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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 19:50
Le drone de combat X-47B de Northrop Grumman (Northrop Grumman)

Le drone de combat X-47B de Northrop Grumman (Northrop Grumman)

 

23 juin 2014 par Benoît Maraval – 45e Nord.ca

 

Communément appelés « robots tueurs », les systèmes d’armes létaux autonomes (SALA) suscitent de nombreuses interrogations et inquiétudes sur lesquelles l’ONU travaille actuellement.

Une autonomie progressive qui pose question

 

Contrairement aux drones qui restent télé-opérés par l’homme, les SALA doivent permettre, une fois programmés – d’identifier, de sélectionner et d’engager n’importe quelle cible sans intervention humaine.

Si les SALA n’existent pas encore, des armes intègrent déjà des applications dotées d’un certain degré d’autonomie parmi lesquelles :

- “Phalanx” pour le système de combat Aegis (Etats-Unis) qui combine un radar de detection et d’acquisition de cible avec un calculateur de position associés à un canon multitube.

- Le système autonome « Harpy » de détection et de destruction d’émetteurs radars, développé par Israël.

-  Le drone britannique Taranis (toujours en stade de développement)

-  Le drone de combat X-47B de Northrop Grumman

-  Les robots de surveillance Techwin par Samsung, déployés dans la zone démilitarisée entre la Corée du Nord et la Corée du Sud.

La multiplication de l’usage des drones ainsi que la progression de la robotique pourraient donc rapidement faire de ces technologies émergentes une réalité opérationnelle. Or, ces technologies soulèvent de nombreuses problématiques qui restent pour l’instant sans réponse :

-  Aucune définition précise et officielle des SALA n’a été agréée au niveau international

- Bien que de nombreux travaux sont en cours, le stade de développement technique des SALA est incertain

- La compatibilité de ces technologies avec le droit international (notamment avec le droit international humanitaire) est largement contestée

-  L’interrelation homme-machine et les questions éthiques – déjà problématiques dans le cas de l’utilisation des drones – soulevées par le développement des SALA n’a pas non plus fait l’objet d’études approfondies

- Les risques d’un recours à la force accru, d’une dissémination des technologies et d’une prolifération des SALA restent des sujets de réflexion théoriques.

 

Genève au travail

C’est justement pour tenter de répondre à ces questions que les Etats Parties à la Convention sur certaines armes classiques (CCAC) adoptée en 1980, ont décidé fin 2013 d’organiser une réunion d’experts sur le sujet afin de progresser sur ces différents sujets. Cette réunion s’est tenue du 13 au 16 mai dernier au siège des Nations unies à Genève et constituait le premier rassemblement international officiel d’Etats consacré au SALA.

Si toutes les interrogations précitées n’ont bien entendu pas reçu de réponse précise et définitive, certains éléments potentiels d’une future définition ont été évoqués, notamment la nécessité pour l’homme de conserver une forme de contrôle sur le système d’armes. D’un point de vue technique, la question de la marge d’erreur d’un « robot tueur » a également été soulevée.

Sujet de désarmement potentiel, les SALA pourraient également, selon certains responsables militaires invités à s’exprimer, être encadrés par des mécanismes de contrôle des armements – à l’image de certains dispositifs existants : registre des armes classiques des Nations unies, document de Vienne, traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE) – ce dernier étant malheureusement loin de représenter un « modèle » comme évoqué dans une chronique précédente.

Le président de la réunion d’experts, l’Ambassadeur Jean-Hugues Simon-Michel, représentant permanent de la France auprès de la conférence du désarmement, doit désormais élaborer un rapport de compte-rendu des débats qu’il soumettra à la prochaine réunion des Etats parties à la CCAC, prévue en novembre prochain.

 

La société civile en première ligne

La réunion a également offert l’occasion aux représentants de la société civile de présenter leurs positions sur les SALA. Outre le comité international de la croix rouge (CICR), de nombreuses autres ONG ont pu faire valoir leurs inquiétudes quant à la perspective de voir ces technologies naissantes être utilisées sur des cibles humaines de manière incontrôlée et imprévisible.

Afin de mieux faire entendre leur voix, 53 ONG venant de 25 pays se sont rassemblées depuis avril 2013 au sein d’une coalition intitulée « Campaign to stop killer robots », répétant ainsi le mode d’action qui a fait le succès de négociations passées sur le désarmement ou le contrôle des armements (campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel, campagne « contrôlez les armes », etc.).

Leurs principales préoccupations portent sur le droit international et sur la dimension morale de l’utilisation de « robots » armés dont l’autonomie leur conférerait droit de vie ou de mort sur un individu. Les ONG impliquées craignent également que l’emploi de SALA modifie le rapport des autorités politiques au recours à la force. « Envoyer des robots plutôt que des personnes sur la ligne de feu […] reviendrait à faciliter la décision d’entrer en guerre, générant ainsi davantage de conflits » s’inquiète Ian Kerr, directeur de la Chaire de recherche en éthique, droit et technologie de l’Université d’Ottawa et membre de la coalition « Stop killer robots ». Pour la section canadienne du mouvement, le gouvernement canadien doit prendre une part active dans l’interdiction préemptive des « robots tueurs », notamment en décrétant un moratoire national sur leur utilisation et en s’assurant que les activités liées au développement de SALA respectent le droit international humanitaire.

 

Le droit international au cœur des débats

Le débat juridique et la question des droits de l’Homme sont sans doute les points centraux des discussions en cours et à venir dans la mesure où, en l’état actuel de la recherche, il semble difficile pour un système d’armes automatisé de respecter en toutes circonstances le droit international humanitaire, en particulier les principes de distinction (discrimination entre cible militaire et populations civiles), de proportionnalité et de précaution.

Il y a 11 jours, le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires des Nations unies a présenté son rapport à Genève dans lequel il préconise au Conseil des droits de l’Homme de « rester saisi de la question des systèmes d’armes autonomes, et en particulier pour ce qui a trait aux droits à la vie et à la dignité », compte tenu du « risque que ces armes soient utilisées en dehors du champ géographique des conflits armés existants. ». En 2013, le Rapporteur spécial avait spécifiquement suggéré la mise en place de moratoires nationaux sur le test, la production, l’assemblage, le transfert, l’acquisition, le déploiement et l’utilisation de SALA.

En tout état de cause, une interdiction totale est sans doute difficilement envisageable. La nature duale de la robotique amène déjà de nombreux Etats à mettre en garde contre toute mesure ou décision trop ambitieuse sur les SALA susceptible de remettre en cause la recherche et le développement d’applications civiles potentiellement révolutionnaires dans les domaines de la santé, des opérations de sauvetage ou de l’agriculture.

Selon les sources, entre 4 et 8 pays développeraient actuellement des SALA ou auraient déjà déployé des systèmes aux degrés d’autonomie divers (Allemagne, Chine, Corée du Sud, Etats-Unis, Inde, Israël, Royaume-Uni, Russie). Rappelons cependant qu’au titre de l’article 36 du Protocole additionnel I aux Conventions de Genève de 1949, un Etat partie à l’obligation de déterminer si l’emploi d’une nouvelle arme est interdit par ces engagements internationaux. L’Iran, le Pakistan et l’Inde, entre autres, ne sont pas tenus par cette obligation.

De son côté, le Canada est le seul Etat partie à la CCAC dont la déclaration liminaire n’a pas été rendue publique lors de la réunion d’experts à Genève. Un éventuel rôle de premier plan du Canada dans les discussions onusiennes mériterait en premier lieu un niveau de transparence accru sur ce sujet.

Nous sommes donc loin d’assister à la réalisation du « complexe de Frankenstein » et les « robots tueurs » restent du domaine du fantasme pour certains, du cauchemar pour d’autres. Sarah Connor peut encore dormir tranquille, mais pour combien de temps ?

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 11:30
Iraq: Europe’s problem too

 

22nd June 2014  – by Sven Biscop - europeangeostrategy.org

 

If there was one piece of good news about the war in Syria, it was that it had not spilled over into neighbouring countries where the risk appeared the greatest: Lebanon and Turkey. It was a close-run thing, and an incident can still provoke escalation, which may require military intervention to contain the war within Syria’s borders. And there is of course the enormous refugee problem.

Then the war spectacularly hit Iraq, as the Islamic State in Iraq and the Levant (ISIS) group that was fighting Assad in Syria took everyone by surprise by capturing large parts of the country, together with its Baathist and tribal allies. With the Iraqi armed forces melting away before them, ISIS advanced rapidly to within striking distance of Baghdad.

Nobody had been looking much at Iraq. Not the Europeans, because they regard it as a mess that the United States (US) created (and who can blame them for that, though some Europeans prefer to forget on which side of the debate they stood back in 2003) and that therefore the US has to solve. And not the Americans either, who are happy to be rid of the Iraqi problem (or so they thought) and are focused on getting out of that other quagmire, Afghanistan.

The new crisis constitutes another proof of the error of invading Iraq in 2003 and of the failure of the policies subsequently pursued (as if more was needed). Everyone is now looking to the US to rescue the government in Baghdad, including militarily. But Europe can no longer consider this to be just an American problem, for the stability of the entire Middle East is at stake. Furthermore, ISIS is exactly the group that many fighters originating from Europe have joined, which might pose security risks if and when these eventually seek to return.

So what is to be done? What can be done?

There is no military solution, President Obama was quick to state, but if ISIS’ advance cannot be stopped there will be no political solution either. Military action is required to halt ISIS and to take back the initiative. Nobody can expect the US to send its ground troops back in, but American air support is probably vital. Yet even a massive air campaign (which it probably will not be) will be ineffective if the Iraqi army cannot hold its ground.

Simultaneously, thorough political change in Baghdad, as rightly called for by Obama, must aim to placate other actors that are clearly involved in the rising in the north of Iraq. Only a truly representative government can isolate marginalised Sunnis from the extremist ISIS. Waiting until the brutality of their methods will work against them is no option.

Meanwhile the European Union (EU) and the US, together with the United Nations (UN) and Russia, have no option but to keep putting pressure on all parties in Syria to bring them to the negotiating table and end the war that is now fuelling instability in Iraq as well. In view of the stalemate, any agreement might have to include a continued role for Assad, at least in a transitional phase, for it to be workable. However much we may dislike the idea on principle, the crisis in Iraq and the urgency of a cease-fire has probably tilted the balance in favour of realism.

Does the West have any allies in this fight? The Kurds are holding their own, but encouraging them will further stimulate the fragmentation of Iraq. For the moment Turkey cooperates well with Iraqi Kurdistan, but it remains to be seen how Ankara will react if the Kurds scale up their ambitions. Iran is greatly concerned by ISIS’ slaughtering of Shia, but at the same time wishes to see the Shia-dominated government in Baghdad continue.

In any case, the attempt to involve Iran in the Syrian negotiations has to be kept up, for a settlement has to take into account the proxy war with Saudi Arabia that is going on. The West’s role is not to take sides, but to strive for a regional arrangement in which all find their place. Hence the strategic importance of the broader negotiations with Iran itself. Care must be taken not to jeopardise the outcome of these negotiations by appearing so eager that Tehran would no longer see a reason to make many concessions – European energy companies are especially chafing at the bit. Yet a ‘normalisation’ of relations with Iran would be a breakthrough indeed.

‘Normalisation’ can only go so far, in view of the serious human rights issues in Iran (such as the hanging of homosexuals), though the situation in Saudi Arabia, the West’s ‘ally’ in the Gulf, is hardly any better. But even a limited shift towards constructive relations on an issue-by-issue basis would be a game-changer for the Middle East and the Gulf – and there probably is a much bigger chance of transition in Iran, which is in many ways a much more open society than in Saudi Arabia.

Europe and the US could thus try to maintain an equidistant position between Riyadh and Tehran, further diversify energy supply, and stabilise the Middle East. As the US role vis-à-vis Iran remains constrained, for domestic political reasons, the EU is best placed to imagine an ambitious diplomatic scheme to take this forward.

 



If there was one piece of good news about the war in Syria, it was that it had not spilled over into neighbouring countries where the risk appeared the greatest: Lebanon and Turkey. It was a close-run thing, and an incident can still provoke escalation, which may require military intervention to contain the war within Syria’s borders. And there is of course the enormous refugee problem.

Then the war spectacularly hit Iraq, as the Islamic State in Iraq and the Levant (ISIS) group that was fighting Assad in Syria took everyone by surprise by capturing large parts of the country, together with its Baathist and tribal allies. With the Iraqi armed forces melting away before them, ISIS advanced rapidly to within striking distance of Baghdad.

Nobody had been looking much at Iraq. Not the Europeans, because they regard it as a mess that the United States (US) created (and who can blame them for that, though some Europeans prefer to forget on which side of the debate they stood back in 2003) and that therefore the US has to solve. And not the Americans either, who are happy to be rid of the Iraqi problem (or so they thought) and are focused on getting out of that other quagmire, Afghanistan.

The new crisis constitutes another proof of the error of invading Iraq in 2003 and of the failure of the policies subsequently pursued (as if more was needed). Everyone is now looking to the US to rescue the government in Baghdad, including militarily. But Europe can no longer consider this to be just an American problem, for the stability of the entire Middle East is at stake. Furthermore, ISIS is exactly the group that many fighters originating from Europe have joined, which might pose security risks if and when these eventually seek to return.

So what is to be done? What can be done?

There is no military solution, President Obama was quick to state, but if ISIS’ advance cannot be stopped there will be no political solution either. Military action is required to halt ISIS and to take back the initiative. Nobody can expect the US to send its ground troops back in, but American air support is probably vital. Yet even a massive air campaign (which it probably will not be) will be ineffective if the Iraqi army cannot hold its ground.

Simultaneously, thorough political change in Baghdad, as rightly called for by Obama, must aim to placate other actors that are clearly involved in the rising in the north of Iraq. Only a truly representative government can isolate marginalised Sunnis from the extremist ISIS. Waiting until the brutality of their methods will work against them is no option.

