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12 octobre 2015 1 12 /10 /octobre /2015 16:55
L'Atlas de la mer au XXIème siècle

 

8 Octobre 2015 Source : Marine nationale

 

Aujourd’hui, 7 octobre, parait un ouvrage qui va faire date dans la communauté des gens de mer : un atlas dédié au fait maritime coédité par le Centre d’Études Stratégiques de la Marine (CESM) et l’hebdomadaire Le Marin.

 

« La Terre est bleue comme une orange » écrivait le poète Paul Eluard (1895-1952), pilier du surréalisme.

 

« La mer est bleue » lui répondent en chœur les auteurs de ce bel atlas nous présentant le monde du point de vue de la mer. C’est d’ailleurs selon eux au fond des océans que se joue la grande aventure du 21ème siècle.

 

Pour étayer leurs réflexions, les contributeurs de ce livre s’appuient sur cinquante cartes et infographies inédites, nous démontrant ainsi que l’incroyable richesse des océans peut répondre aux problématiques actuelles.

 

Aquaculture durable, énergies bleues, nouveaux traitements contre le cancer, habitat sous-marin… Les solutions d’avenir et les défis sont nombreux. Pollution, trafics en tous genres, surpêche… Des menaces planent pourtant.

 

Un fort bel ouvrage soigné autant sur le fond que sur la forme.

 

La Terre est bleue – Atlas de la mer au XXIème siècle sous la direction de Cyrille P Coutansais. Introduction du contre-amiral Loïc Finaz. 336 pages - 29,90 € (CESM / Le Marin/ Les Arènes éditions).

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12 octobre 2015 1 12 /10 /octobre /2015 11:40
Missiles de croisière russes : quelles significations en Syrie et au-delà ?

 

par Arthur Le Chardon - echoradar.eu
 

Le tir de 26 missiles de croisière russes depuis la Caspienne revêt plusieurs significations stratégiques.

 

1/ Il s’agirait de SS 30 N. Chose surprenante comme l’a récemment signalé le Fauteuil de Colbert. Disons que si on en connaissait l’existence, on avait peu de détails sur leur portée et leur mise en service. C’est désormais chose faite, bien que certaines caractéristiques demeurent floues (notamment leur altitude de vol, donc la possibilité de leur détection). Autrement dit, l’effort de technologie de défense, entamé par la Russie en 2000, porte ses fruits.

 

2/ Les conséquences en terme de stratégie navale sont également grandes. La Caspienne, que personne ne considérait avec attention, devient désormais une « mer » à l’importance stratégique. La petite flottille russe de la mer Caspienne, que beaucoup d’analystes mentionnaient pour mémoire, revêt subitement beaucoup plus d’importance, que ce soit au Moyen Orient mais aussi en Asie centrale… Bref, une frégate et trois corvettes ont de la valeur stratégique et pas simplement tactique.

 

3/ Il semble, à bien regarder la vidéo publicitaire diffusée par les Russes (pas mauvais en Strat Comm, au passage) que les tirs ont été effectués du sud de la Caspienne. Soit dans les eaux iraniennes, soit dans celles du Turkménistan. Dans le premier cas, cela signifie un accord évident avec Téhéran. Dans le second, cela ne risque pas d’arranger la paranoïa du régime d’Achgabat…

 

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12 octobre 2015 1 12 /10 /octobre /2015 11:25
Crédits CESM - Marine Nationale

Crédits CESM - Marine Nationale


01.10.2015 par ASP C. de Marignan - Centre d’études stratégiques de la Marine

 

Moderniser, rénover, renouveler… Telle pourrait être la devise des marines d'Amérique latine, qui, pour la plupart, se sont lancées ces dernières années dans des programmes ambitieux visant à restructurer leur flotte vieillissante.

 

La mer : une nouvelle évidence

Les façades que possède l’Amérique latine sur les océans Atlantique et Pacifique représentent un atout géopolitique et stratégique de taille, poussant les États de la région à développer à nouveau leur secteur maritime et naval. La prise en compte, l’exploitation et donc la protection des zones économiques exclusives (ZEE) sont devenues des enjeux majeurs dans un contexte de désaccords internationaux sur les délimitations maritimes. L’Amérique latine compte aujourd’hui pas moins de 22 litiges portant sur des questions de souveraineté maritime. Ainsi, un groupe de récifs coralliens situé au large du Nicaragua était l’objet d’un litige séculaire avec la Colombie, qui n’a été tranché qu’en 2012 par la Cour internationale de Justice. Le Chili et la Bolivie semblent loin d’une telle issue : depuis la guerre du Pacifique (1879 à 1884), les Boliviens souhaitent obtenir une ouverture sur la mer passant par le Chili, afin de retrouver un accès à l’océan. Ces tensions accentuent la volonté de différents pays de la région de développer une marine, principalement axée sur des missions de surveillance et de patrouilles maritimes, à proximité des côtes.

Les eaux côtières de la région recèlent des ressources halieutiques ou énergétiques qui attirent la convoitise. Le golfe du Mexique est l’une des plus anciennes régions du monde dans l’exploitation de gisements d’hydrocarbures offshore, tandis que le Brésil vient de découvrir des réserves prometteuses au large de ses côtes. Ces ressources doivent donc être protégées, tout comme l’extrême richesse de la biodiversité marine dans la zone.

Si ces nouveaux enjeux poussent les marines côtières de la région à travailler ensemble, c’est dans le domaine de la lutte contre le narcotrafic que ces coopérations sont les plus importantes. Les États-Unis sont bien évidemment partie prenante avec la Joint Interagency Task Force-South (JIATFSouth), organisation qui vise à regrouper les différentes structures de lutte contre le trafic de stupéfiants. Rapidement internationalisée, la JIATF-South rassemble aujourd’hui 15 partenaires, dont la France et 9 États d’Amérique latine (1). D’autres coopérations multinationales auxquelles la France participe activement – Carib Venture (2), Atlantic Watch (3) ou Carib Royal (4) – ont également pour mission principale de lutter contre ce trafic en mer des Caraïbes.

Mais, loin de se limiter à la protection de leurs approches maritimes, certains pays aspirent au développement d’une marine de haute mer par des programmes de modernisation de leur flotte ou un développement de leurs coopérations dans le domaine maritime et naval.

 

Du littoral à la haute mer ?

Devenir une marine prépondérante n’est pas aisé, même au niveau régional. Et, pour le moment, aucune marine d’Amérique latine n’y est véritablement parvenue. La marine chilienne s’est longtemps illustrée comme modèle d’organisation et de rapidité opérationnelle dans la région, mais les récentes restrictions budgétaires ont freiné les différents programmes de rénovation.

Le pays a toutefois développé sa composante frégates, avec 8 nouvelles unités achetées aux Pays-Bas et à la Grande-Bretagne, ainsique sa flotte sous-marine, avec l’achat de deux Scorpène, se dotant de la flotte sous-marine la plus moderne d’Amérique du Sud.

Pour la façade atlantique, c’est le Brésil qui se distingue et conforte sa place de leader régional dans le domaine maritime et naval. Sa marine est en effet la seule du continent Sud-américain à être dotée d’un porte-avions, le São Paulo (ex-Foch), qui, malgré son âge, demeure le symbole d’une puissance maritime. Le pays est également le premier à avoir entrepris des programmes de renouvellement global de sa flotte. Prosub par exemple vise à l’acquisition, mais surtout à la fabrication locale, de nouveaux sous-marins Scorpène, qui doivent être livrés entre 2018 et 2022, ainsi que d’un sous-marin nucléaire d’attaque – une première pour les marines de la région – prévu pour 2025, et à la construction d’une base navale sous-marine à Itaguaí (région de Rio de Janeiro). Prosuper, quant à lui, vise à renouveler la flotte de surface, principalement en envisageant l’acquisition d’un transport de chalands de débarquement (TCD) et d’un porte-avions qui pourrait remplacer le São Paulo dès 2035.

