making my way to the Transformation Seminar 2014, organised in Paris by Allied Command Transformation (ACT) on 7th-9th April, I had reason to look over my shoulder for religious zealots. For I had just published a policy brief about NATO’s upcoming Wales Summit, in which almost as an aside I had actually questioned the continued relevance of ACT. I need not have feared, however.

 

The crisis in Ukraine naturally dominated the conversation at the seminar. Because of the crisis, of its three core tasks of collective defence, expeditionary crisis management, and cooperative security and partnerships, NATO will again put more emphasis on the first. Defence of the alliance’s territory and the security guarantee offered by Article 5 will be the main focus of the NATO apparatus for some time to come.

 

That does not mean that NATO will no longer do crisis management, but as a consequence in many future non-Article 5 contingencies the European Union (EU) may be the institution that will be called upon to take the lead, as it is doing already in its broader southern neighbourhood. Therefore NATO must be able to offer the EU reliable support in terms of command and control. In other words, the Berlin Plus Agreement, which ought to give the EU (or de facto even an ad hoc coalition led by European states, as in Libya) guaranteed access to NATO headquarters, must be revived.

 

When it comes to the capabilities which European interventions require, the current crisis will hopefully create a sense of urgency in the implementation of the European Council conclusions on defence of December 2013. Given the meagre results of NATO’s Smart Defence initiative (if one discounts projects that were retroactively stamped with the Smart Defence label), the EU does indeed seem the more promising avenue for multinational programmes to address European capability shortfalls. The NATO Defence Planning Process (NDPP) could incorporate these collective European initiatives, including the contributions from non-NATO EU Member States.

 

Finally, a lot more political consultation between the EU and NATO is necessary, in the first place about our strategy for our eastern neighbourhood.

 

I thought this was just my heretical thinking, but all of the above was put forward by senior American voices. Suddenly my heresy has been adopted by the largest diocese in the church (which has undoubtedly found the light of its own accord – I dare not attribute its conversion to my scriptures).

 

This conversion is perfectly rational. Russia remains far too weak to be a strategic competitor of the United States (US). It can only be a spoiler that distracts US attention from what it perceives as the real strategic competitor: China. However, the US can only focus on China and Asia to the extent that the European continent is secure – that is a vital American interest. Therefore the US has to engage with the crisis in Ukraine, making it clear that Article 5 offers as strong a guarantee as ever, to give its European allies and partners the self-confidence for resolute diplomacy. But the US’ undivided attention we will never again have. The focus on Asia has just been reaffirmed in the latest Quadrennial Defence Review. And thus the US still expects that Europeans themselves take the lead in addressing all security problems short of Article 5 in their own broader neighbourhood.

 

That puts even more pressure on Europe to deliver – and rightly so.

 

Oh, and I am still not convinced of the continued relevance of ACT.

 

 

* Prof. Sven Biscop is a Senior Editor of European Geostrategy. He is also Director of the ‘Europe in the World Programme’ at Egmont – Royal Institute for International Relations in Brussels. He writes here in a personal capacity.

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 20:40
After Crimea: Putin’s balance sheet

 

Alerts - No24 - 04 April 2014 - Nicu Popescu

 

When it comes to foreign policy, Russia is good at sprinting, while the West – and especially the EU – is better at marathons. The use of kinetic military force by Moscow is to a large extent a sign that other, long-term foreign policy means failed in Ukraine: Russian coercive diplomacy – based on sticks (embargoes and sanctions) and carrots (offers of cheaper gas and greater market access) – did not have the desired effect.

Moscow believes it can achieve its goals with rapid bursts of sprinting, and that the West will not quicken its pace in response. In Crimea, the territory was captured in a manner that was both quick and bloodless, with the weak state institutions of Ukraine simply crumbling in the face of Russian aggression. The problem is that other post-Soviet states are equally weak (or even weaker) and although they have successfully withstood periodic Russian embargoes over the last two decades, they are unlikely to be able to resist any form of military action. Worryingly, the option of sending armed, masked men to take over public buildings in a third state is very much on the table – particularly because this has proved not only easy, but also effective – and is therefore dangerously appealing.

 

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 18:50
Sea Transportation: Pissed Off Pirates Proliferate

 

April 7, 2014: Strategy Page

 

The piracy business has changed a lot since 2010, when it had reached levels of activity not seen in over a century. But over the next three years that all changed. By 2013 attacks on ships by Somali pirates had declined 95 percent from the 2010 peak. It’s been over two years since the Somali pirates captured a large commercial ship, and even smaller fishing ships and dhows (small local cargo ships of traditional construction) are harder for them to grab. The rapid collapse of the Somali pirates since 2010 was no accident. It was all a matter of organization, international cooperation and innovation. It all began back in 2009 when 80 seafaring nations formed (with the help of a UN resolution) the Contact Group on Piracy off the Coast of Somalia. The most visible aspect of the Contact Group was the organization of an anti-piracy patrol off the Somali coast. This came to consist of over two dozen warships and several dozen manned and unmanned aircraft, as well as support from space satellites and major intelligence and police agencies.

 

Back in 2010 the Somali pirates got most of the publicity but they only carried out 44 percent of the attacks. What was newsworthy was that the Somalis accounted for 90 percent of the hijackings, and some 80 percent of the piracy was in and around the Indian Ocean. Some 44 percent of all attacks involved the pirates boarding the ships, while in 18 percent the pirates just fired on ships, without getting aboard. There are still pirates out there, but there are more into robbery than kidnapping.

 

Piracy hit a trough from the late nineteenth century into the later twentieth. That was because the Great Powers had pretty much divided up the whole planet, and policed it. The pirates had no place to hide. Piracy began to revive in a modest way beginning in the 1970s, with the collapse of many post-colonial regimes. Note that what constitutes an act of piracy is often not clearly defined. What most people agree on is that piracy is non-state sanctioned use of force at sea or from the sea. This could include intercepting a speedboat to rob the passengers, but that's usually just thought of as armed robbery. And something like the seizure of the Achille Lauro in 1985 is considered terrorism, rather than piracy. In the past, some marginal states have sanctioned piratical operations, like the Barbary States, but that is rare any more.

 

The trend, however, was definitely up for two decades, with the big increase coming in the last decade.

o 1991: About 120 known cases of real or attempted piracy

o 1994: over 200 cases

o 2000: 471 cases

o 2005: 359 cases

o 2010: over 400 cases

 

The international effort to suppress Somali piracy has halted and reversed this trend. But while there have been far fewer attacks off Somalia there has been a big jump in attacks in the Straits of Malacca (sevenfold increase since 2009) and off Nigeria (a similar increase). The big difference is that only off Somalia could ships and crews be taken and held for ransom for long periods. Everywhere else the pirates were usually only interested in robbing the crew and stealing anything portable that they could get into their small boats. Off the Nigerian coast pirates sometimes take some ship officers with them to hold for ransom or force the crew to move small tankers to remote locations where most of the cargo (of oil) can be transferred to another ship and sold on the black market.

 

Pirates usually function on the margins of society, trying to get a cut of the good life in situations where there aren't many options. This is usually in areas where state control is weakest or absent, in failing and "flailed" states. A flailing state is something like Nigeria, Indonesia, or the Philippines, where the government is managing to keep things together but is faced with serious problems with areas that are sometimes out of control. In a failed state like, where there isn't a government at all, pirates can do whatever they want.

 

The solution to piracy is essentially on land; go into uncontrolled areas and institute governance. This has been the best approach since the Romans eliminated piracy in the Mediterranean over 2,000 years ago. Trying to tackle piracy on the maritime end can reduce the incidence of piracy, but can't eliminate it because the pirates still have a safe base on land. In the modern world the "land" solution often can't be implemented. Who wants to put enough troops into Somalia to eliminate piracy? And flailing states are likely to be very sensitive about their sovereignty if you offer to help them control marginal areas.