Meanwhile the European Union (EU) and the US, together with the United Nations (UN) and Russia, have no option but to keep putting pressure on all parties in Syria to bring them to the negotiating table and end the war that is now fuelling instability in Iraq as well. In view of the stalemate, any agreement might have to include a continued role for Assad, at least in a transitional phase, for it to be workable. However much we may dislike the idea on principle, the crisis in Iraq and the urgency of a cease-fire has probably tilted the balance in favour of realism.

Does the West have any allies in this fight? The Kurds are holding their own, but encouraging them will further stimulate the fragmentation of Iraq. For the moment Turkey cooperates well with Iraqi Kurdistan, but it remains to be seen how Ankara will react if the Kurds scale up their ambitions. Iran is greatly concerned by ISIS’ slaughtering of Shia, but at the same time wishes to see the Shia-dominated government in Baghdad continue.

In any case, the attempt to involve Iran in the Syrian negotiations has to be kept up, for a settlement has to take into account the proxy war with Saudi Arabia that is going on. The West’s role is not to take sides, but to strive for a regional arrangement in which all find their place. Hence the strategic importance of the broader negotiations with Iran itself. Care must be taken not to jeopardise the outcome of these negotiations by appearing so eager that Tehran would no longer see a reason to make many concessions – European energy companies are especially chafing at the bit. Yet a ‘normalisation’ of relations with Iran would be a breakthrough indeed.

‘Normalisation’ can only go so far, in view of the serious human rights issues in Iran (such as the hanging of homosexuals), though the situation in Saudi Arabia, the West’s ‘ally’ in the Gulf, is hardly any better. But even a limited shift towards constructive relations on an issue-by-issue basis would be a game-changer for the Middle East and the Gulf – and there probably is a much bigger chance of transition in Iran, which is in many ways a much more open society than in Saudi Arabia.

Europe and the US could thus try to maintain an equidistant position between Riyadh and Tehran, further diversify energy supply, and stabilise the Middle East. As the US role vis-à-vis Iran remains constrained, for domestic political reasons, the EU is best placed to imagine an ambitious diplomatic scheme to take this forward.

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 07:54
La défense, outil de puissance de la France

 

20.06.2014 Tristan Barbageleta & Jean-Maxime Dick - portail-ie.fr

 

A l’initiative de l’Ecole de Guerre Economique et de l’Association des Entreprises Partenaires de la Défense et en partenariat avec l’ANAJ-IHEDN, s’est tenue la conférence « La défense comme outil de puissance de la France » à l’Ecole Militaire mercredi 18 juin. Etaient conviés à débattre quatre invités d’horizons divers, dont la lecture du sujet a ainsi pu se faire sous différents prismes.

 

Au-delà de la défense, la puissance comme priorité maximale.

En premier lieu, Marie Récalde, députée de Gironde et membre de la commission de la défense nationale a notamment mis l’accent sur l’importance vitale que représente le secteur de la défense pour notre économie nationale, notamment d’un point de vue local.

Christian Harbulot, directeur de l’EGE et associé du cabinet Spin Partners, dont le dernier ouvrage, Sabordage, est récemment paru, est allé au-delà de la dialectique puissance/défense. Proposant comme grille de lecture la doctrine japonaise de l’ère Meiji, « un pays riche, une armée forte », Christian Harbulot a mis en exergue la nécessité dépasser la notion de puissance afin ne pas s’en contenter mais de chercher son « accroissement ».

S’en est suivie une intervention du colonel Goya qui a particulièrement insisté au cours d’un exposé rappelant des dates clés sur l’utilisation des forces armées, sur la difficulté des milieux politiques à ne pas sombrer dans des « gesticulations » quant à l’usage de celles-ci. En effet, la tendance depuis les années 90 est à « l’engagement de moyens » sans doctrine précise, donnant lieu à des « errements » stratégiques.

La conférence s’est enfin achevée sur une intervention du président de l’ANAJ-IHEDN, François Mattens, soulignant l’importance du regard de la jeunesse sur la défense et le rôle de l’ANAJ dans la transmission et le « rayonnement de l’esprit de défense ».

 

La défense, un enjeu vital pour la France.

Il est indéniable que la défense est un outil de puissance, tant sur la scène nationale qu’internationale. Les récents débats sur le budget des armées ne font que souligner la vivacité d’un tel outil. Mais là où Marie Récalde a particulièrement porté son attention, c’est sur un aspect a priori moins visible. Car si la défense est une arme de la puissance, elle en est également une face de la crise économique. Ainsi, l’Etat doit faire montre d’une volonté d’acier pour maintenir notre potentiel technologique, notre potentiel industriel, et militaire. En effet, l’industrie de défense représente 65.000 emplois, elle s’exporte davantage que celle du luxe et cela va croissant. Le budget de la dissuasion nucléaire également, souvent décrié, ne comprend pas seulement l’entretien des ogives mais permet de participer à l’ensemble de l’activité, contribuant ainsi à la recherche et au développement. De fait, préserver et renforcer le secteur de la défense permettra de conserver notre autonomie nationale.

Toutefois, le risque d’un « Mai 40 administratif » et d’entrer dans une « spirale de la démobilisation » pour reprendre les paroles du Colonel Goya, n’est pas loin. Si la nécessité de maintenir au sommet de la hiérarchie des priorités le secteur de la défense, il n’en demeure pas moins que les effectifs des forces armées fondent, que les matériels s’usent et que le moral s’affaisse. A titre d’exemple, selon Michel Goya, la division Daguet, mobilisée lors de la Guerre du Golfe, représentait 10% du potentiel militaire français. Aujourd’hui, mobiliser une division est un véritable casse-tête.

Il fait remonter à l’attentat du Drakkar la rupture de la France dans l’utilisation de ses forces armées et d’un manque de vision stratégique globale. Si les années 60 ont été marquées par un usage rationnel de celles-ci, les décennies qui ont suivi ont vu leurs missions se transformer. Misions de sécurité intérieure ou encore d’interposition, autant d’engagements de moyens qui ne permettaient pas de répondre à la question « pour quoi nous battons-nous ? ». Si l’opération Serval semble avoir annoncé la fin d’un usage en demi-teinte par la classe politique, le théâtre centre-africain risque de faire de l’intervention au Mali une exception.

Cependant, compte tenu du contexte actuel, il ne suffit plus de « maintenir » ou « préserver » le secteur de la défense, mais plutôt d’aller au-delà afin de ne pas simplement chercher à être puissant et s’en contenter.

 

Aller au-delà de la préservation de notre défense comme outil de puissance : chercher l’accroissement de la puissance.

Il est important de revenir sur le concept de puissance, trop longtemps dévalorisé ou trop cadré. En France la puissance est soit associée à la dissuasion nucléaire, soit perçue comme une notion rétrograde. Or aujourd’hui, et plus que jamais, celle-ci reprend tout sens et se doit même d’aller au-delà, comprenant non plus sa conservation, sa défense, mais son « accroissement ». C’est ce qui fait la force de pays comme le Brésil, la Russie ou encore la Chine, qui ne perçoivent pas que la défense dans la « construction de leur puissance » mais « voient plus loin ». Ils associent défense de leur souveraineté à l’accroissement de leur puissance et c’est là que réside leur force.

La France doit donc définir une stratégie claire pour entrer dans cette logique. Car actuellement, un tournant décisif est en train de se franchir, tant dans le monde « immatériel », celui que l’affaire Snowden nous a révélé, que dans le monde matériel. En effet, d’une part, ce monde immatériel est en train d’être intégralement conquis par les Etats-Unis, et aucun objectif français n’indique où nous devons nous positionner dans ce monde, ni quelle doctrine mettre en œuvre pour ne pas être relégué au rang de spectateurs. D’autre part, cette même « totale puissance » est en train de subir de cuisants revers dans le monde matériel. A ce titre, la situation irakienne d’aujourd’hui illustre les « lourdes fissures stratégiques » de sa doctrine, dont les premiers signes d’essoufflement sont apparus suite à la chute de Saigon.

Malheureusement, si la question de la défense comme  outil de puissance est posée, il y un « interdit en France » qui ne permet pas d’aller plus loin, brouillant la réflexion quant à une stratégie plus globale. Jean-Yves Le Drian note « qu’il n’y pas de menaces à nos frontières, cependant les menaces, elles, n’ont pas de frontières ». L’accroissement de la puissance ne devrait pas en avoir non plus, et ce afin de ne pas se limiter uniquement à la préservation de la souveraineté. Ainsi, comme a pu le conclure Christian Harbulot, il faut donc bien inscrire ce débat au rang de « priorité maximale ».

 

Pour aller plus loin dans cette réflexion : la semaine de l'IE

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 05:20
Notes de veille "Etats-Unis, défense et politique étrangère" - IRSEM

 

13/06/2014 Maya Kandel  - IRSEM

 

Chaque mois, Maya Kandel, responsable du programme sur les Etats-Unis à l'IRSEM, propose une veille commentée sur les Etats-Unis, dans le domaine de la défense et de la politique étrangère.


La veille cible principalement la presse généraliste, les revues spécialisées et les think tanks américains.


L’auteur propose une synthèse et une analyse critique des publications sélectionnées, et le lien pour les consulter en ligne.

 

Note de veille "Etats-Unis : Défense et politique étrangère"

N°28, mai 2014 (pdf - 747 ko)

N°27, avril 2014 (pdf - 767 ko)

N°26, mars 2014 (pdf - 741 ko)

N°25, février 2014  (pdf - 748 ko)

N°24, janvier 2014  (pdf - 673 ko)

2013 - Notes de veille "Etats-Unis, défense et politique étrangère

N°23, décembre 2013 (pdf - 749 ko)

N°22, octobre-novembre 2013 (pdf - 872 ko)

N°21, juillet-août-septembre 2013 (pdf - 862 ko)

N°20, mai-juin (pdf - 1 Mo)

N°19, avril (pdf - 1 Mo)

N°18, mars (pdf - 778 ko)

N°17, février (pdf - 890 ko)

N°16, janvier (pdf - 803 ko)

2012 - Notes de veille "Etats-Unis, défense et politique étrangère

N°15, décembre (pdf - 908 ko)

N°14, novembre (pdf - 914 ko)

N°13, octobre (pdf - 623 ko)

N°12, septembre (pdf - 509 ko)

N°11, juillet (pdf - 1,6 Mo)

N°10, juin (pdf - 499 ko)

N°09, mai (pdf - 125 ko)

N°08, avril (pdf - 394 ko)

N°07, mars (pdf - 469 ko)

N°06, février (pdf - 377 ko)

N°05, janvier (pdf - 543 ko)

2011 - Notes de veille "Etats-Unis, défense et politique étrangère

N°04, décembre (pdf - 503 ko)

N°03, novembre (pdf - 548 ko)

N°02, octobre (pdf - 504 ko)

N°01, septembre (pdf - 543 ko)

 

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21 juin 2014 6 21 /06 /juin /2014 11:35
Visions of North-East Asia – China, Japan, Korea and the EU

 

20 June 2014 Nicola Casarini Brief - No19

 

North-East Asia has become one of the key engines of world economic growth. Yet the political climate among the countries of the region has worsened lately – due to historical, as well as territorial disputes. This situation has led regional leaders to propose various plans for addressing what Republic of Korea (ROK) President Park Geun-hye has called ‘North-East Asia’s paradox’: namely, that of a region characterised by growing economic interdependence but hampered by many contentious issues when it comes to security matters.

President Park launched her initiative last year. Japanese Prime Minister Shinzo Abe used the podium of this year’s Shangri-La Dialogue in Singapore to press forward his vision – and this came just a few days after China’s President Xi Jinping had presented his own plan for regional security. The Obama administration follows these developments closely, given Washington’s interests and responsibilities in the area. The EU may consider paying attention to these plans too – not only for the obvious economic reasons but also because it is a strategic partner of all three key regional countries.

 

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20 juin 2014 5 20 /06 /juin /2014 08:45
Le Sahel Africain - source Sénat r12-7201

Le Sahel Africain - source Sénat r12-7201

 

19.06.2014 par Jean-François Fiorina - notes-geopolitiques.com

 

 Mali, Tchad, RCA… Constitution d’un nouvel « arc de crises »

 

L’organisation d’Eurosatory 2014, le « salon mondial de la Défense et de la Sécurité terrestres et aéroterrestres », du 16 au 20 juin à Paris, fournit l’occasion de s’intéresser aux opérations militaires françaises du moment. Où il apparaît qu’entre Serval au Mali, depuis janvier 2013, et Sangaris en République centrafricaine, au mois de décembre de la même année, l’armée de Terre semble suivre la dynamique territoriale d’un « arc de crise » africain.

Si l’Afrique recèle un formidable potentiel de développement (cf. note CLES n°102, 28/03/2013), le continent reste déchiré par de profondes fractures géopolitiques. Fractures que l’africaniste Bernard Lugan trace à grands traits dans un récent numéro spécial de L’Afrique réelle : « De la zone nigéro-tchadienne jusqu’au Kivu, les deux principaux couloirs de communication de l’Afrique, – celui du Sahel qui met en contact le monde du désert avec celui des savanes et celui du rift africain -, sont menacés par une chaîne de conflits ».

Mali, Niger, Tchad, mais aussi Nigéria, Soudan du Sud, Centrafrique… les « points chauds » se multiplient, depuis les confins du Sahara et du Sahel jusqu’au coeur de l’Afrique centrale, au sein du vaste espace constitué par les 28 pays membres de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD).

S’intéresser à la déstabilisation de la zone comprise entre le Sahara et le Sahel suppose d’élargir la focale à un ensemble encore plus vaste. Comme le rappelle Bernard Lugan : « Après la région saharo-sahélienne, une nouvelle ligne de fracture s’est en effet ouverte en Afrique centrale. Elle court depuis le Nigeria à l’Ouest jusqu’à la région du Kivu à l’Est, touchant le nord du Cameroun, les deux Soudan et la RCA« .

