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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 08:55
Interview du GCA Bernard de Courrèges d’Ustou, Directeur de l’IHEDN et de l’EMS

 

10/02/2015  par Alain Establier SECURITY DEFENSE Business Review

 

SDBR : Général, avez-vous fait l’IHEDN ?

GCA de Courrèges d’Ustou * : Non je n’ai pas suivi de session de l’IHEDN mais, comme la plupart des gens, je connaissais l’IHEDN par sa partie émergée, à savoir les deux sessions nationales: la session «Politique de défense» et la session «Armement et économie de défense». En fait, l’IHEDN ne se réduit pas à cela et il y a derrière beaucoup d’autres choses: une dimension régionale, une dimension internationale, des actions vers la jeunesse, des séminaires thématiques, etc. et un formidable réseau, avec des liens très forts entre anciens auditeurs ou participants de telle ou telle session ou séminaire.

 

« L’IHEDN sera le lieu de la formation et de la réflexion aux enjeux de défense, celui du renforcement du lien défense-nation, celui de l’élaboration d’une communauté de défense et de sécurité… », me déclarait le vice-amiral d’escadre Richard Laborde le 9 mars 2010. Est-ce que c’est la réalité de l’IHEDN de 2015?

Au-delà des grandes missions de formation et d’information de responsables et d’acteurs de la défense, l’IHEDN s’est en effet vue proposer, dans le Livre Blanc, la promotion de l’esprit de défense. Faire travailler ensemble des personnes qui s’intéressent déjà aux questions de défense et les faire progresser dans le domaine des relations internationales, des questions d’armement et d’économie de défense, et à toutes les questions connexes, est un des savoir-faire de l’IHEDN. En revanche, nous devons probablement progresser pour aller toucher ceux qui ne connaissent pas la Défense et ceux qui ne savent pas ce que sont les enjeux de défense. Donc nous faisons ce que déclarait l’amiral Laborde en 2010, mais la question est de savoir si nous le faisons bien ? L’IHEDN est aujourd’hui très ouvert sur l’international et nous avons des liens étroits avec un certain nombre de pays dans le monde. Concernant le renforcement du lien défense-nation et l’élaboration d’une communauté de défense et de sécurité, je considère que nous sommes à un palier et que nous devons encore progresser.

 

Quelles sont les pistes de progrès ?

Lorsque je suis arrivé, j’ai été très vite capable de décrire ce que faisait l’IHEDN. J’ai un peu plus de mal à définir ce que nous cherchons réellement à faire et vers quelle finalité nous cherchons à emmener nos auditeurs. Quel que soit le type de formation dispensée, nos auditeurs sont enthousiastes à son issue. Comment par contre matérialiser cet esprit de défense en France? Il n’y a pas de définition de l’esprit de défense mais nous allons, dans les prochains mois, donner des repères pour le caractériser au travers de deux ouvrages, l’un, « Esprits de défense » d’une centaine de pages avec textes de personnes d’horizons divers, tant militaires que civils, l’autre qui est une réédition de «Comprendre la défense» et qui donne la parole à 70 contributeurs. Nous avons besoin de points de repères, pour pouvoir ensuite discuter. Essayer de définir l’esprit de défense passe par un certain nombre de questions. Qu’avons-nous à défendre ? Une population de femmes et d’hommes (qui peuvent être menacés, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du territoire on l’a vu), un territoire (avec la spécificité des départements d’outre-mer qui font de ce territoire l’ensemble du monde), un ensemble de valeurs, des intérêts (qui ne sont pas qu’européens et peuvent donc s’avérer spécifiques, comme le Pacifique et les Caraïbes). La question «qu’avons-nous à défendre» amène, vous le comprenez bien, des questions induites de cohésion nationale et de citoyenneté.

 

La question « Quoi défendre ?» ne pose t’elle pas la question de la Menace ?

Bien évidemment, nous devons nous interroger sur les menaces, sur les menaces extérieures et sur les menaces intérieures, sur les menaces physiques et sur les menaces numériques entre autres. La question suivante concerne les réponses à apporter à ces menaces. Il y a des acteurs ministériels qui travaillent sur ces questions (quoi ? qui ? comment ?), car tous les ministères sont concernés : Défense, Intérieur, Affaires Etrangères, Culture, Education, Enseignement supérieur et Recherche…). La question que nous devons nous poser est de savoir ce que l’IHEDN, institut de formation sous la tutelle du premier ministre, peut et doit apporter dans ce domaine ? Sa spécificité est justement d’être interdisciplinaire, intersectorielle et donc interministérielle. C’est pourquoi, en liaison avec les acteurs ministériels mais pas seulement, nous devons travailler sur ces différents champs. Pour ne pas nous disperser, sachant que nos moyens sont limités, nous devons nous donner des priorités. Nous avons, depuis 2006,  un séminaire «Cohésion  nationale et citoyenneté», mais nous ne pouvons pas informer  directement tous les citoyens du territoire national. Nous devons donc aussi définir quels sont les acteurs et les responsables que nous devons toucher, pour qu’ils soient eux-mêmes des relais dans cette mission d’information du plus grand nombre. Nous avons aujourd’hui à préciser ces relais et à définir notre mission à leur égard.

 

Vous avez parlé d’un séminaire « cohésion  nationale et citoyenneté ». Pouvez-vous nous en préciser le contenu ?

Nous faisons une ou deux sessions par an avec des responsables et des élus locaux, et je regrette que peu de responsables d’associations de terrain ne s’y soient pas intéressés jusqu’à maintenant. Participer à ce séminaire est louable, mais reste ensuite à définir jusqu’où l’IHEDN peut s’impliquer dans ce domaine, sachant que nous ne sommes pas les principaux acteurs en matière de cohésion nationale et de citoyenneté. Que ce soit sur ce sujet ou sur le thème des réponses aux menaces, il me semble que la communauté IHEDN, au centre de laquelle se trouve l’institut, prend tout son sens. En effet nous ne sommes pas seuls et il nous faut travailler de façon collective avec les responsables des ministères concernés et avec les élus. Nous touchons 10.000 personnes environ par an au travers des sessions et des diverses conférences, et en formation d’au moins une semaine nous touchons plus de mille personnes par an. A titre d’exemple,  nous organisons 4 sessions en région par an sur le territoire national, y compris l’outre-mer. Elles se déroulent sur 18 jours, selon le triptyque pédagogique propre à l’Institut qui est conférences/débats, travaux en comité et visites sur le terrain. Les auditeurs de ces sessions trouvent un prolongement à leur formation au sein des 32 associations régionales de l’Union-IHEDN. Les sessions en région ont commencé en 1954 et nous allons fêter la 200ème en mai à Bordeaux. Vous voyez, au travers de quelques exemples, qu’il y a beaucoup d’activités et de bonnes volontés au sein de la communauté IHEDN. Il nous reste à donner plus de cohérence, en fonction des buts à atteindre, à ce formidable bouillonnement de défense. Pour cela nous devons jouer collectif et faire circuler l’information, à l’intérieur et à l’extérieur de l’institut, pour pouvoir définir l’esprit de défense avant même de déterminer quel doit être le rôle de l’institut dans cet environnement.

 

Quels indicateurs avez-vous de la progression ou de la régression de l’esprit de défense dans la nation ?

Je n’ai pas d’indicateurs, mais j’ai des observations liées à mes postes précédents. Tout d’abord, j’ai des observations concernant les responsables politiques ou de la haute administration et les élus; ce ne sera pas une surprise si je vous dis que la plupart ne connaissent pas bien la Défense en général et les Armées en particulier. Pourquoi? Parce qu’on peut arriver à haut niveau sans rien connaitre à la Défense, ce qui est moins vrai pour l’Education, le Social ou l’Economie, et sans avoir jamais eu d’information particulière sur les sujets de défense. Ainsi, j’ai travaillé avec des hauts fonctionnaires en charge des budgets qui ne comprenaient pas que les dépenses de défense, plus que dans d’autres secteurs, s’inscrivaient dans le temps long! C’est vrai pour les équipements, mais c’est vrai aussi pour la formation capacitaire des personnels. Donc il me semble que l’information et la formation des responsables à ces sujets sont essentielles.

 

Vous me parlez des responsables et je vois bien le souci, mais je vous posais la question sur la Nation au sens large. Comment toucher le plus grand nombre? Par les écoles?

Je suis d’accord mais il faut déjà convaincre les responsables. Pour la suite, les partenariats régionaux avec des écoles permettent de toucher le plus grand nombre et d’essaimer les messages. Il y a des actions à envisager auprès du corps professoral des écoles après bac pour les sensibiliser aux sujets de défense. Sur ces sujets, nous devons être force de proposition face à nos autorités de tutelle.

 

* Le général de corps d’armée Bernard de Courrèges d’Ustou choisit l’arme blindée cavalerie à sa sortie de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1981. Affecté, en 1982, au 3e régiment de hussards à Pforzheim (RFA), il y sert successivement comme chef de peloton AMX10RC, comme chef de peloton Boeselager (Challenge interallié des unités de reconnaissance) et enfin, comme officier traitant au bureau opérations instruction. Affecté, en 1988, au 12e régiment de cuirassiers de Müllheim (RFA), il commande le 1er escadron de chars AMX30B2, pendant trois ans. Reçu, en 1993, au concours de l’Enseignement militaire supérieur scientifique et technique (EMSST), il suit une scolarité de deux ans à l’École nationale supérieure des techniques avancées (Ensta) et obtient le titre d’ingénieur en recherche opérationnelle. Promu colonel en 2001, il reçoit le commandement du 1er/11e régiment de cuirassiers à Carpiagne (13), régiment de 80 chars de la 3e brigade mécanisée. De septembre 2002 à janvier 2003, il exerce les fonctions de RepFrance Pamir, commandant les forces françaises en Afghanistan, comprenant, notamment, le bataillon français de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Fias) à Kaboul et le détachement "Epidote" de formation de l’armée nationale afghane. En 2007, chargé de mission auprès du secrétaire général au Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), il participe, notamment, aux travaux d’élaboration du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, puis aux travaux d’élaboration du projet de loi de programmation militaire pour les années 2009 à 2014. Le 11 mars 2010, il est nommé chef du cabinet militaire du Premier ministre. Il est nommé directeur de l’Institut des hautes études de défense nationale et de l’Enseignement militaire supérieur à compter du 14 août 2014.

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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 08:50
Futur proche ? Les Queen Elizabeth et Illustrious

Futur proche ? Les Queen Elizabeth et Illustrious

 

10 février 2015 Le Fauteuil de Colbert

 

La France décidait en 1986 puis 1994, 2007 et 2011 d'agir mieux que tout le monde en renouvelant à moitié sa composante aéronavale. Sorte de French touch dans l'art de la guerre aéronavale dans le monde, il ne sera pas nécessaire de revenir sur le pourquoi du comment le budget de l'Etat alimente autant un second porte-avions imaginaire sans cesse amélioré au fil des années.