 

Meanwhile there are two areas where pirates still thrive. Piracy in the vital (most of the world's oil exports pass through here) Straits of Malacca was largely an Indonesian phenomenon. It bothered the Singaporeans a lot, the Malaysians a little, and the Indonesians not much. But as Indonesia began stabilizing itself over the past decade (the 2004 Aceh Peace settlement, the institution of a more democratic government, defeating Islamic terrorism), the rate of piracy declined. This decline was facilitated by the combined police effort of Singapore, Malaysia, and Indonesia itself, which didn't come about until a lot of issues among the three states were resolved. Neither Indonesia nor Malaysia were all that upset about smuggling, which bothered Singapore. Indonesia and Singapore still have some problems, as Singapore more or less encourages sand stealing in enormous volumes from Indonesia. Since 2010 there has been an increase in piracy off Indonesia, largely because the Indonesians reduced their anti-piracy patrols without warning or explanation. There are lots of targets, with over 50,000 large ships moving through the Straits of Malacca each year. That’s 120-150 a day. Lots of targets. The shallow and tricky waters in the strait forces the big ships to go slow enough (under 30 kilometers an hour) for speed boats to catch them.

 

In contrast to the Strait of Malacca situation, the U.S. approach to piracy has been largely a police mission, without trying to deal with the land-side. Again, that would mean occupying Somalia. But there are some regional constraints on piracy. There seems to be little or no piracy in the Red Sea and Bab al-Mandeb. Apparently this was because the smugglers decided the pirates interfered with their business (by bringing in coalition naval forces), and so shut down any pirate operations themselves.

 

The Gulf of Guinea has become another hot spot for modern (non shipnapping) piracy. Nigeria is badly run and most of the oil revenue is stolen by corrupt officials, leaving people living in the oil producing areas near the coast very angry. More piracy has been one result of all that anger.

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 11:55
Lutte contre les pirates ou bataille de chiffonniers?

 

07.04.2014 par Philippe Chapleau - Lignes de Défense



Intermède électoral oblige, le vote des lois est toujours à l'arrêt. Parmi les textes en attente figure celui sur l'embarquement d'équipes de protection privées sur les navires battant pavillon français.

Le dossier n'est pas, pour autant, au point mort. D'une part, la commission de la Défense doit se pencher sur ce dossier mardi 8 avril à 14h (sauf changement de programme puisqu'à 15h, le Premier ministre fera une Déclaration de politique générale du gouvernement).

D'autre part, les discussions se poursuivent dans les coulisses pour rédiger les fameux décrets d'application.

Visiblement, tous les participants à ces négociations ne considèrent pas le problème sous le même angle.

On pourrait croire que ce qui motive d'abord le recours aux EPE et plus spécifiquement celles fournies par des ESSD, serait la sécurité des équipages, la protection des navires et des cargaisons. A en croire certains conseillers ministériels (ex-conseillers?), ce n'est pas la priorité.

Il s'agirait avant tout d'assurer la "compétitivité" des armateurs qui maintiennent leur flotte sous pavillon français et qui menacent de dépavillonner si leurs intérêts financiers ne sont pas mieux pris en compte. Pourtant, leurs résultats 2013 ne semblent pas particulièrement catastrophique: ainsi CMA-CGM affiche une rentabilité aussi bonne que celle de Maersk et "une très grande solidité opérationnelle", selon son directeur financier Michel Sirat qui s'exprimait dans le marin du 4 avril.

 

Illustration de ces divergences d'intérêts avec le débat sur le nombre d'agents que doit compter une EPE du privé. La commission des lois estime que "4" agents doivent composer une EPE; les armateurs assurent que "2", c'est suffisant, surtout pour des trajets courts. Pour les ESSD, au minimum et seulement dans le cas de navigation réduite et rapide: "3".

Les échanges en cours portent aussi sur la nature de l'armement embarqué, les règles d'engagement (RoE), ainsi que sur les processus d'accréditation des agents étrangers par le CNAPS.

 

Dommage que cette réflexion (à bien des égards, visiblement, de qualité) ne porte pas sur les activités de toutes les ESSD et pas seulement sur les EPPN (entreprises privées de protection des navires).

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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 20:40
RUSI Briefing Examines Possible Russian Military Strategies Against Ukraine

 

RUSI News, 4 Apr 2014 By Dr Igor Sutyagin, Research Fellow, Russian Studies; Professor Michael Clarke, Director General

 

With elections set to be held in Ukraine in May, the relationship between Russia and Ukraine is about to enter a critical, and perhaps more dangerous period. Russian military planners may take the opportunity to intervene before further erosion of the combat effectiveness of their troops.

Based on current knowledge, expert insight and research, RUSI has published a briefing setting out four military scenarios that now have to be factored into the political calculations for both sides.

They are not predictions nor are they a complete picture of a complex and dynamic situation. Nevertheless, the military dispositions of Ukrainian and Russian forces are becoming more relevant to the political equation, and for a range of reasons they may reduce the time in which politics and negotiation can mitigate the effects of this crisis.

 

 

For media inquiries call: +44 7958 780 306

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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 11:55
Lutte anti-piraterie: les navires français pourront se défendre avec des armes

Depuis 2008, les armateurs de navires français bénéficient de la protection de la Marine nationale pour prévenir les risques d'attaques pirates, mais ne sont pas autorisés à embarquer des gardes armés. photo Marine Nationale

 

28-03-2014 CC G. Desvignes, étudiant à l’Ecole de Guerre, promotion "Ceux de 14" - Challenges.fr

 

Le 8 avril, les députés vont examiner un projet de loi sur les "activités privées de protection des navires". Une privatisation salutaire qui arrive un peu tard.

 

Le projet de loi sur les "activités privées de protection des navires" est présenté à l’assemblée le 8 avril. Il s’agit d’autoriser la présence de gardes armés à bord de navires battant pavillon français croisant dans les zones infestées de pirates, comme dans le Golfe d’Aden ou du Niger. Mais, ce projet autorise aussi la création "d’entreprises privées de protection des navires". Problème: le retard pris par ce débat risque de pénaliser une offre française qui arrive dans un marché déjà mature.

 

La protection privée des navires fait partie du domaine plus vaste des services liés à la sécurité et à la défense, qui comprend des domaines aussi variés que l’audit sécuritaire, le soutien logistique aux armées, la formation ou encore la protection (armée ou non) de sites ou de personnes. En France, ce secteur suscite une réticence quasi-généralisée. D’une part, parce qu’il est souvent confondu, à tort, avec la notion de "mercenariat" ; et d’autre part, parce que les grands ministères régaliens, et en particulier la Défense, craignent qu’il ne provoque l’externalisation d’une partie de leurs compétences.

 

Un marché de 400 milliards de dollars

 

En février 2012, la commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale publiait d’ailleurs un rapport d'information sur les sociétés militaires privées (SMP), pudiquement dénommées en France entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD). Ce rapport rédigé par les députés Ménard et Viollet fait le constat d'un secteur français fragile et peu structuré et prône la mise en place d'une régulation étatique pour favoriser son "essor rapide".

 

De fait, ce marché est estimé à 400 milliards de dollars en 2020! La volonté est noble : elle consiste à vouloir créer un modèle d'entreprise dont l’éthique serait garantie par l'Etat à travers un dispositif d'agréments et de contrôle. Dans ce contexte, le projet de loi sur la protection privée des navires battant pavillon français peut être perçu comme les prémices d’une prise en compte par l'Etat de la privatisation des services liés à la sécurité et la défense.

 

Il semble néanmoins que la volonté soit moins ambitieuse, et exclusivement inspirée par la faible attractivité du pavillon national. En effet, en ce début d'année 2014, la France reste l’un des tous derniers Etats maritimes de l’Union européenne à interdire la présence de gardes privés à bord des navires battant son pavillon. Pour assurer leur sécurité, les armateurs peuvent exclusivement s’appuyer sur les équipes de protection embarquée (EPE) de la marine nationale. Cette solution, un temps privilégiée par la communauté maritime française, souffre d'un manque de souplesse qui pèse sur la compétitivité du pavillon, essentiellement pour des raisons de respect des délais diplomatiques nécessaires au déploiement des militaires et de leur armement.