 

Un espace de défaillance étatique

Le premier constat qui s’impose est celui d’une faillite de la construction étatique, illustrée par la dynamique des forces centrifuges qui conduisent à des sécessions de fait. En 2011, le Soudan du Sud obtient son indépendance après de nombreuses années de luttes. En 2012, le nord du Mali tombe aux mains de rebelles touaregs (MNLA) alliés à des mouvements islamistes armés (Aqmi, Ançar Dine, Mujao). Dans le nord du Nigéria, les différents États fédérés adoptent les uns après les autres la Charia, ce qui les soustrait en grande partie au droit commun de l’État central.

De nombreux espaces de l’Afrique saharo-sahélienne basculent également dans la catégorie des « zones grises ». Ainsi, toujours au nord du Nigéria, en va-til des espaces où la secte Boko Haram est la plus active, ou encore des espaces sahariens situés aux confins du Mali, du Niger et de l’Algérie. La liste des groupes armés actifs en ces lieux est longue : Ansar Dine, Al Qaida au Maghreb islamique… Avec pour point commun des modes d’action mixant terrorisme et grand banditisme, qui conduisent à la contestation de la réalité d’un État de droit : enlèvements et demandes de rançons, enrôlement de la population, trafics en tous genres…

Comment expliquer cette décomposition ? Le cas de la Centrafrique est particulièrement éclairant. D’après les auteurs de l’ouvrage Centrafrique, pourquoi la guerre ?, édité chez Lavauzelle avec le concours scientifique du Centre de Recherches des Ecoles de Coëtquidan, « l’histoire contemporaine de la RCA, de 1960 à 2012, est résumée dans l’alternance des cycles ethno-politiques qui donnèrent tour à tour le pouvoir à des populations originaires des trois grandes régions du pays« .

Comme à peu près partout en Afrique, les frontières issues de la colonisation ont été tracées sans tenir compte des peuples, biaisant à la racine la notion même de représentativité – et donc de légitimité – des instances politiques. De plus, certains espaces transfrontaliers sont des zones grises « naturelles », de déstabilisation chronique, comme le « triangle de la mort » entre Centrafrique, Cameroun et Tchad, où Thomas Flichy de la Neuville, qui a dirigé la publication de l’ouvrage précité, rappelle l’ancienneté des exactions des « coupeurs de routes« .

L’impact économique de cette défaillance étatique est considérable (cf. note CLES n°123, La « guerre civile » centrafricaine, 30/01/2014). Pour Flichy de la Neuville, « la guerre qui secoue actuellement la RCA empêche l’exploitation des ressources souterraines du pays » : or, diamants (13 % des emplois locaux), pétrole (dans les régions de Dobo Doseo et Salamat), uranium.

 

Une extension des affrontements ethno-religieux

La plupart des conflits du moment voient la prégnance des facteurs ethniques. Au Nigéria, Bernard Lugan estime que tout le nord du pays est devenu une immense zone grise en raison des apparentements ethniques transfrontaliers. Les peuples haoussas, fulanis et kanouris s’entraident ou s’opposent au mépris des frontières étatiques. Ces affrontements ethniques pourraient conduire, par emboîtement d’échelles, à une totale fragmentation de la région.

Lugan rappelle que c’est ce processus qui a été observé au Soudan : « A une guerre raciale entre ‘Arabes’ nordistes et ‘Noirs’ sudistes, succéda en effet une guerre ethnique entre les deux principales ethnies nilotiques du Soudan du Sud« , rendant ce nouvel État pratiquement ingouvernable.

Mais les conflits de la région sont également de plus en plus de nature religieuse. La religion ne contribue-t-elle pas à « sanctifier » d’anciennes lignes de fractures ? Bernard Lugan rappelle ainsi que toute la bande sahélienne est marquée depuis le XVIIIe siècle par une expansion de l’islam, venu du Nord, en direction du Sud, où résident des populations d’ethnies distinctes et de tradition animiste. Aux époques médiévale et moderne, les musulmans accomplissent régulièrement des razzias de bétail mais aussi d’esclaves au sud du Sahel.

À l’époque coloniale, ces populations du Sud se convertissent en masse à la religion de leurs « protecteurs » européens : le christianisme. Lugan souligne l’importance de ce prolongement de l’ethnique vers le religieux pour le Nigéria : « Les fondamentalistes musulmans qui contrôlent le nord du Nigéria cherchent à exacerber la fracture entre le Nord et le Sud ; et cela afin d’imposer l’indépendance du Nord qui deviendrait ainsi un État théocratique« . Les Fulanis n’appellent- ils pas à la résurgence du califat Sokoto ?

L’action de la Seleka en Centrafrique relève du même processus : « Le conflit ethnique de RCA est donc peu à peu devenu religieux, engerbant en quelque sorte les composantes ethniques régionales avec tous les risques internationaux qu’une telle évolution implique« . Ainsi, au départ simple « coalition de plusieurs tribus nordistes, dont les Gula et les Runga, le Seleka fut rejoint par des pillards venus tant du Tchad que du Soudan« .

 

L’apparition d’un nouvel « arc de crises »

Cet incendie parti de l’Afrique saharo-sahélienne et qui est en train d’embraser plus largement l’Afrique centrale est au coeur d’un nouvel arc de crises. Les logiques à l’oeuvre ne sont pas strictement locales. En effet, plusieurs acteurs extérieurs à la région contribuent à y accentuer les facteurs de tension. En premier lieu, on doit mentionner ce que les auteurs de Centrafrique, pourquoi la guerre ? appellent « la cannibalisation de l’islam national par l’islam transnational« .

En effet, on assiste à une pénétration sur les marges sud du Sahara de mouvements armés qui associent la pratique traditionnelle du pillage à une logique d’islamisation radicale plus récente. Comme l’écrit Didier Giorgini dans la revue de géopolitique Conflits (n°1), « certains islamistes considèrent la lutte contre les chrétiens en Afrique comme une sorte de conflit à échelle réduite de ce que serait à l’échelle du monde la lutte Islam-Occident, une sorte de ‘conflit périphérique’ ou de conflit limité à défaut d’avoir la possibilité d’étendre leur champ d’action à toute la planète« .

Les victimes sont donc essentiellement les populations chrétiennes, comme au Nigéria, ou encore les musulmans relevant de l’ »islam des terroirs » (Omar Saghi). En effet, l’islam sahélien conserve des pratiques traditionnelles jugées scandaleuses pour les rigoristes wahhabites et autres salafistes, chaque partie s’accusant mutuellement d’activisme prosélyte. C’est ce qui explique, notamment, la campagne de destruction des mausolées de Tombouctou, lors de son occupation par les islamistes en 2012-2013.

S’ajoutent enfin les interventions des puissances étrangères. Celles menées par les États occidentaux sous mandat de l’ONU se font certes au nom de grands principes, mais viennent souvent se briser sur l’écueil de la complexité ethnoreligieuse. Comme le rappelle Didier Giorgini s’agissant de la RCA, « l’intervention française après le 5 décembre 2013 est accusée sur le terrain d’être, au choix, favorable aux musulmans ou aux chrétiens » : en mécontentant tous les acteurs du conflit, elle contribue involontairement à ralentir sa résolution.

Une situation d’autant plus délicate que, selon Flichy de la Neuville, les « puissances occidentales et émergentes » sont « concurrentes en Centrafrique« , comme le Canada, le Maroc et bien sûr la Chine – qui y finance logements sociaux et hôpitaux. Tandis qu’ici comme ailleurs, certaines pétromonarchies du Golfe soutiennent en sous-main les milices musulmanes…

Ce qui se passe en Centrafrique peut-il être élargi aux autres pays de la région ? Bernard Lugan invite à s’intéresser tout particulièrement au Tchad. Le « verrou tchadien » est en effet à l’articulation de zones de déstabilisation qui affectent aujourd’hui le Niger, la Libye, le Soudan du sud, le Nigéria et la Centrafrique. Le cas de cette dernière n’est peut-être que l’annonce d’un nouveau paradigme, l’ensemble de la région étant soumis au risque d’un terrible effet de dominos.

Lugan prévient que, « désormais, la priorité est d’éviter que l’anarchie centrafricaine ne se traduise par une contagion régionale« . C’est tout le sens de l’engagement des forces françaises sur place. Un engagement qui exige certes des moyens et de la détermination, mais plus encore peut-être du doigté et une certaine forme d’humilité. Il ne faudrait pas en effet apparaître comme l’ancienne puissance coloniale au moment précis où la construction coloniale se dissout devant le retour des structures politiques spécifiquement africaines. Une dynamique que nous avons insuffisamment mesuré au Mali, et que nous serions peu fondés à combattre, alors même qu’ici aussi, les vieilles structures historiques ressurgissent derrière une construction européenne jugée trop artificielle…

 

Pour aller plus loin :

  • Les guerres d’Afrique : des origines à nos jours, par Bernard Lugan, éditions du Rocher, 403 p., 32 € ;
  • L’arc de crise de l’Afrique centrale, in L’Afrique réelle n°53, revue mensuelle par Internet, 05/2014, http://bernardlugan.blogspot.fr/ ;
  • Centrafrique, pourquoi la guerre ?, dirigé par Thomas Flichy de la Neuville, éditions Lavauzelle, 110 p., 12,80 € ; Géopolitique de l’Afrique, par Philippe Hugon, éditions Armand Colin, 128 p., 9,80 €.
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18 juin 2014 3 18 /06 /juin /2014 19:41
Le transfert de savoir-faire de nos armées, vecteur d'influence - ANAJ-IHEDN

 

Source ANAJ-IHEDN

 

Le transfert de savoir-faire de nos armées, vecteur d’influence de la France à l’international ?

 

Par Jean-Michel PALAGOS, Président-Directeur Général de Défense Conseil International

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18 juin 2014 3 18 /06 /juin /2014 09:45
photo EMA

photo EMA

 

Deux spectres hantent les interventions de maintien de la paix sur le continent africain. Le premier est le génocide rwandais de 1994, face auquel la communauté internationale a réagi, mais trop tard, par l'opération Turquoise. À cet égard, ce fut l'honneur de la France de s'interposer dans la guerre civile centrafricaine, qui menaçait de devenir à son tour un génocide.

Cependant, le second spectre est celui de la première bataille de Mogadiscio, en 1993. Deux cents hommes de l'opération Restore Hope, essentiellement américains, furent engagés dans des combats acharnés contre des miliciens somaliens trente fois plus nombreux. En mai 2014, deux mille soldats français tentent, aux côtés des forces africaines, de désarmer vingt mille rebelles de la Seleka et soixante-dix mille des anti-Balakas. Donc, en examinant lucidement les rapports de forces en présence - et même si chaque conflit possède sa logique propre -, nos troupes risquent à tout moment de subir un nouveau Mogadiscio pour avoir voulu éviter un Rwanda.

 

Suite de la tribune

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18 juin 2014 3 18 /06 /juin /2014 07:54
“Brève-Marine” : Haute intensité
 
17 juin 2014, Portail des Sous-Marins
 

Il y a des querelles qu’une canonnière peut traiter… Mais il y aura encore, à grande ou petite échelle, des combats requérant des capacités d’attaque et de défense très supérieures, contre les missiles, les mines...

Si la bataille navale entre « forces organisées » ne semble plus d’actualité, la multi-polarisation du monde et le réarmement de nombreux pays pourraient faire resurgir des acteurs, capables de porter le feu et la violence extrême sur les mers. Le combat naval de haute intensité est loin d’avoir disparu.

Cette “Brève-Marine” est disponible à cette adresse.

 

Élaborées par le Centre d’études supérieures de la Marine (CESM), les Brèves Marines vous fournissent régulièrement de l’information privilégiée sur l’actualité et les enjeux de la Marine nationale.

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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 15:55
Peut-on toucher au budget de la Défense en France ?

 

16.06.2014 François Bernard - RFI

 

Le Salon de la Défense Eurosatory ouvre ses portes, à Paris jusqu’au 20 juin 2014. Le caractère prioritaire de la défense a été réaffirmé au début de ce mois afin, a dit le président, de renforcer «notre influence internationale, protéger nos intérêts vitaux et assurer la sécurité de la France». La baisse des crédits n’est évoquée qu’à mots couverts, mais certains évoquent les conséquences opérationnelles, sociales et industrielles qu'engendrerait une nouvelle baisse.

 

Pour en débattre :

- Vincent Desportes, ancien directeur de l’Ecole de Guerre, professeur de Stratégie à Sciences et HEC

- Etienne de Durand, chercheur et directeur du Centre des Etudes de sécurité à l’IFRI.

 

Emission à écouter ICI

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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 07:20
Nucléaire: le point sur le monde avec le SIPRI et sur la France avec Ph. Wodka-Gallien

 

16.06.2014 par Philippe Chapleau - Lignes de défense

 

Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) a diffusé ce matin ses données annuelles sur les forces nucléaires (voir le communiqué de presse ici). Les données montrent que, bien que le nombre total d'armes nucléaires dans le monde continue de baisser, aucun des États dotés d'armes nucléaires n'est prêt à abandonner ses arsenaux dans un avenir prévisible. Début 2014, neuf États — États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord — possédaient près de 4 000 armes nucléaires opérationnelles. Si toutes les ogives nucléaires étaient comptabilisées, l’ensemble de ces États posséderaient un total d'environ 16 300 armes nucléaires contre 17 270 début 2013 (le détail des données est à voir ici).

Selon le SIPRI, la France dispose de 300 ogives (un chiffre stable). Ces chiffres me donnent l'occasion de dire un mot du récent ouvrage de Philippe Wodka-Gallien (auteur du Dictionnaire de la dissuasion, paru chez Marines éditions).

 

 

Nucléaire: le point sur le monde avec le SIPRI et sur la France avec Ph. Wodka-Gallien

 

L'essai de Philippe Wodka-Gallien est intitulé Essai nucléaire. la force de frappe française au XXIe siècle: défis, ambitions et stratégie; il a été publié chez Lavauzelle (23,60 €, 220 pages).

Conçu durant la guerre froide, l'arsenal nucléaire français sert-il encore à quelque chose? La force nucléaire remet elle en cause l'équipement des forces conventionnelles ? Qu'en est-il des perspectives de désarmement ? Le petit livre du responsable des relations Presse de Sagem (qui n'imagine pas un seul instant qu'un responsable politique français puisse décider de remettre en cause cet acquis stratégique, politique et militaire) répond à ces interrogations.