Mais, si le Brésil tend à devenir une marine hauturière à dimension mondiale, les autres marines du continent restent pour la plupart au stade de puissances locales. Certaines, comme la marine argentine – pourtant de première importance dans les années 1970 avec notamment sa composante aéronavale –, peinent à se renouveler. Pour des raisons budgétaires, plusieurs constructions de nouveaux bâtiments ont été suspendues et certaines rénovations, retardées (5). Pour la marine vénézuélienne, c’est l’embargo américain qui l’empêche de mener à son terme la modernisation de ses frégates de type Lupo. C’est donc vers la Chine et Cuba que le pays s’est tourné pour obtenir un soutien dans le domaine de la construction navale. Les marines colombienne ou mexicaine, quant à elles, bénéficient de leur coopération avec des pays dotés d’une industrie navale très développée, tels que la France, l’Allemagne ou les États-Unis, afin de renouveler leur flotte. Mexique et Pérou ont beau faire partie du top 20 des plus grandes marines en termes de tonnage, leur flotte est cependant vieillissante.

La marine péruvienne peine ainsi à se séparer de son croiseur Almirante Grau, ancien bâtiment néerlandais (ex-de Ruyter). Le Mexique, lui, ne possède pas de frégates lance-missiles.

À la différence des années 1970, théâtre d’une véritable course à l’armement, les États d’Amérique latine sont aujourd’hui dans l’obligation d’investir dans leurs marines. L’enjeu est en effet d’assurer la protection des nouvelles richesses de la mer contenues dans leurs eaux sous souveraineté, des hydrocarbures aux ressources halieutiques, en passant par la biodiversité. Reste à voir si cet investissement s’inscrira dans la durée.

 

(1) Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Équateur, Mexique, Pérou, République dominicaine et Salvador.

(2) Opération sous commandement hollandais.

(3) Initiée en 2010, cette opération a pour mission d’intercepter en mer la drogue en partance du Venezuela, de Guyana ou du Suriname, et en direction de l’Europe et de l’Afrique.

(4) Opération de lutte contre le trafic de drogues sur la façade est des Caraïbes. (5) Même si le troisième sous-marin argentin de type TR 1700, dont la construction a été interrompue en 1994, pourrait être achevé dans les prochaines années.

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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 16:55
La liberté d'informer sacrifiée sur l'autel du secret-défense

 

 

Pour la première fois, des journalistes ont été condamnés pour atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. Un arrêt dangereux.


La peine est légère, mais la condamnation insupportable. Pour avoir regardé sous les jupes du renseignement, Christophe Labbé et Olivia Recasens, journalistes au Point, et Didier Hassoux, plumier du Canard enchaîné, ont été condamnés en septembre dernier par la cour d'appel de Paris à une amende de 3 000 euros avec sursis. Leur tort ? Avoir porté atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation en révélant l'identité réelle d'un agent secret. Une infraction introduite dans notre Code pénal en 2011 et qui n'avait, jusque-là, jamais été utilisée contre des journalistes. À l'origine du litige, un livre, L'Espion du président, paru aux éditions Robert Laffont en 2012. L'ouvrage, en grande partie consacré à Bernard Squarcini, le patron de la toute puissante Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, aujourd'hui devenue DGSI), lève le voile sur les très nombreux dysfonctionnements des services de renseignements français. Il avait fortement déplu en haut lieu.

 

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7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 14:30
En Syrie, pourquoi une intervention au sol n'est pas encore possible

 

07/10/2015 par William Leday, Maître de conférence en relations internationales (à Sciences Po Paris et à l'INALCO)

 

INTERNATIONAL - Nul besoin d'avoir effectué une formation militaire pour saisir la complexité que recouvre une intervention occidentale au sol en Syrie et en Irak. S'il est possible de réduire l'Etat islamique, il sera beaucoup plus difficile de l'anéantir. Cela tient à la nature même d'une organisation multidimensionnelle en rhizome dotée d'une idéologie en capacité de susciter des adhésions et des allégeances à travers le monde, à son emprise totalisante et totalitaire sur les populations qu'elle contrôle, mais aussi et surtout à l'absence d'institutions et de projet politique alternatif de la part de ses détracteurs locaux.

 

Les guerres de ces dernières années sont riches d'enseignement. L'histoire montre en effet que des opérations aériennes, même assorties d'action au sol de la part de forces spéciales, ne garantissent pas l'anéantissement de pareils adversaires. Dans les années 90, après la libération du Koweït en 1991, le régime de Saddam Hussein ne s'est pas effondré face à l'aviation de la coalition et au blocus que lui infligea la communauté internationale. Au contraire, et le chercheur Pierre-Jean Luizard le démontre, le pouvoir irakien a su se réinventer en s'appuyant sur les solidarités traditionnelles. Au titre des contre-exemples, on peut citer la guerre du Kosovo, qui a vu une offensive arienne faire céder la Serbie de Slobodan Milosevic ou l'opération Enduring Freedom en Afghanistan. Cette dernière était une savante combinaison d'opérations aériennes et d'actions au sol menées avec des alliées locaux - l'Alliance du Nord de Ahmed Chah Massoud - appuyés par des forces spéciales. Dans le cas qui nous occupe, dès les premiers jours de frappes, Daech a réorganisé ses unités, réadapté son dispositif et sa stratégie.

 

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6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 16:55
Global aerospace and defence outlook trends

 

05 October 2015 by ADIT - The Bulletin



According to the latest KPMG Global Aerospace and Defence Outlook, firms in the Aerospace & Defence (A&D) sector are focusing on two axes: driving growth and managing cost savings.

The report is based on 68 top executives’ interviews. 53% of them prioritize sales growth; 47% cite reducing their cost structure; while maintaining their business model competitive is a top challenge for 38% of the senior executives and efforts to develop R&D is the second challenge for 32% of them.

“With growth remaining slow and prices under continued pressure, A&D organizations are looking ahead for untapped growth opportunities and then working to prepare the groundwork for future campaigns and opportunities”, said KPMG’s Global Head of A&D.

In order to do so, many respondents are looking to foreign markets to seize growth opportunities. Indeed, more than 25% of the participants said they would penetrate new geographic markets through acquisitions, JVs or alliances, and 13% declared they would rebalance their worldwide footprint. Other firms will also adapt their existing products and services to fulfil the requirements of these new markets, through assessments in culture, business behaviuors and governance structures. Furthermore, “it will be important for A&D organizations to apply more rigorous integrated business planning techniques so that revenue, investment, cost and profit are tightly coupled from both a financial and operational perspective as opportunities will emerge and vary both in timing and scale from expectation,” added a U.S. KPMG partner.

Another key-diver for growth is investments in R&D in order to seek new technologies and services. 50% of the respondents mentioned they expected new manufacturing technologies to drive future growth and innovation. The proportion of A&D organizations that claimed they would spend more than 6 % of their revenues on R&D over the next 2 years would increase from 28% to 41%. They cite for instance the commercial Unmanned Aerial Vehicle (UAV) market, the cyber security market and the various private Low Earth Orbit programmes as recent technological breaks on which they have to intensify R&D spending (46% of the participants said they would increase them to drive innovation).

