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8 décembre 2014 1 08 /12 /décembre /2014 11:55
Scorpion c’est parti!

Signature du contrat Scorpion en présence des 3 PDG, du DGA et des officiers de programmes. Derrière une présentation 3D des programmes en grandeur réelle, effet garanti! (G Belan)

 

8 décembre, 2014 Guillaume Belan (FOB)

 

C’est à Varces chez les chasseurs alpins (27ème Brigade d’Infanterie Montagne) que le Ministre de la défense Jean-Yves Le Drian a officiellement lancé vendredi 5 décembre le programme Scorpion, qualifié d’ « enjeux de demain ». Scorpion, c’est le renouvellement des capacités de contact de l’armée de terre. Un programme qui va remplacer les VAB, AMX10RC et Sagaie hors d’âge. Deux véhicules ont été officiellement lancés et baptisés : le VBMR (Véhicule Blindé Multirôle), rebaptisé le Griffon et l’EBRC (Engin Blindé Reconnaissance et de Combat), appelé Jaguar. Mais pas seulement, Scorpion c’est aussi la mise en réseau et le passage de l’armée de terre au combat collaboratif, grâce notamment au système SICS (Système d’Information au Combat Scorpion).

 

Enfin !

 

Les premières études ont été lancé en 2005, avec le démonstrateur BOA (Bulle opérationnelle aéroterrestre), puis ce fut le marché d’architecture TNS-MARS (Thales Nexter Sagem), les démonstrateurs de mobilité BMX ainsi que le développement de la tourelle de 40 mm CTA (cased telescoped). 200 millions d’euros et presque 10 après, Jean-Yves le Drian a remis le marché à un groupement momentané d’entreprises pour le développement des deux nouveaux véhicules : EBMR et EBRC, pour un montant de 752 millions d’euros. S’il ne s’agit pour l’instant que d’un programme de développement, il est majeur en ce qu’il marque le lancement de la première étape de la phase 1 de Scorpion. Au total , Scorpion étape 1 court jusqu’en 2023 et représente un investissement de 5 Milliards d’euros. Avec l’étape 2, post-LPM, Scorpion représente pas moins de 8,7 Milliards d’euros !

 

GME Scorpion

 

Le groupement d’entreprise (solidarité d’entreprises sur la durée du programme) comprend Nexter, Renault Trucks Défense (RTD) et Thales. Nexter, mandataire est également le « design authority » de l’EBRC Jaguar, réalisant la caisse, protection et les aménagements. Thales est en charge de la partie vétronique et communication et de certaines fonctions (Version observation d’artillerie du VBMR). RTD est lui en charge de la partie mobilité : moteur, boite de vitesse, roues… et tourelleau (7.62 et 12.7 mm). Les véhicules seront assemblé à Roannes à partir de 2017. L’export du Jaguar sera assuré par Nexter et celui du Griffon par RTD et Nexter. Le GME sera basé à Satory, dans des bureaux dédiés de 700 m2 et organisés pour du travail en plateaux.

 

Communalités ?

 

Les deux véhicules seront dotés de briques technologiques communes : vétroniques, pneumatiques, systèmes d’armes (tourelleau…). Mais il s’agit bien de deux véhicules fondamentalement différents. L’un est un char léger et l’autre un transporteur multi-fonctions.

 

LE VBMR Griffon (crédits: Thales/Nexter/RTD)

LE VBMR Griffon (crédits: Thales/Nexter/RTD)

 

Le Griffon, 6X6 de la classe des 24,5 tonnes PTAC (réserve de masse de 1,5 tonne) sera décliné en plusieurs versions grâce à des kits additionnels (génie, PC, artillerie, Medevac….). Il sera doté d’un tourelleau de 7.62 ou 12.7 mm. Remplaçant les VAB, le besoin total est de 1722, dont les premiers seront livrés avant la fin de la période LPM (2018-2019). Un VBMR 4X4 léger (classe des 10 tonnes) sera acquis sur étagère à l’horizon 2021.

 

L’EBRC Jaguar (Thales/Nexter/RTD)

L’EBRC Jaguar (Thales/Nexter/RTD)

 

Le Jaguar, remplaçant des AMX10RC et ERC90 Sagaie, sera lui aussi un 6X6 mais basé sur un châssis différent (l’écart des essieux n’est pas le même que sur le VBMR). Avec un PTAC de 25 tonnes (700 kg de réserve) , il sera le char léger de l’armée de terre, alliant puissance de feu (missiles MMP), protection et mobilité. La tourelle habitée 2 hommes met en œuvre le tout nouveau calibre de 40 mm CTA (Cased Telescoped), très innovant et compact, il permet une élévation à 45°. Il sera propulsé par un moteur RTD 490 chevaux contre 400 pour le Griffon, soit un rapport poids/puissance de près de 20 chevaux la tonne. 248 Jaguar doivent être commandés.

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8 décembre 2014 1 08 /12 /décembre /2014 08:56
Présentation du programme Scorpion (video - Armée de Terre)


5 déc. 2014  Armée de Terre

 

Intégré dans le projet armée de Terre 2020, SCORPION vise à renouveler, à compter de 2018, les capacités médianes du combat de contact autour de deux plateformes : le VBMR (Véhicule Blindé Multi Rôle) GRIFFON et l’EBRC (Engin Blindé de Reconnaissance et de Combat) JAGUAR. Ce projet cible également l’unique système d’information du combat SCORPION (SICS) pour la mise en réseau de tous les systèmes produisant un effet tactique sur le terrain.
SCORPION intègre également la rénovation du char LECLERC et prend en compte d’emblée (facteur innovant) le système de préparation opérationnelle (simulation) et le soutien.

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8 décembre 2014 1 08 /12 /décembre /2014 07:55
Défense. Thales : un nouveau marché pour Cholet

 

07 décembre 2014 Ouest-France Entreprises

 

La conception et la fabrication d'engins blindés sont attribuées à un groupement comprenant Thales.

 

La nouvelle a été annoncée par Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, hier lors de son déplacement en Isère. A l'occasion de sa visite à la 27e brigade d'infanterie de montagne à Varces, il a remis le marché EBMR (Engin blindé multi-rôles) aux présidents du GME (groupement momentané d'entreprises) formé par les sociétés françaises Nexter Systems, Renault Trucks Défense et Thales, dans le cadre du programme Scorpion. La chaîne logistique sera gérée sur le site de Thales à Cholet, spécialisé dans les télécommunications de défense.

 

2 000 véhicules à partir de 2018

 

Ce marché « couvre toutes les phases d'un programme d'armement, du développement au soutien logistique en unité en passant par la qualification et la fabrication des matériels. Le GME s'engage sur les performances intrinsèques des matériels sur le long terme ainsi que sur la disponibilité opérationnelle des véhicules en service », explique Thales dans un communiqué. Les engins concernés, le véhicule blindé multi-rôles Griffon et l'engin blindé de reconnaissance et de combat Jaguar, remplaceront des véhicules « fabriqués dans les années 70 et 80 et utilisés intensivement par l'armée de Terre sur tous les théâtres d'opération depuis trente ans ».

 

Ce programme, « structurant pour Nexter, RTD et Thales ainsi que pour tout le tissu industriel français irrigué par les commandes de sous-traitance du GME permettra la création d'un millier d'emplois dans sa phase de développement et de 1 700 emplois dans sa phase de production », assure Thales. Près de 2 000 véhicules, et tous les moyens de soutien logistique associés, doivent être livrés aux forces armées à partir de 2018.

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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 21:56
Jean-Yves Le Drian a annoncé le lancement du programme Scorpion

 

05/12/2014 DGA

 

La Loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit l’autonomie stratégique de la France pour notre futur modèle d’armée. Pour satisfaire à cette exigence, le renforcement des capacités opérationnelles de nos forces est prévu à travers notamment, pour l’armée de terre, le programme d’armement Scorpion.