Si cet ouvrage est destiné "au citoyen qui cherche à mieux comprendre l'ambition nucléaire militaire française", le ton de l'auteur est souvent celui du plaidoyer en faveur de la dissuasion. Mais l'angle choisi remet bien en perspective les fondements d'une politique de défense fondée sur la dissuasion : politiques, militaires, technologiques, industriels, voire culturels.

Le verdict est clair : la dissuasion à la française (avec un "format de stricte suffisance") se présente comme un réducteur d'incertitudes. Elle projette le concept français de défense loin dans l'avenir, compte-tenu d'un environnement international instable qui renoue avec les logiques de puissance et de course aux armements.

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 16:30
L'axe du mal renversé : vers une coopération USA-Iran contre les Djihadistes


16.06.2014 par Laurent Marchand - Tout un Monde
 

Les négociations sur le programme nucléaire irakien avaient ouvert la voie à une normalisation des relations américano-iranienne. La déstabilisation de l’Irak paraît sur le point de la consacrer. Car l’avancée au Nord de l’Irak des troupes djihadistes de l’EIIL, l’Etat islamique en Irak et au Levant, est en train de changer la donne. La faiblesse du Premier ministre irakien, le chiite al-Maliki, son incapacité ou plutôt son refus d’intégrer la communauté sunnite au pouvoir, ont ouvert un boulevard à l’EIIL. Forte de se soutiens financiers en provenance du Golfe et de ses moyens en armes, en hommes et du retournement de milliers de soldats sunnites au sein de l’armée. Le blitz de l’EIIL exige une réaction rapide, que le gouvernement de Bagdad est incapable de lancer. Pour éviter la création d’un Djahidistan, à cheval entre la Syrie et l’Irak, les Occidentaux ne peuvent plus compter que sur les Kurdes, sur … Assad et sur…  Téhéran. Par la voix de John Kerry, le Secrétaire d’Etat, les Etats-Unis ont ainsi fait savoir ce lundi qu’ils étaient prêts à collaborer avec l’Iran pourvu que la progression de l’EIIL soit stoppée.  « Je n’excluerais rien qui puisse être constructif » a-t-il déclaré.

Crédit photo : capture d'écran de l'état des positions de l'EIIL au 10 juin, par l'Institut of War

 

« Les Iraniens peuvent prendre des mesures pour éviter que Bagdad ne tombe ». Cette petite phrase, ce n’est ni un chiite irakien, ni un membre du Hezbollah libanais qui l’a tenue ce week-end. Mais un Sénateur américain. Un faucon bien connu pour son intransigeance. Lindsey Graham. « Nous devons nous coordonner avec les Iraniens », affirme-t-il. Interviewé par CNN, il déclarait dimanche que Washington doit absolument prendre l’initiative pour combattre l’Etat islamique en Irak et au Levant, sous peine sinon de voir le pouvoir de al-Maliki s’effondrer et de voir les Iraniens renforcer leur présence au sud de l’Irak, pour tenir la partie chiite. http://on.msnbc.com/1kFDmUo

 

How ISIS leader Abu Bakr al-Baghdadi became the world’s most powerful jihadist leader - The Was - Windows Internet Explorer.jpg

Depuis une semaine, ce scénario n’est plus seulement une hypothèse. La forte et rapide progression des combattants de l’EIIL, qui ont pris Mossoul, Tikrit et menacent de prendre Bagdad, est en train de renverser les priorités diplomatiques. A Washington, on s’interroge à voix haute dans la presse pour savoir si Abu Bakr al-Baghdadi, le leader sanguinaire de l’EIIL, n’est pas l’héritier en puissance de Ben Laden. En un an, son ascension a été fulgurante en termes de collecte de fonds, de mobilisation de troupes, d’actions éclatantes et de percées militaires. Alors que le numéro 2 historique de Ben Laden, al-Zawiri, n’a pas quitté depuis dix ans  les montages de la frontière afghano-pakistanaise, al-Baghdadi est peut-être en train de modifier la carte du Proche Orient. Voir ICI le portrait qu’en fait le Washington Post

Faut-il s’attendre à une opération concertée entre Washington et Téhéran contre cet homme ? Ce serait un tournant historique, 35 ans après la prise d’otage de l’ambassade américaine dans la capitale iranienne. Les financements occultes en provenance du Golfe (Arabie Saoudite et Qatar) et dont bénéficient les djihadistes sunnites en Syrie depuis deux ans, rendent l’alliance américano-saoudienne de plus en plus problématique. L’Arabie et le Qatar sont d’ailleurs montés au créneau ce lundi pour accuser le premier ministre irakien de la dégradation de la situation.

S'exprimant sous le couvert de l'anonymat, un haut responsable américain a déclaré dimanche que Washington  envisageait de contacter l'Iran pour rechercher avec les Iraniens des moyens d'aider le gouvernement de Bagdad. En public, la Maison blanche assure qu'aucun contact de ce genre n'a été noué pour le moment.

 

rohani.jpgSamedi, le président iranien Hassan Rohani avait déclaré que Téhéran envisagerait de coopérer avec les Américains en Irak s'il voyait que Washington souhaitait combattre les "organisations terroristes".  Prié de dire si l'Iran pourrait désormais collaborer avec les Etats-Unis face à l'EIIL, Rohani avait déclaré lors d'une conférence de presse: "Nous pouvons l'envisager, si nous voyons que l'Amérique commence à affronter les groupes terroristes en Irak et au-delà". "D'où venait l'EIIL? Qui finance cette organisation terroriste? Nous avions averti tout le monde, y compris l'Occident, du danger de soutenir un tel groupe terroriste", avait-il continué.

Autrement dit, onze ans après l’aventureuse intervention américaine en Irak, tout se passe comme si l’axe du mal s’était renversé. Bouleversant ! Pour le grand reporter Robert Fisk, ce qui est en train de se passer au Nord de l'Irak depuis une semaine est peut-être en train de modifier radicalement le découpage du Proche Orient établi il y a près d'un siècle sur les ruines de l'Empire Ottoman. L'accord Sykes-Picot, du nom des deux négociateurs britannique et français, signé le 9 mai 1916...

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 11:50
credit: European Union 2014 – European Parliament.

credit: European Union 2014 – European Parliament.

 

11th June 2014  – by - europeangeostrategy.org

 

A billion dollars to temporarily deploy additional American troops to Eastern Europe, organise military exercises, and train with allies and partners. President Obama announced this ‘European Reassurance Initiative’ in Warsaw, just before travelling to Brussels for the G7 meeting that replaced the planned G8 meeting in Russia (4-5 June 2014). Quite surprisingly, for had the United States (US) not just pivoted to Asia?

 

President Obama wants to demonstrate that NATO’s Article 5 is for real. Was it not before then? Well, the more NATO feels compelled to underline that it is, the more one begins to doubt it. US and NATO communication, and that of the Eastern European allies clamouring for an increased American presence (even permanently) are hardly reassuring. Of course Article 5 always has been and still is for real, quite simply because it fundamentally is an American guarantee. So no, Russia will not invade a NATO or European Union (EU) member state. From the beginning of the Ukraine crisis, that is all that ought to have been said. Objectively speaking, sending extra American forces does not change these basic facts.

 

Will it solve the crisis? No, it just helps to strengthen European self-confidence. Hopefully that will translate in more diplomatic and economic resolution to act through the EU, for that remains the only way.

 

Will these deployments affect President Putin’s policy? He was never going to threaten NATO territory anyway. In fact the sabre-rattling may complicate the diplomatic process. One thing Putin cannot allow is the perception by the Russian public that he has given in to Western military might, for his legitimacy rests in no small part on maintaining the illusion of Russia’s great power status. Diplomatic solutions require that all parties concerned can save face. Much more important therefore is diplomatic contact at the highest level, as during the D-Day commemoration in Normandy, with the possibility of additional sanctions kept in reserve.

 

But perhaps Obama, with an eye on the upcoming NATO summit in September, first and foremost wanted to send a signal to his European allies: shame on you. For, as his defence secretary Chuck Hagel was quick to point out, Europeans themselves should increase their efforts regarding defence. Spending 2% of GDP on defence, to start with. For once, there is no need for caution in making predictions: that will not happen. Or does anyone think that Germany, for example, will double its defence budget?

 

What is more, it is not necessary. In spite of all the cuts, the 28 EU member states together still spend €160 billion on defence per year. Europe should indeed not let that total amount drop any further. The Ukraine crisis has the potential to stabilise European defence spending. The real problem is that all too many European countries still maintain units and equipment that are useless both for territorial defence and for expeditionary operations. At the same time there are enormous duplications between schools, staffs and support units. Put simply: because of the way Europe spends its defence budgets, a lot of money is wasted. Allocating more money now will just lead to more waste. The real solution is radical defence cooperation between Europeans.

 

If Europe would just implement the decisions that it already took on this at last December’s European Council meeting, it might be able to meet another, much more justified American demand: to assume first line responsibility for security crises in Europe’s own neighbourhood. That is a necessity because in spite of everything the pivot is happening. Seen from Washington, only Beijing is a strategic competitor – Moscow can at most be a spoiler. What does Europe want to be able to do as a security provider, if necessary without the US? That is the strategic question to which Europe must formulate a response. But the American deployment might just have sent the wrong signal. Why bother, if the cavalry is coming anyway?

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24 mai 2014 6 24 /05 /mai /2014 07:40
L’Ukraine, territoire stratégique

 

19 mai 2014 par Thomas Flichy de La Neuville - libertepolitique.com

 

Périphérie disputée entre la Lituanie, la Pologne et la Russie, l’Ukraine n’a guère connu que trente-deux ans d’indépendance en plusieurs siècles d’histoire. Il ne faut donc guère s’étonner que des volontés d’assujettissement réapparaissent à intervalles réguliers.

 

Intéressée par l’Ukraine en raison de sa profondeur stratégique, de son rôle d’intermédiation gazière et de son accès aux mers chaudes, la Russie a profité de l’affaiblissement de l’Europe pour tenter de faire revenir la Petite-Russie, dans son aire d’influence traditionnelle.

 

Pourquoi vouloir contrôler l’Ukraine ?

 

Vue de Russie, l’Ukraine présente trois intérêts stratégiques. En premier lieu, il donne une profondeur stratégique à la Russie. D’un point de vue historique, la Russie s’e

L’Ukraine, territoire stratégique

 

19 mai 2014 par Thomas Flichy de La Neuville - libertepolitique.com

st défendue des invasions grâce à la profondeur. C’est pour cette raison qu’elle avait déplacé ses frontières vers l’Ouest : afin de dissuader des agresseurs éventuels de l’envahir.

En second lieu, l’Ukraine joue un rôle d’intermédiaire entre la Russie, riche en gaz et l’arrière-pays européen, consommateur d’énergie. Pour la court-circuiter, la Russie favorise depuis plusieurs années la construction de grandes infrastructures de transport de gaz russe vers l’Europe et qui contournent l’Ukraine. À l’inverse, les États-Unis souhaiteraient concurrencer le gaz russe en exportant du gaz liquéfié vers l’Europe centrale à l’horizon 2020.

Le troisième enjeu de la conquête du territoire ukrainien est celui de l’accès aux mers chaudes. Historiquement, l’Ukraine constitue le volet méridional de la « fenêtre sur l’Ouest » voulue par Pierre le Grand.

Enfin, n’oublions pas l’enjeu mémoriel : la Russie orthodoxe et slave est née en Ukraine avant de se déplacer vers le nord-est sous la pression des invasions.

Pour la Russie, une prise de risque calculée

La Russie s’est certainement interrogée sur la possibilité de contre-mesures de la part des États industriels occidentaux. Elle sait que l’Union européenne, qui promeut depuis des décennies une politique d’apaisement, critiquera les mesures russes, mais exclura catégoriquement toute intervention militaire. Qui plus est, la Russie a appris du conflit géorgien de 2008 que l’usage de la force militaire à l’encontre de ses voisins lui permettait d’atteindre rapidement ses objectifs de politique étrangère avec un coût stratégique faible à long terme.

En réalité, le monde occidental dispose de peu de leviers lui permettant de dissuader Moscou. Le président Obama, le Premier ministre Cameron et d’autres leaders occidentaux ont averti la Russie que son action militaire aurait un « coût ». Il est toutefois très difficile de mettre en œuvre des sanctions d’une importance suffisante pour être prises au sérieux par Moscou, sans qu’elles nuisent simultanément à ceux qui les prennent.

L’Occident peut protester et annuler des sommets conjoints, mais Moscou n’a jamais considéré que les insultes vaillent la peine d’être prises en considération. Fort de son veto au Conseil de sécurité des Nations-unies, la Russie n’a guère à se soucier d’une action potentielle des Nations-unies.

En outre, la Russie peut se fonder sur les expériences antérieures pour en déduire que les sanctions imposées seront de courte durée. En 2008, l’Occident s’est enflammé verbalement au sujet de la Géorgie. L’année suivante, les États-Unis déclaraient l’annulation des sanctions.

 

* Thomas Flichy de La Neuville est professeur à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr.

 

Pour en savoir plus :
 L’Ukraine, enjeu stratégique ou symbolique ?
 in Synopsis, Centre de Recherche des Ecoles de Coëtquidan, 20 mai 2014.

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 21:55
Une levée de boucliers générale pour le budget des armées

 

23 mai 2014 D.L. - libertepolitique.com

 

Le budget militaire de la France a été préservé après une levée de boucliers d’une ampleur sans précédent : après une menace de démission du chef d’état-major des armées et des généraux dirigeant les trois armées de Terre, de Mer et de l’Air, et une lettre de mise en garde directe du ministre de la Défense nationale Jean-Yves Le Drian, le Premier ministre Manuel Valls a déclaré qu’il n’y aurait plus aucune soustraction supplémentaire.