In order to meet the two challenges of sales growth and cost management, A&D companies are reorganizing their supply chains. 55% of the respondents said they are focused on lowering costs and working capital levels across the supply chain. A third said that restructuring the supply chain to support growth is a top priority this year. 33% also claimed they would segment supply chain assets and process based on specific product demand profiles. Globally, the top executives of the sector intend to improve their supply chain flexibility and responsiveness. “We are seeing an increased focus on consolidating the buy capability and rationalizing spend in order to manage inventory at a more centralized level”, declared a U.S. KPMG Advisory Managing Director.

Although supplier capacity and risk are high on the A&D agenda as second and third greatest supply chain challenges, the visibility remains low. Indeed, only 10 % of A&D competitors reported that they had complete visibility and 40 % admitted they only had limited visibility. “Indeed, we see this lack of visibility as one of the greatest risks facing A&D organizations today from a delivery standpoint and a clear limitation on their ability to drive true and sustainable cost savings from the supply chain.”

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4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 11:20
Un drone RQ-4 Global Hawk, de Northop Grumman (Photo: Archives/US Air Force)

Un drone RQ-4 Global Hawk, de Northop Grumman (Photo: Archives/US Air Force)


02.10.2015 45eNord.ca (AFP)
 

Le marché des drones militaires et de sécurité devrait presque doubler d’ici 2024 et dépasser les 10 milliards de dollars, selon une étude de IHS-Jane’s publiée vendredi.

 

«Le marché global de défense et de sécurité pour les UAV [Unmanned Aerial Vehicles, NDLR], également connus sous le nom de  »drones », va croître de 5,5 % par an au cours de la décennie, pour passer de 6,4 milliards de dollars actuellement à 10,4 milliards d’ici 2024», selon cette étude.

Les drones sont là pour longtemps, déclare Derrick Maple, analyste spécialiste des drones à la publication spécialisée Jane’s.

«Ces systèmes sont bien établis, éprouvés au combat et sont un élément essentiel et en développement pour les futures opérations autour de la planète», a-t-il ajouté.

Selon la Jane’s, les États-Unis vont reprendre leur place de leader du marché à l’export cette année, devant Israël qui s’y était hissé en 2014. À eux deux, les deux pays représentaient 71 % des exportations en 2014.

En 2015, les États-Unis devraient représenter 57 % des exportations de drones et les deux tiers au cours des cinq prochaines années.

«Cette année et dans un futur prévisible, la prévision est que les États-Unis vont reprendre une position significative de leader» avec les ventes du Predator de General Atomics ou du Global Hawk de Northrop Grumman.

L’industrie du drone en Europe occidentale, dont les ventes devraient s’établir à 1,3 milliard de dollars d’ici 2024, continue d’augmenter ses capacités dans l’objectif d’établir une base solide et de réduire sa dépendance aux drones américains et israéliens.

D’autres, comme la Chine, la Russie, l’Inde, la Corée du Sud ou le Japon, augmentent leurs investissements et leurs ventes devraient atteindre les 3,4 milliards de dollars d’ici 2024.

Selon Huw Williams, de la Jane’s International Defence Review, les drones «ont fait la preuve de leur utilité au cours de la décennie écoulée, principalement en Afghanistan.»

«Les opérateurs tendent à présent à étendre les types de missions au-delà de la surveillance et la reconnaissance, et introduisent des systèmes d’armes électroniques et de renseignement sophistiqués, ainsi qu’une variété plus large de munitions», ajoute-t-il.

«Avec la maturation des technologies, nous allons voir des drones de combat [Unmanned Combat Air Vehicles, UCAV, NDLR] entrer en service», avec des capacités furtives, d’emport et d’armement améliorées.

«Ils opèreront aux côtés d’avions pilotés et pourront même les remplacer dans de nombreuses tâches», a-t-il relevé, en estimant que ce type d’opération avec des aéronefs pilotés à bord aux côtés de drones seront de plus en plus cruciales et nécessaires.

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4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 07:50
Défense européenne: contours d'un compromis


02.10.2015 par Olivier Dupuis Ancien député européen, journaliste indépendant et animateur du blog l'Européen
 

Ne boudons pas notre plaisir. Le vigoureux plaidoyer d'Alain Juppé en faveur d'une Europe de la Défense au mois de juin 2015 constitue un tournant. Pour la première fois depuis longtemps un homme politique français de tout premier plan souligne la nécessité de passer "du projet à l'impératif" (1).

A un moment où un grand Etat européen, la Russie, renoue avec les pratiques que l'on espérait révolues en Europe, de la guerre d'agression, de l'annexion et de l'occupation par la force de territoires d'un Etat voisin, alors qu'une guerre d'une violence inouïe embrase deux grands pays du Moyen-Orient, qu'une partie du Maghreb et du Sahel se transforme en sanctuaires de mouvements terroristes, cette prise de position est bienvenue. D'autant plus qu'une autre menace, plus insidieuse, pèse sur l'Europe : une lente et silencieuse scission des approches stratégiques de l'Allemagne et de la France.

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 16:30
Septembre rouge

 

3 octobre 2015 par Michel Goya  - La Voie de l’Epée

 

Pendant la guerre froide on appelait cela la stratégie du « piéton imprudent » par analogie avec l’individu qui s’engage soudainement sur la route en ne laissant au conducteur que le choix entre l’arrêt brutal et l’accident catastrophique. La Russie, et avant elle l’URSS, est coutumière de cette méthode depuis l’intervention éclair en Tchécoslovaquie en 1968 jusqu’à l’annexion de la Crimée en 2014 en passant par la prise des points clés de Kaboul en 1979 ou même simplement l’envoi d’un régiment sur l'aéroport de Pristina en juin 1999 interdisant l’usage de celui-ci aux forces de l’OTAN. Il nous, est arrivé, à nous Français, de le faire aussi, au Tchad par exemple, en 1968 ou en 1983, profitant nous aussi de cette capacité de pouvoir engager la force sans débat interne et vote préalable (ou du moins non-acquis d'avance).

Cette intervention surprise peut être « blanche », c’est-à-dire permettant d’obtenir des gains stratégiques sans avoir à combattre, simplement en se positionnant au bon endroit et/ou en établissant un rapport de forces suffisant pour dissuader de tout affrontement. Elle peut être aussi « rouge » et impliquer le combat selon trois méthodes, discrète (en Ukraine depuis 2014), au contraire écrasante (Hongrie, 1956) ou enfin visible et limitée. L’engagement actuel de la Syrie relève de la troisième posture, avec cette faculté de changer la situation stratégique initiale tout en gardant la possibilité, en fonction des changements observés, de se retirer relativement facilement ou au contraire de déployer de nouveaux moyens, dans ce cas le plus souvent écrasants. Dans l’art opérationnel russe, les engagements sont des coups calculés qui se succèdent soudainement et par paliers. On n'y goûte ni l'engagement comme fin en soi, ni les stratégies américaines de pression et d'escalade de type poker.

 

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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 18:30
Des théories françaises reprises par les stratèges de Daesh

 

29/09/2015 Jean Guisnel – Défense Ouverte / Le Point.fr

 

Du hezbollah libanais à Daesh, les praticiens des guerres "hybrides" ont apparemment retenu les leçons... du stratège français Guy Brossolet ! Interview.