 

Une fois que nous avons dit cela, c'est pour mieux saisir le contraste mondial qui dépasse l'hémispère occidental qui nous englobe. Le couant de pensée dominant nous entraînait lentement mais sûrement vers un reniement de la guerre navale au sens large : puisque la Méditerranée, l'Atlantique et l'océan Indien sont des lacs américano-otaniens, la mer est utilisable par nous pour supporter nos voies de communication et donc servir à déplacer porter le fer à terre.

 

Depuis la fin du conflit Est-Ouest (1991), rien n'est venu entravé cette vue stratégique à court terme. Les engagements des Etats-Unis d'Amérique, des alliés ou de la France en dehors de leur sol ne craignaient pas une menace navale critique ayant la capacité d'entraver une action aéronavale et aéroamphibie. La configuration stratégique est telle qu'il n'y a plus lieu de lutter pour acquérir la maîtrise temporaire et locale de la mer pour agir à terre. Configuration stratégique tellement favorable que les priorités sont à terre où il y a toujours à faire. Les Etats-Unis pouvaient même imaginer descendre leur nombre de navire porte-avions de 15 (tentative d'apogée sous l'ère Reagan) à 8, voire 6 (projets de l'administration Obama avec Robert Gates comme secrétaire d'Etat à la Défense).

 

Pourquoi pas : si la Défense est le premier devoir de l'Etat, alors il nous incombe de nous adapter ?

 

La fin de l'Histoire ne s'est jamais produite. Mieux encore, certains peuples, certaines nations croient toujours au sens de l'Histoire. Tout du moins, les ambitions ne sont pas une denrée rare parmi des puissances émergentes. En tous les cas, l'expansion de leur économie en dehors de leurs frontières nationales se combine avec un volet maritime et naval.

 

Pékin développe des porte-avions. Pour un pays qui tente de récupérer toutes les coques de ces navires qui sont à démolire de par le monde, ce n'est pas une surprise qu'il y ait une ambition autre que de devenir le champion mondial de la déconstruction de porte-avions. La refonte de l'ex-Varyag puis l'apparition sur la toile de clichés montrant de nombreuses infrastructures terrestres liées au fait aéronaval atteste d'une volonté chinoise de s'approprier cet outil. De là à s'étonner que depuis 2006, la Chine communique à chaque grande étape sur la construction de trois porte-avions en plus de son "navire-école", c'est plus un aboutissement de près d'une trentaine d'années d'efforts qu'une surprise.

 

L'Inde ne désarme pas encore le vieux Viraat (1953-?). L'ancien joyau de la couronne britannique acquiert lui aussi un ancien porte-aéronefs soviétique : l'amiral Gorshkov qui devient depuis 2013 le Vikramaditya. Le programme Air Defense Ship puis Indigenous Aicraft Carrier vise, ce jour, à livrer deux unités à la marine indienne. Elles seront de conception locale (avec le concours de l'ingéniérie italienne). La première unité, le Vikrant, est espérée pour 2018. La seconde pour le milieu de la décennie suivante. Reste à savoir comment vont évoluer les ambitions aéronavales indiennes au fur et à mesure des années. Par exemple, l'Inde ne s'oriente actuellement que sur dans la filire STOBAR et non pas CATOBAR. En attendant, New Delhi table sur trois porte-avions d'ici à 2025.

 

L'Angleterre revient elle aussi sur le devant de la scène. Le concept de Sea Control ship incarné par la classe Invincible réduite de 6 à 3 navires n'a pu convaincre lors de la guerre des Malouines. A leur décharge, une seule de ces unités était alors en service : le HMS Invincible. Il devait être vendu à l'Australie quand éclata la guerre... Les deux porte-aéronefs en cours de finition ou de construction, de 65 000 tonnes à pleine charge, illustrent un retour à des ambitions aéronavales plus importantes. Le choix confirmé de la formule STOBAR et les problèmes rencontrés dans la mise au point du F-35 retarderont la montée en puissance du nouvel outil aéronaval de la Royal Navy. Et le rendez-vous de la refonte CATOBAR est toujours une question pendante de l'autre côté de la Manche.

 

Citons, pour terminer ce tour d'horizon, que l'Australie réfléchi à voix haute sur une possible reconstruction de ses deux navires amphibies achetés à l'Espagne en porte-avions, que la Russie maintient ses ambitions de remplacer et compléter le Kuznetsov, tout comme le Brésil qui souhaite au moins remplacer le Foch avec l'intérêt de l'Argentine, que le Japon et la Corée du Sud construisent et mettent en service de lourds porte-aéronefs ou que la France devra se pencher sur le cas du second porte-avions assez rapidement...

 

Le basculement océanique mondial ainsi que le pivotage d'une partie des forces américaines de la façade Atlantique à l'Asie du Sud-Est invite à reconsidérer des espaces qui ne sont ni des lacs américains ni des lacs otaniens. Le porte-avions était contesté du fait de l'existence d'une stratégie d'interdiction, notamment et surtout portée par la Chine, qui devait le condamner. Stratégie d'interdiction qui ne fait qu'imiter ce que développait l'URSS face à l'US Navy dans les années 70 et 80 du XXe siècle, période où le porte-avions n'était pas non plus abandonné.

 

De plus, l'acquisition d'un outil aéronaval hauturier par des puissances navales émergentes déplaçe l'horizon des confrontations navales potentielles de demain. La menace d'une fleet in being, quelles que soit ses capacités, rendra impératif de considérer et la menace d'un groupe aéronaval en pleine croisière avant d'envisager une action à terre, tout du moins, sans consacrer les moyens nécessaires à une maîtrise locale et temporaire de la mer. C'était l'exemple britannique en 1982 où la Royal Navy ne trouvait pas le porte-avions argentin.

 

A partir de 2015 et la rencontre du porte-avions Charles de Gaulle avec un ou deux porte-avions Indien, voire une possible croisière lointaine du porte-aéronefs chinois, nous pourrions assister à une reconsidération de la nécessaire acquisition d'une maîtrise temporaire et locale de la mer afin de projeter une force aéroamphibie contre un littoral ou pour utiliser tout simplement les communications maritimes. Dans pareil cadre, le rôle du porte-avions pour acquérir ou défendre cette maîtrise risque fort d'être reconsidéré.

 

Faudra-t-il invoquer l'effet mimétique ou l'incapacité de trouver un autre outil que la projection de la puissance aérienne depuis la mer pour expliquer la reconsidération de ce navire ? En tous les cas, nous pourrions très bien voir surgir des débats aux Etats-Unis sur un nombre de porte-avions trop bas. Tout comme les croisières des unités indiennes, chinoises et anglaises stimuleront de nouvelles diplomaties navales qui changeront les regards portés sur la maîtrise des espaces maritimes. En 2022, nous serons dans une toute autre configuration stratégique...

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10 février 2015 2 10 /02 /février /2015 12:54
Cyberespace : arène d’affrontements informationnels et enjeu d’affrontements normatifs

 

09.02.2014  Alice Lacoye Mateus - globale-defense.aege.fr

 

Estonie, Géorgie, Stuxnet, JP Morgan… ces termes évoquent des cyberattaques multiples et appréhendées avec difficultés. Le cyber cristallise des conflits informationnels à plusieurs niveaux : sabotage, espionnage, subversion .

Les acteurs étatiques s’affrontent actuellement sur le droit applicable à ces opérations. La conflictualité informationnelle, cristallisée par le cyberespace, est difficilement appréhendée par le droit international. La difficulté à déterminer le régime applicable (droit de la guerre, pénal…) est complexifiée par la dimension politique que les cyberconflits acquièrent au niveau international ainsi que l’absence de conceptualisation de cette conflictualité dont la nature de la violence, des acteurs et de leurs stratégies défient des principes occidentaux tels que la séparation public-privé, ennemi intérieur-extérieur…

La remise en cause de ces paradigmes politiques, notamment dans un contexte d’affrontements étatiques, induit, ou est instrumentalisée afin d’induire, des évolutions conceptuelles majeures au sein du droit international public et, par conséquent, des régimes applicables aux cyberopérations.

L’idée est ici d’analyser les lignes de force de ces affrontements normatifs issus de la cyberconflictualité, en recherchant les causes politiques profondes de cette dynamique[…]


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10 février 2015 2 10 /02 /février /2015 11:50
Pour une politique industrielle de défense européenne

 

10/02/2015 Par Noël Farnault, stagiaire de la promotion Maréchal Leclerc, Ecole de guerre – LaTribune.fr

 

Construire une Europe de l'industrie de la Défense est plus que jamais essentiel. Si les gouvernements ne le font pas, les industriels s'y résoudront, au risque de voir passer au second plan les enjeux stratégiques.

 

La croissance économique est proche de zéro en France mais également dans de nombreux pays européens. La plupart des économistes s'accordent à dire que les taux de croissance de 6 à 7 % connus avant les chocs pétroliers risquent de rester de simples souvenirs. Sans aller aussi loin, la France peine à atteindre une croissance à peine positive et les prévisions ne sont pas optimistes. Dans ce contexte économique morose, il convient d'analyser les impacts sur notre industrie de défense. Acteur essentiel de notre autonomie stratégique, notre industrie de défense, a permis la modernisation de nos armées. Dans des domaines aussi variés que la dissuasion, l'aviation de chasse jusqu'aux SNLE(1), nos industriels sont à la pointe de la technologie. Cependant, cet aboutissement est le fruit d'une vision stratégique qui a abouti grâce à des efforts économiques conséquents et réguliers, efforts peu compatibles de la situation économique prévisible à moyen terme.


Pourquoi concrétiser la défense européenne ?

Que l'on soit pro-européen ou non, il semble admis que l'Europe, en tant que puissance économique est une réussite. Au vue de sa relative jeunesse, les initiatives lancées à six ont permis d'établir à 28, en un temps record, une zone de libre échange suivant des normes et des règlements communs. Néanmoins, en terme de défense, force est de constater que l'Europe ne pèse pas sur la scène internationale. Certes elle s'est dotée d'une politique de gestion de crise aussi bien militaire que civile, cependant, elle n'a pas de moyens dédiés et fait appel aux états membres pour constituer les forces d'intervention. Cette absence de moyens prive l'UE d'une autonomie stratégique primordiale.

La crise ukrainienne en est la preuve indéniable, aux portes de l'Europe, la stratégie de l'UE ne repose que sur les sanctions économiques. Le manque de leadership de l'UE est prégnant, tout comme il l'était lors des opérations en Lybie ou au Mali.