 

À l’occasion de sa visite à la 27e brigade d’infanterie de montagne à Varces (Isère), Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a confié aux industriels Nexter, Renault Trucks Défense (RTD) et Thales, la réalisation de près de 2 000 engins blindés dans le cadre du programme Scorpion, en présence de Laurent Collet-Billon, délégué général pour l’armement et du général d’armée Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de terre. Il s’agit des deux premières opérations du programme Scorpion (qui comprend six opérations au total) pour un montant de 752 millions d’euros.

Lors de son adresse aux forces à Varces, le ministre a déclaré : « Le travail remarquable qui a déjà été mené me permet aujourd’hui de lancer le programme en toute sérénité. J’en avais pris l’engagement au salon Eurosatory 2014 : j’ai maintenant le plaisir de remettre aux cotraitants Nexter, Thales et Renault Trucks Défense, le marché couvrant la réalisation des véhicules blindés multi-rôles et de  l’engin blindé de reconnaissance et de combat. »

Pendant la phase de développement, le plan de charge de ce contrat représentera près de 1 000 emplois directs hautement qualifiés. Il sera de plus de 1 700 emplois directs en phase de production.

Le programme Scorpion permettra à l’armée de terre de moderniser, à partir de 2018, ses Groupements tactiques interarmes (GTIA). Ces derniers, qui doivent faire face à tous les types de combat, verront leur gamme médiane renouvelée, autour de deux engins de combat. L’intégration des capacités du GTIA sera faite par un unique moyen d’information et de communication. Soutenable d’emblée, Scorpion intègre également la rénovation future du char Leclerc et le système de préparation opérationnelle (notamment avec la simulation embarquée).

 

Préparé par la Direction générale de l’armement (DGA), le marché comprend :

  • le développement et l’acquisition de 1 722 Véhicules blindés multi rôles (VBMR), baptisés Griffon, destinés à remplacer les Véhicules de l’avant blindé (VAB) ;
  • le développement et l’acquisition de 248 Engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC), baptisés Jaguar, destinés à remplacer les chars légers AMX10RC et Sagaie, ainsi que les VAB HOT ;
  • l’acquisition des systèmes de soutien et de formation associés.

Conformément à la Loi de programmation militaire, la livraison des premiers VBMR est prévue en 2018, celle des premiers EBRC en début de période suivante.

Outre Nexter, Thales et RTD, le programme fait aussi intervenir le groupe Safran pour l’optronique, et pour l’armement de l’EBRC, CTA International pour le canon de 40 mm CTA et MBDA pour le Missile moyenne portée (MMP).

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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 21:55
Le programme SCORPION


06/12/2014 Armée de Terre

 

Le 5 décembre 2014, le Ministre de la Défense, jean-Yves le Drian, a annoncé à l'occasion de sa visite à la 27e brigade d'infanterie de montagne à Varces, le premier marché du nouveau programme de l'armée de Terre, SCORPION, qui tend à moderniser les capacités de combat médianes du groupement tactique interarmes.

 

OBJECTIFS

Intégré dans le projet armée de Terre 2020, SCORPION vise à renouveler, à compter de 2018, les capacités médianes du combat de contact autour de deux plateformes : le VBMR (Véhicule Blindé Multi Rôle) GRIFFON et l’EBRC (Engin Blindé de Reconnaissance et de Combat) JAGUAR. Ce projet cible également l’unique système d’information du combat SCORPION (SICS) pour la mise en réseau de tous les systèmes produisant un effet tactique sur le terrain.

SCORPION intègre également la rénovation du char LECLERC et prend en compte d’emblée (facteur innovant) le système de préparation opérationnelle (simulation) et le soutien

 

.PRINCIPES

  • Optimiser les capacités médianes de combat des GTIA engagés au contact direct de l’adversaire : amélioration de la protection, de la mobilité, de l’autonomie et de l’agilité tactique qui concourent à l’efficacité opérationnelle, optimisation de la préparation opérationnelle ;
  • Renouveler les plateformes de combat majeures des GTIA en recherchant un maximum de communalités entre le VBMR et l’EBRC (maîtrise des coûts de MCO dans la durée) tout en maintenant les capacités du char de combat LECLERC ;
  • Mettre en cohérence les capacités du GTIA en fédérant les plateformes et les combattants autour d’un unique système d’information et de communication (SICS) : partage immédiat de l’information, le combat collaboratif (accélération de l’action au combat) et optimisation de la préparation opérationnelle (simulation embarquée) ;
  • Garantir un système de soutien optimisé en développant des systèmes modulaires (approche par kits) pour réduire l’empreinte logistique sur les théâtres.

 

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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 17:56
Annonce du premier marché du programme SCORPION

 

05/12/2014 Armée de Terre

 

Le 5 décembre 2014, à l’occasion de sa visite à  la 27e brigade d’infanterie de montagne à Varces, Monsieur Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a annoncé le premier marché du nouveau programme de l’armée de Terre, SCORPION, qui tend à moderniser les capacités de combat médianes du groupement tactique interarmes.

 

«  La modernisation et le renouvellement des équipements de nos forces de contact sont une nécessité pour le maintien de nos capacités d’action » a indiqué Monsieur Le Drian.

 

Intégré dans le projet armée de Terre 2020, le programme SCORPION vise donc à renouveler, à compter de 2018, les capacités médianes du combat de contact autour de deux plateformes  : le VBMR (véhicule blindé multi rôle) GRIFFON et l’EBRC (engin blindé de reconnaissance et de combat) JAGUAR. Ce projet cible également l’unique système d’information du combat SCORPION (SICS) pour la mise en réseau de tous les systèmes produisant un effet tactique sur le terrain.

SCORPION intègre aussi la rénovation du char Leclerc et prend en compte d’emblée (facteur innovant) le système de préparation opérationnelle (simulation) et le soutien.

 

4 axes majeurs fondent les principes de ce projet  :

    Optimiser les capacités médianes de combat des GTIA engagés au contact direct de l’adversaire  grâce à une amélioration de la protection, de la mobilité, de l’autonomie et de l’agilité tactique qui concourent à l’efficacité opérationnelle ainsi qu’à l’optimisation de la préparation opérationnelle.

    Renouveler les plateformes de combat majeures des GTIA en recherchant un maximum de communalités entre le VBMR et l’EBRC tout en maintenant les capacités du char de combat Leclerc.

    Mettre en cohérence les capacités du GTIA en fédérant les plateformes et les combattants autour d’un unique système d’information et de communication (SICS), qui permettra le partage immédiat de l’information, le combat collaboratif et l’optimisation de la préparation opérationnelle.

    Garantir un système de soutien optimisé en développant des systèmes modulaires pour réduire l’empreinte logistique sur les théâtres

 

Performances, système de préparation opérationnelle innovant et réaliste, soutien performant et optimisé dès sa conception et combat de contact intégré et réactif  ; autant d’éléments permettront une montée en puissance cohérente et inscrite dans le projet de l’armée de Terre, prévu en deux étapes  : SCORPION étape 1 de 2014 à 2025 et SCORPION étape 2 à partir de 2023.

 

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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 08:57
Cinq milliards d'euros pour moderniser l'armée de terre

 

05/12/2014 Par Véronique Guillermard - LeFigaro.fr

 

Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, notifie aujourd'hui le premier contrat à Thales, Nexter et RTD.

 

Moderniser, optimiser et numériser. L'armée de terre engage un vaste mouvement de renouvellement de ses matériels et de ses systèmes d'information et de communication. En déplacement à Varces (Isère), Jean-Yves Le Drian donne, ce vendredi 5 décembre, le coup d'envoi du programme Scorpion, dont la phase 1 représente 5 milliards d'euros d'investissements.