 

Du temps perdu

 

Faisant le constat de l'emploi de gardes armés privés "en toute illégalité" sur certains navires et du risque de dépavillonnement, les armateurs ont, ces dernières années, très largement plaidé pour un assouplissement de la position française. Il leur aura fallu attendre six ans après la mise en place des premières EPE pour que l'Etat admette qu'il n'est plus en mesure de répondre pleinement aux attentes du monde maritime. Ce temps perdu pour les armateurs l'a aussi été pour les ESSD françaises désireuses de s'implanter sur ce secteur. En revanche, il a largement profité aux sociétés anglo-saxonnes, et en particulier britanniques, qui dominent actuellement le marché de la protection privée des navires, lequel est estimé à plusieurs milliards de dollars.

 

En effet, à l'opposé du modèle souhaité par la France, les pays anglo-saxons ont laissé se développer et s’autoréguler leurs ESSD. Avec des entreprises pesant désormais plusieurs milliards, ils sont des acteurs incontournables de ce secteur: la société britannique G4S affiche un chiffre d’affaires de près de 9 milliards d’euros, alors que la plus grosse ESSD française, GEOS, pèse à peine 40 millions d'euros.

 

Arrivée d'une offre low-cost

 

Le domaine de la protection armée des navires ne fait pas exception à cette hégémonie. L’avance prise par les ESSD anglo-saxonnes leur permet de bénéficier d’un réseau logistique facilitant le transit des armes sur terre et dans les eaux territoriales de pays tiers et d’un effet de masse limitant les temps d'inactivité des équipes entre deux contrats de protection. En outre, l’arrivée d’une offre "low cost", principalement originaire des pays asiatiques, les a obligés à gagner davantage en compétitivité en intégrant dans leurs équipes du personnel provenant majoritairement d’Inde et du Pakistan. Le marché de la protection des navires n’aura donc pas attendu la fin de la vacance législative française pour se développer.

 

Pendant ces six années, certaines ESSD françaises ont néanmoins su s'adapter. Profitant d’un droit du travail plus permissif et d’une moindre pression fiscale, nombre d’entre elles ont fait le choix de l’implantation de filiales à l’étranger, voire d’un développement "off-shore". C’est le cas par exemple de la société "Gallice" qui est présente sur le marché de la protection des navires par l’intermédiaire d’une filiale basée en Irlande.

 

Intérêts économiques et politiques

 

Dans ce contexte, et compte tenu du faible appel d’air que créera ce projet de loi (de l’ordre de 12 millions d'euros pour une centaine de navires à protéger), il semble ambitieux d'envisager un rapatriement des entreprises ou filiales françaises "off-shore"; de même qu'il paraît difficile d'être aussi optimiste que les rédacteurs du projet de loi qui estiment que 300 à 500 emplois seront créés, alors que le marché sera ouvert à la concurrence européenne et donc britannique.

 

Avec le retard accumulé, il est peu probable que la France, quasiment absente des problématiques du secteur des services liés à la sécurité et la défense puisse imposer son modèle dans un marché très largement libéralisé et mature. Les normes en vigueur (et notamment l’International Code of Conduct for Private Security Service Providers –ICoC) traduisent la conception anglo-saxonne du secteur et illustre parfaitement ce point.

 

Pourtant, contribuer au développement d’une offre française dans ce secteur présente à la fois des intérêts économiques et politiques. Economiques d’abord, parce que dans un contexte budgétaire difficile qui voit une réduction des pouvoirs de la puissance publique, il est préférable de se reposer sur des ESSD nationales pour protéger les intérêts nationaux, privés ou publics. Politiques ensuite, parce que les ESSD font partie du paysage géostratégique et qu’elles sont intrinsèquement liées à leur Etat d’origine. Elles sont donc susceptibles d’être des vecteurs d’influence et de diffusion du modèle français, mais aussi des capteurs participant au recueil du renseignement partout où elles agissent.

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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 07:55
 Du nucléaire militaire et de notre Force de Dissuasion


 

02/04/2014 par Vincent Lanata *
 

J’assistais, mardi 1er avril, aux obsèques de Roger Baléras, qui fut pendant de nombreuses années Directeur des Applications Militaires au sein du Commissariat à l’Energie Atomique.

Ce petit bonhomme à l’esprit vif et au regard pétillant d’intelligence était un grand monsieur, un très grand monsieur malheureusement inconnu du grand public.

 

C’est en effet à lui et aux équipes qu’il a dirigées que l’on doit notre force de dissuasion nucléaire, qui est tout à fait à la pointe de ce que l’on fait de mieux dans le monde, grâce aux techniques innovantes qu’il a su développer et nous devons lui en savoir gré.

 

Il faisait partie de ceux à qui le général de Gaulle avait confié le soin de développer une force de dissuasion nucléaire stratégique (FNS)  indépendante qui a su conférer à notre pays le statut de grande puissance reconnue dans le monde.

 

Au moment où l’on entend ici ou là des personnalités se prononcer pour l’abandon de notre FNS et pour l’abandon du nucléaire comme arme de dissuasion, je me pose la question de savoir si ces personnalités ont bien mesuré la portée de leurs paroles.

 

Savent-ils que dans le monde actuel nombre de pays se dotent de l’arme nucléaire comme assurance pour leur défense ? Il est inutile, me semble-t il, de se perdre en discussion sur le bien ou le mal de ce constat : le fait est là ! Si nous prenions la tête d’une grande opération de dénucléarisation nous serions dans l’utopie, et on ne peut que sourire à l’idée qu’une telle proposition impressionnerait des pays comme- pour ne citer qu’eux- l’Iran ou la Corée du Nord qui, dans un grand élan abandonneraient sur le champ leurs projets ! La réponse est très simple, nous resterions seuls avec nos  grandes idées  généreuses  qui nous conduiraient à confier notre assurance sécurité à d’autres.

 

 

Suite de la tribune

 

 

* Général de l’armée, Vincent Lanata a été chef d’État Major de l’Armée de l'Air. Il a notamment commandé des unités en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Qatar ou encore en Jordanie, de 1991 à 1994. Il s’est rendu deux fois au QG des forces françaises en Arabie saoudite, lors de la première guerre du Golfe, en tant qu’inspecteur général de l’armée de l’air. Il a ensuite été chargé de mission auprès du ministre des Transports, Bernard Pons, de 1995 à 1997. Retraité du service actif, Vincent Lanata a monté deux sociétés de conseil.

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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 07:55
Pourquoi Jean-Yves Le Drian a préféré la Défense à Matignon

Jean-Yves Le Drian a souhaité poursuivre le travail entamé depuis deux ans au ministère de la Défense

 

02/04/2014 Michel CabiroL – LaTribune.fr

 

L'ami de plus de trente ans de François Hollande a été reconduit à la Défense dans le gouvernement Valls. Comme il le souhaitait.
 

Courtisé par son ami de trente ans François Hollande pour Matignon et plus ou moins pressenti au ministère de l'Intérieur, Jean-Yves le Drian a résisté à toutes ces offres très alléchantes pour rester, comme il le souhaitait dès le départ, à l'Hôtel de Brienne, à la barre du ministère de la Défense. "Il a refusé Matignon", confirme-t-on à La Tribune. Car ce Breton très déterminé a dès 2007 - il avait alors soutenu la candidature de Ségolène Royal - voulu ce ministère pour lequel il s'est longuement préparé. Et pour une fois, celui qui voulait être ministre de la Défense, a été nommé contrairement à beaucoup d'autres cas de figure qui l'ont été par défaut...

"Il souhaite poursuivre le travail entamé depuis deux ans", explique un bon connaisseur du ministre. Jean-Yves Le Drian a lancé plusieurs grands chantiers (Loi de programmation militaire et contrats à l'exportation, notamment ) qu'il souhaite accompagner encore quelques mois. En tout cas au moins jusqu'aux élections régionales où il ne veut pas voir la région Bretagne lui échapper. S'il gagne - il a de bonnes chances d'y parvenir -, prendra-t-il le fauteuil de la région ou retournera-t-il à l'Hôtel de Brienne, ou plus exactement à Balard dans le futur Pentagone à la française ?