 

Trois raisons principales

Trois raisons principales imposent de concrétiser la défense européenne. Dans un premier temps, le recentrage de la politique américaine vers le pacifique, avec une nette volonté de voir l'Europe assurer sa défense et sa sécurité. Les États-Unis ne souhaitent plus être l'unique gendarme du monde, à l'UE maintenant de prendre en compte les crises européennes et de reprendre sa place de « gendarme de l'Afrique ».
Dans ce contexte, la dégradation du contexte sécuritaire du bassin sud méditerranéen, s'impose aux pays de l'UE. Elle met clairement en évidence les lacunes capacitaires et institutionnelles de l'UE, et souligne la nécessité de se doter d'une stratégie et de moyens dédiés.
Enfin, dans un contexte de crise économique, la baisse des budgets de défense de l'ensemble des pays de l'UE est notable et impose aux industriels de la défense, de se tourner vers l'exportation.


Les enjeux du développement d'une industrie de défense européenne

Les conflits en Libye mais également au Mali ou en Irak mettent en évidence les lacunes capacitaires de l'UE. Elles sont nombreuses, nombre insuffisant d'avions ravitailleurs, absence de moyens SEAD(2), manque de drone, capacités ISR3insuffisantes, faible protection anti-missile...L'UE est incapable d'intervenir seule sans l'aide de l'OTAN ou des Etats Unis.
Il est illusoire pour un état d'acquérir et maintenir seul l'ensemble de ces capacités.

L'unique solution repose sur un effort financier concerté, une politique de recherche et de développement commune, et la volonté politique de développer des programmes industriels communs. Excepté les Etats-Unis, aucun pays ne dispose de l'ensemble des capacités nécessaires pour mener un conflit d'envergure. L'établissement d'un outil de défense européen est le gage d'une autonomie stratégique militaire qui permettrait à l'UE d'assumer ses responsabilités sur la scène internationale.

 

La survie d'un secteur industriel essentiel

Au delà des enjeux capacitaires et géopolitiques, il en va de la survie d'un secteur industriel essentiel. Comment croire que la France pourra seule construire le successeur du Rafale tout en améliorant son arsenal nucléaire et construire un successeur au « Charles De Gaulle »... Les programmes modernes, à l'image du programme F-35, atteignent fréquemment des coûts prohibitifs et respectent rarement les délais. Les risques sont nombreux, aussi bien financiers que technologiques. Dans un contexte économique morose, il semble compliqué pour un État seul d'assumer ces risques. Face à la domination de l'industrie américaine, combinée à la concurrence des pays émergents, ce sont des secteurs entiers de l'industrie de défense qui pourraient disparaître.

 

Conduire des programmes internationaux

Cependant, ceci n'est pas une fatalité. L'établissement d'une politique industrielle de défense n'est certes pas une tâche aisée mais doit être réalisable. Conduire des programmes internationaux est bien plus compliqué, mais la réussite de l'A400 M ou du NH90 démontre que nous pouvons les mener à terme avec succès. L'UE s'est dotée d'organismes pour mener les programmes européens (OCCAr (4)) et d'agences afin de faciliter les échanges et le partage de données, l'Agence Européenne de Défense(5) est devenue une réelle plateforme d'échange, de réflexion et de génération de projets.

 

Un marché européen gigantesque

 Les processus et les structures se mettent en place mais il manque une réelle volonté politique se traduisant par des actes fondateurs. A quand un porte avion européen, un avion de chasse européen, un char européen, un drone européen, une dissuasion européenne... Le marché est gigantesque, 28 pays, 3000 avions de chasse, 1500 avions de transport, 6500 chars et plus de 1,5 million de combattants à équiper. De plus, même dans cette période économique de crise, il reste de l'argent. Les pays européens ont investi 8 milliards d'euros dans le développement du programme F-35, soit 75% du coût total du développement du Rafale.

Les initiatives se développent, la signature par les ministres de la défense anglais et français d'un contrat sur le système aérien de combat du futur est encourageant, mais ne faut-il pas aller au-delà des alliances bilatérales ?

Avons-nous seulement le choix? Si les états de l'UE n'établissent pas une politique industrielle commune de défense, les industriels le feront. Le risque est alors de voir les enjeux stratégiques des États passer après les seuls enjeux économiques et de voir se creuser les lacunes capacitaires européennes. La crise ukrainienne doit faire évoluer notre approche des conflits sur le continent européen. Au vue de cette crise, la construction d'une Europe de la défense s'impose comme une évidence, mais sans politique industrielle européenne de défense, aucune autonomie stratégique ne sera vraiment acquise.

 

1 Sous-marin Nucléaire Lanceur d'Engins
2 Suppression of Enemy Air Defenses
3 Intelligence, Surveillance, and Reconnaissance
4 Organisation Conjointe de Coopération en matière d'Armement
5 Agence Européenne de Défense

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10 février 2015 2 10 /02 /février /2015 08:45
Contre-insurrection : étude n°36 de l'IRSEM et de HotFoot à LightFoot

 

09.02.2015 par Laurent Touchard - CONOPS

La lecture de l'étude numéro 36 de l'IRSEM, La stratégie américaine en Afrique, sous la direction de Maya Kandel, me donne l'occasion de revenir sur le concept de « l'empreinte légère » particulièrement bien présenté à l'aulne de l'Afrique via l'étude mentionnée. Si l'Afrique constitue bien un laboratoire de la smart power  qui s'appuie sur le concept de l'empreinte légère, les éléments constitutifs dudit concept existent depuis des décennies. L'innovation consiste à les avoir assemblés et structurés comme ils ne l'avaient jamais été auparavant1. En l'occurrence, l'adage « faire du neuf avec du vieux » décrit très bien la démarche américaine.

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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 08:55
L’Echo du mois avec l’Amiral Forissier - Les défis de l'Archipel France

 

6 février 2015 Le Fauteuil de Colbert

 

L’Echo du mois permet d’échanger, au travers d’une interview,  avec des personnalités dont l’action s’inscrit dans les thèmes relatifs à la stratégie, à ses diverses variantes, à ses évolutions technologiques et à leur influence sur celle-ci.

 

L'amiral Pierre-François Forissier est né à Lorient en 1951. Admis en 1968 au Collège Naval de Brest, il intègre la promotion 1971 de l’Ecole Navale. Entré aux forces sous-marines en 1975, il y a effectué une carrière complète entre Toulon, Brest et Lorient en servant à bord de tous les types de sous-marins opérationnels. Il a commandé l’équipage rouge du sous-marin nucléaire d’attaque Rubiset l'équipage bleu du sous-marin nucléaire lanceur d’engins le Tonnant.

Également marin de surface, il a exercé comme jeune officier les fonctions d’officier en second de la 20ème division de dragueurs et du dragueur Glycinepuis, étant capitaine de frégate, celles d’officier de manœuvre du porte-avions Foch. Promu officier général en 2001, il a été amiral adjoint territorial au commandant de la région maritime Atlantique puis amiral commandant les forces sous-marines et la Force Océanique Stratégique (ALFOST) avant de devenir, en 2005, major général de la Marine. Il a été chef d’état-major de la Marine du 4 février 2008 au 12 septembre 2011.

 

Quatre SNLE de classe Ohio ont été reconvertis dans l’US Navy en SSGN. Les nouveaux SNA de classe Iassen de la Marine russe embarquent une grande variété d’armes. Les frontières entre plateforme de dissuasion et sous-marin d’attaque semblent de plus en plus ténues. L’ancien sous-marinier que vous êtes y voit-il une convergence vers un sous-marin très polyvalent ou une nécessaire redéfinition des missions de chacun ?

La mission de dissuasion, selon la doctrine française, est, pour la composante océanique, exclusive de toute autre. En effet cette composante constitue la capacité de frappe en second après une première attaque désarmante à l’encontre de la France. Le paramètre essentiel est alors le nombre de têtes nucléaires survivantes à la mer après une telle attaque. C’est ce qui conditionne la permanence à la mer et le nombre d’armes déployées sachant que la dissuasion n’est pas assurée par les SNLE à quai mais uniquement par ceux qui sont réellement en patrouille c’est-à-dire dont la position n’est ni connue, ni prévisible.

Enfin, il n’est pas envisageable d’embarquer des armes nucléaires à bord des sous-marins d’attaque sauf à renoncer à la doctrine française qui n’envisage pas l’utilisation tactique de ces armes qui sont réservées exclusivement à la frappe stratégique. Les frontières entre les deux types de plateformes sont donc parfaitement claires et pérennes.

 

Il est parfois reproché à la Marine de porter deux ambitions stratégiques aux logiques pas toujours compatibles. Son rôle à l’échelle de l’Archipel France est similaire à ceux de l’Armée de Terre et la Gendarmerie en métropole. Est-ce que cette double logique (intervention et sécurisation) peut conduire à scinder la Marine en deux (marine de guerre et marine garde-côtière) ?

Tout d’abord la Marine Nationale ne porte par elle-même aucune ambition sauf celle qui lui est assignée par les autorités politiques. Le choix d’avoir une Marine Nationale qui n’est pas seulement une armée de mer a été fait par trois pays européens, la France, le Portugal et le Danemark, essentiellement pour des raisons géographiques. Ces Etats ont en effet à intervenir dans des zones de responsabilités qui se caractérisent par une forte densité de trafic et des conditions de mer fréquemment difficiles qui nécessitent d’intervenir, par mauvais temps, avec des grands bâtiments de haute mer. Le coût de deux composantes maritimes de haute mer n’étant pas supportable par ces pays, c’est la Marine Nationale de chacun de ces états qui remplit ces deux types de missions. Il s’agit là d’une saine économie des moyens et d’une organisation optimisée qui nous est enviée par beaucoup et même par les USA qui, faut-il le rappeler, possèdent un corps de garde-côtes militaires qui a vocation, en temps de guerre, à réintégrer l’US Navy. Aujourd’hui, la limite entre temps de guerre et temps de paix étant devenue particulièrement floue une telle organisation a perdu l’essentiel de sa pertinence. Il serait absurde de l’adopter aujourd’hui en France et c’est une des raisons qui ont conduit notre pays à développer la notion de « fonction garde-côtes » qui privilégie la coopération inter-administration plutôt que la duplication organisationnelle.

 

Suite de l'entretien

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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 17:50
NATO after the Wales Summit: Back to collective defence - SEDE

 

16-01-2015 SEDE

 

Further information Briefing: NATO after the Wales Summit

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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 17:45
Boko Haram: religion et frontières en Afrique


05.02.2015 notes-geopolitiques.com
 

Secte islamiste, gang criminel ou rébellion ethnique ?