 

Le ministre de la Défense va notifier un premier contrat de 752 millions à un groupement composé de Nexter, Thales et Renault Trucks Defense (RTD), qui enclenchera le développement de deux nouveaux engins. Le premier, le véhicule blindé multirôle (VBMR), remplacera progressivement le VAB, le véhicule à tout faire des fantassins. Le second, l'engin blindé de reconnaissance de combat (EBRC), succédera aux chars légers AMX-10 RC et Sagaie. Ces matériels sont à bout de souffle après quarante ans de bons et loyaux services. «Nous sommes arrivés à la limite mécanique de ces matériels, dont les coûts de maintenance explosent et dont les taux de disponibilité sont souvent sous le seuil critique», souligne un colonel de l'armée de terre. Les blindés sont ultrasollicités sur les théâtres d'opération où sont déployés 8 300 militaires français.

 

Les industriels doivent livrer les premiers blindés à partir de 2018, afin que 92 VBMR soient en service d'ici à la fin de la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019. Nexter, Thales et RTD se sont engagés sur un prix fixe, un calendrier, des coûts de maintenance, ainsi qu'une grande modularité. Le VBMR, un blindé de la classe des 20-25 tonnes, sera décliné en six versions et pourra passer de l'une à l'autre - d'un véhicule de transport de troupes en engin sanitaire - grâce à des «kits» amovibles. Un VBMR léger, un 4 × 4 de la classe des 10 tonnes, dédié aux unités de renseignement, sera aussi développé.

 

La phase 1 de Scorpion s'ouvre après dix ans d'études

 

Autre progrès pour les militaires, la simplification des opérations de maintenance. Les véhicules sont conçus pour être entretenus et réparés rapidement sur les théâtres d'opération, sans qu'il soit besoin de retourner à l'usine. Les deux blindés ont aussi des composants communs tels que l'optronique, les pneumatiques, la boîte de vitesses, etc. Ils sont adaptés aux besoins des conflits modernes. Protégés des bombes artisanales (ied), ils pourront rouler pendant 800 km sans se ravitailler et ils disposeront d'une autonomie au combat de 72 heures, contre 24 heures aujourd'hui. Les industriels ont pris des engagements sur un taux de disponibilité moyen de 80 % et même de 95 % pour les véhicules envoyés en opérations extérieures (Opex), contre 50 % pour les VAB aujourd'hui.

 

Après ce premier contrat, d'autres notifications sont prévues avant la fin de la LPM 2014-2019, notamment la rénovation de 200 chars d'assaut Leclerc, à partir de 2018. La phase 1 de Scorpion s'ouvre après dix ans d'études et 200 millions d'euros investis pour «dérisquer» certains pans du programme. Quant à la seconde phase, son déroulement et son financement sont reportés à la prochaine LPM (2020-2025). Au total, Scorpion doit permettre à l'armée de terre de disposer de 200 chars lourds rénovés, 2 700 blindés multirôle et de combat, ainsi qu'un système d'information à haut débit unifié.

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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 08:55
Le Drian revient à Varces pour parler de Louvois et de Scorpion

 

01/12/2014 Par Fabrice MARGAILLAN - ledauphine.com

 

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sera en visite chez les troupes de montagne vendredi à Varces-Allières-et-Risset. Il devrait refaire le point sur le remplacement du logiciel Louvois mais aussi faire des annonces sur le programme d'armement Scorpion.

 

Concernant Louvois, du nom du logiciel unique de gestion des soldes, le ministre avait été interpellé en septembre 2012 à Varces par des militaires qui avaient témoigné de la difficulté de leur situation liées aux dysfonctionnements du système qui aboutissaient à des non verserments, ou des versement tronqués, de soldes.

 

Quatorze mois plus tard, en décembre 2013, il était revenu à Varces pour faire une annonce forte, celle du remplacement du logiciel dont des audits avaient démontré qu’il était instable te ne serait jamais maîtrisable. Dans l’auditorium, comble, il avait déclaré : « Aujourd’hui, je reviens à l’endroit où j’ai décidé de relever ce défi. Je le reconnais, depuis que j’ai pris mes fonctions de ministre, ce défi est sans doute l’un des plus difficiles dans lesquels je me suis engagé. C’est l’un de ceux qui m’a vu le plus déterminé aussi, parce que je n’ai pas accepté, je n’accepterai jamais, que le contrat moral qui lie la Nation à l’engagement de ses soldats soit ainsi mis à mal […]. Confusion, précipitation et aveuglement ont conduit au désastre Louvois. Aujourd’hui, c’est par la clarté, la détermination mais aussi la sécurité de notre démarche que nous voulons changer de système ».

 

Il avait aussi annoncé le lancement d’un dialogue compétitif « auprès de professionnels des systèmes d’information qui auront un an pour présenter un prototype et le tester. L’organisation de projet reposera sur une équipe de direction de programme intégrée, sur le modèle des programmes d’armement. L’objectif est de faire basculer une première armée dans le futur système de solde dès 2015. »

 

Par ailleurs, le ministre devrait évoquer le programme d'armement Scorpion. Dès 2016, 1000 véhicules blindés multirôles (VBMR) voués à remplacer l’actuel véhicule de l’avant blindé (VAB) devraient être livrés. Dès 2019, des engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC) succéderont aux blindés légers AMX 10 RC et Sagaie, des blindés actuellement en service au 4e Régiment de chasseurs (pour ce qui concerne la 27e Brigade d’infanterie de montagne) et basé à Gap.

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 11:55
LPF 2015 - Audition du Général Jean-Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre au Sénat

Note RP Defense : soulignement et mise en gras par mes soins.

 

05.11.2014 source Commission des Affaires Etrangères, de la Défense et des Forces Armées du Sénat

 

La commission auditionne le Général Jean-Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre, sur le projet de loi de finances pour 2015.

 

M. Christian Cambon, président. - Nous vous souhaitons la bienvenue au sein de notre commission qui vous rencontre pour la première fois en votre qualité de chef d'état-major, fonctions que vous occupez depuis deux mois seulement - le 1er septembre dernier.

L'année 2015, chacun en est désormais bien conscient, ne sera pas seulement la deuxième année de mise en oeuvre de la loi de programmation militaire pour 2014-2019. Au sein de cette programmation - qui a été faite, du point de vue financier, au plus serré -, il s'agit d'une année, comme le Général de Villiers nous l'a dit sans détour lors de son audition, extrêmement délicate ; ce sera peut-être, suivant son expression, « l'année de vérité » de la LPM.

Comment appréciez-vous cet horizon, dans un contexte marqué par des restructurations auxquelles l'armée de terre, l'année prochaine, paiera un lourd tribut ? Le ministre de la défense vous a chargé d'élaborer un nouveau projet en la matière, s'inscrivant dans le plan stratégique présenté par le chef d'état-major des armées, « Cap 2020 » ; pouvez-vous nous faire part de l'état d'avancement de vos réflexions sur ce projet ?

Par avance, je vous remercie pour les éclairages que vous allez nous donner.

 

Général Jean-Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre. - C'est pour moi un immense privilège de m'exprimer devant vous ce matin. C'est aussi, après deux mois de fonctions, un exercice que j'aborde avec humilité et infiniment de gravité.