 

La série des coupes sombres dans le budget militaire ne date certes pas d’hier, si l’on se souvient des suppressions de régiments déjà effectuées par le tandem Chirac-Léotard… Mais le bûcheronnage budgétaire a allègrement continué depuis lors, malgré l’apparition de nouveaux nuages noirs sur la scène internationale. Aujourd’hui, fait notable, au sein même de l’Etat-PS, le ministre de la Défense évoque « un contexte social proche de l’exaspération », qui risque fort de rendre les efforts « difficiles à réaliser »…

 

Suppressions de poste et matériel obsolète

 

Dans le cadre de la loi de programmation militaire 2014-2019 adoptée de justesse, on avalise la suppression de 82.000 emplois en dix ans. Comme l’a souligné un haut gradé en direct à la télévision, une bonne partie du matériel en dotation n’est actuellement pas en état de fonctionner, soit obsolète, soit faute de capacité de maintenance.

 

L’entrainement des soldats, « déjà inférieur aux normes internationales » est désormais compromis, observe le ministre. Et les conséquences industrielles des coupes budgétaires seront « désastreuses », tant pour l’industrie aéronautique que pour les chantiers navals ou les ateliers terrestres. Dans le domaine vital du renseignement, on parle d'annulation d’engagements à propos de drones et de satellites. Une armée aveugle aurait sans doute trouvé de bonnes raisons de rester immobile. Il ne restait alors plus qu’à mettre en œuvre une nouvelle notion stratégique, celle de Ligne Maginot virtuelle de source budgétaire tristement certaine…

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 16:21
"ITAR" : la réforme d’un système datant de la guerre froide – Partie III : quid des satellites ?

 

 

ITAR est un acronyme redouté par les industriels de la défense, c’est maintenant EAR qu’il faut lui adjoindre. Le système américain de contrôle des exportations vit une réforme majeure (partie I) dont un jalon important vient d’être franchi. Que doit en attendre l’industrie européenne : menaces ou opportunités (partie II) ? Et qu'en est-il précisément pour les satellites (partie III) ?

 

Cet article est le troisième d’une série consacrée à la réforme du système américain de contrôle des exportations de matériels de défense. Après avoir présenté la réforme et en avoir évalué les conséquences générales pour l’industrie européenne, nous nous penchons sur le cas particulier des satellites.

 

Le traitement spécial du domaine spatial

 

Depuis 1999 (Rapport Cox sur les préoccupations en matière de sécurité envers la Chine, puis loi Storm Thurmond), satellites commerciaux et composants avaient été placés sur l’USML, interdisant ainsi leur exportation hors des États-Unis. L’industrie spatiale américaine, emmenée par plusieurs syndicats professionnels (l’Aerospace Industries Association et la Satellite Industry Association en particulier) exerçait depuis un fort lobby : en effet, la difficulté, voire l’impossibilité de l’industrie non américaine, européenne en particulier, d’obtenir des composants américains pour des certains clients avait conduit celle-ci à développer des satellites dits ITAR-free, n’intégrant pas de composants américains.

Cette législation sur les satellites et la réaction industrielle européenne aurait, selon le lobby industriel américain, eu un impact dévastateur sur ce secteur, faisant chuter sa part de marché de 65 à 30 % et perdre 21 milliards de dollars de revenus en 10 ans et 9 000 emplois par an.

Sensible aux demandes de son industrie, le Congrès restait cependant inquiet sur les risques liés à la politique de contrôle des exportations des matériels spatiaux : celui-ci s’est vu rassuré suite à une évaluation conduite conjointement par les départements d’État et de la Défense qui conclût en avril 2012 [1] à effectivement proposer l’autorisation d’exportation des satellites de communication (sans composant classifié) ou de télédétection (en deçà d’un certain niveau de performance), et ce, en excluant strictement certains pays bien ciblés, la Chine, la Corée du Nord ainsi que tout pays sponsor d’activités à nature terroriste.

Le Congrès américain a finalement fait en décembre 2012 un grand pas en avant pour réformer le régime de contrôle des exportations des satellites quand il a autorisé dans la loi de finances du budget 2013 de la défense [2] le transfert des satellites commerciaux de l’USML vers la CCL, assortissant cette autorisation de demandes d’évaluation des exemptions relatives aux pays et des garanties qu’elles présentent d’une part, et du contrôle de l’utilisation finale (End-Use Monitoring) des satellites et articles associés exportés d’autre part.

Depuis, il aura fallu près de 18 mois pour que le gouvernement mène à bien son travail de ré-écriture de l’ITAR et de l’EAR pour prendre en compte cet assouplissement du système et les demandes du Congrès associées : c’est finalement le 13 mai 2014 que les textes amendant l’USML et la CCL pour le domaine spatial ont été publiés, pour une entrée en vigueur 180 jours plus tard.

Pratiquement, et comme pour le reste de l’USML, certains articles ont été transférés de l’USML vers la CCL : les satellites commerciaux et ceux de télédétection de performance inférieure à certains niveaux ont été retirés de l’USML et de la juridiction ITAR conduite par le Département d’État vers la nouvelle catégorie d’articles dite 500-Series [3] de la CCL. C’est désormais le Département du Commerce qui contrôlera les exportations de ces articles.

 

Le concept de l’ITAR-free reste pertinent

Cette libéralisation des exportations des satellites américains doit-elle être considérée comme une menace, en particulier pour l'industrie européenne qui s'était fait forte en développant une spécialité, le satellite ITAR-free, et qui se retrouvera bientôt à nouveau en concurrence directe avec l'industrie américaine ?

À bien y regarder, la réforme du contrôle des exportations des satellites n’est peut-être pas aussi salutaire pour l’industrie spatiale américaine qu’elle ne l’espérait et le concept de satellites ITAR-free sur lequel surfe l’industrie européenne garde toute sa pertinence pour le futur. On peut en effet pointer du doigt certains des biais de la réforme qui, en y réfléchissant, ne résolvent pas tout à fait les difficultés du système tel qu’il était jusqu’à aujourd’hui critiqué par l’industrie américaine spatiale.

Rappelons la règle importante de l’ITAR qui est celle du see-through : tout système incorporant un composant ITAR devient à son tour ITAR. Celle règle n’était avant la réforme propre qu’à l’ITAR ; pratiquement, la réforme étend cette règle qui devient maintenant également applicable à l’EAR.

En effet, les articles des sous-catégories 500 (domaine spatial) ou même 600 (autres domaines) de la CCL qui ont été transférés de l’USML, se verront appliquer un pourcentage pour la règle de minimis [4] de 0 % pour les exportations vers la Chine et une vingtaine d'autres pays sous embargo américain ; de fait, ce pourcentage de 0 % crée une règle totalement équivalente à celle du see-through au sein de l’EAR pour l’exportation de ces articles vers les pays en question. Notons par ailleurs que l’exemption Strategic Trade Authorization ne soulage pas cette règle de mininis de 0 %, car ces mêmes pays sont naturellement exclus de l’exemption.

Cette règle du see-through avait été la motivation principale du développement de satellites ITAR-free par l’industrie européenne ; maintenant qu’elle s’étend à l’EAR, on peut penser que l’industrie européenne poursuivra ses efforts pour que les satellites qu'elle développe et exporte soient également 500-series-free.

Ainsi, la réforme peut sembler être une menace pour l’industrie européenne ; elle reste plus sûrement une opportunité dans le domaine des satellites qu’elle devra poursuivre à entretenir.

 

Notes

[1] Rapport DoS-DoD dit "1248", Risk Assessment of US Space Export Control Policy.

[2] HR 4310 – National Defense Authorization Act for FY2013.

[3] Spécifiquement identifiée sous le numéro de classification ECCN 9x515.

[4] Règle fixant le pourcentage de sous-systèmes demandant une licence en dessous duquel l’exportation d'un système intégrant ces sous-systèmes est autorisée sans licence.

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 16:20
"ITAR" : la réforme d’un système datant de la guerre froide – Partie II : que doit-on en attendre ?
 
19/05/2014 par Olivier-Pierre JACQUOTTE - LE CERCLE. LesEchos.fr
 
 
ITAR est un acronyme redouté par les industriels de la défense, c’est maintenant EAR qu’il faut lui adjoindre. Le système américain de contrôle des exportations vit une réforme majeure (partie I) dont un jalon important vient d’être franchi. Que doit en attendre l’industrie européenne : menaces ou opportunités (partie II) ? Et qu'en est-il précisément pour les satellites (partie III) ?
 

Cet article est le second article consacré à la réforme du système américain de contrôle des exportations de matériels de défense. Le premier article est consacré à la réforme en elle-même. Cet article se penche sur les conséquences que l’industrie européenne se doit tirer de cette réforme. Le cas particulier des satellites est enfin examiné dans un dernier article.

 

Menace ou opportunité ?

Beaucoup a été accompli durant 3 ans, sûrement plus qu’en près de 30 ans d’existence de ces lois. Un effort de transparence et un souci de l’utilisateur industriel de ces lois doivent être mis au crédit de l’administration et du gouvernement américains.

Le contrôle impacte l’exportateur américain, mais également le client étranger, industriel ou étatique, souhaitant acheter des biens américains, ou tout éventuel partenaire de collaboration ; il est donc important pour les industriels nationaux impliqués dans des relations commerciales ou de collaboration avec les États-Unis de suivre de près les évolutions du système.

Il ne faut pas s’y tromper, la réforme est un outil de sécurité nationale, mais aussi de guerre économique : en remontant les murs autour des technologies sensibles, il protège les États-Unis de leur prolifération et contribue à éviter de les retrouver un jour contre eux sur un théâtre d’opérations.

En abaissant ces mêmes murs autour de technologies commerciales, elle permet de redynamiser l’économie américaine et lui permet d’exporter plus largement ces technologies ; elle vient donc ainsi concurrencer l’industrie étrangère, européenne en particulier, voire contrer les efforts qu’elle avait consentis pour pallier l’ITAR et développer les technologies lui permettant d’exporter vers des directions bannies par les États-Unis (par exemple les satellites ITAR-free vers la Chine). 

Une étude évaluait les retombées économiques de la réforme à 63 Md$ et 340 000 emplois, dont 160 000 dans le domaine manufacturier, grâce aux parts export capturées par l’industrie américaine (donc perdu pour les Européens en particulier). Ces résultats donnent une idée du tsunami auquel il faut s’attendre.

Un des travers du système de contrôle américain, bien connus et subis à l’étranger, est le caractère extraterritorial voulu par ces lois ; ceci concerne les transferts internes au sein d’un pays tiers, la réexportation, les produits manufacturés à l’étranger avec contenu américain, les activités de courtage. Même quand cette extraterritorialité ne s’applique pas, le pouvoir de rétorsion du gouvernement américain reste suffisamment dissuasif pour chercher à rester en accord.

La réforme ne change rien en ce qui concerne cette volonté des Américains de contrôler en dehors de leurs frontières pour que des pays ou groupes hostiles ne mettent la main sur leurs technologies les plus sensibles. Les programmes internes de conformité (compliance) se doivent donc de rester attentifs vis-à-vis des évolutions du système afin de rester conforme, en particulier en anticipation d’éventuels contrôles exercés et d’investigations conduites par le gouvernement américain (Golden Sentry pour le Département du Commerce et Blue Lantern pour le Département d’État).

La réforme simplifiera et facilitera indéniablement le transfert de technologies ; à ce titre l’exemption Strategic Trade Authorization représente une avancée car, en donnant la possibilité d’exporter plus librement vers les pays alliés, elle permettra d’accroître les échanges transatlantiques. Par les transferts de l’USML vers la CCL, la réforme ouvre également des opportunités à laquelle notre industrie nationale doit se préparer : produits contrôlés de manière plus souple, accès à de nouveaux couples technologie/pays jusqu’à présent hors limite.

Cependant, malgré les clarifications engagées, un certain flou et une dose d’arbitraire seront toujours entretenus afin de mieux contrôler les technologies les plus sensibles au gré des intérêts économiques ou politico-diplomatiques des États-Unis.

La libéralisation de l’export d’articles précédemment classés ITAR devrait rendre plus faciles l’intégration et l’assemblage hors des États-Unis d’équipements et matériels contenant ces articles. En ce sens, la réforme pourra donc profiter aux industriels intégrateurs, européens en particulier, disposant de fortes capacités d’ingénierie, qui développeront des produits nouveaux intégrant les technologies US ou qui sauront profiter de la concurrence apportée par ces articles désormais libéralisés.

L'assouplissement de l’ITAR entraînera un assouplissement dans l’obtention des autorisations pour engager des coopérations (Technical Agreement), ce qui devrait permettre de faciliter la collaboration industrielle transatlantique. Les Américains sont pragmatiques et friands de technologies innovantes : à nos industriels qui en disposent de profiter de la réforme pour engager à nouveau le dialogue avec leurs homologues américains, en évitant naturellement de faire "ITARisées" ces technologies.

Les industriels de la défense s’étaient cependant habitués à un certain confort au sein de l’ITAR : le système a ses règles, restrictives et strictes certes, mais claires et connues. Les industriels découvrent un système EAR plus compliqué en fait que l’ITAR, en particulier avec les nombreuses exemptions et de dérogations utilisables : il s’agit pour eux de passer d’une logique mathématique à une logique de grammaire, contrastant la certitude des mathématiques et les règles complexes où l’exception est paradoxalement la règle.

Les industriels de part et d’autre de l’Atlantique mettront sûrement plusieurs mois ou années à pratiquer avec aisance ce nouveau système, mais une fois cette période d’adaptation passée, ce sont ces centaines de milliers d’articles, autrefois interdits d’exportation, ou difficilement exportables des US, qui viendront concurrencer ceux européens.

À chacun donc de continuer à rester informé sur ces changements profonds et de les prendre en compte dans sa stratégie afin d’en tirer le meilleur parti.

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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 17:50
Quelle défense européenne ? Nicole Gnesotto répond

 

21.05.2014 Touteleurope.eu

 

Quels sont les ambiguïtés et les clivages qui caractérisent la défense européenne ? Les élargissements de l’OTAN n’ont-ils pas "coupé l’herbe sous le pied" de l’Europe de la défense et contraint au retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN ? Que nous démontre la crise ukrainienne au sujet de la défense Européenne ?
Auteur d’un ouvrage intitulé "Faut-il enterrer la défense européenne ?", publié à La documentation française (2014), Nicole Gnesotto * répond aux questions de Pierre Verluise **. En partenariat avec le Diploweb.com, Touteleurope.eu publie cette interview.