 

En matière d’islamisme radical, les projecteurs sont assez naturellement braqués sur la France, victime des récentes attaques terroristes que l’on sait. Et assez régulièrement, compte tenu des mises en scènes macabres d’exécutions d’otages occidentaux, sur l’Etat islamique en Irak et en Syrie (Daesh). Tel n’est pas le cas de Boko Haram, dont les massacres sans précédent semblent se dérouler dans une quasi-indifférence générale. 

La « secte islamiste » serait pourtant déjà responsable de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés selon Samuel Nguembock, chercheur associé à l’IRIS, dans une récente interview à Challenges (21/01/2015).

Si l’appellation de ce groupe est désormais connue, c’est moins le cas de sa nature profonde, de ses objectifs, des risques sécuritaires qu’il fait peser sur une région de plus en plus vaste, aux confins du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Niger – où sont positionnées les troupes françaises de l’opération Barkhane

Derrière les revendications politico-religieuses – l’édification d’un califat au nord du Nigeria -, de quoi Boko Haram est-il réellement le nom ?

Le 10 janvier 2015 a marqué un nouveau palier dans la campagne de terreur menée par les insurgés islamistes de Boko Haram au nord du Nigeria. Sur le marché de la ville de Maiduguri, l’explosion d’une bombe portée par une fillette de 10 ans, sans doute inconsciente du danger, a fait 20 morts – dont la fillette – et 18 blessés.

Des attaques suicides dans les agglomérations nigérianes s’étaient déjà produites – mais pas encore en utilisant des enfants. L’emploi de telles « bombes humaines », de même que le rapt et l’esclavage de populations entières (cf. l’enlèvement de 276 lycéennes à Chibok en avril 2014), attestent de la volonté de s’inspirer des pratiques les plus violentes qui gangrènent le Proche et le Moyen Orient.

« Les gens de Boko Haram veulent être considérés par leurs pairs comme des jihadistes dignes de ce nom », observe Andrew Pocock, haut-commissaire britannique au Nigeria cité par The Daily Telegraph (10/01/2015).

L’offensive des 7 et 8 janvier en direction de petites villes des rives du lac Tchad, comme Baga, avait déjà été particulièrement meurtrière. Avec 2146 victimes, le mois de janvier 2015 constitue d’ailleurs un pic dans les exactions de Boko Haram.

Les spécialistes attribuent cette flambée de violence à l’approche des élections présidentielle et législatives nigérianes, fixées au 14 février.

Mais aussi à une anticipation d’une réaction militaire régionale, l’objectif du groupe terroriste étant d’élargir et consolider le plus rapidement possible sa base territoriale.

 

Origines et expansion de la secte…

Boko Aram signifie littéralement « le blanc – sa culture – est impur ». Fondée en 2002 par Mohamed Yusuf, un prédicateur né dans les années 1970, cette secte religieuse prône un islamisme radical et rejette « l’impérialisme occidental » – dont le pouvoir central d’Abuja serait un « suppôt ».

C’est en effet à Maiduguri, capitale de l’Etat septentrional de Borno, que Yusuf prêche. Au sein d’un Nigeria fédéral, la constitution permet déjà l’application officielle de la charia dans cet Etat, ainsi que dans huit autres dans le nord du pays à majorité musulmane, essentiellement sunnite.

Trois autres Etats appliquent la charia dans certaines régions à forte population islamique. Ce mouvement d’ »islamisation par la loi » s’est opéré rapidement, en 1999-2000 principalement, mais non sans heurts.

Il a constitué un terreau manifestement favorable à l’apparition de cette secte fondamentaliste.

Mais c’est à partir de 2009, avec la mort de Yusuf, consécutive à une opération militaire, que Boko Haram opère sa mutation. Le groupe est repris par Abubakar Shekau et se radicalise très fortement. Il bascule dans le terrorisme et déborde des frontières du Borno.

En mai 2013, l’état d’urgence est instauré dans les trois Etats de Borno, Yobe et Adamawa. Mais l’armée nigériane, rongée par la corruption et l’incompétence, est incapable d’enrayer l’explosion de la violence. Ni même l’expansion de Boko Haram, qui contrôle aujourd’hui un territoire de près de 50 000 km2 – soit l’équivalent de la Belgique !

David Blair, dans l’article du Daily Telegraph précité, explique que « les combattants de Boko Haram tiennent désormais 11 gouvernements locaux, ce qui représente une population de 1,7 million de personnes. Le domaine de Boko Haram s’étend des monts Mandara, à la frontière orientale avec le Cameroun, au lac Tchad, dans le Nord, et aux rives de la Yedseram à l’Ouest ».

Ce qui permet la réactivation des antiques routes de trafic – y compris d’êtres humains – en direction du Sahara…

 

Une menace sécuritaire de dimension régionale

« Pour prospérer, le mouvement a notamment profité d’une grande porosité des frontières, de l’absence de contrôle territorial et de la corruption qui gangrène l’armée nigériane. Il a ainsi pu capter une part des ressources naturelles de la zone pour se financer de manière autonome en parallèle du soutien d’organisations salafistes.

Par ailleurs, le chaos en Libye, suite à la guerre menée pour faire tomber Mouammar Kadhafi, a permis à Boko Haram de ramener de nombreuses armes », explique Samuel Nguembock, de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) dans un récent entretien au magazine Challenges.

En décrétant, en septembre 2014, l’instauration d’un califat sur le modèle de l’Etat islamique, et en commençant à sévir au Cameroun, Boko Haram est devenu un problème régional, qui concerne également le Tchad et le Niger.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique (175 millions d’habitants) et désormais première puissance économique du continent, garantit en effet la stabilité d’une vaste zone charnière entre Afrique de l’Ouest et Afrique centrale.

Venir à bout de la secte s’annonce difficile, et pourrait nécessiter l’appui de la communauté internationale. « Le plus efficace serait de mettre à profit l’opération Barkhane » menée par les troupes françaises contre les groupes djihadistes armés au Sahel, estime encore Samuel Nguembock. N’Djamena, la capitale tchadienne proche de la frontière avec le Nigeria, est à la fois le siège du QG de la force Barkhane et d’une cellule de coordination pour la lutte contre Boko Haram (Abuja abritant une cellule régionale de fusion du renseignement).

La France « dispose de moyens de renseignements sophistiqués, de drones, d’une aviation militaire et de technologies de pointe qui pourraient être utiles à la mobilisation contre Boko Haram », précise encore le chercheur. Reste qu’un engagement des troupes au sol, c’est-à- dire l’ouverture d’un nouveau front terrestre à l’heure où l’armée est déployée comme jamais sur le sol national, dans le cadre du plan Vigipirate « alerte attentat », apparaît inenvisageable à court terme. D’ailleurs, ici moins qu’ailleurs, la solution ne saurait être militaire – ni même strictement sécuritaire.

 

Fondamentalisme ou insurrection fondamentalement ethnique ?

Les racines du problème posé par Boko Haram s’inscrivent certes dans la résurgence d’un « jihadisme global », dans cette dynamique fontamentaliste et radicale qui travaille l’Oumma. Mais les facteurs propres au Nigeria sont prédominants. S’y ajoute en effet la réminiscence du vieux sultanat Haoussa de Kano, devenu vassal du califat de Sokoto dès 1805, mais absorbé définitivement par le Nigeria qu’en 1967 (cf. note CLES n°143, Le retour des « guerres de religion »?, 16/10/2014).

Il ne faut pas oublier non plus la violence qui caractérise le jeu politique interne du pays, certains politiciens du Nord n’ayant jamais hésité à utiliser voire susciter des groupes d’hommes de main pour éliminer leurs adversaires – quitte à leur mettre sur le dos des actes dont ils ne sont pas les auteurs…

Reste que Boko Haram est devenu une menace militaire sérieuse, avec près de 4 000 combattants parmi ses 30 000 à 40 000 membres. Il est à la fois une branche du jihadisme international, au sein d’un « arc islamiste sahélien » en ébullition, un gang criminel, se finançant par toutes sortes de trafics, de vols et d’extorsions (dont de véritables « raids de négriers »), et le bras armé d’une insurrection de nature tribale (kanuri).

Cette dernière caractéristique, là encore omniprésente dans la politique nigériane, est essentielle pour essayer de comprendre l’évolution de la situation. Pour Bernard Lugan notamment, les fondamentalistes musulmans qui contrôlent le nord du Nigeria cherchent à exacerber la fracture ethnique entre le Nord et le Sud « afin d’imposer l’indépendance du Nord qui deviendrait ainsi un État théocratique » (cf. CLES n°136, La bande sahélo-saharienne en ébullition, 19/06/2014).

Mais « si tout le nord du pays est devenu une immense zone grise, [c'est] en raison des apparentements ethniques transfrontaliers. Les peuples haoussas, fulanis et kanuris s’entraident ou s’opposent au mépris des frontières étatiques ». C’est ce qui fait la force mais également les limites – ethniques, précisément – du groupe Boko Haram.

Autant il peut mener des raids au Cameroun, dont la frontière sépare artificiellement les Kanuris, autant il est bloqué dans ses actions vers le Sud, où sont majoritaires d’autres tribus, au sein des frontières étatiques nigérianes.

Ainsi, « au lieu d’être imposées par les militaires, les frontières du nouveau domaine de Boko Haram seront plutôt tributaires de la mosaïque ethnique du nord du pays », estime David Blair. « Shekau est sûr de pouvoir tenir le territoire où habitent ses frères kanuris, mais son pouvoir est plus faible là où d’autres groupes sont plus puissants.

Il a récemment dû se retirer de plusieurs bourgs dans l’Etat d’Adamawa, peut-être parce qu’ils sont habités par d’autres ethnies que les Kanuris. » Et le journaliste britannique de conclure :

« Boko Haram dispose de transports blindés, de canons antiaériens et de lance-roquettes, autrement dit, des armes lourdes d’une armée conventionnelle. Mais en dépit de toute cette puissance de feu, son expansion pourrait bien être endiguée par les frontières invisibles de l’ethnicité. »

 

A télécharger : Boko Haram: religion et frontières en Afrique

 

Pour aller plus loin:

  • « Boko Haram: une terreur sans limite?« , article de David Blair pour The Daily Telegraph, extraits traduits dans Courrier international n°1263, 14/01/2015 ;

  • « Boko Haram : pourquoi la question d’une action de la France se pose« , interview de Samuel Nguembock à Challenges, 21/01/2015 ;

  • « Le Nigeria au défi de Boko Haram« , in Questions internationales, n° 71, janvier-février 2015.

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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 21:50
"Armer l'Ukraine pour qu'elle se défende, pourquoi pas?"