Je voudrais d'abord rendre hommage à mon prédécesseur le général d'armée Bertrand Ract Madoux. Ses succès opérationnels sont nombreux et le mérite de l'excellence des forces terrestres lui revient en grande partie. Le retrait réussi d'Afghanistan, la fulgurance de l'intervention aéroterrestre au Mali et la réactivité du déploiement de la force Sangaris en RCA doivent beaucoup à la clairvoyance de ses choix en matière de préparation opérationnelle et d'équipements futurs. La portée des enjeux et les risques encourus par nos soldats, et de plus en plus par nos concitoyens, justifient la tonalité un peu grave que vous percevrez dans mes propos. En tout cas, elle traduit le niveau d'exigence qui m'anime et qui va de pair avec la transparence que j'adopterai tout au long de nos rencontres. Je vous parlerai, comme le chef d'état-major des armées l'a fait avant moi, de façon directe et avec franchise. Ce langage de vérité est d'autant plus simple à tenir qu'avec votre commission et son nouveau président, je sais que nous partageons la même ambition pour la défense de la France, le même attachement pour nos soldats et que nous poursuivons le même objectif pour nos Armées.

A un moment où elles sont plus que jamais au coeur de l'intérêt, et du débat national, mon devoir, notre devoir consiste à nous assurer qu'elles pourront continuer à être à la hauteur des enjeux sécuritaires de notre pays. Il est aussi de ma responsabilité de vous alerter de mes difficultés à remplir la mission qui m'est confiée, tout comme vous pouvez être sûrs de ma détermination à y parvenir. Toutefois, quelle que soit ma volonté, le niveau de ressources mis à la disposition de l'armée de terre reste le facteur-clé qui détermine ma capacité à remplir ma mission. Ce dont je vais vous parler maintenant.

Je considère que la loi de programmation militaire constitue le meilleur point d'équilibre possible entre l'objectif de redressement des comptes publics et l'impérieuse nécessité de conserver une défense forte. L'économie générale de la LPM repose en partie sur des hypothèses de ressources volontaristes et innovantes et sur des équilibres budgétaires fragiles. L'effort que la Nation consent sur la période 2015-2019 est réel tandis que la situation économique de la France se durcit. Dans l'attente d'un retour à meilleure fortune, elle accentue la tension sur nos finances publiques en contrariant parfois le plan d'économie de l'Etat. Pour autant, la concrétisation de notre effort de défense passe par le respect scrupuleux du « juste équilibre » instauré par la LPM avec, pour enjeu commun aux armées, le rendez-vous des moyens dévolus aux capacités militaires avec les besoins opérationnels, du présent et de l'avenir.

Je tiens d'ailleurs à saluer le rôle capital joué dans ce sens avant l'été par les membres de cette commission. Je tiens à ce titre à saluer l'engagement personnel et l'implication de votre ancien président Jean-Louis Carrère.

L'année 2015 constitue un jalon capital pour la défense et l'armée de terre. Elle traduira la volonté politique, très attendue de nos hommes, de respecter une trajectoire de ressources tendues à la limite de la rupture mais dont dépend la défense de notre pays. Ce qui est directement en jeu pour l'armée de terre en 2015 : la concrétisation des priorités affichées en matière de renouvellement des équipements aéroterrestres et de capacités de remontée de l'activité opérationnelle. L'annualité 2015 constitue donc une année de vérité car elle conditionne l'aptitude de l'armée de terre à répondre à la fois à ses engagements opérationnels du moment et à s'inscrire dans la durée. En outre, les charges très importantes de déflations d'effectifs et la dégradation des conditions d'exercice du métier constituent des défis dont les conséquences s'amplifient d'année en année.

Je me propose de développer ces sujets devant vous maintenant. En qualité de chef militaire, je commencerai, dans une 1ère partie, par vous parler des missions et des engagements opérationnels de l'armée de terre. J'aborderai en 2e partie les moyens que j'estime raisonnablement nécessaires pour les remplir avant de conclure par le moral de l'armée de terre.

 

L'état du monde donne raison, de façon assez dramatique, à l'analyse stratégique du Livre blanc. La situation nous conforte dans la nécessité de disposer de moyens militaires complets et cohérents permettant de dissuader d'éventuels agresseurs, de protéger et de défendre nos concitoyens et d'intervenir rapidement en cas de crise. Le choix d'un modèle d'armée équilibré reposant sur la complémentarité des composantes terrestres, aériennes et navales reste le bon. C'est d'ailleurs la conjugaison des moyens et leur emploi combiné sur le terrain qui permettent à nos forces de couvrir l'ensemble du spectre des opérations, comme l'attestent les opérations Barkhane et Sangaris ou Daman. Chacune d'elles montre aussi l'autonomie stratégique que procurent à nos autorités politiques ces équilibres internes de capacités, qui leur offrent la liberté de choisir la réponse militaire la mieux adaptée parmi plusieurs options différenciées.

Je n'exposerai pas dans le détail les principaux fronts d'insécurité auxquels notre pays fait face aujourd'hui, ils l'ont été par le ministre de la défense. Vous avez donc une compréhension parfaite de la « menace de la force » qui plane très proche de nous en Europe. En RCA et en Libye, les « risques de la faiblesse » alimentent des situations chaotiques tandis que le terrorisme transnational expose désormais directement la France, les Français et l'Europe aux plus grands dangers.

Pour ma part, je voudrais vous exposer les quatre constats que je tire des engagements opérationnels de l'armée de terre et des évolutions prévisibles des menaces. Le premier concerne la liberté et l'autonomie qu'offre un modèle d'armée qui conserve toute la gamme de capacités. Le deuxième est lié à ce qui garantit la réactivité de nos forces. Le troisième a trait à leur protection. Enfin, le dernier porte sur la dégradation généralisée de la situation sécuritaire. Ce sont ces réflexions qui orienteront l'architecture de la réforme à venir et mes choix en matière d'efforts à maintenir et d'inflexions à apporter dans les domaines de notre entraînement, des équipements et de l'organisation.

Premier constat, l'armée de terre contribue de façon globale à la défense et à la sécurité des Français parce qu'elle dispose d'une gamme complète de capacités très complémentaires et très polyvalentes qui couvrent l'ensemble du spectre stratégique. Ses capacités conventionnelles concourent à crédibiliser la force de frappe nucléaire et constituent en quelque sorte un premier échelon de la dissuasion. En outre, environ 12 000 soldats de l'armée de terre assurent la protection de leurs concitoyens en remplissant des missions de sécurité intérieure, de sécurité civile ou de service public, en plus du contrat qui prévoit un engagement minimum de 10 000 hommes sur le territoire national. 12 000 autres sont déployés chaque jour hors de métropole, dont plus de la moitié en opérations extérieures. Ce sont en réalité près de 22 000 soldats et plus de 3 000 matériels majeurs qui sont tous les 4 mois en posture opérationnelle, sur une Force que le Livre blanc en 2019 fixe à 66 000 hommes projetables. Nous sommes donc à l'équilibre.

Cette photographie n'est d'ailleurs pas figée. L'armée de terre évolue pour répondre aux priorités fixées dans le Livre blanc. Sur les 1 000 postes prévus dans le Livre blanc pour renforcer les forces spéciales, l'armée de terre contribuera à hauteur de 225 postes en 2015. Une première étape qui sera poursuivie les années suivantes, portant notre contribution totale à 355 postes. Dans le domaine de la cyberdéfense, nous contribuerons à hauteur de 20% des 350 postes supplémentaires à créer. Vous mesurez aisément les efforts que ces renforcements, pourtant indispensables, demandent dans un contexte de suppressions d'effectifs.