 

Plusieurs dossiers clés

Tout d'abord Jean-Yves Le Drian est le garant de la loi de programmation militaire (LPM), qui définit le budget du ministère sur six ans (2014-2019). Un budget de crise, certes, mais il a obtenu grâce aux arbitrages de François Hollande la moins mauvaise enveloppe budgétaire. Lors du 14 juillet 2013, François Hollande a annoncé avoir "sanctuarisé" le budget de la défense à 31,4 milliards d'euros par an sur toute la durée de la LPM. Bercy, bien appuyé par Matignon, voulait, lui, 28 milliards d'euros.

Pour autant, l'exécution de la LPM reste fragile avec des paris qui seront vraisemblablement tous difficiles à gagner. Notamment les fameuses REX (recettes exceptionnelles) promises en 2015 et sur les prochains gels de crédits qui pourraient être annoncés dans les semaines qui viennent. Il en a parfaitement conscience comme il l'avait expliqué fin 2013 à "La Tribune". "La LPM repose sur certains paris. Ce qui veut dire que nous allons être extrêmement vigilants. Cette LPM est exigeante mais équilibrée à condition que tous les crédits affectés à cette programmation soient exécutés. Si une brique est absente, à ce moment-là, c'est l'ensemble de l'édifice qui tombe". Pas question donc de quitter le ministère sans être assuré que ce qu'il a porté comme projets n'aille pas dans le mur.

 

Il s'est pris au jeu de l'exportation

Ce n'était pas gagné d'avance à l'exportation. D'autant que sa première visite aux Emirats Arabes Unis avait suscité des inquiétudes. De retour d'une visite à Abu Dhabi en octobre 2012, Jean-Yves Le Drian avait expliqué que de la vente du Rafale "empoisonnait nos rapports" avec les Emirats. "Les Rafale attendront. Cette discussion viendra ultérieurement", avait-il précisé. Depuis le ministre a creusé son sillon et réussi de jolis coups à l'exportation, dont un aux Émirats Arabes Unis. Ce travail de fond qu'il effectue est salué par l'ensemble des industriels de l'armement. "Il pèse dans les campagnes", assure l'un d'entre eux.

Le ministre a effectué de très nombreux voyages dans certains pays clés pour l'industrie de la défense française comme le Qatar, les Émirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, la Pologne, l'Inde... Jean-Yves Le Drian espère donc profiter de tout ce travail de fond pour engranger des succès à l'export, auxquels il aura pris sa part, parfois déterminante. Et le plus beau reste à venir avec probablement un contrat Rafale (Inde, Qatar...). Ce qui sauverait la LPM bâtie sur l'obtention d'un contrat export de l'avion de combat de Dassault Aviation. Tout comme d'ailleurs un contrat pour les FREMM, ces frégates multi-missions construites par DCNS dans sa ville de Lorient. Une telle opération permettrait de sauver la charge de travail sur ce site.

 

Des opérations extérieures en cours

Jean-Yves Le Drian a commencé sa mission en tenant la promesse de François Hollande de désengager l'armée française en Afghanistan, où ne sont désormais déployés que quelques centaines de soldats français. Mais il a lancé en janvier 2013 l'opération Serval visant à chasser du nord du Mali les islamistes qui menaçaient de fondre sur la capitale, Bamako. Plus de 4.000 Français ont été engagés dans cette mission à haut risque qui a permis l'élection d'un président puis d'une assemblée nationale à même de rétablir l'Etat de droit dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, où des troubles persistent toutefois.

Jean-Yves le Drian a aussi été à la manœuvre dans la préparation de l'opération Sangaris, lancée en décembre en République centrafricaine, en proie au chaos inter-religieux. Il était aux côtés de François Hollande le 28 février à Bangui pour saluer les quelque 2.000 militaires français engagés sur ce terrain difficile. Des succès acquis grâce à la crédibilité des troupes engagées et à la fiabilité des équipements en service dans des conditions climatiques très difficiles. Ce niveau opérationnel - même si la France a encore de grosses lacunes capacitaires - doit être maintenu pour permettre à la France de jouer encore un rôle diplomatique sur la scène internationale.

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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 12:55
photo MinDefFR

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02/04/2014 Jean Guisnel Défense ouverte - Le Point.fr

 

Il ne fait pas de bruit, mais a laissé son empreinte partout où il est passé. Le ministre de la Défense est un oiseau rare, à la fois résolu et consensuel.

 

Jean-Yves Le Drian demeure pour beaucoup un mystère : sa cote de popularité est excellente, qui le place juste derrière Manuel Valls, mais il demeure mal connu. L'ancien président du conseil régional de Bretagne est différent : il prétend depuis des mois n'avoir d'autre ambition que de garantir à la France le meilleur outil de défense possible, malgré les contingences budgétaires. Son combat, jusqu'à présent, consistait à sauver les trois milliards que l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault voulait arracher à la Défense dans le cadre du futur plan d'économies de 50 milliards. Le Drian coupait court quand on évoquait avec lui un autre ministère, y compris Matignon, que lui aurait proposé François Hollande avant de choisir finalement Manuel Valls. Il prenait à coeur de vendre des armes, partageait tous les secrets avec François Hollande, qu'il voit chaque semaine avant le conseil des ministres.

Les deux hommes se connaissent depuis le début des années 1980. Pour tenter d'apaiser le PS, ils avaient mis ensemble en route en août 1985, à Lorient, la démarche des "transcourants". Lorsque la perspective d'une victoire socialiste se fait sentir, en 2006, Jean-Yves Le Drian est président du conseil régional de Bretagne. Il constitue alors un club d'une quinzaine de membres, le Sémaphore. Il va travailler pour Ségolène Royal et sera réactivé pour la campagne suivante en se mettant au service du candidat Hollande. On connaît la suite...

 

Rude prise de contact

Quand ils arrivent à l'hôtel de Brienne, Le Drian et sa bande du Sémaphore, dont faisaient aussi partie l'actuel chef de cabinet Jean-Michel Palagos et le conseiller spécial Jean-Claude Mallet entre autres, n'ont pas vraiment l'intention de couper des têtes. Mais quels coups de sang, les premiers jours ! Par exemple, lorsqu'un soir de crise sérieuse en Afghanistan, tout l'îlot Saint-Germain, qui abrite le ministère, s'est trouvé privé d'électricité, l'état-major agissant dans son coin, sans référer. Un proche de Le Drian s'indigne : "Mis à part le ministre qui avait un contact, tout le reste du cabinet s'est retrouvé totalement isolé. Ce fut un révélateur. Dans la crise, nous n'étions plus là !"

La prise de contact est rude. L'idéologie n'est pas absente, par exemple quand le cabinet prétend "réaffirmer la primauté du politique", dans un ministère où les militaires savent s'insérer dans les espaces vides, mais où la discipline républicaine n'est pas un sujet de discussion. Spontanément ou de manière plus calculée, Le Drian et Lewandowski se partagent les tâches : patelin, le ministre écoute et panse les plaies. À tout le moins, il essaie, comme dans l'insupportable cas du logiciel de paye Louvois. Soit ce dernier ne paye pas les soldats, soit il leur verse double solde. Un désastre, qui n'est toujours pas réglé après deux ans de cafouillage.

Les chefs militaires apprécient autant Le Drian qu'ils craignent son directeur de cabinet, lequel avoue être "la part d'ombre" du ministre. Comme dans les bons films, l'un rassure, l'autre castagne. Mais l'autorité est unique...Lewandowski confirme : "Notre confiance est totale et réciproque. On ne réinvente pas le pouvoir !"

 

Un discret réformateur

Sous ses dehors bonhommes, Le Drian ne craint nullement les affrontements. Les militants d'Europe-Écologie qui avaient prétendu lui imposer de force un accord pour les dernières régionales en Bretagne n'en sont toujours pas revenus : évincés sans état d'âme, ils regardent depuis les ténèbres extérieures la majorité régionale agir à sa guise. Et son bref passage au secrétariat d'État à la Mer avait été marqué par une historique réforme du statut des dockers, à laquelle personne n'avait voulu s'attaquer !