 

Pierre Verluise : Quels sont les ambiguïtés et les clivages qui caractérisent la défense européenne ? 

 

Nicole Gnesotto : Les ambiguïtés sont multiples, mais elles sont parfois nécessaires pour avancer. Sur les missions (combat ou gestion des crises ?), sur la relation à l’OTAN (dépendance ou complémentarité ?), sur la finalité de la défense européenne (renforcer le bloc atlantique ou promouvoir l’autonomie stratégique de l’Union), il est difficile de croire que l’on arrivera à une vision commune et à une politique consensuelle des Européens.

Ce qui rapproche les Européens ? Un sens très historique de la tragédie européenne, une fragilité commune dans l’exposition à des risques et menaces les plus divers, une solidarité économique et politique de plus en plus solide.

Les 28 Etats membres ont des histoires, des héritages, des capacités, des potentialités très différentes. Il y a les « grands » et les « petits », les pays membres d’alliances militaires et les neutres, les anciens et les nouveaux, ceux de l’Est et ceux du Sud dont les visions diffèrent tellement s’agissant des menaces… Il y a encore ceux qui ont des industries de défense importantes et les autres, ceux qui acceptent le nucléaire et ceux qui ont pris la tête des campagnes anti-nucléaires, etc.

Bref, les différences sont si nombreuses que la surprise est plutôt que l’on soit malgré tout parvenu, depuis 12 ans, à un consensus minimal sur la défense dans le cadre de l’Union ! Car ce qui rapproche les Européens est peut-être finalement plus important que ce qui les divise : un sens très historique de la tragédie européenne, une fragilité commune dans l’exposition à des risques et menaces les plus divers, une solidarité économique et politique de plus en plus solide, le tout construisant un intérêt commun minimal dans la pacification des marges géographiques de l’Union.

Cela ne conduit pas nécessairement à l’affirmation de l’Europe comme un acteur stratégique autonome et puissant – la Grande Bretagne par exemple y est hostile. Mais cela conduit néanmoins les Européens à s’organiser un minimum pour gérer des crises extérieures, notamment quand les Etats-Unis ou l’OTAN sont hors-jeu.

 

P.V. : Aujourd’hui, l’UE-28 compte 22 pays membres de l’OTAN. Les élargissements de l’OTAN (1999, 2004, 2009) n’ont-ils pas "coupé l’herbe sous le pied" de l’Europe de la défense et contraint au retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN (2009) ? 

N.G. : L’OTAN est, et reste, pour une immense majorité d’Etats européens, l’organisation de défense prioritaire, quel que soit l’état de la menace à l’encontre de leurs intérêts. Immédiatement après la chute de l’Union soviétique (1991), les anciens pays du bloc communiste y voyaient le symbole de leur retour dans la famille occidentale et la seule solution pour se protéger contre leur ancien occupant russe. Et ils avaient raison. L’Union européenne n‘est pas faite pour dissuader la menace russe, notamment sur le plan nucléaire.

La Pologne est aujourd’hui un membre fidèle de l’OTAN et un partisan convaincu de la défense européenne.

La politique de défense de l’Union est davantage une politique d’intervention extérieure qu’une politique de défense. C’est une politique de gestion des crises régionales, non stratégiques, et pas du tout, contrairement à ce que le vocabulaire pourrait faire croire, une politique d’autodéfense collective du territoire des Etats membres de l’UE. Après une période de « tout-OTAN » assez compréhensible, les nouveaux membres de l’Union issus d’Europe centrale et orientale, sont d’ailleurs revenus à une position nettement plus équilibrée : la Pologne est aujourd’hui un membre fidèle de l’OTAN et un partisan convaincu de la défense européenne.

Quant à la France, son retour dans la structure militaire de l’OTAN n’était à mes yeux ni totalement absurde, ni vraiment nécessaire. D’un côté, la France était dans une situation politique difficilement compréhensible pour ses partenaires – à la fois énorme contributeur à l’OTAN et critique systématique de ’organisation.

Sa réintégration pouvait faire espérer un retour à la confiance, la fin des suspicions à l’égard de Paris, et donc une relance plus consensuelle de la défense dans un cadre européen. D’un autre côté, la France rejoignait l’OTAN à une période où celle-ci perdait un peu de sa raison d’être stratégique, et elle se trouvait tout d’un coup soupçonnée d’abandonner son ambition historique en faveur de l’Europe de la défense. Depuis, les choses se sont apaisées. La France a repris le flambeau de la PSDC, mais l’inertie de ses partenaires n’a guère changé…

P.V. : Que nous démontre la crise ukrainienne au sujet de la défense européenne ?

N.G. : Avant tout, la crise ukrainienne montre à quel point l’Union européenne pêche par excès d’angélisme stratégique. Croire que l’on pouvait traiter l’Ukraine comme n’importe quel pays du voisinage, sans tenir compte de son poids stratégique au milieu du continent européen, sans tenir compte des perceptions russes, fussent-elles fausses, était bien sur une erreur.

Le sommet de l’UE devrait disposer de compétences stratégiques. 

Or on a proposé à l’Ukraine un partenariat économique comme il s’agissait des îles Marquises ou Salomon. Il est donc plus que temps de choisir des responsables européens, notamment au sommet de la Commission, qui aient un minimum de compétences et une vision stratégique du monde dans lequel évolue l’Union.

Sur la politique de défense proprement dite, l’Ukraine a des conséquences paradoxales. Personne ne considère que la défense européenne puisse jouer un rôle pour dissuader l’aventurisme militaire russe. C’est plutôt l’OTAN qui, en théorie, se retrouve consolidée par la menace russe.

Toutefois, les choses sont moins simples qu’il n’y parait. L’OTAN rassure ses membres européens, mais elle est surtout interdite d’action sur le moindre petit bout de territoire de l’ex-Union soviétique. En 2008 déjà, lors de la guerre russo-géorgienne, les Russes avaient fait de l’activation de l’OTAN un casus belli. Autrement dit, les Européens de l’Union devraient malgré tout sérieusement réfléchir à l’évolution des conditions de leur sécurité, ne serait-ce que parce que les Etats-Unis de 2014 ne sont plus forcément disponibles pour tout et partout.

 

* Nicole Gnesotto est Professeur du CNAM, titulaire de la chaire sur l’Union européenne. Elle a passé une grande partie de sa carrière au Conseil de l’Union européenne. Spécialiste des questions stratégiques, elle a été le premier directeur de l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne.

** Pierre Verluise est Directeur du Diploweb.com. Il publie The Geopolitics of the European Union Borders. Where should the expansion stop ?, Eska, 2014.

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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 07:55
Sergent Marcel Kalafut tué au Mali : ces jeunes qui meurent pour la France

 

08/05/2014 Par Sebastien Botheron * - FIGARO VOX

 

FIGAROVOX/TRIBUNE- On dit des 18-30 ans, que l'on appelle génération Y, qu'ils sont une génération désabusée, individualiste et sans repères. Pourtant, ce sont eux qui acceptent aujourd'hui de donner leur vie pour leur pays.

 

«Mon fils se bat en Afghanistan pendant que le tien va à l'université». C'est par ce slogan que certains parents de soldats américains affichent leur soutien à leurs enfants, et plus généralement aux militaires en opération. D'un point de vue français, il est vrai que le patriotisme très affiché des Américains peut sembler excessif et surjoué.

Un récent sondage avance que les armées sont l'une des institutions dans laquelle les Français ont le plus confiance. Pourtant, dans le même temps, la fin de la conscription et le déplacement des conflits hors de nos frontières ont éloigné le soldat de la société française. Sans y être hostiles, nos concitoyens se trouvent de fait moins concernés par la chose militaire et les enjeux de défense.

Il peut donc sembler paradoxal aujourd'hui, dans une société où l'individualisme et l'hédonisme sont quasiment érigés en dogme, que de jeunes français fassent le choix courageux et engageant du métier des armes.

Ces jeunes français appartiennent à ce que l'on appelle la génération Y. Ils sont nés entre le début des années 80 et la fin des années 90, et ce nom viendrait du Y que forme le fil de leur lecteur MP3 sur le torse. Autre explication avancée, Y se prononce why (pourquoi) en anglais et correspondrait bien à cette génération, qui aurait besoin en permanence de réponses et de comprendre pour agir.

Sociologues et DRH s'accordent généralement sur certaines caractéristiques de cette génération: les 18-30 ans sont souvent en rupture avec leurs aînés, la génération «mai 68», celle du plein emploi, responsable selon eux du chômage de masse qu'ils subissent. D'autre part, l'éclatement du modèle traditionnel de la famille, le délitement du respect envers des institutions comme l'école républicaine, les ont peu à peu conduits à remettre en cause toute forme d'autorité.

 

Il peut donc sembler paradoxal aujourd'hui, dans une société où l'individualisme et l'hédonisme sont quasiment érigés en dogme, que de jeunes français fassent le choix courageux et engageant du métier des armes.

 

Génération hyper-connectée, que le philosophe Michel Serres nomme «Petite Poucette», parce qu'elle utilise agilement ses pouces pour envoyer des SMS, elle est aussi génération du zapping et de l'instantanéité. Parfois de la superficialité. Napoléon, le général de Gaulle ou Jean Moulin ne font plus le buzz. Ils leur préfèrent les stars éphémères et siliconées de la télé-réalité, nouveaux héros des temps modernes.

Cette génération subit également de plein fouet la fragilisation de notre cohésion nationale. La crise de la citoyenneté et l'effritement du sentiment national ne contribuent pas à donner une visée et un sens collectif à la nation française.

Exemple caricatural mais symptomatique des doutes de cette génération, notre jeune équipe de France de football, a contrario de ces aînés de 1998, a du mal à chanter la Marseillaise et à s'imposer comme le visage populaire d'une France qui gagne et qui rassemble.

Ce malaise se traduit enfin par des difficultés à intégrer dans la nation une partie de cette génération, française mais issue de l'immigration. Confrontés à un pays dans lequel ils ne se reconnaissent pas toujours, certains jeunes français font le choix du fanatisme et de l'extrémisme, bafouant ainsi les valeurs universelles défendues par la France: quoi de plus inquiétant que de voir plusieurs centaines de jeunes français, dont certains sont mineurs, mener aujourd'hui le djihad en Syrie?

Pourtant, et à rebours de ce que pourrait laisser croire ce constat initial, la génération Y a vite trouvé les limites de cet individualisme obsessionnel. Elle montre le besoin de s'engager et de donner du sens à son existence.

Ainsi, chaque année, près de 20 000 jeunes font le choix d'abandonner une vie confortable et réglée pour rejoindre les armées françaises.

Elles ne sont pas les seules à proposer un métier exigeant, où la disponibilité, le désintéressement, l'abnégation et le courage se vivent au quotidien: ces valeurs sont partagées par beaucoup d'autres corps de métier.

 

à rebours de ce que pourrait laisser croire ce constat initial, la génération Y a vite trouvé les limites de cet individualisme obsessionnel. Elle montre le besoin de s'engager et de donner du sens à son existence.

 

Mais ces jeunes signent un contrat de travail très particulier, et unique: il est écrit noir sur blanc dans leur statut que l'état militaire exige en toute circonstance un esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu'au sacrifice suprême.

Dans une société où l'on pense d'abord à ses droits avant de se rappeler que l'on a également des devoirs, des jeunes gens de vingt ans, font le choix, consenti et profondément altruiste, de servir leur pays, et de lui donner leur vie, si nécessaire.

Depuis vingt ans, les conflits dans lesquels la France est engagée ont évolué. Les missions de maintien de la paix sous l'égide de l'ONU ont été remplacées par des guerres dures et longues, contre des insurgés ou des terroristes ne respectant pas les règles du droit international. Les armées françaises ont payé un lourd tribu durant ces engagements.

Depuis 2002, près de 130 soldats ont donné leur vie en opération. Récemment, trois jeunes soldats sont morts en République Centrafricaine, lors de l'opération Sangaris, déclenchée en décembre 2013. Ils s'appellent Nicolas Vokaer (23 ans), Antoine Le Quinio (22 ans) et Damien Dolet (26 ans).

Le sergent Marcel Kalafut (26 ans), sous-officier de la Légion Etrangère d'origine slovaque avait lui aussi choisi librement de servir le drapeau français. Le 8 mai 2014, il lui a donné sa vie, sur une piste du massif du Tigharghar, au Mali.

Ces hommes ordinaires, capables de choses extraordinaires, ne doivent pas être considérés comme des victimes, car ils sont des héros. Personne n'a pris leur vie. Au contraire, ils l'ont donnée, en homme libre, et dans un acte d'une extrême générosité. Pour leurs camarades, pour leur chef, pour la France, ou pour protéger des innocents d'un massacre. Peut être aussi pour prouver à ces fanatiques qui magnifient la mort, que la vie sera toujours plus forte.

La génération Y, si on le lui explique, adhère au projet proposé par l'institution militaire, qui semble pourtant très éloigné des préoccupations de la jeunesse actuelle.

Peut être que cette jeunesse n'a en fait besoin que de repères clairement établis, au sein d'une organisation où l'Homme a une place centrale, et où l'ascenseur social fonctionne toujours.

Cette année aura lieu le centenaire de la Grande Guerre et nous rendrons hommage au courage et au sacrifice des Poilus. Nous allons voir également entrer au Panthéon des grands Hommes, quatre figures de la Résistance. Ces deux générations ont lutté et souffert pour protéger leur Terre et conserver leur liberté.

Les Français célébreront avec enthousiasme ces figures héroïques de la patrie, qui ont forgé la nation française.

N'oublions pas d'y associer nos soldats, ceux d'une autre génération, que l'on appelle Y mais qui défendent aujourd'hui leur pays avec autant d'abnégation et de courage que leurs Anciens.

 

* Sébastien Botheron est officier de l'armée de terre et actuellement stagiaire à l'Ecole de Guerre.