Deuxième constat, l'urgence s'impose désormais comme une probabilité commune de nos interventions, impliquant une capacité réactive de mobilisation et de mise en mouvement de nos forces. Le déclenchement de l'opération Harmattan s'est traduit pour l'armée de terre par l'appareillage en 4 jours et sans préavis de 18 hélicoptères de combat sur le BPC Tonnerre. Pour Serval, quelques heures seulement après l'ordre présidentiel, les unités pré-positionnées en Afrique convergeaient en direction du Mali pour repousser, dès le lendemain, avec les forces spéciales et l'armée de l'air, l'offensive djihadiste. En moins de 10 jours, nous avons déployés 4 000 hommes et 10 000 tonnes de matériel, soit l'équivalent de ce que nous avions fini de désengager d'Afghanistan quelques mois auparavant au terme d'une manoeuvre de plus d'un an et demi. Cette réactivité dont dispose la France de pouvoir basculer ses efforts et d'agir avec ses forces terrestres partout où elle l'estime nécessaire reste un atout de premier ordre et même un facteur de puissance. Notre dispositif outre-mer et à l'étranger ainsi que notre dispositif d'alerte GUEPARD intégré depuis le mois de septembre dans l'échelon national d'urgence décrit dans le Livre blanc, jouent un rôle éminemment crucial dans cette réactivité. On va essayer de les préserver ! J'observe d'ailleurs que l'OTAN, avec la crise ukrainienne, a perçu tout l'intérêt de disposer d'une force de réaction rapide offrant des capacités assez similaires à celles dont nous disposons.

Troisième constat. Au durcissement des opérations militaires que les soldats de l'armée de terre vivent au quotidien, répond une exigence individuelle et collective que je porte, en qualité de chef d'état-major, en termes de protection de la force. Je voudrais d'ailleurs saisir cette occasion pour saluer le courage et le dévouement dont nos soldats font preuve en opération. Quels que soient les théâtres, ils exécutent leur mission avec le sens du devoir et un savoir être exceptionnel que vous leur connaissez.

La première protection de nos combattants repose sur la qualité de leur préparation opérationnelle. Son niveau d'exigence conditionne directement leur aptitude à faire face à des conditions d'engagements qui combinent l'extrême diversité des situations et la dure brutalité des combats, les yeux dans les yeux. Le Mali en a apporté la preuve éclatante. C'est l'entraînement, l'aguerrissement, enrichis par l'expérience, la qualité des structures de commandement, qui permet aux soldats français de prendre l'avantage tactique et de surclasser les forces morales de l'adversaire. La seconde protection, c'est la qualité des équipements, qui joue aussi un rôle déterminant, grâce à la puissance et à la précision des armements et à l'indispensable protection qu'ils procurent à nos hommes. Pour mémoire, entre 2008 et 2013, 109 véhicules terrestres ont subi des dommages de guerre lourds dont la moitié par IED, et 10 hélicoptères ont été touchés par des tirs directs. Tous nos soldats qui sont sortis indemnes d'attaque par explosif ou de tirs directs savent ce qu'ils doivent à la qualité de leurs équipements individuels de protection et à la qualité de leurs engins blindés.

Quatrième et dernier constat. S'il peut paraître prématuré de parler de rupture ou de surprise stratégique, je suis convaincu que nous assistons bien à une dégradation brutale de la situation sécuritaire internationale et nationale. Il me semble que nous sommes bien loin du monde pacifié que certains imaginaient se dessiner au moment de la chute du mur de Berlin, tombé il y a exactement 25 ans. Il est temps de réinvestir dans notre défense, ce qui nous reste des dividendes de la paix que nous avons, un peu imprudemment, avec optimisme, consommés depuis tant d'années. La menace terroriste, devenue transnationale, fait tache d'huile. Elle modifie la nature des dangers qui pèsent sur la France, les Français et sur l'Europe. Elle accroit donc en conséquence l'ampleur des défis à relever pour y faire face.

Dans la bande sahélo-saharienne, l'ennemi s'affranchit des frontières du Sud de la Libye aux confins de la Mauritanie. C'est la raison pour laquelle Barkhane adopte en miroir un dispositif transnational qui prend appui sur un partenariat élargi avec les cinq pays de la BSS. Barkhane apporte certes une réponse originale qui crée les conditions du succès. Mais l'extrême mobilité de nos adversaires, dans un espace incontrôlable en raison de son immensité, grande comme dix fois la France, soit la taille de l'Australie, pose en réalité des défis colossaux. La clé de la réussite repose sur la complémentarité entre les hommes et la technique ainsi que sur la combinaison dynamique des capacités classiques, des moyens de renseignement et de forces spéciales. Enfin, il ne faut pas perdre de vue l'existence des autres menaces comme celle de Boko Haram.

Au Levant, Daech ne constitue pas qu'un groupe terroriste mais bien une armée qui manoeuvre, qui communique, qui s'appuie sur des équipements performants et poursuit des objectifs stratégiques, avec une volonté expansionniste affichée. La rapidité avec laquelle ce mouvement parvient à accroître ses effectifs et à diversifier son matériel est très préoccupante. La problématique n'est pas seulement militaire. Elle porte également sur les flux financiers qui viennent alimenter de véritables mercenaires appointés.

Enfin, le nombre de combattants européens enrôlés dans ses rangs et revenus depuis dans l'espace Schengen constitue une nouvelle forme de menaces. Ma connaissance de ce sujet me persuade de la nécessité d'intégrer encore plus dans notre réflexion le retour de l'armée de terre sur son milieu naturel, celui du sol national, pour pourvoir y faire face, avec les forces de sécurité, à tous types de menaces dont celles que ces vingt dernières années avaient confinées à l'extérieur. Il ne faut d'ailleurs pas exclure que cette menace agisse en utilisant des modes d'actions de nature militaire, et se concrétise par des actions armées contre des militaires. Ne perdons pas de vue qu'il s'agissait d'un des objectifs poursuivis par Mohammed Merah. Outre-Atlantique, des attaques isolées ont déjà été perpétrées. Nous avons hélas vécu à deux reprises en France et une fois en Belgique des attaques assez similaires. L'adversaire n'est plus seulement aux portes de l'Europe, il en a franchi le seuil.

Il me semble raisonnable de considérer que la nature des opérations et l'envergure des défis sécuritaires inscrivent l'action militaire, hors et désormais à l'intérieur de nos frontières, durablement. Ils confortent ainsi le contrat opérationnel de l'armée de terre qui est réaliste et structurant. Le corollaire implique d'entretenir à son meilleur niveau une capacité d'action terrestre réactive et apte au combat de contact, c'est le but de SCORPION, alors qu'elle est déjà éprouvée par deux décennies d'opérations et qu'elle ne bénéficie pas toujours des niveaux de ressources pour s'entraîner et se moderniser au rythme prévu. C'est tout l'enjeu du strict respect de la LPM, dont le costume est taillé au plus juste et dont le projet de loi de finances 2015 contribue à assembler toutes les pièces.

La capacité de l'armée de terre à remplir son contrat opérationnel dans la durée repose sur le respect des priorités affichées par la LPM. Le projet de loi de finances 2015 a plus particulièrement vocation à concrétiser les efforts qui portent sur le renouvellement des équipements aéroterrestres et sur la remontée de l'activité opérationnelle, dans la limite des incertitudes qui subsistent encore sur la construction du budget 2015.

S'agissant des équipements, les prochaines années sont déterminantes puisqu'elles doivent permettre d'achever le renouvellement de la gamme d'équipements entrés en service dans les années 70. Cette gamme vous la connaissez bien puisqu'il s'agit des VAB, des AMX 10 RC, des GAZELLE et des PUMA qui sont encore engagés en opération. Ces dernières années, l'arrivée de nouveaux équipements a renforcé la capacité opérationnelle de l'armée de terre. Le système FELIN fait de notre infanterie une des plus modernes au monde. Le déploiement en RCA du VBCI (16), (Véhicule Blindé de Combat d'Infanterie), confirme son extraordinaire plus-value tactique, déjà établie au Mali, en Afghanistan et au Liban. L'arrivée dans les régiments d'artillerie du CAESAR (Camion Equipé d'un Système d'Artillerie) a considérablement accru nos capacités d'appui feu mobiles et rapides, largement employées en Afghanistan et au Mali. La livraison des 5 premiers Lance-Roquettes Unitaire (LRU) au 1er régiment d'artillerie de Belfort donne à l'artillerie française une capacité de frappe ciblée à 70 km de distance quelles que soient les conditions météorologiques. Enfin, l'hélicoptère Tigre s'est imposé comme une pièce maîtresse d'appui par le feu dans nos engagements en Afghanistan, en Libye, en Somalie et dans toute la bande sahélo-saharienne.