 

Un catho de gauche convaincu

Le Drian, catho de gauche, petit-fils d'un quartier-maître vétéran des Dardanelles, est aussi le fils de Jean et de Louisette. Lui, magasinier automobile à Lorient, passé par la jeunesse ouvrière chrétienne, n'était pas très loin des communistes. Couturière en usine, sa mère militait si activement à l'Action catholique ouvrière qu'elle avait été invitée au Concile Vatican II ! "À la maison, on ne parlait à table que d'action syndicale, de solidarité, d'Église et de lutte des classes. Je crois bien que la première fois que mon père a voté socialiste, c'est pour moi, quand j'ai été élu député en 1978 !" se souvient le ministre. Quant à sa mère, elle avait pour son fils de bien plus hautes ambitions que la politique: "Elle m'aurait bien vu curé ! Un jour, j'ai dû lui dire que ce ne serait pas mon itinéraire..."

Le jeune Le Drian, presque 21 ans en mai 1968, est l'un des responsables de l'Unef à Rennes, où il a entamé des études d'histoire. L'extrême gauche ne le tente pas. La FGDS (Fédération de la gauche démocrate et socialiste) de François Mitterrand et Guy Mollet, non plus. Le militantisme breton n'est pas sa tasse de thé. Reste la voie... naturelle : succédant à Henri Nallet, il devient pour deux ans secrétaire général de la JECU (Jeunesse étudiante chrétienne universitaire), avant de réussir l'agrégation d'histoire, puis d'effectuer son service militaire au 512e régiment de train de Saint-Lô (Manche). À défaut de souvenirs impérissables, il en conserve une liste impressionnante de permis de conduire, y compris ceux pour autobus et citernes d'essence.

En 1974, Le Drian adhère au PS après la victoire de Valéry Giscard d'Estaing. Il s'installe à Lorient, plaît au cacique local Louis Alaimat, ancien maire de la ville et député PS, qui lui annonce à la fois qu'il ne se représentera pas aux législatives de 1978 et qu'il entend le voir lui succéder. Élu, Le Drian sera député jusqu'en 2002, après deux interruptions dues à une brève expérience ministérielle de secrétaire d'État à la Mer (de mai 1991 à avril 1992) puis à une défaite aux législatives de 1993. Parallèlement, il est devenu maire de Lorient en 1981, poste qu'il quittera en 1998 pour se consacrer à la conquête de la région Bretagne, ratée cette année-là. Mais en 2004, c'est la victoire, reconduite en 2010. Il avait vu juste : "Je suis formaté. C'est normal que j'arrive où je suis, car j'ai anticipé très tôt la synthèse des deux cultures : la gauche et le catholicisme. La Bretagne, ce n'est que ça !"

 

Sa méthode : créer des liens personnels forts

À Lorient, où les chantiers navals DNCS produisent les navires de surface de la marine française, d'où les commandos de marine partent pour guerroyer sur la planète, Le Drian avait acquis ses premières compétences en matière de défense, mises en oeuvre à l'Assemblée nationale, où il fut notamment rapporteur du budget de la défense à la commission des Finances. Mais à la région Bretagne, il va acquérir une nouvelle expérience : celle des relations internationales. Un conseiller régional qui le connaît bien note que tous les ans depuis son élection, il s'est rendu au Japon pour rencontrer un par un tous les industriels possédant des usines en Bretagne (Canon, Fuji, Toshiba, etc.) : "C'est sa méthode. Il crée des liens personnels forts. Quand il m'a parlé l'autre semaine de la vente de deux satellites français aux Émirats arabes unis, il m'a dit n'avoir pas procédé autrement. Il s'est accroché, après avoir "créé du lien" avec le cheikh Mohamed Bin Zayed al-Nahyan." Là, tout le monde est d'accord : ce contrat doit une fière chandelle au ministre !

Les militaires n'aiment rien tant qu'un ministre politiquement "lourd", capable d'influer sur le chef de l'État. Ce fut le cas, en mars 2013, pour convaincre François Hollande d'accorder 190 milliards d'euros aux armées sur les années 2014 à 2020. Bercy et Matignon défendaient une ligne beaucoup plus dure, qui aurait contraint à renoncer à des capacités jusqu'alors essentielles, comme le porte-avions. Le Drian a gagné et, si le budget des armées prend un coup, en perdant chaque année le montant de l'inflation, c'est moins pire que ce qui était attendu. C'est le troisième succès que Jean-Yves Le Drian aime à appeler des "victoires", après le retrait sans anicroche des soldats français d'Afghanistan et l'opération Serval, risquée et réussie à ce stade, au Mali. Des "victoires" largement dues à la qualité et au professionnalisme de l'armée française qui n'auraient sans doute pas été moins réussies avec un autre, quoi qu'on en dise dans l'entourage du ministre.

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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 16:50
Calendrier des think tanks à Bruxelles Mise à jour : Lundi 31 Mars2014

Mise à jour par la Représentation permanente de la France auprès de l’UE

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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 07:54
Impression 3D et marché de l’armement : un mariage à risques ?

 

28/03/14 Johan CORNIOU-VERNET - Portail de l'IE

 

Une Troisième révolution industrielle… Au cœur des technologies de demain que sont les drones et la robotique, l’Impression 3D serait un bouleversement qui réinitialiserait notre économie, voire notre société. S’ouvrant aux particuliers, vous et moi pourrons bientôt imprimer dans notre salon à peu près tout et n’importe quoi, y compris des armes.

Point de terminologie : on « n’imprime » pas à proprement parler aujourd’hui en 3D. Il n’est pas encore venu le temps du Replicator à la Star Trek - nom par ailleurs donné par la société Makerbot à son imprimante 3D, ce qui ne manquera pas de doper les ventes auprès du lobby des Trekkies encore très puissant Outre-Atlantique -. Scientifiquement parlant, le principe est l’« additive manufacturing », qui consiste, via un schéma 3D transmis par ordinateur à l’imprimante, à superposer des couches de matières successives (plastique, métaux, bois, céramique ou même matières bio-organiques).

Si l’impression 3D soulève de nombreuses questions, l’essentiel des commentaires se concentre sur le danger de la production chez soi, en toute discrétion et illégalité, d’une arme fonctionnelle. 

 

Des armes en plastique non détectables par les détecteurs conventionnels

Après le buzz du Liberator, première arme fabriquée en 3D presque entièrement avec du plastique, la présentation par la Société Solid Concepts d’une réplique, en métal cette fois, du célèbre Colt 45 a ravivé les débats.

La psychose est née d’un étudiant américain, Cody Wilson, militant crypto-anarchiste à l’origine du Liberator et fervent défenseur du 2ème Amendement, en pleine polémique sur les armes après la tuerie de Sandy Hook. Il est fondateur de la société pro-armes Defense Distributed, dont le but est de fournir gratuitement en ligne des modèles 3D d’armes à fabriquer, via son catalogue DefCad.

La fabrication d’une arme 3D de base, c’est à dire en plastique, est très simple, surtout aux Etats-Unis. Il suffit de posséder une imprimante relativement standard, dont le prix varie entre 2500 $ et 3300 $, de filaments de plastique PLA ou ABS achetables en ligne, et de diverses pièces métalliques comme le percuteur (un clou suffisant). Quant à la partie purement opérationnelle métallique de l’appareil - canon, chargeur ou culasse - elle peut être achetée librement sur Internet, sans aucune restriction d’âge ou contrôle quelconque.

 

La question du terrorisme plane sur les débats

Sera-t-il plus facile pour un terroriste, au lieu d’obtenir son matériel via les filières classiques de marché noir, de l’imprimer lui-même chez lui en toute discrétion ? Nombre d’experts minimisent cette éventualité. Les réseaux de trafic d’armes et leurs intérêts économiques, alliant corruption, menaces, collusions politiques, industrielles et religieuses, rendent peu probable une stratégie d’équipement de masse en imprimantes 3D. En revanche, même si le phénomène est encore trop récent pour être palpable, peut-être que l’industrie de l’armement de poing, surtout à destination des particuliers, pourrait connaître une petite révolution, aux conséquences économiques lourdes débouchant sur une redistribution des cartes parmi les acteurs.