 

Joseph Henrotin revient sur l'apport du penseur militaire français Guy Brossollet aux guerres des armées modernes, parfois mises à mal par des forces bien moins puissantes. Docteur ès sciences politiques, chargé de recherche au CAPRI (Centre d'analyse et de prévention des risques internationaux) et à l'ISC (Institut de stratégie comparée), Joseph Henrotin fut directeur de séminaire à l'École de guerre de Paris et enseigne dans les écoles de guerre de Bruxelles et Yaoundé. Rédacteur en chef de la revue stratégie DSI, il est membre du Réseau multidisciplinaire d'études stratégiques. Il a publié récemment un ouvrage remarqué, Techno-guérilla et guerre hybride : le pire des deux mondes (Nuvis, 2014).

 

Le Point : Pourquoi Guy Brossollet, auteur du livre Essai sur la non-bataille, fut-il un stratège novateur ?

Joseph Henrotin : C'était un officier sinisant, c'est essentiel. Il fut le premier à traduire en français les poèmes de Mao Zedong (L'Herne, 1969). Cela ne veut pas dire qu'il adhérait à sa vision politique, mais qu'il était ouvert à une vision « indirecte » du monde. Son Essai sur la non-bataille, publié en 1975, est le premier ouvrage sur la guerre hybride, partant d'un certain nombre de constats et d'abord du renforcement des forces du pacte de Varsovie. Il s'interroge aussi sur le rôle de l'arme nucléaire tactique française, dont l'emploi paraissait alors inéluctable, tant l'URSS et ses alliés paraissaient dominants en matière conventionnelle. Il fait le postulat que la stratégie française uniquement fondée sur des moyens lourds (chars de combat, hélicoptères antichars, artillerie) est fort coûteuse et pourrait ne pas être efficace.

 

Des observateurs ont discerné des similitudes entre les principes de « non-bataille » de Brossollet et les tactiques du hezbollah libanais. Qu'en pensez-vous ?

On ne peut qu'être frappé par les analogies entre les vues de Brossollet et les actions du Hezbollah libanais en 2006 dans la guerre contre Israël. Du point de vue de la tactique terrestre, on se trouve clairement dans les lignes qu'il avait définies, avec de petites unités autonomes déployées sur le terrain, avec des systèmes complexes de communication hors de la vue des Israéliens. La puissance de feu antichars a eu de réels effets sur l'armée israélienne, qui avait oublié nombre de principes fondamentaux, par exemple en déployant des chars sans infanterie, comme Michel Goya l'a très bien montré. Si on y ajoute la guerre de l'information, les roquettes à longue portée, les missiles antinavires, on voit bien que les technologies nouvelles valident le modèle de Brossollet. Le Hezbollah est d'ailleurs souvent cité mais ce n'est qu'un exemple parmi d'autres : le « système Brossollet », repris, adapté, amélioré, permet de mieux comprendre les modes d'action des Tigres tamouls ou même de Daesh.

 

Guy Brossollet a été accusé d'être opposé à la dissuasion nucléaire. Est-ce exact ?

Joseph Henrotin : Pas du tout, la lecture de son ouvrage est convaincante sur ce point. Il est vrai qu'il met en question l'emploi de l'arme nucléaire tactique sur le champ de bataille, tout en estimant qu'une arme de faible puissance pourrait être affectée au test des intentions de l'adversaire. Il préfigure ainsi la doctrine pré-stratégique en proposant que les Mirage IV soient utilisés à cette fin. Mais le cœur de ses idées est ailleurs, dans l'emploi des forces conventionnelles.

 

Il propose des forces plus légères, plus mobiles ?

Joseph Henrotin : À l'époque, on imaginait des combats d'anéantissement, opposant de grandes unités. Il propose qu'on opte plutôt pour l'attrition des forces adverses suivant un mode alternatif, ce qui est révolutionnaire : personne dans l'Otan ne pense alors de cette façon, ni en France d'ailleurs… Ce qui lui posera de sérieux problèmes, car c'est une rebuffade à la doctrine ! Il imagine d'établir un maillage territorial avec deux fonctions : identifier la progression adverse et lui donner des coups d'épingle, afin de dégrader son potentiel notamment grâce à l'emploi des nouveaux missiles antichars comme le Milan. À ces coups d'épingle, il ajoute bien entendu des coups de poing, infligés par des modules de chars de bataille et d'artillerie et d'autres formés d'hélicoptères. Le nucléaire vient ensuite… Il n'oublie pas les interventions outre-mer et les théâtres africains. À la fin des années 1990, dans le cadre de mes travaux universitaires, j'ai pu tester le modèle de Brossollet appliqué à une attaque biélorusse contre la Pologne. Il s'est avéré d'une efficacité extrême, confirmant des travaux allemands des années 1980.

 

Où peut-on voir aujourd'hui la suite des idées de Guy Brossollet ?

Joseph Henrotin : Combien de centaines de pages me proposez-vous ? Dès le début des années 1980, Essai sur la non-bataille est traduit en allemand, avec une préface du général Emil Spannocchi, chef d'état-major de l'armée autrichienne, qui appliquera d'ailleurs, en partie, ses conceptions. En Allemagne, de nombreux officiers de la Bundeswehr ont travaillé sur ses concepts, en les raffinant – c'est là d'ailleurs qu'est forgé le terme « techno-guérilla ». C'est ce qu'a fait aussi le Suédois W. Agrell dans les années 1980, pour faire évoluer le modèle de conscription et envisager d'armer la population pour bloquer une invasion soviétique.

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20 septembre 2015 7 20 /09 /septembre /2015 11:50
Putting numbers on capabilities: defence inflation vs. cost escalation

 

Imagine a world without weapons: no battle tanks, no combat helicopters, no nuclear submarines – a world at peace, presumably. This world might soon come true if we believe what US aerospace businessman Norman R. Augustine famously predicted in 1983, namely that “in the year 2054, the entire [US] defence budget will purchase just one aircraft”.

Very little has changed since then: costs for defence equipment are still skyrocketing while, in parallel, our defence budgets have largely slid into a downward spiral. The world, however, has hardly become more peaceful – especially in Europe’s neighbourhood. As a result, a better understanding by policymakers of the relation between (cripplingly) expensive capabilities and complex security challenges appears to be much in need.

 

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19 septembre 2015 6 19 /09 /septembre /2015 11:50
Asylum flows to the EU: blip or norm? (Jul 2015) - EUISS

 

The numbers of irregular arrivals at the EU’s outer border and mass asylum claims are growing. In May 2015, the EU-28, Switzerland and Norway received the highest number of asylum applications on record: 74,000 in a single month.

This headline figure may yet prove to be somewhat inflated: Afghans and Kosovans in particular tend to claim asylum on arrival at the EU’s border, only to then abscond and claim again at their target destination. Nevertheless, the pressures – particularly on the EU’s southern and south-eastern border-states – are real.

 

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18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 16:50
Une université européenne de la Défense, avec quels pays ? Dans quels objectifs ?