Je n'oublie pas, au titre des nouvelles programmatiques, la commande en 2013 du missile moyenne portée le MMP, successeur du Milan. Toutefois, ce moyen de lutte anti-char d'une portée comprise entre 2 500 et 4 000 mètres n'a de sens qu'une fois intégré dans une trame complète qui est composée par la roquette NG, pour le combattant débarqué et la roquette Hellfire, pour le Tigre HAD. Ces armements sont indispensables pour permettre aux forces terrestres d'agir efficacement contre une menace embarquée et surtout blindée.

Les perspectives de livraison pour 2015 confirment cette dynamique positive avec notamment la fin du plan d'équipement VBCI (25 engins en 2015) et FELIN (310 systèmes en 2015) et la poursuite de l'arrivée des hélicoptères nouvelle génération Tigres et NH 90 Caïmans, dont deux premiers exemplaires viennent d'être projetés dans la bande sahélo-saharienne.

Je voudrais au passage en profiter pour souligner la pertinence de nos choix capacitaires, confirmés par leur mise à l'épreuve systématique en opération. Nous n'avons jamais connu d'échec ou d'impasse dans nos choix programmatiques. Je crois que nous pouvons collectivement saluer la performance de notre industrie d'armement terrestre qui associe à des industriels innovants, des armées exigeantes et une DGA compétente. Nos choix capacitaires privilégient une gamme de moyens médians et compacts reposant sur un compromis mobilité, agressivité, projection, protection parfaitement adapté à nos opérations actuelles. Toutefois, ce bilan positif ne doit pas masquer les conséquences physiques des économies budgétaires des trois années passées. Les reports de commande et de livraison qui en découlent étirent la période de recouvrement entre deux générations de matériels vers un écart trop important pour plusieurs raisons. D'un point de vue opérationnel d'abord, nous sommes contraints d'employer des équipements d'ancienne génération qui sont arrivés en limite d'évolutivité. Le VAB, par exemple, conçu en 1970 pour porter 12 tonnes, en porte dans sa toute dernière version ultima presque 16. La version ultissima n'est pas techniquement imaginable. D'un point de vue économique ensuite, l'allongement de la période de recouvrement représente un surcoût majeur à la fois humain et financier. La coexistence des parcs de nouvelle génération et des parcs anciens imposent de doubler les moyens de soutien. La bonne maîtrise du vieillissement de ces matériels hors d'âge, qui devra être assurée pour encore une quinzaine d'années, a un coût qui peut devenir prohibitif. En tout état de cause, un coût qui justifie que l'on réfléchisse à la façon de ne plus différer l'arrivée de nouveaux matériels, quitte à en acquérir certains de façon accélérée.

Voilà pourquoi il est capital que la programmation de la LPM soit respectée et qu'elle concrétise en 2015 le lancement de nos programmes prioritaires.

L'approbation par le ministre du lancement de l'étape 1 du programme SCORPION, intervenue tout récemment, constitue évidemment une grande satisfaction. Elle couronne 15 années de travail pour concevoir des systèmes d'armes protégés, intégrés, au MCO maîtrisé. Mais la LPM 2014-2019 ne suffira pas pour atteindre les objectifs capacitaires visés puisque l'étape 1 ne portera que sur moins de 50% du besoin et qu'elle prévoit seulement la livraison de 92 VBMR sur 980, repoussant à 2020 celle des 4 premiers EBRC sur 110 ainsi que la rénovation des 12 premiers XL sur 200. L'année 2015 restera donc l'année de SCORPION et de la mise en dynamique industrielle !

2015 portera en complément deux opérations majeures. La première concerne la mobilité des forces spéciales dont la modernisation repose sur le lancement, comme prévu, du programme des véhicules des forces spéciales en remplacement de la P4 et du VLRA. Le second programme dimensionnant porte sur le successeur du système de drone tactique intérimaire (SDTI). Les obsolescences incompatibles avec le maintien en service du SDTI au-delà de 2017 nécessitent le lancement de son successeur dès 2015, pour lequel le financement est programmé. Ce moyen de renseignement de l'avant a confirmé sur les théâtres d'engagement son importance au niveau tactique et pour la protection rapprochée de la force. Une approche par les coûts, trois fois inférieurs au MALE, à l'achat et en soutien, me porte à penser que son acquisition est justifiée. D'un point de vue opérationnel, la nécessité, déjà avérée en Afghanistan, vérifiée à Serval, de disposer de drones tactiques se confirme dans la BSS.

S'agissant de la remontée de l'activité opérationnelle, le projet de budget 2015 confirme l'effort indispensable envisagé sur la LPM au profit de l'entretien programmé des matériels terrestres et aéroterrestres. Cela constitue une vraie source de satisfaction ainsi qu'un véritable challenge à relever par toute la chaîne de maintenance, industrielle et opérationnelle.

La priorité marquée à l'EPM dans le projet de loi de finances 2015 matérialise la volonté de remonter le niveau de l'activité en l'inscrivant toutefois dans un processus de long terme.

En effet, compte tenu de l'augmentation des coûts de soutien, la disponibilité des parcs terrestres et aéroterrestres restera encore contrainte en 2015 et en 2016.

Ceci s'explique en partie par le fait que les crédits d'EPM couvrent à la fois les coûts d'entretien des équipements utilisés en métropole dans le cadre de la préparation opérationnelle, ainsi que les coûts d'entretien des matériels employés en opération. Or, l'enchaînement de nos engagements et les conditions d'emploi extrêmes soumettent nos matériels à des taux d'usure hors norme. La dispersion géographique des théâtres et l'immensité des zones d'engagement compliquent, quant à elles, la mission du soutien dont les moyens sont d'ailleurs comptés et fortement contraints. Une tendance qui n'a d'ailleurs pas vocation à fléchir sous l'effet des déflations d'effectifs.

La régénération des matériels revenant d'opérations extérieures constitue, depuis le retour d'Afghanistan pour la chaîne de la maintenance, un défi à la mesure de l'enjeu qu'elle représente pour l'armée de terre. A ce jour, environ 1 500 engins rentrés d'Afghanistan et du Liban et 500 du Mali doivent être remis en état (dont 600 VAB -pour 1/2 de l'INF-, 300 camions et 140 VBL). Cela représente l'équivalent du matériel en service dans 23 régiments. La reconnaissance d'une bonne partie de ce besoin et son financement à hauteur de 113 millions d'euros sur la période de la LPM permet de procéder à une première étape de la régénération, portant sur environ 300 VAB pour un montant de 50 millions d'euros d'ici à 2015 (dont 24 millions d'euros au titre du PLF 2015).

A la date d'aujourd'hui, 102 VAB sur les 620 concernés sont déjà retournés dans les forces, vous permettant de mesurer le chemin qu'il reste à parcourir.