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14 mai 2014 3 14 /05 /mai /2014 16:40
The Ukrainian crisis and the geo-economy of sanctions

Photo credit: Open Europe Blog
 

May 14, 2014 By Jonathon Cini -  International Security Observer


Economic prosperity is under threat in Eastern Europe. The rise of strategic competition between Russia and Western democracies over Ukraine is highlighting the inextricable link between geo political actions and the region’s economy. Economic pressure is being applied on both sides, and the lingering threat of war is affecting the region’s stability and financial markets. This is a mark of geo-economics at play. These events are not only important from a security perspective, but also for continued economic integration in these regions.

Broadly defined, geo-economics refers to how geopolitics influences economic development and how major economic transformations influence geopolitics. While strategic conflict and regional power games are not new, they are once again a modern-day reality. As we move from a unipolar to a more multipolar world economic, security is becoming a vital component to a country’s ability to project power in the 21st century. This is largely due to the expansion of regional trade deals and the integration of global financial markets. 

Today we see a number of advanced countries embroiled in geo political disputes, particularly in regions where the absence of a hegemon has left space for ideological divisions to emerge. Such regions include, East Asia between China and Japan; and more recently in Eastern Europe between Russia and the EU with Ukraine at the core. Crimea’s annexing to Russia has the potential to further damage not only Russia`s economic situation, but also impact the global economy.

Since pro-Russian forces entered the southern territory of Crimea, the West has begun to wage an economic and diplomatic war against the Kremlin. The March 16 referendum in Crimea only added fuel to the fire. In order to put pressure on Russia in retaliation for destabilizing Ukraine the West has responded by temporarily removing Russia from the G8, and introducing a range of “sectoral sanctions” to pinpoint specific companies and officials in Russia’s largest industries[i].

For instance, at the end of April the US Senate passed sanctions targeting Russia’s biggest banks, Sberbank and VTB, the state energy companies Gazprom and Novatek, and the arms dealer Rosoboronexport[ii]. At the same time the European Union (EU) has imposed travel bans and asset freezes on 15 high profile Russians including Russia’s deputy prime minister Dmitry Nikolayevich Kozak[iii].

The implementation of economic weapons has further escalated the geo political stand-off. This has the potential to cause an economic fallout for Russia and the EU, given that the two are integrally tied by investment and trade.

Russia is the EU`s third biggest trade partner. It makes up 7 percent of the EU`s imports and 12 percent of exports[iv]. Russia’s biggest trade and investment partner is the EU, with trade worth an estimated $330 billion in 2012[v]. This of course includes Russian oil and gas exports to the EU, which are now at risk. Moscow is considering suspending its supply of energy to the EU, and EU leaders are considering reducing dependency on Russia`s oil and gas supplies. This would hurt Russia, which is heavily reliant on it energy sector, and it would also have serious consequences for Western companies invested there, such as ExxonMobil, Shell, Total, Statoil, BP[vi].

We have already seen this mounting tension unsettle Russia’s share price index, which has fallen 7 percent[vii].  Its central bank has raised interest rates and has been forced to spend around $12 billion[viii]in reserves to support the Russian Rouble, which took an initial knock and could fall further. Analysts warn that these outcomes and measures have placed the economy at risk of recession.  Ratings agencies have downgraded Russia’s credit rating from stable to negative[ix]and Russia’s deputy Economic Minister, Andrei Klepach, has warned that Russia faces a period of stagnant growth[x].

While the Ukraine`s already stagnating economy felt the initial effects of this dispute, this attention has now turned to  the deterioration of Russia’s commercial ties with the West and the likely  long-term costs to Russia’s own economy. If tensions continue to intensify between Russia and the West, this will undoubtedly damage foreign investment in the region and cause an economic slowdown. In addition, international sanctions on Russia may undermine not only its economy, but also its political and social stability[xi].

This is only one instance of many geo economic struggles that can be found around the world. One of the most worrisome is being played out in East Asia with the Senkaku/Diaoyu islands at the centre. These islands are thought to be rich in oil and natural gas resources. Crucially, economic relations between Asia`s financial powerhouses have soured in recent years, particularly since Japan`s Government nationalised the islands in 2012[xii]

Economic pressure is being applied on both sides.China moved to temporarily ban the export of rare earth metals[xiii]to Japan, which are needed for its massive electronic goods industry.  Chinese consumers continue to boycott Japanese products, and Chinese factories, today, favour South Korean suppliers[xiv], resulting in lower demand for Japanese products. This includes the sales of Japanese cars in China which have dropped, hurting Japan`s automotive industry – the world’s 3rd largest. Accordingly, Japanese manufacturers have been forced to rethink their investment strategies in China.

Ultimately Japan’s export dependence on China proved costly. At the height of the tensions in 2013 Bloomberg reported that Japan’s industrial productivity sank 1.7 percent[xv]. This geo political row hasharmed economic integration and development in the region, particularly given that China and Japan are the second and third largest economies in the world.  If the power struggle over Ukraine continues to spiral out of control, the region many face similar negative economic outcomes, which could set development back decades.  

Events in Ukraine and the East China Sea illustrate how the use of economic weapons in geopolitical stand-offs devastate economic relations and economic development in their respective regions. Geo political events are traditionally seen from a security perspective, but it is also important to consider how they can prevent continued economic growth and integration. As multilateral trade regimes are springing up across the globe, inextricably linking economic and political forces, security concerns only undermine mutually beneficial relationships for free trade and foreign investment.

Copyright © 2014 ISO | International Security Observer. Reprinting or republication of this article on websites is authorized by prominently displaying at the beginning of the post the following sentence and including the hyperlink to the article: “

This article was originally published by the International Security Observer on May 14, 2014

 

 

About the author

Jonathon Cini is contributor at the International Security Observer. Jonathon is an employee at the World Economic Forum. Previously he worked at the Peace and Security Institute and was a contributor for Wikistrat on geo political issues in the Asia Pacific and European regions. In addition, he has articles published in Thomson Reuters, the Diplomatic Courier, International Security Observer and Business Review.Jonathon is a native English speaker and is fluent in German.

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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 15:55
photo RP Defense

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12/05/2014 Pierre Beylau -  Où va le monde / Le Point.fr

 

Commode variable d'ajustement, l'armée, qui prévoit de supprimer un quart de ses effectifs en dix ans, pourrait bien être mise encore à contribution.

 

"Nos armées doivent être préservées, mais chacun doit faire des efforts" : ces propos sibyllins de Manuel Valls, dimanche soir sur TF1, n'ont guère rassuré dans les popotes. Le Premier ministre a affirmé qu'il n'existait pas de plan caché pour amputer le budget de la Défense (31 milliards d'euros). Mais dans les casernes, comme dans le reste du pays, on sait pertinemment que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent, selon la formule célèbre du regretté Henri Queuille. Car les chercheurs d'or de Bercy sont désespérément à la recherche du filon qui leur permettrait de réaliser les 50 milliards d'économies annoncés à cor et à cri par le président de la République.

L'inquiétude demeure au sein de la grande muette. D'ici 2019, 34 000 postes seront supprimés dans les armées. Soit au total 82 000 en dix ans, soit un quart des effectifs. L'état-major sera réduit de 30 %. Un effort colossal, alors que le reste de la fonction publique d'État demeure pour l'instant intouchable. Quant à la fonction publique territoriale, elle ne cesse de croître allègrement. La loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 devrait, sur le papier, garantir une stabilité financière et permettre une relative visibilité. La LPM, c'est, en principe, la Loi et les Prophètes. En pratique, dans la triste réalité prosaïque des acrobaties budgétaires, c'est un cadre des plus fluctuants soumis aux aléas de la conjoncture et au bon vouloir des politiques.

 

Une pente dangereuse

La discipline fait la force principale des armées, et les militaires ont le bon goût de ne pas être syndiqués. Il est donc politiquement moins dangereux de tailler dans le budget de la Défense que, par exemple, dans celui de l'Éducation nationale. Problème : la France peut-elle continuer sur cette pente dangereuse sans remettre en cause sa capacité à demeurer une grande puissance ? Sur les théâtres d'opération, les unités - au Mali ou en Centrafrique - sont confrontées à une préoccupante usure des matériels et à un flagrant manque de moyens. Elles en sont souvent réduites à fonctionner "avec des bouts de ficelle".

Il ne suffit pas de tenir des propos emphatiques sur le rôle de la France dans le monde. Encore faut-il avoir une économie saine en mesure de financer un outil militaire crédible. Bientôt, il ne restera plus à nos militaires qu'à entonner le célèbre chant du régiment de Sambre-et-Meuse célébrant les soldats de l'an II. Les paroles en sont prophétiques : "Ils allaient sans pain sans souliers..."

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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 15:50
L'Europe de la Défense, c'est pour quand ?

 

 

06/05/2014 Par Alain Oudot de Dainville* - FIGARO VOX Vox Monde

 

FIGAROVOX TRIBUNE - Alors que l'Union européenne est toujours dans l'impasse en Ukraine, l'ancien chef d'Etat major de la Marine, Alain Oudot de Dainville, invite à repenser l'Europe de la défense.

 

Les États européens sont désarmés pour élaborer une stratégie pour défendre leurs intérêts quand ils sont menacés. Dans l'Union ils n'arrivent pas à s'entendre, seuls ils sont dépassés. Leur déficit ne leur autorise plus une stratégie financière efficace. Leur diplomatie n'a plus le même effet d'entraînement. Pour satisfaire leur volonté d'assainir leurs finances, les États européens compriment leur effort de Défense, alors que leur stratégie commerciale prend des allures de lutte pour la survie. En régressant dans l'échelle des puissances, leur voix porte moins. L'Europe désarme, enfin une partie de l'Europe, car les tensions à l'Est incitent les marches orientales à la prudence, le budget de défense de la Pologne augmente de 7 % de 2012 à 2013.

 

Nos pauvres pays européens continuent à consommer à crédit pour maintenir artificiellement un niveau de vie synonyme de paix sociale, retardant le plus tard possible le moment où le serrage de ceinture deviendra inévitable, continuant à croire en une paix qui ne remet pas en cause les certitudes établies. Ils ont compris que le monde de la souveraineté sédentaire avait été mis à mal par la forte poussée de la mondialisation facteur de nomadisme.

 

L'Union européenne s'oppose à la Russie, mais la Russie fait partie de l'Europe : il vaut mieux composer avec elle, sinon comme le montre l'histoire, elle se tournera vers la Chine dont la puissance se rapprochera dangereusement de nos frontières.

 

Mais la paix établie commence à donner des signes de fragilité jusqu'en Europe, où la crise ukrainienne montre une opposition entre l'Europe de l'Orient, et celle d'un Occident qui peine à faire admettre un point de vue trop pluriel pour être défendu d'une seule voix. L'Union européenne s'oppose à la Russie, mais la Russie fait partie de l'Europe: il vaut mieux composer avec elle, sinon comme le montre l'histoire, elle se tournera vers la Chine dont la puissance se rapprochera dangereusement de nos frontières.

 

Les cartes devraient être plus profondément rebattues autour des années 2030, car l'échelle des puissances sera remise en cause sous l'effet de plusieurs facteurs: c'est en 2030 que l'économie et les dépenses militaires chinoises doivent rattraper celles des États-Unis, mais aussi que la population de l'Inde doit dépasser celle de la Chine. Nul ne doute que le droit généralement jugé en fonction de la puissance changera ses verdicts pour légitimer une version plus asiatique du cours du monde, la raison du plus fort étant toujours la meilleure.

 

A cette échéance l'équilibre précaire entre producteurs et consommateurs aura forcément évolué, les riches de demain n'étant plus ceux d'aujourd'hui. La force financière aura continué sa migration vers l'Est portée par les vents dominants de nos latitudes et le dollar aura probablement perdu sa fonction de valeur refuge. On peut continuer à jouer les autruches affirmant haut et fort qu'un élément imprévu viendra perturber cette évolution trop linéaire du monde, en nous laissant encore l'espoir de s'en sortir seuls. Or plus on se rapproche de l'échéance plus la ligne droite se rigidifie.

 

Comment ne pas rabâcher encore et toujours que les États européens pris isolément n'ont aucun autre espoir de s'en sortir que par une vassalisation au puissant du moment. La seule alternative est l'union, mais une Union forte de pays qui partagent plus que des normes commerciales, des intérêts pour les rendre communs.

 

L'Europe peine à se faire par le haut car ses structures actuelles ne s'y prêtent pas et car ses dirigeants s'épuisent à faire valider le message dans leur pays respectifs, mais heureusement elle se construit par le bas. Des pans de l'industrie, du système bancaire sont devenus européens ; elle se construit dans l'énergie, dans les transports.

 

La réponse la plus optimiste vient des nouvelles générations issues du processus de Bologne et du programme Erasmus qui a suivi. Cette génération des nomades de l'Europe s'oppose à nos anciens, des êtres sédentaires attachés à leurs arpents de terre, rouges du sang des conflits du passé. Cette nouvelle génération est celle de ce jeune homme de 22 ans qui se présente aux élections européennes, cette jeunesse sans calcul qui comprendra que l'on partage avec les «potes» rencontrés à Londres Berlin, Rome, Madrid ou Dublin le fardeau de la Défense.

 

Pour défendre ce continent où ils se sentent chez eux, même si la saucisse de Francfort n'a pas le même goût que celle de Morteau, il faut définir, les intérêts que partagent les Européens. C'est simple d'admettre que les Européens veulent sur le continent, pouvoir financer des grands projets communs, et bien évidemment disposer de matières premières et de l'énergie nécessaires pour leur confort.

 

En mondialisation la stratégie ne peut être que globale, la Défense n'en n'est qu'un aspect néanmoins indispensable car on ne peut avoir des pourparlers diplomatiques efficaces sans gros bâton derrière son dos.