L’Ecole royale militaire (belge) pourrait être le coeur de l’université européenne de défense prônée par Jean Marsia, qui vient de défendre une thèse à l’ULB (crédit : ERM)

 

by Bruxelles2

 

(BRUXELLES2) Comment approfondir l’Europe politique ? Avec qui faire l’Europe de la Défense ? Comment créer un esprit de corps européen ? C’est en quelque sorte à ces questions fondamentales que s’est attaqué Jean Marsia. Cet ancien colonel de l’armée belge, et ancien conseiller d’Elio di Rupo (quand il était Premier ministre), a trouvé une réponse : la création d’une université européenne de la Défense. Un projet ambitieux qu’il a décrit dans une thèse qui vient d’être soutenue à Bruxelles (1). En voici quelques éléments principaux

 

Une Europe politique toujours bloquée

Pour l’auteur, l’Europe de la défense est inséparable de l’Europe politique. Or celle-ci est aujourd’hui bloquée. « L’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er décembre 2009, n’a pas effacé l’échec, en 2005, du traité constitutionnel. En mars 2012, j’ai eu l’opportunité de faire remarquer à Herman Van Rompuy que le Conseil européen n’avait plus discuté de la défense depuis 2005. » Un nouveau processus s’est mis en place. Il a conduit les 28 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne à fixer, en décembre 2013, un plan d’action et un nouveau rendez-vous en juin 2015. « Mais en juin dernier, le Conseil européen a reporté l’examen des questions de défense au second semestre 2016. L’Europe politique et l’Europe de la défense à 28 sont toujours bloquées. »

 

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18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 16:40
Ukraine’s other war

 

Ukraine is fighting two wars simultaneously. The most obvious is the hybrid conflict in the east, fuelled and sustained by Russia. But while the ‘hot phase’ in this arena is over, at least for now, Ukraine is also engaged in a war against itself.

It is locked in a struggle against its own dysfunctionality and endemic levels of corruption which will affect millions, from low-level policemen and fire inspectors to oligarchs and leading politicians. And while Ukraine can cope with the existence of an almost frozen conflict in the Donbas, there is no possibility of accepting the status quo with regard to the latter war.

 

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17 septembre 2015 4 17 /09 /septembre /2015 16:30
photo Armée de l'Air

photo Armée de l'Air

 

16/09/2015 Par Hadrien Desuin * - FIGARO VOX Vox Monde

 

Pour Hadrien Desuin, les frappes aériennes décidées par la France en Syrie sont un premier pas vers le retour à la réalité. Mais, selon lui, à terme, la résolution du conflit passe par des solutions politiques avec les acteurs locaux.

 

Les nouvelles frappes aériennes décidées par la France et le Royaume-Uni en Syrie vont-elles suffire à remporter la guerre contre Daech?

 

La France vient de s'autoriser à intervenir dans le ciel syrien. C'est un premier pas vers le retour à la réalité même si tous les analystes sont d'accord pour estimer que des frappes aériennes ne suffiront pas à reprendre le terrain perdu. Du moins ont-elles été efficaces pour stopper l'offensive de l'EI comme on l'a vu en Irak et à Kobané. A Tikrit comme au Kurdistan syrien, les frappes aériennes sont indispensables pour l'appui des troupes au sol grâce à l'effet dissuasif d'un passage d'avion mais aussi de l'effet décisif des dommages qu'une frappe peut infliger à l'adversaire sur ses centres logistique et de commandement.

 

Suite de l’entretien

 

* Ancien élève de l'École spéciale militaire de St-Cyr puis de l'École des officiers de la Gendarmerie nationale, Hadrien Desuin est titulaire d'un master II en relations internationales et stratégie sur la question des Chrétiens d'Orient, de leurs diasporas et la géopolitique de l'Égypte, réalisé au Centre d'Études et de Documentation Économique Juridique et social (CNRS/MAE) au Caire en 2005. Il a dirigé le site Les Conversations françaises de 2010 à 2012. Aujourd'hui il collabore à Causeur et Conflits où il suit l'actualité de la diplomatie française dans le monde.

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 16:55
Hexagone Balard - photo MinDef Fr

Hexagone Balard - photo MinDef Fr

 

16/09/2015 Par Jean Guisnel - Le Point.fr

 

Les 9 000 civils et militaires terminent leur installation à Balard. Mais sans Jean-Yves Le Drian qui ne s'y installera pas. Le ministre a ses raisons !

 

Les occupants du nouveau ministère de la Défense à Balard ne sont pas encore vraiment installés dans leurs bureaux, mais l'inauguration officielle par François Hollande approche. La date n'en est pas fixée, mais devrait intervenir après le 20 octobre. En décembre, l'ensemble des états-majors et des services de la Défense seront rassemblés sur l'énorme site ultramoderne de Balard, non loin de la porte de Versailles, juste en face des futurs nouveaux locaux du Point ! En décembre, 9 000 et quelques postes de travail de cette nouvelle structure signée en partenariat public-privé sous le quinquennat précédent seront occupés. Mais plusieurs dizaines resteront vacants, pour lesquels trois étages ont été construits : ceux du ministre de la Défense et de ses deux cabinets, le civil et le militaire. Tous demeureront dans le magnifique hôtel de Brienne, au cœur de Paris et du quartier des ministères, à deux pas de Matignon, de l'Assemblée nationale et à trois minutes de l'Élysée.

Situation curieuse

Cette situation n'est pas ingérable, loin de là, mais elle est curieuse : le ministre Jean-Yves Le Drian et ses plus proches collaborateurs ont en permanence besoin de tenir des réunions avec des centaines de personnes qui se trouvaient naguère dans tous les quartiers de la capitale et dans sa proche banlieue. Tous sont aujourd'hui rassemblés à Balard. Pour que les chefs d'état-major - pour ne citer qu'eux - voient le ministre et ses plus proches collaborateurs, ils n'ont que deux solutions : soit ils prennent leurs voitures, les transports en commun ou leurs vélos pour se rendre en quelques dizaines de minutes (aller) à l'hôtel de Brienne, soit - comme on l'entend dans l'entourage du ministre - ce sont les occupants de Brienne qui se rendent à Balard.

Commentaires acides

En direct, personne ne dit un mot, bien sûr. Mais dans les coursives de ce gigantesque bâtiment, les commentaires sont acides sur l'attitude de Le Drian. Alors que, paradoxalement, ce ministre combatif, vendeur d'armes et gagneur de budgets est mieux considéré dans les armées qu'aucun de ses prédécesseurs ! À l'université d'été de la Défense, qui s'est tenue les 14 et 15 septembre à Strasbourg, Jean-Yves Le Drian a évoqué les bienfaits de Balard : « Rapprocher les états-majors et les services entre eux ; offrir un lieu de travail et d'échanges, qui soit moderne et fonctionnel, à tous ceux qui œuvrent plus largement au sein de la communauté de défense dans son échelon central : c'est là un changement majeur dans la vie du ministère et des armées. »

Bilocalisation

Jean-Yves Le Drian a dit aux participants de l'université d'été que « l'inauguration prévue cet automne sera aussi un moment important et j'aurai le plaisir de vous y retrouver, j'y ai aussi un bureau..., contrairement à ce que j'ai pu lire, et j'ai l'intention d'y siéger ». Faut-il déduire de cette formule que le ministre de la Défense a l'intention de rejoindre ses troupes ? Tel n'est pas le cas... Son activité ne sera que très partiellement « bilocalisée », ce qui ne va pas simplifier son emploi du temps explosif. Si le dernier étage du bâtiment qui lui est réservé demeure vide, il est néanmoins utilisé comme bureaux de passage et comme salle de réunion. Quant aux deux étages du dessous, ils ont déjà été redistribués !

« Vente à n'importe qui »

Pourtant, ce refus de s'installer au milieu de ses troupes ne relève pas d'un caprice ministériel. Conformément à son habitude, le Breton taiseux ne s'exprime pas sur le sujet, mais on peut entendre ses arguments dans son entourage. Le premier a un petit côté gardien du temple : « Si le ministre le quittait, l'hôtel de Brienne serait immédiatement vendu à n'importe qui ! Le ministère de la Défense s'y trouve installé depuis 1817. Ce lieu vit : de Gaulle y a rétabli la République, et le bureau de Clemenceau, qui vient d'être restauré, ne peut pas partir à l'encan ! » Mais le problème majeur, entend-on, viendrait d'une hérésie portée au débit d'Hervé Morin et de Nicolas Sarkozy, qui ont lancé ce projet : « Ils ont oublié l'importance régalienne de ce ministère ! Il est impossible d'y recevoir quelque dignitaire étranger que ce soit avec un minimum d'égards. Ils ont construit un campus, sans aucune majesté ! » On l'aura compris : Le Drian est entré en résistance. Il tiendra le temps qu'il faudra, mais les paris sont ouverts : où s'installera son successeur ?