 

Des tentatives de règlementation qui peinent à émerger

Aux Etats-Unis, où le droit de posséder une arme est profondément ancré dans la culture américaine, les réponses institutionnelles sont floues. La défense du 2ème Amendement est farouchement revendiquée, notamment par les milieux conservateurs, mais certains politiques se sont engagés pour réglementer voire interdire l’utilisation de la technologie d’impression 3D pour créer des armes anonymes et intraçables. Ainsi, le sénateur Steve Israel, représentant démocrate, a présenté un projet de loi Undetectable Firearms Modernization Act. Une législation anti-arme en plastique a depuis été adoptée en 2013. Plus encore, tous les modèles d’armes à télécharger depuis la plateforme DefCad ont été censurés et supprimés. Toutefois, au regard du nombre de téléchargements avant cette interdiction et à leur rediffusion par peer-to-peer, l’endiguement de la fuite de ces schémas est illusoire.

D’autres pistes sont donc envisagées : empêcher matériellement, par un sous-logiciel de blocage, l’impression de tout matériel de type militaire, ou encore insérer une sérigraphie propre à chaque imprimante pour que tous les objets imprimés puissent être tracés via un numéro de série, ou bien aussi la nécessité pour l’utilisateur d’obtenir une licence de l’Etat. 

 

Une psychose disproportionnée ?

Il convient d’être vigilant et d’étudier l’évolution de la situation, mais peut-être que la psychose autour des « armes téléchargeables » dépasse les vrais enjeux de sécurité en présence. Pour l’heure, les armes fabriquées en plastique sont de mauvaise qualité, obsolètes après quelques coups, et manquent souvent leur cible. Plus encore, les armes imprimées en métal, demandent un savoir-faire technique très élevé, un coût faramineux tant dans l’imprimante requise que dans les matériaux, et dépassent de très loin les capacités d’un individu lambda et même d’une organisation criminelle classique.

Ces polémiques, fortement émotionnelles dans l’opinion publique, étouffent les aspects positifs qu’offre l’impression 3D dans l’industrie, notamment militaire. Filière d’avenir pressentie par de nombreux acteurs, le Président américain Barack Obama a milité pour une ré-industrialisation de son pays grâce aux Imprimantes 3D, et le Pentagone a lancé des programmes de recherche et de développement de ses propres imprimantes destinées au front, pour augmenter l’efficacité de ses armées et régler les problèmes de pénuries de matériels ou de délai pour les obtenir.

Les opportunités sont alléchantes, y compris pour les intérêts français, Sculpteo étant un des plus gros acteurs sur le marché des modèles d’impression. Une étude publiée par le Crédit Suisse présage des bénéfices avoisinant une quinzaine de millions de dollars aux alentours des années 2020. Plus encore, en réduisant les chaînes de production et la logistique, en termes de durée et de coûts, l’impression 3D permettrait de constituer des pôles industriels centralisés, idéaux pour le développement des armements de demain.

Aérospatiale, munitions, matériaux de pointe, systèmes informatiques de cyberguerre ou encore aéronautique. Bref le panel est large.

Enfin, la double réussite récente de l’impression d’une trachée artificielle qui a permis de sauver la vie d’un bébé, et d’un foie jugé viable, ouvrent le champ de l’impression 3D au domaine de la santé, et vient s’inscrire dans les grandes révolutions de la médecine actuelle, à l’instar du nouveau Cœur artificiel autonome Carmat.

 

Pour aller plus loin :

- Marché de l’armement et distorsion de concurrence

- Do it yourself, FabLab et Hackerspace

- Carmat : l’innovation médicale française n’est pas morte !

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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 07:55
Aujourd'hui et demain (du MinDef, du CEMAT, ...)

 

 

27 mars 2014 par Henri Weill – Ainsi va le monde !

 

Aujourd'hui, lorsqu'on évoque la succession du général Ract Madoux comme chef d'état-major de l'armée de terre, les noms les plus cités sont ceux des généraux Beth, Bosser, Margueron, Ribayrol et Castres. Ce dernier, sous-chef opérations à l'EMA, a les faveurs du directeur de cabinet du ministre de la défense. "Si cela ne tenait qu'à lui, Cédric Lewandowski l'aurait déjà nommé" affirme un politique, proche de ce dossier. "Comme il a prolongé Laurent Collet-Billon, délégué général pour l'armement". Prolongation pour deux ans qui aurait été décidée "sans l'avis vraiment officiel de l'Elysée".

 

Demain, c'est-à-dire la semaine prochaine, après le deuxième tour des élections municipales. Dont le résultat s'annonce douloureux pour François Hollande qui devrait remanier. Qui sera ministre de la défense ? Jean-Yves Le Drian ? Ce n'est pas un ministre qui pose problème au chef de l'Etat. Bien au contraire. Mais, M. Le Drian a les yeux rivés sur la Bretagne et sur une situation politique qui s'annonce complexe pour le parti socialiste. Choisira-t-il la région afin de préparer les futures échéances électorales ? Ou F. Hollande le lui demandera-t-il expressément ?

 

Autre inconnue : si l'actuel ministre se succède a lui-même, conservera-t-il à ses côtés Cédric Lewandowski ? "Un dircab aux remarquables qualités de travail, qui possède un vrai sens politique mais adepte, en permanence, du passage en force" comme le dépeint un homme qui le connait parfaitement bien. Or, les circonstances nées du scrutin ne vont-elles pas exiger, à des postes-clés, des hommes nouveaux et surtout plus consensuels ?

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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 18:40
Géopolitique de l’Eurasie

27.03.2014 notes-geopolitiques.com

Jean-François Fiorina s’entretient avec Pascal Marchand

 

Le 6e Festival de Géopolitique qui se tiendra à Grenoble du 3 au 6 avril aura pour thème: Eurasie, l’avenir de l’Europe?
Après les Jeux olympiques de Sotchi, la grave crise en Ukraine et en Crimée, l’Europe et le monde ont les yeux tournés vers la Russie et la sphère eurasiatique, un univers aussi méconnu que riche.
Professeur de géographie à l’université de Lyon II, Pascal Marchand publie début avril un ouvrage consacré à la Géopolitique de la Russie – Une nouvelle puissance en Eurasie (PUF, collection Major). Il regrette que l’Europe, pour des raisons essentiellement politiques, ait un positionnement résolument hostile à la Russie et refuse l’ouverture vers l’Eurasie.

Or la France peut-elle se payer le luxe d’être absente de ces nouveaux champs géopolitiques ?…

 

Pouvez-vous nous expliquer ce concept d’Eurasie ?

Il a plusieurs sens. Dès le XIXe siècle, on en observe les prémices. Mais c’est vraiment aux alentours de 1920 que se constitue une doctrine eurasienne, de façon assez curieuse d’ailleurs. En effet, au sein des milieux émigrés qui ont fui le communisme, apparaît l’idée que si Staline est au pouvoir, c’est qu’au bout du compte, Dieu l’a voulu. On doit donc l’accepter et se rallier à ce grand ensemble politique qui s’étendrait de la Chine à la Russie inclue.

Pour ma part, en tant que géographe, quand je fais des cartes, je vois comment se situent et s’articulent les pôles. Bien que peu ou pas connectés entre eux aujourd’hui, les pôles eurasiatiques représentent cependant un potentiel de développement économique exceptionnel. C’est la raison pour laquelle il existe des projets de mise en place d’axes eurasiatiques de très grande envergure, qui visent à mettre en relation la Chine avec l’Europe, en passant par le Kazakhstan puis la mer de Barents, la mer Baltique, la mer Noire. L’objectif final est bien de déboucher sur des jonctions avec l’Europe et l’Afrique du nord.