 

1 février 2015 Arnaud Danjean - Le Journal du Dimanche

 

OPINION - Arnaud Danjean est membre (Parti populaire européen) de la sous-commission Sécurité et Défense du Parlement européen. Il appelle à un rééquilibrage du rapport des forces entre l'Ukraine et la Russie.

 

Depuis qu'un avion de ligne commercial a été abattu dans l'Est ukrainien l'été dernier avec ses 298 passagers à bord, chaque mois qui passe nous confirme que l'intensité du conflit ukrainien s'aggrave au lieu de la fameuse "désescalade" espérée. À chaque nouvelle étape, on réalise que la détermination et l'implication militaire russes sont sous-estimées. Jusqu'à l'automne, on pensait que l'annexion de la Crimée constituerait une prise "suffisante" pour Moscou, et qu'ils continueraient de souffler le chaud et le froid ponctuellement dans l'Est de l'Ukraine comme gages de négociation avec le gouvernement de Kiev.

 

Ils ne se contentent pas de tenir leurs bastions, ils grignotent aussi du territoire, kilomètre par kilomètre, ville par ville, jusqu'à viser Marioupol sur la mer d'Azov, ce qui permettrait d'avoir une continuité géographique de la Crimée jusqu'à la Russie. Aujourd'hui, les séparatistes appuyés par des milliers d'hommes des forces russes disposent théoriquement de suffisamment de leviers pour négocier un compromis avec les autorités de Kiev. Mais comme l'armée ukrainienne n'est pas en mesure de résister à leurs attaques, ce déséquilibre dans le rapport de forces installe les prorusses dans une logique d'impunité jusqu'au-boutiste. Où s'arrêteront-ils? À Kiev?

 

Il faut rééquilibrer le rapport de forces

 

La question se pose donc pour les Européens et l'Otan de savoir s'il faut aider les Ukrainiens à rétablir un équilibre dans le rapport de forces. J'y étais opposé l'an dernier, je pensais que la logique diplomatique pouvait prévaloir et également que l'armée ukrainienne avait, techniquement, davantage besoin de réformer son organisation interne minée par la gabegie et les dysfonctionnements.

 

Dès lors qu'il ne peut y avoir d'issue militaire à ce conflit et qu'il doit être réglé politiquement, il faut rechercher un compromis. Or celui-ci est impossible tant que les Russes et leurs sbires ont une telle supériorité militaire. Il faut donc rééquilibrer le rapport de forces pour empêcher l'effondrement de l'armée ukrainienne et pour que Kiev puisse négocier sans être soumis au chantage permanent de la poussée militaire russe.

 

Je ne suis pas certain que la France, si elle veut conserver avec l'Allemagne une capacité de dialoguer avec les Russes, soit la mieux placée pour livrer des armes aux Ukrainiens. En revanche, la Pologne et d'autres pays d'Europe centrale le souhaitent. L'Otan, avec laquelle l'Ukraine entretient un modeste partenariat, pourrait même auditer l'état-major ukrainien.

 

Ne risque-t-on pas d'alimenter ainsi l'argumentaire de Poutine selon lequel l'Occident veut la perte de la Russie? Cette mythologie qu'il a créée existe déjà et l'aide que nous devons à l'Ukraine n'y changera pas grand-chose. Rappelons que la Russie, au titre des traités internationaux, dont le mémorandum de Budapest, était censée, au même titre que d'autres puissances occidentales, être la garante de la sécurité et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine… La violation flagrante de cet engagement permet difficilement à Moscou de s'offusquer d'un éventuel soutien européen à Kiev.

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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 21:35
Il faut lire "Combats asymétriques en Afghanistan"


27.01.2015 par S.D. Lignes stratégiques - echoradar.eu
 

La lutte contre le terrorisme djihadiste ne date pas de cette semaine. Le 11 septembre 2001 a entrainé une nouvelle guerre en Afghanistan qui s’achève pour les forces françaises fin 2014. De ces années d’engagement controversées, qu’en reste-t-il ? Une première réponse qui dépasse ce simple cadre nous vient du colonel Gilles Haberey.

 

L’ouvrage Combats asymétriques en Afghanistan est préfacé par le général d’armée Bosser, chef d’état major de l’armée de Terre qui relève que chacun des enseignements contenus dans l’ouvrage « trouve en réalité un nouvel écho dans les fondamentaux des engagements opérationnels que l’armée de Terre conduit aujourd’hui dans d’autres régions du monde ».

 

Le livre est construit comme une mission avec trois grandes parties, la préparation (Le temps d’avant), l’exécution de la mission (Le temps de l’action) puis la remise en condition et l’évaluation (le temps d’après). La phase de préparation est détaillée ce qui constitue une mine d’informations pour qui ne connait pas les méthodes de préparation opérationnelle d’une unité. Le rôle de la préparation morale et intellectuelle apparaît comme fondamentale, ce que l’on enseigne depuis longtemps dans les écoles militaires mais qu’il est toujours bon de rappeler. Ceci est d’autant plus significatif que le bataillon est confronté à une insurrection et aux difficultés inhérentes à la guerre au sein des populations. Le souci d’associer les proches et les élus par des actions concrètes a fait parti intégrante de la préparation du bataillon «Wild Gease » (cérémonie de création à Clermont-Ferrand le 26 novembre 2011 dont l’ordre du jour est annexé). La préparation technique et tactique est évoquée. Elle fut longue, de plusieurs mois, et menée avec une rigueur sans rigorisme. La partie sur la préparation morale au combat est fondamentale, que ce soit le fait de devoir donner la mort, de la recevoir, …

 

Le temps de l’action est celui du combat. Et cette action fut particulière car il s’agissait de se retirer en bon ordre de Surobi, c’est-à-dire en étant relevé par des forces afghanes. « Un désengagement n’est pas un rien d’un banal déménagement ». Ce n’est pas une suite de récit d’escarmouches ou de combats plus conséquents mais bien le récit d’une mission dans toutes ses composantes. Le rôle des unités élémentaires y est décrit sur certaines actions choisies – montrant leur sang-froid et leur professionnalisme – par l’auteur mais celui des appuis et du soutien y est mis en valeur. La description ou plus exactement l’éloge du rôle de l’unité d’appui électronique, plus largement du renseignement, illustre parfaitement ce que cette fonction peut fournir au sein d’un groupement tactique interarmes au combat. Ce qui est particulièrement intéressant est la prise en compte de la planification par l’état-major et de la place des chefs par le commandement, dans des actions qui nécessite de maitriser l’emploi judicieux de la force. On peut résumer cette partie par l’assertion suivante : connaitre son terrain, son ennemi et soi-même puis s’engager avec des objectifs clairs et des actions maitrisées.

 

Le retour en France est le temps du questionnement après celui de l’action. Comment se réintégrer dans la vie personnelle et rependre la vie de garnison, comment se préparer à repartir en mission, comment honorer les hommes, comment capitaliser sur les efforts entrepris pour et dans cette mission ? On voit bien que les solutions ne sont pas simples et mécaniques. Encore une fois, le rôle de chacun est présenté sans faire un catalogue ou présenter un mode d’emploi. Finalement l’auteur se demande si la guerre en Afghanistan fut ou non un succès, ce que vous saurez en lisant le livre.

 

Qu’en penser ? Ce livre est plaisant à lire car il se caractérise par sa clarté et sa pédagogie. Il vous emmène progressivement dans toutes les phases de la mission. Des références régulières à des missions en Côte d’Ivoire ou au Liban permettent de donner une autre dimension aux réflexions, le plus souvent tactiques. D’emblée, la citation à l’ordre de l’armée du 92ème régiment d’Infanterie incite à découvrir l’histoire des Gaulois du bataillon d’Auvergne et de tous ceux qui les ont accompagnés. Ayant croisé le bataillon lors d’une partie de sa préparation et connaissant quelques militaires ayant servi au sein des Oies sauvages, je ne suis pas étonné que l’humilité, la rigueur et le professionnalisme décrits aient été un gage de réussite. Quel sera leur rôle dans l’Histoire ? Quel sera l’avenir de la Surobi après leur passage ? Au-delà de tout cela, je crois que s’il ne faut retenir qu’une chose, c’est le courage de ces hommes.

 

Lire aussi :

Présentation sur Lignes stratégiques

Interview sur Mars attaque

Sur defense.gouv.fr

 

Présentation de l’éditeur

A la suite de la mission qu’il a accomplie entre septembre 2011 et novembre 2012 en Afghanistan, Gilles Haberey décrit dans ce livre le long cheminement professionnel et humain qui lui a permis de transformer son régiment en unité d’élite plongée au coeur du combat. Au-delà de cette expérience, ce livre met aussi en lumière de précieux enseignements relatifs à la préparation et à la mise en oeuvre d’engagements effectués dans le cadre de combats asymétriques où une armée régulière se trouve confrontée à des opérations de guérilla. Qu’il conforte des certitudes, ouvre des pistes de réflexion ou suscite la contradiction, l’ouvrage de Gilles Haberey éclairera tous ceux qui ont à conduire des opérations militaires où la situation exige d’envoyer sur le terrain des hommes de coeur, de réflexion et d’action.

 

Biographie de l’auteur

Saint-Cyrien, breveté de l’Ecole de Guerre et titulaire d un troisième cycle universitaire de droit public international, Gilles Haberey a alterné au cours de ses vingt-huit années de carrière des affectations en unités de combat, en états-majors opérationnels et en écoles de formation. Il est actuellement en poste à l’Etat-major de l’Armée de Terre.

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1 février 2015 7 01 /02 /février /2015 12:50
State-sponsored hackers: hybrid armies?

 

30 January 2015 Patryk Pawlak, Gergana Petkova Alert - No5 - EU ISS

 

Cyber-attacks are rarely disconnected from political realities. CyberBerkut – a pro-Russian group of ‘patriot’ hackers – has, for example, hacked German government websites in retaliation for the political support offered to Kiev by Berlin. The Syrian Electronic Army – a hacker collective thought to be linked to Syrian President Bassar al-Assad – regularly targets Western media outlets, most recently Le Monde.

Due to this blurring of the virtual and physical worlds, governments, which are familiar with stateless actors such as al-Qaeda or the Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL), may now have to learn to deal with equally hostile, amorphous and often state-sponsored ‘hacktors’.

 

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31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 12:40
Hybrid tactics: neither new nor only Russian

 

30 January 2015 Nicu Popescu Alert - No4 - EU ISS

 

Since the annexation of Crimea in March 2014, the spectre of ‘hybrid’ tactics (or threats) is haunting both European and American security debates. This seems to suggest that this is a new, highly effective form of warfare which poses complex challenges to the EU, NATO, and their neighbours.