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 14:55
photo European Parliaement

photo European Parliaement

 

16 septembre* par Jean-Dominique Merchet

 

Le député européen Les Républicains critique les appels à une opération terrestre en Syrie

 

Député européen Les Républicains, Arnaud Danjean est un spécialiste des questions de défense et des affaires internationales. Il soutient Alain Juppé.

 

En Syrie, faut-il une opération terrestre comme le réclament plusieurs responsables de l’opposition?

Aller au sol, pour quoi faire? En Syrie, il n’y pas de lignes de front, il suffit de voir la complexité de la situation autour d’Alep ou de Damas. Avant d’intervenir au sol, il faudrait d’abord une coalition et une «exit strategy» - une stratégie de sortie de la guerre. Or, il n’y en a pas. Chez tous les acteurs régionaux, on constate à la fois ambiguïtés, double-jeux et intérêts contradictoires. Les Américains n’iront évidemment pas au sol, à l’approche des élections et avec le souvenir douloureux de l’Irak et de l’Afghanistan. Aujourd’hui, seul l’Iran est effectivement militairement engagé au sol, surtout en Irak, mais avec des motivations très spécifiques, pas forcément compatibles avec une solution politique «occidentale», tant à Bagdad qu'à Damas. La Turquie a malheureusement mais assez logiquement désigné les Kurdes comme ennemis prioritaires. Les Russes aident le régime syrien, affirment haut et fort des principes anti-Daech mais n'ont jusqu’alors jamais participé effectivement à des coalitions internationales offensives. Les monarchies sunnites du Golfe, qui font un effort minimal, ont leurs propres motivations vis-à-vis des régimes syrien et irakien. Et elles sont plus intéressées pour intervenir au Yémen, contre des milices chiites soutenues par l’Iran, qu’en Syrie ou en Irak. Bref, nous serions seuls !

 

Qu’en est-il du point de vue des opérations militaires ?

Le président de la République a annoncé lundi une petite inflexion, qui est une conversion au réalisme. Nous ne sommes plus tout à fait dans le ni-ni (ni Bachar, ni Daech) et il y a un début de priorisation contre Daech. Mais de là à vouloir pacifier la Syrie ! Certains rêvent de faire un coup, en imaginant une Blitzkrieg [guerre éclair] comme l’armée française l’a faite au Mali en 2013. Une intervention contre Daech, ce ne serait pas le remake de la conquête du massif des Ifoghas, mais celui de la bataille de Falloujah en 2004. Contre le même ennemi qu’aujourd’hui – c’était l’Armée islamique de Zarkaoui, le terreau de l’Etat islamique – les Américains ont engagés 15000 marines dans une bataille de trois mois. Ils ont perdu une centaine d’hommes, détruit la ville, tué entre 3000 et 4000 combattants ennemis et sans doute 2000 à 3000 civils. Et ils ont rapidement reperdu le contrôle de la ville, qui est aujourd’hui entre les mains de Daech. Une victoire à la Pyrrhus ! Aujourd’hui, il faudrait prendre des villes comme Raqqa, Mossoul ou Falloujah, puis les tenir avant de transmettre le pouvoir à d’autres. Mais à qui ?

 

On parle d’éradiquer Daech. Qu’en pensez-vous ?

Notre grille de lecture est à front renversé. On part du terrorisme chez nous pour aller le combattre là-bas. Mais ce à quoi nous faisons face, c’est à un extrémisme sunnite combattant. Peut-on l’éradiquer ? On peut décapiter Daech, lui infliger des pertes importantes, le contenir, le dégrader, mais le fond sunnite en ébullition persistera, faute de solutions politiques. Les fiers-à-bras ont la mémoire courte : le terrain en question n’est pas le Mali, c’est plutôt Mogadiscio ou Kandahar !

 

Vous êtes sévère avec ces fiers-à-bras…

Il y a, dans ma famille politique, une inflation de la terminologie martiale et virile, sans doute pour plaire à un électorat chauffé à blanc, en quête de fermeté. D’où les expressions d’éradication ou de guerre contre le terrorisme, que l’on retrouve aussi à gauche. C’est une posture et si on nuance, on est accusé de défaitisme. A droite, il y a une contradiction flagrante entre l’affirmation, non dénuée de fondement, selon laquelle l’armée française n’a plus les moyens de ses ambitions et la volonté de lui assigner un engagement militaire hors de proportion. Je me méfie de l’inflation terminologique. Je ne crois pas, par exemple, que nous soyons en guerre sur le territoire national. Cela ne correspond pas à la lutte antiterroriste, qui exige des moyens de police et de renseignement. Je m’interroge enfin sur le degré de résilience de la société française par rapport à la barbarie, au vu de l’émotion suscitée par les attentats de janvier. Or, si on fait une opération terrestre, on aura des pertes, peut-être autant en quelques jours qu’en dix ans en Afghanistan. Et vous imaginez des soldats français prisonniers et brûlés vifs par Daech ?

 

* Cet article est paru dans l'Opinion des 8/9 septembre, avant le débat parlementaire du mardi 15 septembre sur l'enagement militaire français en Syrie.

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 12:55
photo Armée de l'Air

photo Armée de l'Air

 

15/09/2015 par Bénédicte Chéron - Tribune FigaroVox

 

Bénédicte Chéron évoque ces opérations militaires aériennes rarement sur le devant de la scène en raison de l'absence de spectaculaire qui leur est attaché.

 

Alors que le débat sur une intervention au sol est ouvert, que savent les Français de l'opération Chammal engagée depuis le 19 septembre dernier par la France? Les armées sont en effet confrontées à la difficulté de raconter et faire comprendre une guerre par frappes aériennes. Les points de situation du Ministère de la Défense sur le sujet sont en eux-mêmes révélateurs. Celui du 20 mars 2015 racontait par exemple: «Cette semaine, la force Chammal a réalisé 117 sorties aériennes, dont dix ont abouti à des frappes au sol. Plusieurs véhicules armés et logistiques ont été détruits par les aéronefs français, ainsi qu'un véhicule suicide dans la région de Kirkouk. Les avions français ont également ciblé des combattants à plusieurs reprises, ainsi que du matériel d'artillerie».

 

Suite de l’article

 

* Bénédicte Chéron est chercheur partenaire à l'IRICE, spécialiste du traitement médiatique des conflits.

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14 septembre 2015 1 14 /09 /septembre /2015 18:50
Calendrier des Think Tanks à Bruxelles (màj 14 Sept.)- RPFranceUE

 

source rpfrance.eu
 

Le calendrier des think tanks, mis à jour chaque semaine, regroupe les conférences et rencontres organisées par les think tanks à Bruxelles.