Les Chinois sont très intéressés par ces projets. Le Kazakhstan aussi, qui est un pays riche. Quant à la Russie, elle l’est naturellement et doit achever la modernisation de ses ports. De tels liens transcontinentaux seraient d’une importance capitale sur le plan économique à l’échelle mondiale. Car ils affecteraient ainsi le fonctionnement des voies maritimes et le rôle des porte-containers (sans les faire disparaître toutefois), en réduisant par exemple la durée du voyage entre la Chine orientale et la côte Est-Atlantique de 15 jours. En outre, de tels projets généreraient des créations de valeur tout au long du parcours, ainsi que le désenclavement de l’énorme potentiel minier et agricole que recèle l’Asie centrale.
Aujourd’hui, ce concept d’Eurasie a été repris et développé par Vladimir Poutine dans le cadre de son projet d’Union eurasiatique – union douanière et zone de libre-échange. Il faut savoir que depuis 1992, la Russie demande à l’Union européenne la création d’une telle zone entre les pays d’Europe et les pays de l’ex-URSS, demande qui est systématiquement refusée par Bruxelles.

 

Pourquoi un tel blocage de la part de l’Union européenne à l’endroit de la Russie ?

Pour diverses raisons, bien sûr. Mais on ne peut que constater que l’Union européenne, pour des motivations éminemment politiques, a un positionnement résolument hostile à la Russie. Les Russes estiment que, face à la contestation grandissante dont elle est l’objet de la part des électeurs, l’Union européenne éprouve certainement la tentation d’en revenir au schéma antérieur de la Guerre froide, où craignant l’ours soviétique, les peuples d’Europe de l’Ouest ne contestaient pas ce qui se faisait à Bruxelles. Or il est clair qu’aujourd’hui, la Russie n’a ni l’envie ni les moyens d’envahir l’Europe occidentale. De plus, il faut bien être conscient que la Russie n’a pas envie d’en revenir au statu quo antérieur, où l’URSS devait entretenir un certain nombre de pays satellites, au prix de sommes considérables.

Malgré tout, il est patent que l’Union européenne ne veut pas de ce projet européen commun s’ouvrant sur l’Est. Les conséquences géopolitiques de ce refus ne sont pas anodines. Aux yeux des Russes, si l’Europe reste seule dans son coin, sans ouverture sur l’Est, elle va nécessairement décliner, donc perdre sa puissance et ses compétences. Pour eux, la seule façon réaliste pour l’Europe de constituer un pôle entre l’Amérique du nord et l’Asie orientale réside en la capacité à structurer un ensemble eurasiatique cohérent. N’oublions pas que la Chine est elle-même intéressée à la création d’un tel espace, car l’ouverture de grands axes intercontinentaux lui permettrait de faire basculer une partie de son économie (essentiellement littorale) vers l’intérieur. De la sorte, une telle initiative permettrait de contribuer intelligemment au développement de régions en retard économiquement.

 

Quelle place voyez-vous pour la France dans cet espace eurasiatique qui est en train de s’ouvrir ? Nous avions traditionnellement des liens forts avec la Russie. Qu’en est-il à présent ? Comprenons-nous bien l’ampleur des enjeux ?

Les hommes politiques français, dans leur immense majorité, n’ont malheureusement aucune notion des enjeux. Dominique de Villepin, François Fillon ou Hubert Védrine, qui s’intéressent à la Russie, sont des exceptions. De fait, actuellement, aucune impulsion ne vient du sommet de l’État. Mais surtout, on voit que la presse française est très violemment antirusse, attitude qui crée des dégâts considérables. C’est une constante depuis 1994.
Certains observateurs russes et même français estiment que la presse française, en majorité de gauche, n’a pas pardonné à la Russie d’avoir tué le modèle utopique du socialisme à visage humain qu’allait enfin construire Gorbatchev. Depuis l’aube des années 2000, ces mêmes observateurs notent que les journalistes français sont résolument sur une position pro-Union européenne et très antirusse, comme s’il fallait ressusciter l’ennemi idéal. Enfin, on observe que les entrepreneurs français, déjà assez peu tournés naturellement vers l’extérieur, sont encore plus dubitatifs quand on évoque la Russie. Un certain nombre de clichés occultent ainsi d’indéniables réussites françaises. C’est le cas d’Auchan ou de Danone qui ont très bien percé en Russie et sont leaders sur leurs marchés. Mais l’image de la Russie et du monde eurasiatique dans sa globalité reste néanmoins mauvaise.
Si l’on ajoute à cela que les représentations diplomatiques françaises sont davantage préoccupées de culture quand les réseaux allemands ou autres sont préoccupés de contrats, alors on comprend qu’il y a clairement une méconnaissance de la Russie et des enjeux eurasiatiques.

 

Et réciproquement, comment les Russes nous perçoivent-ils ?

Le trait qui domine est une réelle déception. Pour eux, la France n’est pas à la hauteur des possibilités qui s’ouvrent, ce qui est d’autant plus triste que nous bénéficions d’un énorme capital de sympathie. La littérature, la pensée, les arts français sont naturellement connus et appréciés des Russes. Mais force est de constater que nous ne savons malheureusement pas faire croître et fleurir ce formidable capital. Cela est d’autant plus déplorable – voire consternant – que la Russie a des besoins considérables et offre des débouchés énormes en matière de développement économique.

 

Quid des événements qui se déroulent en Crimée aujourd’hui ?

La Russie va jouer sa carte. Toute sanction fera l’objet d’une contre-sanction. Le sénat russe prépare ainsi une loi qui permettra, le cas échéant, de nationaliser une entreprise étrangère. Il y a donc un processus d’escalade qui est en train de se mettre en place. Avec à la clé un risque de voir la situation déraper. D’autant qu’en face, dans le camp occidental, on a deux présidents fragiles, qui n’ont pas su s’imposer, notamment en Syrie. Les Russes aujourd’hui tirent les conclusions de ce qui s’est passé hier tant au Kosovo qu’en Libye, et maintenant en Syrie. Donc, on peut légitimement craindre des dérapages non-maîtrisés en Crimée ou en Ukraine. En outre, n’oublions pas qu’à Kiev, il existe aujourd’hui plusieurs milliers d’activistes extrémistes, qui sont incontrôlables et sont susceptibles de jeter de l’huile sur le feu.

 

Quel peut être le jeu des oligarques aujourd’hui dans cette zone géographique ? Peuvent-ils peser pour résoudre la crise ?

C’est certainement leur souhait le plus cher. Mais en Ukraine, il ne semble pas qu’ils soient en mesure de le faire. Les oligarques ukrainiens étaient certes partagés quant à l’évolution des événements, mais la majorité d’entre eux étaient partisans d’une association avec la Russie. D’abord parce qu’ils craignent qu’une association avec l’Union européenne nuise à leurs affaires, qui sont pour certaines d’entre elles, assez opaques et en tous les cas pas conformes aux standards internationaux.
A l’évidence, ils n’ont pas le contrôle de la situation. Quant aux Russes, il est clair qu’ils soutiennent massivement Vladimir Poutine dans ce dossier brûlant de l’Ukraine.
Plus généralement, n’oublions pas que les relations entre l’Ukraine et la Russie sont essentiellement passionnelles et non rationnelles. C’est le seul endroit au monde où les Russes n’ont pas l’attitude du joueur d’échec. De même, à l’heure qu’il est, les Ukrainiens ont eux aussi basculé dans une posture irrationnelle. Ne perdons jamais de vue que la Russie est née à Novgorod, puis qu’elle s’est transférée à Kiev où elle a connu en quelque sorte son baptême. Quant à la Crimée, elle a été peuplée de Russes.
De même, gardons à l’esprit que la dimension culturelle chez les Russes est beaucoup plus puissante et vivante qu’en occident. Et cela se ressent partout, y compris dans les jeunes générations. Les interactions entre les deux peuples sont aussi complexes que puissantes. Prenez l’exemple de l’un des monuments de la littérature russe, à savoir Gogol. Il était ukrainien mais a connu le succès en Russie et est mort à Moscou. C’est pourquoi cette dimension passionnelle qui prédomine dans les relations Russie – Ukraine se révèle être particulièrement inquiétante.

 

Dans cette région en ébullition, où se déploient des rapports de force subtils entre puissance et influence, considérez-vous que les Jeux olympiques de Sotchi ont plutôt constitué un échec ou une réussite pour Vladimir Poutine ?