However, hybrid tactics are neither new, nor exclusively (or primarily) Russian invention. They are as old as war itself, and Western states have often used elements of it quite effectively, at least on a tactical level.

 

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29 janvier 2015 4 29 /01 /janvier /2015 16:55
Géopolitique des systèmes d’information

 

29.01.2015 par Jean-François Fiorina - notes-geopolitiques.com

 

Polytechnicien, spécialiste de cryptographie, Guillaume Poupard est le directeur de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), service interministériel redoutablement efficace rattaché au Premier ministre. 

Face aux multiples menaces cybernétiques, l’ANSSI défend non seulement nos intérêts vitaux, mais aide les entreprises françaises à relever les défis de la guerre économique. Car contrairement à certaines idées reçues, Internet et le monde informatique n’ont pas effacé les frontières.

Et c’est bien à une naissance d’une géopolitique du cyberespace, ancrée dans le réel, que nous assistons. Les récents et tragiques événements de ce mois de janvier le confirment.


 

Quel est votre parcours et comment êtes-vous arrivé à la tête de cette prestigieuse institution qu’est l’ANSSI ? Quelle est votre mission ?

Polytechnicien et ingénieur de l’armement option recherche, j’ai toujours été passionné par la cryptographie, au point d’avoir soutenu une thèse de doctorat en 2000 en ce domaine à l’École normale supérieure de Paris. J’ai tout naturellement commencé ma carrière comme expert puis chef de laboratoire de cryptographie à la Direction centrale de la sécurité des systèmes d’information, l’ancêtre de l’actuelle Anssi, Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. En 2006, j’ai rejoint le ministère de la Défense, en me spécialisant dans la cyberdéfense, avant de rejoindre la Direction générale de l’armement (DGA) comme responsable du pôle « Sécurité des systèmes d’information ». En mars 2014, j’ai eu le plaisir de revenir à mes origines en étant nommé directeur général de l’ANSSI.

S’il est vrai que nous comptons beaucoup d’ingénieurs dans les rangs de l’ANSSI, nous nous efforçons cependant d’ouvrir nos rangs à des spécialistes venant d’autres horizons. Le domaine de la sécurité est certes marqué du sceau de la technique, mais l’on ne peut se cantonner à la seule logique du technicien. Il est au contraire souhaitable de bénéficier du savoir-faire et de l’expérience de spécialistes issus d’autres champs d’activités, comme les sciences humaines par exemple.

D’autant que la mission de l’ANSSI couvre de larges domaines. En effet, autorité nationale en matière de sécurité et défense des systèmes d’information, l’ANSSI est interministérielle, placée sous l’autorité du Premier ministre.

De la sorte, notre perception est globale et notre sphère d’activité s’étend bien au-delà des traditionnelles questions de défense et de sécurité. Nous travaillons ainsi en étroite collaboration avec différents ministères – comme Bercy ou les Affaires étrangères – qui ont les uns et les autres de plus en plus de choses à nous apporter.

Les menaces cybernétiques s’étendent désormais tous azimuts. Nos industries – qu’elles soient grandes ou petites – sont toutes concernées, car leur savoir-faire comme leur patrimoine peuvent être pillés.

La sécurité informatique est vitale. D’ailleurs, nous observons le développement d’une industrie dédiée à ces questions, non seulement en France mais également en Europe, à même d’apporter des réponses concrètes. Notre action vise donc tout à la fois à susciter une offre en ciblant la réalité des menaces et à répondre à la demande avec des produits et services appropriés. Enfin, nous pouvons être amenés à conduire nous-mêmes des opérations très concrètes. Raison pour laquelle, au-delà des fonctions de prévention et de conseil, nous avons ajouté une capacité opérationnelle à nos compétences.

 

Dans notre monde globalisé, les menaces sont nombreuses et en perpétuelle évolution, ce qui doit singulièrement compliquer votre tâche…

Les menaces évoluent sans relâche, à l’échelle planétaire. D’où la nécessité de les déceler au plus tôt, voire de les anticiper, pour que les usages soient sécurisés. Nous avons d’excellents experts, qui sont tout à la fois capables de gérer des dossiers confidentiels, voire classifiés, tout en gardant une très grande ouverture sur le monde extérieur.

C’est un positionnement quasiment schizophrénique pas toujours aisé à assumer j’en conviens, mais nos experts sont solides et recrutés sur des critères très précis. D’autant que nous les incitons simultanément

à consacrer une large part de leur temps à la recherche et à publier dans des revues académiques, ce qui nous permet de les maintenir à bon niveau. Voilà pour l’aspect expertise. Nous offrons aussi des prestations de conseil à toutes sortes d’interlocuteurs, ce qui nous oblige à moduler et adapter notre discours.

Les dirigeants, dans leur immense majorité, sont réceptifs à notre discours, ils savent que si leur entreprise a une valeur, c’est qu’elle détient de l’information, un savoir-faire, qu’il convient de protéger. Si l’entreprise est pillée ou attaquée, il y a un impact souvent capital pour sa survie.

Longtemps, le sujet de la sécurité a été cantonné aux seuls techniciens. La tendance s’est inversée. On observe une prise de conscience des dirigeants qui sentent bien que le monde a évolué. À nous de fournir la réponse adaptée à la taille et aux activités de l’entreprise. On n’agira donc pas sur le même mode pour une PME ou pour une entreprise d’envergure internationale œuvrant sur un créneau stratégique.

De même, nous notons un vrai intérêt de la part des parlementaires pour notre travail. Ils contribuent à faire évoluer la loi pour que nous puissions agir efficacement dans un cadre juridique approprié. La loi ne doit pas être un frein à la cyberdéfense, bien au contraire, démarche fort bien comprise par les parlementaires français.

Enfin, dans l’univers complexe de la sécurité des systèmes d’information, notre rôle est aussi d’orienter ces dirigeants sur des produits ou des prestataires de confiance.

Nous leur proposons des labels officiels, des qualifications. À cet égard, nous ne faisons preuve d’aucun manichéisme : certaines offres françaises sont refusées et d’autres, étrangères, sont validées. C’est la compétence et la confiance qui sont retenues comme critères-clés. Cette sélection se fait sous notre responsabilité.

 

Suite de l'entretien

 

 

Pour en savoir plus sur Guillaume Poupard

Depuis mars 2014, Guillaume Poupard est le directeur général de l’ Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information ( ANSSI).

Ancien élève de l’École polytechnique (promotion X92), ingénieur de l’armement (option recherche), il est titulaire d’une thèse de doctorat en cryptographie réalisée sous la direction de Jacques Stern à l’École normale supérieure de Paris, soutenue en 2000. Il est également diplômé de l’enseignement supérieur en psychologie.

Guillaume Poupard débute sa carrière comme expert puis chef du laboratoire de cryptographie de la Direction centrale de la sécurité des systèmes d’informa- tion (DCSSI), qui deviendra en 2009 l’ANSSI.

Il rejoint en 2006 le ministère de la Défense, toujours dans le domaine de la cryptographie gouvernementale puis de la cyberdéfense.

En novembre 2010, il devient responsable du pôle « sécurité des systèmes d’information » au sein de la direction technique de la Direction générale de l’armement (DGA), responsable de l’expertise et de la politique technique dans le domaine de la cybersécurité.

L’ ANSSI assure la mission d’autorité nationale en matière de sécurité des systèmes d’information. À ce titre elle propose les règles à appliquer pour la protection des systèmes d’information de l’État et de vérifier l’application des mesures adoptées.

Dans le domaine de la défense des systèmes d’information, elle assure un service de veille, de détection, d’alerte et de réaction aux attaques informatiques, notamment sur les réseaux de l’État.

Elle a notamment pour mission de : détecter et réagir au plus tôt en cas d’attaque informatique, grâce à un centre de détection chargé de la surveillance permanente des réseaux sensibles et de la mise en œuvre de mécanismes de défense adaptés aux attaques ; prévenir la menace, en contribuant au développement d’une offre de produits de très haute sécurité ainsi que de produits et services de confiance pour les administrations et les acteurs économiques ; jouer un rôle de conseil et de soutien aux administrations et aux opérateurs d’importance vitale ; informer régulièrement le public sur les menaces, notamment par le biais du site Internet gouvernemental de la sécurité informatique, lancé en 2008, qui a vocation à être le portail Internet de référence en matière de sécurité des systèmes d’informations.

S’agissant des produits et des réseaux de sécurité, elle est chargée : de développer et d’acquérir les produits essentiels à la protection des réseaux interministériels les plus sensibles de l’État ; de mettre en œuvre les moyens gouvernementaux de commandement et de liaison en matière de défense et de sécurité nationale, notamment le réseau Rimbaud et l’intranet Isis ; de délivrer des labels aux produits de sécurité.

 

 

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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 20:50
photo MIL.be

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27.01.2015 par Christophe Wasinski, professeur à l’Université libre de Bruxelles - RTBF.be
 

Le gouvernement belge a exprimé sa volonté de remplacer les chasseurs-bombardiers F-16 acquis à la fin des années 1970, un projet déjà évoqué par le ministre de la Défense Pieter De Crem sous la législature précédente. A cet effet, la Défense nationale a rédigé une demande d'information. Intitulé Preparation Survey, le document a été envoyé à cinq agences nationales chacune responsable de la gestion d'un programme avec, au cœur de ceux-ci, un appareil différent. Bien qu’elles n’aient pas (encore ?) été rendues publiques, la Défense aurait reçu des réponses à ces demandes. Un débat sur le sujet à actuellement lieu en Commission de Défense à la Chambre. Parallèlement, il faut rappeler que, depuis l'automne 2014, six F-16 belges ont été envoyés en Jordanie pour participer à des opérations de bombardement en Irak au sein d'une coalition organisée autour des États-Unis. Dans cette opinion, nous avançons l'hypothèse que ces deux événements font partie d'une seule et même problématique. Il n'est certes pas possible de démontrer que l'engagement belge en Irak a été consciemment décidé pour justifier l'importance du remplacement des F-16. Il est par contre essentiel de comprendre que l'intervention au Moyen-Orient et l’acquisition d'appareils s'intègrent dans un système aux conséquences particulièrement déstabilisatrices. De concert, ils amènent à questionner les orientations belges en matière de sécurité internationale. Explication.

 

L'instabilité actuelle au Proche et Moyen-Orient n'est pas un phénomène nouveau, loin s'en faut.

A moins d'être convaincu par les raisonnements réducteurs ou racistes qui considèrent que les causes sont la " culture arabe " et/ou la religion musulmane, on prendra en considération le contexte historique de cette instabilité[1].