 

Retrouvez le calendrier de la semaine du lundi 14 septembre 2015. (961ko)

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14 septembre 2015 1 14 /09 /septembre /2015 11:30
Le business model de l’Etat Islamique

 

12.09.2015 par Michel Santi, économiste

 

L’Etat Islamique (EI) serait-il sur le point de monter sa banque? De fait, mettant ses pas dans ceux des autres organisations terroristes, l’EI tente de se doter des attributs d’un véritable Etat afin d’envoyer un message à ses sympathisants situés hors de Syrie et d’Iraq selon lequel il est désormais en mesure de leur fournir du travail et d’assurer leur subsistance. L’EI diffuse en effet une propagande consistant à faire croire à ses futurs ressortissants que les villes sous son contrôle sont désormais gérées par d’anciens fonctionnaires iraquiens et syriens ayant été embauchés à cet effet. Il est vrai que des sources fiables font état de professionnels de la finance (issus des pays arabes et d’Afrique du Nord) ayant été enrôlés par l’EI afin de lui monter sa banque centrale, elle même censée imprimer un jour prochain sa monnaie nationale. Bref, l’EI est en quête de reconnaissance et tente d’asseoir sa légitimité sur un budget qui devrait atteindre 2 milliards de dollars cette année censé assurer les besoins vitaux de ses citoyens en matière d’éducation, de santé, d’aides sociales envers les plus démunis et de travaux de construction et d’infrastructures.

 

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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 07:30
Syrie: «La France doit aider Assad à combattre Daech»

 

06/09/2015 Par Judith Duportail – LeFigaro.fr

 

Pour le général Jean-Bernard Pinatel, la France ne doit pas intervenir au sol en Syrie mais devrait aider financièrement et logistiquement l'Iran, l'Irak et l'armée d'Assad pour combattre au mieux Daech.

 

Le Figaro. - Selon Le Monde, François Hollande réfléchirait à frapper Daech en Syrie, et selon un sondage Odoxa pour Le Parisien, 61% des Français sont favorable à une intervention de nos troupes au sol. La France doit-elle intervenir militairement en Syrie?

 

Jean-Bernard Pinatel* - La France ne doit pas intervenir au sol en Syrie. Nous devons en revanche fournir un appui logistique, technique et financier à ceux qui combattent déjà Daech sur le terrain, comme le font les Russes. Il faut aider les trois pays en première ligne: l'armée syrienne loyaliste, l'Iran et l'Irak. Oui, il s'agit de dictateurs ou de milices mais ils représentent un moindre mal par rapport au mal absolu qu'incarne Daech. D'ailleurs, en laissant entendre qu'il veut combattre Daech en Syrie, c'est le revirement politique auquel Hollande s'est résolu.

Jusqu'alors la France avait choisi de déstabiliser Assad tout en combattant Daech via des frappes aériennes en Irak. Or on ne peut pas jouer sur ces deux tableaux. Il est temps d'abandonner le rêve du Printemps arabe, le rêve d'imposer la démocratie par les armes en faisant tomber Assad. Il doit être notre ami provisoire car il est aussi l'ennemi de notre ennemi absolu. Sur le terrain, les militaires connaissent leur travail. La France doit aider les Etats syriens et irakiens en leur fournissant les systèmes d'armes, le renseignement, la logistique et la formation dont ils ont besoin. Il faut également améliorer l'efficacité des frappes aèriennes en envoyant en première ligne des forces spéciales pour guider les tirs et éviter autant que faire se peut de tuer les civils dont Daech se sert comme bouclier. Evidemment cette action doit être coordonnée avec tous les acteurs intervenant sur ce théatre d'opérations y compris l'Iran et la Russie. De plus, il faut empêcher Daech de renouveler ses ressources.

 

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28 juillet 2015 2 28 /07 /juillet /2015 07:50
Opinion: Merkel Must End Devil's Pact with America

Enough is enough: American spying on Germany is killing the friendship between the countries. - source Spiegel DPA

 

July 07, 2015 By Markus Feldenkirchen - Spiegel.de

 

Following the latest revelations about surveillance by the United States on the German government and media, it is high time for Chancellor Angela Merkel to take action against the systematic spying.

 

The German-American friendship no longer exists. It may still remain between citizens of both countries, but not between their governments. Perhaps it has always been an illusion, perhaps the United States pulled away over the course of time. But what binds these two nations today cannot be considered friendship. Openness and fairness are part of the essence of friendship, which is about mutual respect and trust. A quarter century after the United States helped the German people restore their national unity, little remains of this friendship.

As new documents from WikiLeaks and reporting by SPIEGEL show, the NSA has been systematically spying on much of the German government. America's spies not only listened in on Chancellor Angela Merkel's private conversations about sensitive political issues. The NSA also bugged ministries, ministerial offices and other government agencies. Not even journalism is sacred to the Americans -- at least not in Germany. American spies monitored at least one SPIEGEL colleague in Berlin -- spies who represent a country that considers itself a guarantor of freedom of the press, one of the cornerstones of a liberal democracy.

Today we know: The friendly smile worn by Angela Merkel's hosts in Washington all these years has been insincere at best.

Sept. 11 is not a good enough excuse for what has transpired. The terrorist attacks were horrendous, and a turning point for America and the world. It was understandable that the administration in Washington believed that they needed to protect their country against future attacks. Just as friends and family need support after going through a sudden, traumatic experience, the Allies were prepared to show their support for their friend.

But what has come to light has nothing to do with the attacks of Sept. 11 and the fight against terrorism. The US began systematically spying on the German government at least since 1999 (perhaps even earlier); in other words, two years before the attacks on New York and Washington. It is questionable that the German Agricultural Ministry's fisheries department, which the NSA also spied on, had anything to do with Osama bin Laden or al-Qaida.

 

Unscrupulous

It wasn't security of the Western world that concerned the Americans. Instead they pursued their own interests, unscrupulously vying for slight political advantages in diplomatic dealings and in the struggle for economic prosperity. The reference to the terrorist threat has long become a fig leaf for habitual and brazen espionage.

In the US, the complaints, such as the ones formulated in this editorial, are taken as naive and twee. They are considered laughable. However, if naivety means that one has not yet given up the belief in fairness as the basis for the partnership, then one should be naive. It is also better than the pathetic act that Merkel's administration has put on for years with regards to the NSA: feigned public outrage over America's tactics.

The German government has engaged in a devil's pact with the US and its Orwellian spying machine. This may have been done out of fear -- fear of not receiving the potentially imperative information about a planned attack. But through her silence, Merkel has made the German government complicit. She allowed the law to be broken. She also permitted the principles that characterize open, democratic societies to be compromised.

The German government had the wrong priorities. There is no guarantee of security. Fear of an attack is no reason to sacrifice legal principles.

The chancellor must show Washington a clear sign of resistance. Germany must free itself from this pact with the NSA. In the future, it must write the rules for its cooperation with intelligence agencies itself -- which may mean that certain information will no longer be shared.

It would not be the end of cooperation between the two countries, particularly not on the issues of trade and foreign policy. Germany and America will have shared interests in certain matters. But currently, there's little room in the relationship for more than that.

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28 juillet 2015 2 28 /07 /juillet /2015 07:30
État islamique, PKK : la Turquie prise au piège

 

28/07/2015 Par Armin Arefi - Le Point.fr

 

Miné par les cellules djihadistes sur son sol et hanté par la perspective d'un État kurde en Syrie, Ankara s'est résigné à entrer en guerre.

 

À peine le monde a-t-il salué le revirement de la Turquie dans la lutte contre l'organisation État islamique (EI) qu'Ankara est retombée dans ses contradictions. Au soir même des premières frappes aériennes contre les djihadistes de l'EI en Syrie, après l'attentat-suicide meurtrier qui a frappé le pays à Suruç, l'armée turque a attaqué la base arrière du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak. Depuis, les autorités turques ont arrêté sur leur sol au moins 900 individus, aussi bien des partisans de l'EI que des membres du PKK. Or, les combattants kurdes demeurent pourtant le premier adversaire des djihadistes sur le terrain. Et l'allié privilégié de la coalition internationale anti-EI.

