MOSCOU, 29 avril - RIA Novosti
L’Inde avance à grands pas dans la course aux armements : après l’essai du missile de moyenne portée Akash, capable d’intercepter des chasseurs et des missiles de croisière, l’armée de l’air a remporté un nouveau succès avec le missile d’interception Prithvi Defence Vehicle, qui a atteint sa cible dans l’espace extra-atmosphérique. Cette intensification des efforts pour la création d’un « potentiel de dissuasion » intervient à l’approche du duel électoral impliquant le leader de l’opposition et éventuel candidat au poste de premier ministre Narendra Modi, qui tient un discours austère vis-à-vis du Pakistan et de la Chine. La promesse par l’opposition de revoir la doctrine nucléaire de l’Inde si elle arrivait au pouvoir a également fait beaucoup de bruit, écrit mardi le quotidien Kommersant.
Le lancement du missile intercepteur Prithvi Defence Vehicle, d’une portée de 2 000 km, a eu lieu au polygone Integrated Test Range à Chandipur, dans le district de Balasore. Trois minutes plus tôt un navire indien se trouvant dans le golfe du Bengale avait lancé un « missile ennemi », qui avait été détecté par Prithvi Defence Vehicle et anéanti à plus de 100 km d’altitude. La cible a été identifiée grâce au réseau informatique, qui avait calculé avec précision la trajectoire du missile et ses coordonnées.
L’Inde avait déjà procédé à six essais d’intercepteurs pour abattre des « missiles ennemis » à une altitude comprise entre 30 et 80 km. Le lancement du Prithvi Defence Vehicle s’est tenu quelques jours après les essais du missile Akash de moyenne portée, capable d’éliminer des drones, des chasseurs et des missiles balistiques. Courant avril, le ministère indien de la Défense a même testé le missile de croisière supersonique BraMos d’une portée de 290 km, et le missile Prithvi 2 d’une portée de 350 km.L’Inde et le Pakistan, ennemis géopolitiques jurés, mènent en général leurs essais simultanément. Cette fois, Islamabad a seulement réagi par un essai du missile Hatf III Ghaznavi, d’une portée de 290 km et capable d’embarquer une ogive nucléaire.
Cette attention particulière accordée aux essais balistiques s’explique par l’approche des législatives en Inde, dont les résultats seront annoncés le 16 mai. Le favori de la course, le leader du parti Bharatiya Janata Party (BJP : Parti du peuple Indien) Narendra Modi, a toutes les chances de devenir le nouveau premier ministre. Il s’est déjà distingué avec certaines déclarations dures vis-à-vis du Pakistan et d’un autre adversaire régional de l’Inde – la Chine, qui dispose d’un arsenal balistique nucléaire plus conséquent. De plus, l’un des paragraphes du manifeste de campagne du BJP, intitulé « Le programme nucléaire de l’Inde », a fait beaucoup parler de lui. Ce document annonce que la doctrine nucléaire du pays doit être « revue et mise à jour pour répondre aux défis de l’époque ».
Certains interprètent cette déclaration comme une allusion au fait que si Narendra Modi arrivait au pouvoir, il renoncerait à l’approche actuelle de l’arme nucléaire, perçue comme défensive par New Delhi. Pour apaiser la tension, Modi a précisé dans une récente interview qu’il n’était pas question de renoncer au principe fondamental de la stratégie défensive du pays : l’arme nucléaire ne sera jamais utilisée pour commettre une première attaque. Cependant, les promesses d’apporter des modifications à la doctrine de défense pourraient entraîner le forçage des programmes de modernisation du potentiel nucléaire balistique. Selon les experts, une telle politique pourrait mener à une nouvelle course aux armements en Asie.