 

Les intérêts définis, les Européens pourront élaborer une stratégie et se doter de moyens financiers, diplomatiques, militaires pour défendre des intérêts communs. En mondialisation la stratégie ne peut être que globale, la Défense n'en n'est qu'un aspect néanmoins indispensable car on ne peut avoir des pourparlers diplomatiques efficaces sans gros bâton derrière son dos. Il faut accepter d'ouvrir la discussion en un comité qui ne peut être que restreint pour rester efficace, et le faire à l'abri des influences qui défendent d'autres intérêts.

 

L'Europe de la Défense est donc une nécessité mais sans stratégie commune elle est condamnée à végéter car elle est antinomique avec la vision que donne l'Europe d'aujourd'hui, marchande et normative. Or dans la Défense, la puissance normative est dominée à l'Ouest par l'OTAN et ses accords de normalisation, les Stanag qui ne peuvent être dupliqués. Ses armements ne peuvent s'exporter sous une bannière européenne car les contrats sont essentiellement politiques, donc traités par les États.

 

Le temps et révolu où pour se donner bonne conscience européenne, on échangeait un hélicoptère par-ci, un chasseur par-là, un bateau en prime et où on s'empressait de le retirer dès que le porteur était engagé par son pays dans une opération.

 

L'Union européenne a placé sa priorité dans la Sécurité, mais la sécurité seule coûte très cher et il n'y a pas de sécurité efficace sans Défense coordonnée. Sa stratégie doit ouvrir la porte aux moyens de Défense. Certaines composantes se prêtent mieux que d'autres au caractère transfrontalier de cette approche, la dissuasion nucléaire car très liée au sol pour peu qu'elle soit bien comprise et débarrassée de ses oripeaux d'un pacifisme englué dans ses contradictions, la défense maritime dès lors que les règles d'engagement se rapprochent, celle du ciel avec les mêmes restrictions, la cyber défense car l'informatique n'a pas de frontières et car la guerre financière de 2008 a montré que les intérêts européens divergeaient de ceux des Américains.

 

Ce n'est qu'en entamant ce chantier de construction que nos pays se prépareront à vivre dans les meilleures conditions possibles les grands changements qui s'annoncent à un horizon extrêmement proche à l'échelle de la stratégie. Enfants d'Erasmus, engagez-vous pour sauver votre continent où il fait bon vivre.

L'Europe de la Défense, c'est pour quand ?

* L'auteur a effectué une carrière dans la Marine, tant dans l'aéro-navale qu'au commandement des bateaux, qui l'a conduit au poste de chef d'état-major en 2005. Il fut ensuite Pdg de la société chargée du commerce d'Etat, Sofresa, devenue Odas. Vient de publier Faut-il avoir peur de 2030? aux éditions Harmattan

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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 14:44
Juppé et des économies dans la Défense: "Nous sommes dans l'os"

 

13/05 LesEchos.fr (AFP)

 

Le maire UMP de Bordeaux, Alain Juppé, a mis en garde lundi contre de nouvelles coupes dans le budget de la Défense, une piste évoquée par la majorité, l'ancien Premier ministre estimant qu'en la matière, "nous sommes dans l'os".

 

"Il y a déjà eu beaucoup, beaucoup de réformes dans notre système de défense, depuis 1995 (ndlr: date de l'arrivée de M. Juppé à Matignon): on a professionnalisé les armées, on a revu notre système de dissuasion... On a supprimé 54.000 emplois à la suite du Livre blanc sur la Défense de 2008 et à nouveau 24.000 aujourd'hui", a-t-il déclaré à des journalistes à Bordeaux après une conférence de presse avec Jean-Claude Juncker, ex-président luxembourgeois de l'Eurogroupe et candidat conservateur à la présidence de la Commission européenne.

 

"Nous sommes dans l'os". "Je pense que tout tour de vis supplémentaire sur la défense nous priverait des moyens de nos ambitions, à la fois pour la sécurité de notre territoire et surtout sur notre capacité de déploiement extérieur", a poursuivi Alain Juppé. "J'espère que cette pression constante" de "Bercy pour couper dans les crédits de défense ne sera pas victorieuse", a-t-il ajouté. "C'est une question de réalisme", compte tenu de l'état actuel du monde, a-t-il analysé.

 

Il y a "beaucoup de choses à faire" dans "la mutualisation des moyens de l'Europe", a-t-il toutefois concédé, jugeant "absurde de ne pas progresser davantage dans la constitution d'une vraie défense européenne, notamment en matière industrielle".

 

"La France aura de toute manière un rôle éminent à jouer dans cette Europe de la Défense et elle doit conserver les moyens de ses ambitions", a conclu l'ancien ministre des Affaires étrangères.

 

Depuis dimanche, à l'initiative de Xavier Bertrand, l'UMP dénonce de nouvelles coupes budgétaires qui seraient à venir dans le budget de la Défense.

 

Mardi, le président socialiste de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, n'a ainsi pas écarté la "piste" d'un "effort supplémentaire" dans la recherche d'économies, à condition que le "volume global" prévu par la loi de programmation militaire 2014-2019 soit préservé.

 

La loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, votée en décembre, alloue 190 milliards d'euros de crédits sur la période, avec un budget annuel maintenu à 31,4 milliards d'euros jusqu'en 2016, à hauteur de 1,5% du Produit intérieur brut (PIB), et en légère progression ensuite.

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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 14:36
EELV approuve d'éventuelles coupes budgétaires dans la Défense

 

13/05 LesEchos.fr (AFP)

 

François de Rugy, coprésident du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, a soutenu mardi d'éventuelles coupes budgétaires supplémentaires dans la Défense, "vu l'importance des dépenses militaires en France", prenant l'exemple de la dissuasion nucléaire.

 

"Je suis le seul depuis 2012 à assumer qu'il faut réduire les dépenses militaires, qu'on ne peut pas avoir une politique de rétablissement des équilibres des finances publiques sans toucher aux dépenses militaires vu leur importance en France, plus de 31 milliards d'euros par an", a avancé mardi M. de Rugy, qui siège à la commission parlementaire de la Défense, lors d'un point presse.

 

L'exécutif fait face à des critiques de l'UMP depuis que le député de l'Aisne, Xavier Bertrand, l'a accusé dimanche de préparer de nouvelles coupes budgétaires d'environ deux milliards d'euros par an dans la Défense pour atteindre les 50 milliards d'euros d'économies du programme de stabilité.

 

"Il y a des choix stratégiques du point de vue des équipements militaires à faire. Nous, nous invitons depuis longtemps à ce qu'il y ait des choix par exemple sur la dissuasion nucléaire, dont on peut au moins dans un premier temps réduire le poids et l'ampleur", a pointé M. de Rugy.

 

"Nous avons des travaux à la commission de la Défense sur ce sujet qui permettent d'envisager des économies concrètes", a précisé l'élu Europe Ecologie-Les Verts (EELV).

 

Christian Jacob, le chef de file des députés UMP, s'était plus tôt dans la journée inquiété de cette perspective lors d'une conférence de presse, estimant que "la dissuasion nucléaire a toujours fait l'objet d'un accord unanime de tous les partis de gouvernement, de tous les présidents de la République depuis plus de 50 ans".

 

"On se cache derrière son petit doigt tant à droite que parfois à gauche, en essayant de faire croire qu'on pourrait faire une politique d'assainissement des finances publiques sans toucher au budget de la Défense", a martelé M. de Rugy.

 

"Nous, nous préférons que si des économies doivent être faites elles soient faites dans ce domaine-là plutôt que pour les services publiques à la population, que dans l'Education nationale, que dans la justice, que dans la police", a fait valoir le député de Loire-Atlantique.

 

Barbara Pompili, l'autre coprésidente du groupe écologiste à l'Assemblée, a jugé lors du même point presse que les critiques de la droite, s'inquiétant de coupes malgré l'engagement de la France au Mali et en Centrafrique, ne doivent pas "s'appréhender uniquement par le biais du vote du budget de la Défense en France": "la question d'une politique de défense européenne qui ne reposerait pas quasi-exclusivement sur les forces de la France serait un très bon débat à mettre un place".

 

EELV approuve d'éventuelles coupes budgétaires dans la Défense

Note : RP Defense ne souscrit pas nécessairement aux avis rapportés dans la rubrique "Point de vue".

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12 mai 2014 1 12 /05 /mai /2014 11:50
A comprehensive approach without a security strategy is a hallucination

 

 

8th May 2014  – by Jo Coelmont - europeangeostrategy.org



The European Union’s (EU) mantra, ‘the comprehensive approach’ is known worldwide. However, a mantra that is being repeated at all times and in all circumstances probably refers to an aspiration rather than a reality. The EU’s Common Security and Defence Policy (CSDP) is the perfect example to illustrate just that.

 

Successful CSDP operations, regardless…

All military CSDP operations conducted so far have reached their military objectives. Compared with other international organisations involved in crisis management this is unique, and a reason to be proud. However, with the exception of the operations in Bosnia and in Mali, no military CSDP operation has really been conducted comprehensively. As a net consequence lasting results have seldom or never been achieved. Political pressure had a tendency to fade away soon after the launch of any operation. The civilian capabilities deployed were at best under-dimensioned if not completely absent. The most crucial element to obtain durable results, economic investment, never materialised. Often emergency and/or development aid was provided, but that is not a substitute. As to the Security Sector Reform operations launched by the EU under the ‘civil’ or ‘civil-military’ label, the results are disappointing too. Generally a homeopathic dose was administered when the real stuff was needed.

The operations in Libya are the example of a non-comprehensive way of acting. While European nations where taking the lead in the military operations, the European External Action Service (EEAS) was planning for humanitarian aid in complete isolation from the military intervention. It was, in fact, acting as an non-governmental organisation. Eventually the EU lost the beauty contest to set up such an operation in Libya to the United Nations, which was also acting on its own. Meanwhile the durable results of the military operations in Libya are well known: they are called Mali and the Central African Republic.

 

Events, dear boy, events

Fortunately not each and every crisis requires military assets to be part of the solution, on the contrary. The real question is how to explain the absence of any comprehensive approach whenever CSDP actions or operations are on the agenda. In the absence of an effective Security Strategy, in every contingency the starting position of the EU and the Member States is a blank sheet. The first step is for Member States to investigate whether the issue at hand is affecting their values or (individual) interests, and if so, whether it concerns a priority issue, and whether the region is considered as such. If the answer looks like a yes, discussions may start on how, when and with what means to react. If military action is judged appropriate by some Member States – the few that most of the time have the honour to act in the name of so many – than enter the process of ‘force generation conferences’. In the meantime, emergency aid may be provided. As to economic action: are the economy and trade ever really taken into account in crisis situations? More generally, is the overall desired strategic outcome and a comprehensive roadmap to reach it ever being thought about? Please, not now, we are in the midst of confronting events, dear boy.

 

Ukraine, a surprise

Taking improvised initiatives on the international scene, without a strategy, may turn out to be audacious, as recent events once more made clear.

Last year Ukraine was approached, mainly by the Commission, with a proposals to establish a trade agreement, as if Ukraine was simply about another extension of the internal market. For the EU this is well-known business. And yet, that same Union was completely surprised with the ultimate outcome. It was revealed to be a matter of geopolitics and strategy. And all of a sudden, the Union had, and still has, difficulties to respond.

 

A strategy or no strategy

Some actors have a strategy. You may not appreciate Russia’s moves, but Moscow acted in a rather comprehensive way, politically, economically and military. This is not to say that Putin has masterminded all events, but he was well prepared, having a strategy and even a doctrine (which one might call ‘Putin infiltration’), as well as the means to act accordingly. This makes that Russia, for the time being, can punch above its weight. Compared to each of the individual EU member states, Russia is rather big. Compared to the Union as such, Russia is an economically and even military middle-sized country, with some potential but facing enormous weaknesses. But at the political level, it is a chess player. And that makes all the difference.

In the Ukrainian crisis, the US is acting in a remarkably steadfast manner, in line with its strategy. In the past, whenever a security crisis emerged, the President of the US traditionally called on ‘the US and Allies’ to take action, suggesting the US take the lead and the Allies follow. In the meantime that has changed. At the start of the Obama administration it was always was referring to the ‘US and European countries’, suggesting some kind of burden-sharing. Later that changed to ‘the US and Europe’, carefully avoiding the pitfall of mentioning ‘the EU and its Member States’. Today, with the crisis in Ukraine, it is all about ‘the US and the EU’. The message is clear. The US will remain involved. However, in Washington Russia is measured by its potential to cause disruption, in particular in Afghanistan, Syria, and Iran. No doubt Washington will react to Moscow’s expansionist ambitions, but it will not allow itself to get distracted from its main geostrategic concerns in Asia. Globally speaking, the US is looking towards Europe as its principal partner. But you only have a real partner if, when faced with a crisis, the outcome matters equally to the partner if not even more so. For NATO, article 5 matters profoundly, for each and every partner. But for the crisis in Ukraine, NATO will not do the trick.

Central Europe, the Mediterranean and Africa, no doubt matters a great deal for Europe, so… After 3 wakeup calls, time to get up

The crisis in Yugoslavia triggered the ESDP and some concrete actions. Iraq triggered the CSDP and even a European Security Strategy (ESS), a prelude to a real Strategy, calling for preventive action and a comprehensive approach. So far neither the CSDP nor the ESS have generated significant results. In the end, Herman Van Rompuy took the political risk to put the issue of defence on the agenda of the European Council. This resulted in some pretty good conclusions. What about the centre-piece of acting comprehensively and what about a security strategy? Last December our Heads of State and Government where so shy they used very opaque language:

The European Council invites the High Representative, in close cooperation with the Commission, to assess the impact of changes in the global environment, and to report to the Council in the course of 2015 on the challenges and opportunities arising for the Union, following consultations with the Member States.

I hope that now with the Ukrainian crisis everyone reads this sentence as an urgent call for the long awaited genuine European Security Strategy, the prerequisite to act comprehensively.

Jo Coelmont

* Brig. Gen. (ret.) Jo Coelmont is an Associate Editor of European Geostrategy. He is also a Senior Associate Fellow for the ‘Europe in the World Programme’ at Egmont – Royal Institute for International Relations in Brussels. Formerly, he was the Belgian Military Representative to the Military Committee of the European Union. He writes here in a personal capacity.

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