En l’occurrence, on y verra en particulier la conséquence de la mise en place de régimes autoritaires soutenus avec plus ou moins de zèle par les États dits occidentaux depuis que la région est sortie du giron colonial. Plus précisément, ce soutien s'est largement exprimé à travers un système économique reposant sur des échanges d'armements contre pétrole.

Depuis des décennies, les États occidentaux n'ont en effet eu de cesse de vendre des armements aux potentats de ces États. Certains de ceux-ci se sont finalement retrouvés avec des forces armées imposantes sur le papier mais néanmoins peu efficaces sur le terrain.

Effectivement, ces achats ne semblent pas avoir toujours avoir eu pour rôle été d'obtenir le statut d’État le plus puissant dans la région mais plutôt de maintenir en permanence une présence de conseillers et autres techniciens étrangers, sorte de contingents militaires étrangers déguisés.

Pour le dire autrement, l'acquisition de matériel militaire, avec tout ce que cela comporte de potentiellement déstabilisant, a été conçu par certains hommes politiques de la région comme un outil diplomatique dont la finalité était de raffermir le soutien occidental aux régimes en place.

Au cœur de ce système, le pétrole qui permet aux dictatures de la région de financer les armes qui leurs assurent le soutien extérieur.

La mise en place de ce système se sédimente au cours des années 1970[2]. Deux phénomènes principaux l'expliquent. Tout d’abord, la fin des colonies et autres mandats internationaux rend " nécessaire " l'aménagement de nouveaux dispositifs d'exploitation. Ensuite, le fait qu'à cette époque apparaît une nouvelle et couteuse génération d’armes.

Les nouvelles armes viennent remplacer les stocks d’équipements hérités de la Seconde Guerre mondiale, et dont le développement a été justifié par les compétitions militaires contre l'Union soviétique.

Au passage, c'est approximativement aussi à cette époque que l'industrie d'armement française décide de ne plus tant miser sur des ventes à Israël et plus sur celles en direction des pays arabes[3]. Au cœur de ce système, des sociétés d'armement telles que Lockheed, Dassault ou encore la Fabrique Nationale de Liège.

Quelles sont les conséquences de ce système ? Tout d'abord, il permet le maintien de certains régimes autoritaires protégés de l'extérieur. L’Arabie Saoudite soutenue par les États-Unis constitue l'exemple par excellence. Ensuite, il nourrit la course aux armements.

Pour les États pris dans ce système fou qu'ils contribuent à faire fonctionner, il s'agit non seulement d'acquérir les armes les plus performantes mais aussi de les financer. Or le pétrole ne suffit pas toujours.

Dès lors, certains États s'endettent massivement. Ce fut le cas de l'Irak qui chercha en partie à rembourser sa dette en envahissant le Koweït en 1990. Comme on le sait, l’Irak fut ensuite défait par les États-Unis et leurs alliés, massivement équipés d'armes de nouvelles générations officiellement conçues pour lutter contre le Pacte de Varsovie.

Enfin, notons au passage que, souvent, entre autres pour financer cette course aux armements, on ne détruit pas ses vieux équipements. On les revend, contribuant ainsi à la diffusion du système dans des pays moins riches et pas toujours très démocratiques non plus.

Certes, n'accusons pas les fabricants d'armes de tous les maux. Dès lors que les États puissants mettent en compétition les fabricants pour leur fournir des équipements à " bon prix ", éventuellement en demandant d'importantes compensations économiques, comme la Belgique l'a naguère fait avec les F-16, ceux-ci n'ont parfois d'autres choix que de rattraper le manque à gagner en exportant, entre autres en direction du Proche et Moyen-Orient.

Plus encore, les spécialistes de ces questions ont souligné à quels points les fabricants, dans cet environnement très compétitif, sont tentés de recourir à la corruption. On se souviendra par exemple d’un certain scandale Lockheed ou de nombreuses allégations concernant Dassault.

Aujourd'hui, les chasseurs-bombardiers belges qui bombardent l'Irak se retrouvent entre autres déployés du fait de ce système politique et économique construit autour du commerce des armes.

Aujourd'hui aussi, afin de contribuer à la sécurité internationale, le gouvernement belge parle d'acquérir de très coûteux chasseurs-bombardiers de haute technologie. Pour ce faire, la Belgique se dit intéressée par des appareils produits par des sociétés, telles que Dassault ou Lockheed, qui ont été des rouages important de la déstabilisation du Moyen-Orient. Cherchez l'erreur.

 

[1] Anthony Simpson, The Arms Bazaar. From Lebanon to Lockheed, New York, Viking, 1977.

[2] Timothy Mitchell, Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l'ère du pétrole, Paris, La Découverte, 2013.

[3] Kenneth R. Timmerman, Death Lobby: How the West Armed Iraq, Londres, Bantham, 1992.

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 17:45
crédits Ouest-France

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19 janvier 2015 par Laurent Marchand – Tout un monde

 

La technique est vieille comme le monde. Pour peser politiquement tout en étant moins puissants militairement, les terroristes usent de la peur. Sans limite aucune. On l’a vu dans le conflit syrien où les moudjahidines se filmaient en train d’exécuter leurs horreurs. On l’a vu depuis un an avec la montée en puissance de Daech, qui filme les décapitations d’otages. Boko Haram est même allé plus loin en bardant une fillette de dix ans d’explosif pour un attentat téléguidé, ou en enlevant des dizaines de jeune femmes comme esclaves pour leurs mercenaires.

 

    L’horreur sert doublement ces seigneurs de la guerre. Sur le territoire qu’ils entendent contrôler, elle pétrifie toute opposition. Sur la scène médiatique mondialisée, elle effraye les opinions publiques, conditionne les classes politiques. L’horreur suscite en soi une hypertrophie de la menace réelle. Et il suffit d’un attentat pour l’alimenter.

 

    Cette pratique, toutes les branches du terrorisme islamiste en usent. Aqmi, Aqpa, Daech, Boko Haram. Outre le vernis délirant d’idéologie islamiste qui leur sert d’étendard, la violence est leur principal point commun. Pour le reste, le terrorisme islamiste est avant tout une nébuleuse. Sans structures pérennes.

 

    Tenues par des chefs de guerre souvent auto-proclamés, les organisations qui, du Maghreb au Proche Orient en passant par le Sahel, terrorisent l’Occident usent, en les renversant, de tous les instruments de la modernité.

 

    La société ouverte qui est la nôtre est vulnérable en certains points ? C’est là qu’ils portent le glaive. Internet ? Ils l’utilisent à plein. Pour endoctriner à distance les cibles mentalement fragiles qu’ils ont identifiées. Pour communiquer clandestinement. Pour communiquer à grande échelle leurs faits d’arme. Les armées conventionnelles avaient leur service cinématographique, les jihadistes trucident un smartphone à la main.

 

    La liberté de parole est notre sanctuaire ? C’est là qu’ils pointent les kalachnikovs. Le multiculturalisme notre défi sociétal ? Ils en attisent les contradictions. Le monde globalisé permet d’aller partout très vite ? Leur haine fait le même chemin en retour. Et comme toute guerre s’accompagne d’une guerre culturelle, le grand vecteur du soft power qu’est devenu internet est un espace décisif du nouveau front.

 

    90% des embrigadés basculent sur internet, affirmait récemment le ministre de l’intérieur à l’Assemblée. Les cyberattaques ne disent rien d’autres. Le monde, pour nous, s’est rapproché. Pour le meilleur et pour le pire.

 

    Une base physique, pourtant, est toujours nécessaire. Ben Laden privilégiait le réseau, tout en s’appuyant sur les terres afghanes. Daech, Aqmi, Aqpa et Boko Haram oeuvrent à conquérir des terres, tout en utilisant le réseau. En Irak, au Sahel, au Yémen, au Nord du Nigéria. Il sera difficile de faire cesser « ici » la menace sans éradiquer « là » ce qui constitue leur « base », qui se dit  « Al-Qaïda » en arabe.

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 08:50
photo European Parliament

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19 janvier 2015 par Jean Quatremer - Coulisses de Bruxelles

« Ce qui nous hante, ce sont les erreurs commises par les Américains au lendemain du 11 septembre 2001 : le « Patriot Act », la zone de non droit de Guantanamo, la torture, etc. » Pour ce membre de la Commission européenne, « Robert Badinter a parfaitement défini le défi auquel nous devons faire face : répondre au  terrorisme sans pour autant créer la société voulue par les terroristes ». « L'Europe doit être unie pour défendre ses valeurs et ses libertés. Mais nos actions devront être guidées par la réflexion, et non par la peur », a déclaré à Libération Dimitris Avramopoulos, le commissaire chargé de la sécurité intérieure. Une position de principe partagée par le Parlement européen qu’il ne va pas être facile de tenir : la pression des Etats membres va s’accroitre d’ici au sommet européen du 12 février afin que l’Union renforce rapidement sa législation répressive au nom de la sécurité sans égard excessif pour les libertés publiques...

 

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18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 08:55
photo ECPAD

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16 Janvier 2015 par Josée Pochat – V.A.

 

Pour l’ancien chef du service central de lutte antiterroriste du parquet de Paris, aujourd’hui député UMP des Français de l’étranger, les récentes attaques terroristes sont la riposte à nos engagements militaires extérieurs, notamment en Irak. Et ce n’est peut-être, malheureusement, qu’un début.

 

Pensez-vous que nous risquons d’autres attentats terroristes, après celui perpétré contre Charlie Hebdo ?

 

Chacun de nos compatriotes devrait avoir connaissance du journal Inspire, magazine de propagande de l’État islamique ou d’Al-Qaïda que l’on trouve sur Internet. Cela leur permettrait de comprendre les motivations de ce groupe terroriste et de voir quelles cibles il vise en France. Cela va aussi bien de la vallée de la Dordogne au défilé du 14 Juillet en passant par le musée du Louvre, etc. Je viens d’adresser une copie de ce magazine à M. Hollande afin qu’il ait clairement conscience du risque qu’encourent nos compatriotes. En Irak, avec une petite dizaine de chasseurs-bombardiers, nous lançons régulièrement des bombes téléguidées sur des objectifs de l’État islamique. Avoir un engagement militaire à l’étranger entraîne inévitablement des ripostes.

 

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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 13:55
Armée Francaise Horizon 2020 - infographie LeMonde

Armée Francaise Horizon 2020 - infographie LeMonde


15 Janvier 2015 Marine & Océans

 

Dans une interview accordée au site d'information Atlantico.fr, Michel Goya - colonel (er) de l'Armée de Terre, écrivain militaire, enseignant en histoire militaire à Sciences Po Paris et membre du Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique (CSFRS) - explique pourquoi la limitation des coupes dans le budget de la défense, annoncée hier par le Président de la République, ne suffira pas à l'armée française pour faire face à la guerre en cours. 