En dépit des difficultés, le niveau d'entraînement de l'armée de terre lui a permis en 2014 de répondre à une nouvelle période de fort engagement. Mais l'excellent niveau de nos soldats dissimule en fait un paradoxe auquel nous devons prendre garde. En effet, c'est le capital d'expérience constitué en opération qui permet de compenser, pour le moment, des insuffisances de ressources destinées à l'instruction et à l'entraînement. De fait, les objectifs fixés dans la LPM à 90 journées de préparation opérationnelle (JPO) et à 180 heures de vol, hors simulation, ne sont pas atteints. Concrètement, ces insuffisances se traduisent par des renoncements en termes de capacités opérationnelles. Afin de pallier le déficit en heures de vol, l'armée de terre a fait le choix de catégoriser ses équipages ALAT en 3 familles. Celle qualifiée de 1er rang (60% des équipages), dont les équipages disposent des heures de vols qui leur permettent d'être engagés en opération d'emblée. Celles de 2e et 3e rangs, qui requièrent une remise à niveau des équipages pouvant nécessiter un délai de 6 mois à 1 an avant d'être aptes à s'engager en mission opérationnelle. Dans un autre registre, environ 25% de nos unités s'entraînent dans nos centres de préparation sur des structures incomplètes, avec des matériels manquants ou des capacités qui ne sont pas totalement réalisées, dégradant donc la qualité de leur préparation opérationnelle. Il s'agit d'un enjeu capital puisqu'au combat le niveau d'entraînement du soldat participe autant que son casque et que son gilet de protection à sa sauvegarde.

Les incertitudes classiques qui pèsent encore sur la fin de gestion 2014, donc sur l'exercice budgétaire 2015 m'incitent à la prudence.

Je souhaite enfin vous parler de celles et de ceux qui remplissent au quotidien les missions de l'armée de terre. Leur moral constitue à mes yeux un enjeu capital pour des raisons opérationnelles et humaines évidentes. C'est la raison pour laquelle je voudrais faire de son redressement un objectif majeur consistant à amener le niveau du moral en métropole à la hauteur de celui qui règne sur les théâtres d'opérations. La hausse de l'EPM y contribuera.

Alors que nos soldats affichent un remarquable état d'esprit en opération, leur moral en garnison ne parvient pas à s'élever au-dessus d'un niveau qui reste moyen, fragile et qui confirme d'année en année sa lente érosion. En cause, le manque de visibilité sur l'avenir, l'empilement des réformes et la dégradation des conditions de vie et d'exercice du métier, générant mécontentement, lassitude et inquiétudes. Il s'agit d'un sujet qui ne concerne pas seulement le chef d'état-major de l'armée de terre car c'est aussi à travers leurs conditions de travail que nos soldats apprécient la reconnaissance que la Nation leur porte et qu'ils mesurent la solidité de son lien avec les Armées. L'état d'esprit de nos soldats pourrait être synthétisé par une phrase : parce qu'ils ne vivent pas bien le présent et parce qu'ils n'y voient pas assez clair, ils ne peuvent pas correctement se projeter dans l'avenir. Leurs inquiétudes sont celles de personnes qui doutent et qui s'interrogent.

Ils doutent encore de la pertinence des réformes qui leur semblent s'imposer selon un mode technocratique dicté essentiellement par des enjeux économiques de court terme. Ils s'interrogent sur leur propre devenir professionnel et donc personnel et familial compte tenu des volumes de déflation dont ils n'ont d'ailleurs pas une vision d'ensemble pluriannuelle. Le « point positif » est qu'ils éprouvent encore le besoin fort de faire remonter ces inquiétudes par la voie du commandement dont ils reconnaissent la légitimité et sur lequel ils savent pouvoir s'appuyer pour porter l'intérêt collectif.

S'agissant des conditions d'exercice du métier, le domaine de l'infrastructure offre une illustration des difficultés auxquelles nos hommes sont confrontés, parce qu'ils y vivent jour et nuit au quotidien. Les renoncements imposés sur la période 2014-2019 portant sur environ 30% des besoins de l'armée de terre, et le niveau historiquement bas des ressources dédiées à la maintenance immobilière, accentuent les difficultés ressenties sur le casernement. Initié à partir d'une visite du ministre dans un régiment d'Ile-de-France, et déclenché à sa demande, le plan d'urgence sur l'amélioration des conditions de vie et de travail a permis de prendre toute la mesure de la situation. 697 points noirs ont été identifiés dans les Armées, dont plus de 50% des cas recensés concernent des formations de l'armée de terre. Le déclenchement de ce plan d'urgence infrastructure, tout comme celui des bases de défense de novembre 2013, montre que les limites sont atteintes. Dans le fonctionnement courant, il n'y a plus d'économies possibles. Les tensions qui existent dans le domaine du soutien sont directement et quotidiennement perçues par l'ensemble de l'armée de terre comme nuisant au bon fonctionnement. Elles cristallisent le ressentiment contre la réforme et elles tirent vers le bas un moral déjà fragilisé par les dysfonctionnements du système Louvois. Outre le juste niveau de ressources, les solutions qui peuvent être apportées résident dans l'amélioration de la gouvernance du soutien. Il s'agit d'un objectif commun parfaitement partagé par les Armées et derrière lequel les chefs militaires avancent sous la direction du chef d'état-major des armées. C'est un enjeu majeur qui conditionne en grande partie l'adhésion de la communauté militaire au changement.

S'agissant de Louvois, environ 59 000 terriens en ont été victimes, ce qui signifie qu'un militaire sur 2 a été touché au moins une fois, souvent plusieurs fois dans la même année, avec les dommages que vous imaginez en termes de moral et de confiance dans l'administration du ministère de la défense. Les effets des dysfonctionnements du calculateur entraînent des difficultés familiales et génèrent dans certains cas des situations de stress prononcé.

Cette réalité est encore moins bien admise lorsque le militaire est engagé en opérations extérieures, éloigné de sa base arrière. Je mesure tous les jours les effets destructeurs de cette situation. Pour lutter contre ce logiciel qui n'est toujours pas stabilisé, l'armée de terre s'est organisée depuis 2011, groupée derrière le ministre de la défense qui a très tôt mobilisé tout le ministère sur Louvois. Je tiens d'ailleurs à saluer le travail remarquable des agents et des militaires du centre expert des ressources humaines et de la solde (CERHS) de la direction des ressources humaines de l'armée de terre, auquel j'ai rendu visite début octobre. Ses effectifs, aujourd'hui d'environ 700 personnes (soit deux fois plus que prévu), ont été augmentés de 128 militaires, de 257 vacataires et de 10 réservistes entre 2011 et 2014 pour corriger les dysfonctionnements. Dans les régiments et dans les groupements de soutien de Base défense, le commandement et l'administration de proximité mettent tout en oeuvre pour détecter et aider prioritairement les victimes de moins perçus.

Enfin, concernant les déflations d'effectifs, cette deuxième année de la LPM marque une rupture franche avec les années précédentes. L'année 2015 se traduit par une hausse de 25% des déflations pour l'armée de terre par rapport aux années antérieures, faisant passer le nombre de suppressions de postes de l'ordre de 3 000 à environ 4 000 terriens. L'effort est considérable en quantité et en qualité. L'objectif est d'autant plus ambitieux que cette déflation doit être réalisée en 4 ans et que les suppressions effectuées depuis 2008, à hauteur d'environ 25 000 postes, amenuisent le vivier de candidats à un départ aidé. Dans le même temps, l'allongement de la durée des services consécutif aux réformes des retraites diminue le nombre de départs naturels jusqu'en 2017. Vous constatez donc que l'exercice est très compliqué. L'objectif de dépyramidage, qui concerne prioritairement les officiers sur cette LPM, accentue les difficultés dont celle de l'acceptabilité et de la faisabilité. Cet objectif suscite auprès d'eux, sur qui repose d'ailleurs la mise en oeuvre de la réforme, une certaine incompréhension quant aux motivations profondes du dépyramidage. D'autant plus qu'ils ne peuvent s'empêcher de constater, comme nos concitoyens, que les effectifs militaires diminuent au moment même où le niveau de menace augmente. Ayant déjà optimisé les écoulements de ses flux RH en réduisant les volumes de recrutements et d'avancement (notamment pour les officiers, de l'ordre de 30% en 2 ans), l'armée de terre va devoir dynamiser encore davantage sa politique d'aide au départ volontaire, en sélectionnant, en identifiant et en accompagnant plus qu'aujourd'hui les départs. Pour être franc, je ne sais pas si nous parviendrons à atteindre les déflations qui nous sont imposées dans le temps imparti. L'enjeu de la réussite consiste dans l'adaptation et le maintien minimum des flux d'avancement et de recrutement qui sous-tendent autant notre efficacité opérationnelle que le moral de nos hommes. En contrepoint, le constat d'un échec mettrait en évidence les limites atteintes par la logique de réduction des effectifs, à l'oeuvre depuis 2008. Mon prédécesseur, le général Ract-Madoux avait d'ailleurs pensé à juste titre qu'il pourrait atteindre les objectifs de la LPM 14-19 avec le modèle d'armée hérités de cette période. La charge de déflation ne le permettra pas.