Apparemment, ils ont plutôt constitué une réussite sous l’angle de l’olympisme. Mais il faut bien comprendre, au-delà du factuel, qu’ils ont constitué un point de départ, visant à la mise en place, au cœur du Caucase, d’un système touristique productif qui doit s’étendre jusqu’à la mer Caspienne. Des entreprises françaises ont d’ailleurs participé à cette entreprise. Et il y a en programme aujourd’hui dans cette région une dizaine de stations à construire, ce qui va fortement contribuer au développement économique local.

 

Que conseilleriez-vous à un étudiant français désireux d’apprendre à connaître la Russie ?

Tout d’abord, de ne pas trop lire de journaux français. Ensuite, d’apprendre le russe. Et enfin, d’aller étudier en Russie, découvrir le quotidien du pays, son histoire, ses traditions, sa culture.

 

Un proverbe russe en guise de conclusion ?

« Aie confiance mais vérifie ». Je préciserais même « Vérifie les informations »…

 

Télécharger Géopolitique de l’Eurasie

 

 

A propos de Pascal Marchand

Né en 1949, Pascal Marchand est professeur au département de géographie de l’université de Lyon II. Après avoir été reçu à l’agrégation de géographie en 1975, il devient docteur d’État en géographie en 1990, avec une thèse portant sur « L’aménagement de la Volga et ses conséquences sur l’environnement ».

S’il commence sa carrière comme professeur d’histoire- géographie au lycée de Belfort, il intègre très vite l’université, tout d’abord comme maître de conférences en géographie à l’université de Nancy-II, puis comme professeur – toujours en géographie – à l’université de Lyon II, et chargé de cours à l’IEP de Lyon.

Sa parfaite connaissance de la langue russe (il pratique également l’anglais et l’espagnol), lui confère une authentique auto- rité pour aborder les questions géopolitiques liées aux grands espaces de l’Est, en particulier en matière d’organisation de l’espace de l’aire eurasiatique.

Ses savoirs théoriques se conjuguent à une solide connaissance et pratique du terrain : il compte ainsi une cinquantaine de séjours et missions en Europe centrale et orientale (Russie, Biélorussie, Lituanie, Ukraine, Lettonie, Pologne, Tchéquie, Abkhazie).

Pascal Marchand a beaucoup publié. Ainsi, ces six dernières années, il a écrit Atlas de Moscou, (Autrement, 2010) ; Atlas géopolitique de la Russie, la puissance retrouvée, (Autrement, 2012) ; Géopolitique de la Russie, une nouvelle puissance en Eurasie, (PUF, 2014). Durant la même période, il a également publié des chapitres sur ses pôles d’intérêt dans plusieurs ouvrages : « Les équilibres autour de la Caspienne », Site FIG 2008 « Entre guerre et conflit » ; « Le conflit, moteur de la structuration territoriale », in Géographie des conflits, (sous la direction de F. Tétart, CNED-SEDES, 2011) ; « Conflits dans l’espace post soviétique : une géographie de la décomposition impériale », in Géographie des conflits, (de nouveau sous la direction de F. Tétart, CNED-SEDES, 2011) ; « Un axe fluvial en jachère, le Système des Cinq Mers », in Fleuves et territoires, (sous la direction de N. Commerçon, Institut de Recherches du Val de Saône-Mâconnais, 2013).

Enfin, toujours ces six dernières années, il a publié des articles dans diverses revues: « Géopolitique de l’Arctique russe », Courrier des Pays de l’Est, (n° 1066, 2008) ; « Le Grand Nord dans la dynamique territoriale russe », Regard sur l’Est (revue en ligne, 2010) ; « La puissance russe, une géopolitique de l’énergie », Carto, (n° 1, 2010); « Espace et pouvoir en Russie, analyse géohistorique et géopolitique », Revue Espace-temps.net, (2011) ; « La Russie, un acteur international par la force de la géographie », Diplomatie, (n° 66, 2014).

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23 mars 2014 7 23 /03 /mars /2014 12:35
East Asia’s security architecture – track two

 

Alerts - No18 - 21 March 2014 Eva Pejsova

 

Although East Asia’s security environment has long been known for its instability, the recent escalation of tensions between China and Japan has been followed with unprecedented concern. Besides the real risk of accidental clashes in the disputed waters due, inter alia, to the disruption of communication channels, the way in which both Beijing and Tokyo have chosen to deal with the crisis is an indication of an emerging shift in strategic thinking that will most likely have an impact on the evolution of the whole region.

As a result, debates on the need to rethink the security architecture in the region have become more frequent. Existing regional security-focused multilateral platforms could indeed contribute to stability in the region and in this context, various informal mechanisms – so-called ‘track-two’ diplomacy – often become invaluable channels for communication and interaction.

 

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23 mars 2014 7 23 /03 /mars /2014 12:35
Afghanistan: the view from Pakistan

 

Alerts - No12 - 21 February 2014 Eva Gross

 

Pakistan will arguably be the most crucial regional player in post-2014 Afghanistan. Close religious and cultural links notwithstanding, its links to the Taliban give Islamabad considerable leverage and influence over any peace process. However, the protection and support granted to insurgent groups ­operating in Afghanistan over the past decade has had unintended domestic consequences for Pakistan, with the growing number of terrorist attacks now posing a ­significant threat to the country’s internal stability. Failure to reach a political settlement in Kabul is therefore likely to have a spill-over effect that would further weaken Islamabad’s ability to contain extremist groups operating inside Pakistan.

Despite the complexity of US-Pakistan relations, a complete US withdrawal by the end of 2014 – with the concomitant risk of a security vacuum developing along Pakistan’s border – is not in Islamabad’s interest. However, the implications of even a reduced transatlantic footprint are bound to contribute to a reckoning with extremism, and the forces that encourage it, inside Pakistan itself.

 

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22 mars 2014 6 22 /03 /mars /2014 12:45
Protéger les civils : mission impossible ?

 

Alerts - No11 - 13 February 2014 par Thierry Tardy

 

Les rapports de plusieurs ONG présentes en République centrafricaine ont récemment fait état d’exactions, de crimes et de purification ethnique à l’encontre de populations civiles que les opérations déployées ont du mal à contenir. Sur d’autres terrains, de la République démocratique du Congo (RDC) au Darfour ou plus récemment au Sud Soudan, les mêmes questionnements ou critiques ont été formulés à l’endroit d’opérations pourtant mandatées pour assurer la protection des civils.

Celle-ci s’impose en effet à tout acteur externe, avant tout pour des raisons d’ordre éthique. Vingt ans après les drames du Rwanda et de Srebrenica, quelle serait la légitimité d’une opération qui ne serait pas explicitement mandatée pour protéger les populations les plus vulnérables ? Pour autant, de tels objectifs sont-ils réalistes ? Sur le terrain, les obstacles à la protection des civils sont nombreux, et le risque est grand que les attentes créées par des mandats ambitieux soient en pratique souvent déçues.

 

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21 mars 2014 5 21 /03 /mars /2014 17:50
No TTIP-ing point for European defence?

 

Alerts - No19 - 21 March 2014 Daniel Fiott

 

The EU-US Summit on 26 March will mark eight months since the partners decided to formally launch negotiations on a Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP). The aim of the TTIP – if finalised – is to remove tariffs, align regulatory standards and open up government procurement. Born out of the need to boost economic growth on both sides of the Atlantic and to respond to the rise of emerging markets, the Partnership will add an extra €120 billion to the EU economy annually, according to estimates by the European Commission. While President Obama’s first visit to Brussels will likely be dominated by an agenda focusing on Ukraine and economic recovery, it is also worth thinking about some of the more sensitive areas involved in the TTIP discussions.

One such area relates to defence industry and markets. Back in June 2013, public procurement of defence and security goods was included in the Commission’s negotiating mandate. Given the sensitive nature of defence procurement, however, both sides have, for the time being, agreed to drop a ‘defence TTIP’. This situation is indicative of a broader negotiating environment that has seen a moratorium on including an investment chapter in the Partnership and other sectoral exclusions. Therefore, at first glance, the TTIP’s overarching aims of abolishing tariffs, enhancing the compatibility of the EU and US regulatory environment and ensuring a greater flow of goods, services and investments in the transatlantic space will not apply to the defence sector. But is this necessarily the end of the story?

 

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