 

Atlantico : Concrètement, quels vous semblent être les besoins budgétaires de l'armée pour apporter une réponse efficace sur les terrains d'opération ?

 

Michel Goya : Il n'est pas inutile de rappeler que dans un pays qui produit pour plus de 2 000 milliards d'euros de richesse chaque année, moins de 50 sont prélevés pour assurer la défense de la France et des Français, pour environ 850 consacrés aux autres actions publiques et sociales. Pire, cet effort diminue régulièrement depuis vingt-cinq ans. Si, en termes de pourcentage du PIB, la France mondialisée faisait le même effort que la France de 1990, c'est entre 80 et 90 milliards qui seraient consacrés à la sécurité et à la défense. Autrement dit et alors que la guerre contre les organisations djihadistes, commencée dès les années 1990, prenait de l'ampleur, la France baissait la garde.

 

Lire la suite sur :http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-limiter-coupes-dans-budget-defense-ne-suffira-pas-armee-pour-faire-face-guerre-en-cours-michel-goya-1955627.html

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15 janvier 2015 4 15 /01 /janvier /2015 08:55
Contre-attaque

14 janvier 2015 par Michel Goya

L’Histoire tend à montrer que ce n’est bien souvent que lorsque la Patrie est en danger que la France consent à se transformer, comme s’il lui fallait obligatoirement toucher le sol pour pouvoir rebondir plus fort et casser les freins qui l’empêchaient de s’élever. L’épreuve qu’elle subit aujourd’hui, épisode le plus violent sur notre sol d’une guerre qui dure depuis maintenant plus de vingt ans et durera sans doute au moins aussi longtemps, est au moins le révélateur de certaines forces et faiblesses de notre nation. Il peut être aussi le début d’une transformation, sans doute obligatoire si nous voulons vraiment triompher de ce fléau.

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13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 17:50
A Rocket Renaissance

 

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Over the last few years there has been a quiet revolution in ground launched long range rockets that has the potential to challenge existing thinking on Close Air Support, Attack Helicopters, Carrier Strike and Naval Gunfire Support/Land Attack.

To be clear, long range precision rockets are not a replacement for any of these but they do reduce the need.

We should not be thinking about firing GMLRS illumination rounds and a precision rocket cannot provide combat ISTAR like a fast jet but they can provide effective support for ground forces in contact with the enemy and long range interdiction at a greatly reduced cost and in response to enemy countermeasures like air defence systems.

They are rather unglamorous and lacking in expensive contracts though, which means they are not prioritised. The blinkered ‘not invented here’ theme is also strong, it is often assumed that Israeli, Brazilian, Russian and Turkish systems are unsuitable or incapable when nothing could be further from the truth.

 

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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 17:55
Horizon Marine 2025

 

02.01.2015 par Fauteuil de Colbert

 

Chassé-croisé entre deux formats de Marine pour débuter l'année : Marine 2015 est chassée par Marine 2025. Occasion proposée de faire le bilan de la précédente maquette. C'est également le moment symbolique retenu par l'état-major de la Marine pour présenter ce projet (accessible à tous, d'un volume de neuf pages) sous la férule de son chef d'état-major, l'Amiral Bernard Rogel.

 

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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 17:45
 «Boko Haram n'est plus une secte, mais un groupe insurrectionnel islamiste»

 

12/01/2015 Par Eugénie Bastié – LeFigaro.fr

 

INTERVIEW - Pour l'islamologue Mathieu Guidère*, Boko Haram, qui sème la terreur dans le nord-ouest du Nigeria, a mis en place «une stratégie de massacre et de propagande par l'acte». Explications.

 

LE FIGARO - Certains parlent de Boko Haram comme d'une «secte», d'autres évoquent un mouvement insurrectionnel islamiste. Comment peut-on qualifier ce mouvement dirigé par Aboubakar Shekau?

 

Mathieu GUIDERE -Boko Haram a été une secte à ses débuts, de 2002 à 2009, année de la mort de son fondateur Muhammad Yussuf. Après une période de luttes internes pour sa succession, c'est l'actuel leader Aboubacar Shekhau qui en a fait un groupe islamiste insurrectionnel, usant des méthodes terroristes à large échelle. Parallèlement, la qualification juridique du groupe a évolué dans le temps, y compris au Nigeria. Aujourd'hui, il est quasi unanimement perçu comme terroriste et inscrit sur la liste des organisations terroristes.

 

Suite de l’interview

 

* Mathieu Guidère est islamologue, il enseigne à l'université de Toulouse 2 où il est titulaire de la chaire d'islamologie et pensée arabe depuis 2011. Il a écrit de nombreux ouvrages sur le monde arabe et l'islam dont le dernier Monde arabe - Monde musulman, collection (Éditions De Boeck, 2013).

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 16:55
Nous refusons la dictature du terrorisme

"Patience, France, ma maman  ! Ils se hâtent dans le mal, car ils sentent déjà qu'ils n'en ont plus pour longtemps à te faire souffrir" - La Baïonnette (septembre 1916) - Dessin de Meunier

 

source La Saint-Cyrienne

 

Après l'assassinat de 12 concitoyens le 7 janvier, nous refusons, aujourd'hui comme hier et demain, avec tous les Français, la dictature du terrorisme. Nous soutenons tous ceux qui, sur les théâtres d'opérations du Mali, du Niger, de l'Irak et sur le sol national, luttent contre ces fanatiques qui n'ont absolument rien de comparable à des soldats dignes de ce nom.

 

Que la détermination des Français s'inscrive dans la durée car la lutte sera longue !

 

 

Général de corps d'armée (2s) Dominique DELORT

Président de la Saint-Cyrienne

Directeur de la Publication "Le Casoar"

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 17:56
"Charlie Hebdo" : la réponse n'est pas (seulement) militaire

 

08/01/2015 Jean Guisnel -Défense ouverte / Le Point.fr

 

Que faire pour éviter qu'un tel massacre ne se reproduise ? C'est toute la question de l'antiterrorisme. Mais la réponse restera forcément incomplète...

 

Soupçonnés d'être les auteurs de douze assassinats perpétrés le 7 janvier à l'intérieur et à l'extérieur des locaux de Charlie Hebdo, les frères Kouachi ont pu préparer leur attentat dans la discrétion, sans se faire repérer par les policiers qui auraient pu et dû les en empêcher. Depuis des mois, sinon des années, tous les spécialistes prévenaient qu'une telle action allait se produire... Pour autant, est-il envisageable avec les moyens que la République consacre actuellement aux renseignements intérieur et extérieur - à la louche, un milliard d'euros par an - de dresser un bouclier infranchissable contre des hommes déterminés, organisés et prudents ? La réponse est négative.

De la même manière, les spécialistes de la protection rapprochée qui assurent la sécurité d'une personne menacée ne peuvent le faire de manière efficace contre un attaquant décidé. Dans la longue histoire de la police française - sous réserve d'inventaire et sauf erreur que nos lecteurs rectifieraient -, seules deux personnalités françaises ont dû leur survie aux tirs de leur "ange gardien" : Nafissa Sid Cara, secrétaire d'État chargée des Affaires sociales musulmanes dans le gouvernement de M. Michel Debré entre 1959 et 1962 - mais une balle tirée par son garde du corps avait tué un passant -, et le ministre de la Défense Charles Hernu, dont le policier chargé de la protection avait, en 1984, tiré avec son 357 Magnum dans la cuisse d'un homme qui fonçait sur le ministre au volant de sa voiture.

 

Mesures discrètes, efficaces, inédites

Aujourd'hui, plus de mille Français et Françaises se sont rendus en Syrie ou projettent de le faire. À ces suspects en puissance s'ajoutent tous les velléitaires qui ont tenté sans succès de le faire. Et persisteront à faire profil bas... Sauf à placer dix ou vingt policiers et gendarmes autour de chacun d'entre eux, et encore ! Il est matériellement impossible de surveiller tant de personnes. Comment faire ? D'abord, tenir compte de la réalité de cette menace invisible.

Pour ne parler que d'elles, les armées ont pris toute la mesure de ce problème. Sans entrer dans les détails, elles ont transmis de strictes consignes de sécurité à toutes les unités stationnées en métropole et outre-mer. Ces mesures de protection discrètes mais efficaces sont inédites par leur ampleur en ne visant pas seulement la présence des militaires quand ils sont amenés à se déplacer en uniforme. Elles concernent aussi la présence des soldats-citoyens-internautes sur les réseaux sociaux. Ils ont été invités à retirer toute allusion à leur activité professionnelle. Mais, pour le reste, les armées françaises seraient bien en peine de cacher qu'elles sont engagées depuis des années dans la lutte contre le terrorisme.

 

Nouveaux défis de la guerre des lâches

"La guerre est déjà sur notre sol", soulignait la semaine dernière un officier. Il poursuit : "Nous sommes engagés à l'extérieur de nos frontières, mais nous participons aussi à Vigipirate dans l'Hexagone." De fait, les armées françaises sont placées en première ligne. Depuis 2001 et les attentats du 11 Septembre, des dizaines de milliers de soldats français ont combattu d'abord en Afghanistan, puis aujourd'hui sur le sol africain. Les raisons de cette posture sont bien connues : les dirigeants français - tous partis de gouvernement confondus - considèrent que la meilleure manière d'éviter une propagation du terrorisme sur le sol national consiste à aller combattre ses inspirateurs et sponsors là où ils se trouvent : à Kaboul hier, dans la bande sahélo-sahélienne et en Irak aujourd'hui.

Cette attitude n'est pas contestée par nos concitoyens et les armées engagent en permanence des milliers de soldats et leurs moyens les plus puissants pour ce combat. Les services de renseignements y participent très activement en première ligne. Mais on mesure bien que l'on ne lutte pas avec un porte-avions ou des chars de combat contre des terroristes français bien de chez nous, formés sur le tas, dirigés à distance et sachant parfaitement jouer l'adhésion aux principes républicains, avant de surgir du néant l'arme au poing. Face à cette surprise stratégique, face aux nouveaux défis de cette guerre des lâches, toutes les questions sont sur la table. Reste à trouver les réponses.

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 12:56
Un acte de guerre

 

7 janvier 2015 Par Olivier Kempf

 

Il est toujours délicat de commenter à chaud un événement grave comme l'attentat qui a eu lieu aujourd'hui contre le journal Charlie Hebdo. Toutefois, la gravité de l'événement et la portée probable qu'il aura incitent à s'y risquer, au vu des éléments connus à l'heure où j'écris (21h30). D'un mot, il s'agit d'un acte de guerre.

 

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