"Cela symbolise toute l'ambiguïté turque depuis trois ans en Syrie", souligne Jean Marcou, directeur des relations internationales de l'Institut d'études politiques de Grenoble et coéditeur du site de l'Observatoire de la vie politique turque. "À savoir que la Turquie pourchasse autant les djihadistes que les combattants du PKK." "L'État turc n'avait pas le choix", rétorque un haut diplomate turc. "Ankara devait riposter à l'EI après l'attentat de Suruç, mais aussi l'attaque djihadiste contre un poste frontalier de l'armée dans la région de Kilis (Sud, un sous-officier tué). Pour ce qui est du PKK, l'État devait réagir après l'assassinat de deux policiers à leur domicile de Ceylanpinar (Sud-Est)".

 

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25 juillet 2015 6 25 /07 /juillet /2015 11:50
photo EDA

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Brussels - 22 July, 2015 EU Defence Agency
 

The recent European Council acknowledged the importance of hybrid warfare for EU Member States. In this interview we address the topic with EDA project officer Axel Butenschoen *.

 

  • How does hybrid warfare differ from “conventional” warfare? Is it really something new?

From an academic point of view we have to state that a broadly accepted definition of “hybrid warfare” does not exist yet. One reason could be that by nature the characteristics of this new type of threat is evolving nearly on a daily basis. However, amongst analysts there are common elements describing this phenomenon of new threats by “violent threats that are simultaneously carried out by state- and non-state actors along all conventional and unconventional lines of operation within a not exclusively military but also diplomatic, information and economic dimensions of conflict in order to achieve a political goal”. From my perspective all the individual elements, for example information warfare, cyber-attacks, conventional military aggressions and destabilisation operations are individually well known but the synchronized, combined approach adds a new dimension to our understanding of aggression.

 

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* Axel  Butenschoen is Project Officer for Capability Development Plan within the European Defence Agency.

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 21:55
photo MI SG Dicom

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02/07/2015 Par Marie-Amélie Lombard - LeFigaro.fr

 

INFO LE FIGARO - Dans un rapport qu'il vient de transmettre à Manuel Valls, et que Le Figaro s'est procuré, le député PS Malek Boutih décrit «une jeunesse frustrée, prête à basculer». Il craint que la dérive islamiste en France ne se transforme en phénomène de masse.

 

«Génération radicale»: le titre du rapport que le député PS de l'Essonne Malek Boutih vient de transmettre au premier ministre, et que Le Figaro s'est procuré, traduit bien son contenu. Dès la troisième ligne, il aborde son sujet: «L'analyse et la prévention des phénomènes de radicalisation et du djihadisme en particulier.» C'est une lecture politique que livre l'ancien président de SOS-Racisme, mandaté après les attentats de janvier. Il ne biaise pas avec son sujet, qui concerne avant tout la dérive islamiste d'une partie de la jeunesse française, sachant que près de 65 % des individus impliqués dans les filières djihadistes ont moins de 25 ans. Le député assure que son enquête a conforté son hypothèse de départ: «Le succès des recruteurs djihadistes auprès des jeunes repose sur l'adhésion à un projet politique entrant en résonance avec leurs préoccupations internationales et leur rejet de la société démocratique occidentale, plus qu'à une doctrine religieuse fondamentaliste.» D'où cette conséquence: «Une grande partie de la jeunesse se détourne de notre modèle de société.»


Une génération «au bord de la rupture»

Mondialisation, 11 Septembre, guerre en Irak, conflit israélo-palestinien ont marqué la jeune génération et façonné sa vision du monde, note Malek Boutih. Mais au-delà de ces événements, un nouveau marqueur - «l'enracinement d'un nouvel antisémitisme» - est particulièrement inquiétant. «Dans les quartiers, le discours du “deux poids deux mesures”, entre des juifs qui seraient insérés et protégés et des musulmans au contraire stigmatisés et marginalisés socialement, a rencontré un large écho, écrit le député. Les vieux préjugés sur les juifs qui seraient partout, tirant les ficelles du monde de la finance et des médias sont de retour. De façon remarquable, ils sont très largement répandus chez les jeunes aujourd'hui alors que cela aurait été inenvisageable il y a encore une vingtaine d'années.»


Le refus des valeurs démocratiques

«La société est vécue comme totalement verrouillée, ce qui génère une grande frustration», analyse Malek Boutih, qui parle de «jeunesse frustrée, prête à basculer». Il va plus loin: «Le corpus de valeurs et l'ordre social très peu contraignant de nos sociétés démocratiques occidentales ne fournissent pas un cadre suffisamment englobant et sécurisant pour s'y ancrer et s'y attacher (…). La notion de République est inintelligible, comme diluée dans le libéralisme et la modernité, et le sentiment d'appartenance à une communauté nationale est très affaibli. Or une partie de la jeunesse refuse ces valeurs trop “molles” et cherche à se distinguer.»


Le djihad, une «solution» globale

Reprenant les chiffres, notamment ceux, en hausse croissante, des départs de jeunes Français pour la Syrie, l'auteur du rapport estime que «la radicalité islamiste est dans un mouvement ascendant au sein de notre société», qu'il met en parallèle avec le niveau historique de l'extrême droite. Cependant, «face aux autres offres radicales qui visent la jeunesse, le djihadisme a une longueur d'avance, aussi bien dans sa dimension politique que théorique, note le député. Pour un jeune homme, une jeune femme assoiffée d'action, le djihad serait l'évidence. Il ne s'agit pas simplement d'assouvir réellement des pulsions meurtrières ou des envies de guerre. La dimension théorique du djihad est la plus complète dans son rejet de la démocratie, dans la désignation de responsables à abattre et enfin dans l'affirmation d'un contre-modèle total. Au creux de l'offre idéologique des forces politiques traditionnelles, le djihad propose des explications et une solution globale.» Conclusion sans appel: «Le djihadisme est bien la radicalité qui prédomine aujourd'hui dans l'offensive antidémocratique.»


Un phénomène de masse?

Les signalements recueillis par le numéro vert, destiné aux familles ou aux autorités que la dérive d'un jeune inquiète, sont éclairants sur la diversification des individus prêts à basculer dans l'extrémisme. Mais Malek Boutih va encore plus loin: «L'ampleur du phénomène et sa pénétration dans tous les milieux, avec la radicalisation de jeunes étudiants, et de jeunes filles en particulier, indiquent qu'on pourrait basculer dans un phénomène de masse.» «Si les premières vagues de djihadistes comportaient essentiellement des individus fragilisés, plus faciles à recruter, désormais les recruteurs ciblent des proies au profil plus stable et moins détectable et on peut penser que ce phénomène va s'amplifier», ajoute-t-il.


Un réseau structuré

«Les islamistes ont mis sur pied un réseau social humain où chacun joue un rôle dans l'expression de leur idéologie», remarque le député. Leur «emprise» se construit ainsi sur certains quartiers. Même si tous les jeunes, loin de là, ne sont pas tentés par l'expérience, «il faut tout de même prendre garde aux effets de contagion et d'identification croisée entre pairs, par lesquels une frange radicale peut influencer l'ensemble d'une génération», estime Malek Boutih.

Au terme de son rapport, son auteur dresse une série de propositions qui passent par l'école, la culture, les familles. Et la nécessité de réaffirmer avec force le credo républicain.

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