Le projet de modèle de la future armée de terre sur lequel je travaille vise à redonner aux femmes et aux hommes de l'armée de terre la visibilité qu'ils attendent. Mon objectif consiste aussi à rompre le cycle ininterrompu de transformation perçue comme compliquant le fonctionnement courant, dégradant le soutien et nourrissant finalement le sentiment d'une détérioration de leurs conditions d'exercice du métier et d'une déconstruction progressive de leur instrument de travail. C'est pourquoi j'ai entamé depuis la rentrée une réflexion poussée, avec mes grands subordonnés. Nous avons conclu à la nécessité de faire évoluer l'organisation de l'armée de terre vers une architecture à la fois plus lisible et plus pérenne, qui présente une chaîne de commandement plus simple et plus verticale. Elle s'appuiera sur trois maillons indissociables et parfaitement intégrés que sont les ressources humaines, la maintenance logistique et les forces terrestres, aptes à conduire des opérations spéciales, des opérations aéroterrestres et des opérations sur le territoire national. Trois pôles d'excellence seront valorisés dans ce but : les forces spéciales, l'aérocombat et notre expertise du territoire national. La réflexion va maintenant être approfondie pour étudier ces pistes plus en détail. L'étape suivante consistera à proposer les grandes lignes consolidées de cette armée de terre nouvelle au chef d'état-major des armées et au ministre de la défense avant la fin de l'année. J'aurai besoin de votre soutien pour porter ce projet, il en va de notre responsabilité commune à conserver pour la France une armée de terre à la hauteur de son besoin.

En conclusion, je crois pouvoir dire que nous portons tous ici un regard très proche sur la qualité de l'engagement de nos soldats. Je sais que vous ressentez la même fierté que celle qui est la mienne lorsque vous les voyez à l'oeuvre sur le terrain. Je tiens d'ailleurs à vous remercier de l'attachement que vous leur témoignez par vos visites et pour les paroles élogieuses que vous leur adressez. Sachez qu'ils apprécient d'autant plus ces marques de considération quand elles proviennent, non seulement de leurs chefs, mais aussi de la représentation nationale.

La reconnaissance que nous devons à leur sens du bien commun, qu'ils mettent au service de l'intérêt supérieur de la Nation avec un dévouement sans égal, doit aussi se manifester de façon tangible. Elle passe d'abord et avant tout par les moyens qu'ils sont légitimement en droit d'attendre pour remplir leurs missions.

C'est tout l'enjeu du PLF 2015 qui marquera de façon concrète le volontarisme que notre pays et sa représentation nationale affichent pour soutenir sur la période 2015-2019 l'ambition stratégique qu'il poursuit. Cet enjeu repose d'une part sur une fin de gestion 2014 équilibrée et d'autre part sur la mise à disposition d'un niveau de ressources 2015 cohérent, nous l'espérons, avec l'ambition de la LPM.

 

M. Christian Cambon, président. - Je souhaite vous exprimer notre attachement à l'armée de terre. Nous avons montré notre vigilance lors de l'examen de la LPM 2014-2019 et nous sommes également attentifs à son exécution.

Nous mesurons, notamment lors de nos déplacements, et encore récemment en République Centrafricaine, lors d'une visite du dispositif Sangaris, le professionnalisme, l'engagement, le dévouement de ses soldats. Nous avons pu constater que, même dans des conditions difficiles, le moral des troupes en OPEX était bon. Je tenais à leur rendre hommage.

Mais nous sommes conscients également de la distorsion qui pourrait s'instaurer entre les moyens et le niveau de sollicitation avec la multiplication des opérations extérieures.

 

M. Xavier Pintat, co-rapporteur du programme 146. - La compétition pour le marché du système de drone tactique (SDT) pérenne de l'armée de terre est ouverte, pilotée par la DGA, pour le remplacement des Sperwer actuellement en service. La commande doit être effectuée en 2015. Avez-vous des préférences, parmi les compétiteurs annoncés - notamment entre le Watchkeeper de Thales et le Patroller de Sagem ? Les performances de ce système ne feront-elles pas double emploi avec celles des systèmes de drone MALE, qui en paraissent assez proches ?

La livraison de 8 nouveaux hélicoptères NH 90 est prévue pour l'année prochaine. Pour mémoire, cet appareil de transport et de surveillance se décline en deux versions très différentes : une version terrestre, pour le transport tactique pour l'armée de terre, et une version marine. Cet équipement donne-t-il satisfaction à l'armée de terre ?

La signature des marchés du programme Scorpion a été annoncée le 29 octobre dernier par le ministre de la défense. Ce programme, après une longue attente, est enfin lancé. L'étape 1 du programme comprend un système d'information (le SICS), l'acquisition de véhicules blindés multi-rôle (VBMR) destinés à remplacer les VAB actuels, une rénovation du char Leclerc et l'acquisition d'engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC). Qu'attendez-vous de cet ensemble ? À quelles échéances, pour chaque composante ?

 

Mme Michelle Demessine, co-rapporteur du programme 178. - Depuis de nombreuses années, la disponibilité des matériels de l'ALAT (aviation légère de l'armée de terre) pose des difficultés importantes. Elle disposera de 305 hélicoptères en 2015, dont 51 Tigre qui sont des appareils récents (4,5 ans d'âge moyen). Or, la disponibilité générale des Tigre plafonne à un niveau très bas : 22% en 2013. Comment améliorer la disponibilité des matériels de l'ALAT ?

En outre, on peut s'interroger sur les différences très importantes de coût d'entretien selon les hélicoptères : on constate par exemple un coût unitaire allant du simple au double entre NH90 et Tigre. Bien sûr, ces hélicoptères ont une mission et une conception différentes. Mais lorsqu'on regarde les seuls NH90, ceux de l'armée de terre coûtent environ 2,6 millions d'euros d'entretien par an, ceux de la marine environ 2,15 millions. Leur engagement en Opex, dans des conditions abrasives, explique-t-il cette différence ? La réforme du MCO aéronautique permettra-t-elle d'améliorer la situation ?

La LPM prévoit une augmentation sensible des dépenses d'entretien programmé des matériels (+4,3% en valeur par an). Qu'attendez-vous de cette progression ? Sera-t-elle suffisante pour faire face à l'hétérogénéité du parc, au coût élevé en MCO de nombreux matériels ?

Qui plus est, les matériels terrestres sont particulièrement affectés par leur utilisation en OPEX, par exemple les véhicules de l'avant blindé : les coûts logistiques sont élevés et surtout le taux d'usure et la remise aux standards demandent une maintenance lourde. Comment s'adapter à cette situation ? Et là aussi, la progression prévue des crédits de MCO sera-t-elle suffisante pour faire face ?

La Cour des comptes estime que le nombre des implantations du MCO Terrestre demeure élevé, même si d'importants efforts ont déjà été accomplis. Tout en soulevant la difficulté des restructurations, elle précise que « la réduction du nombre d'emprises, la densification et la spécialisation des infrastructures existantes doivent être recherchées pour améliorer l'efficacité d'ensemble ». Qu'en pensez-vous ?

 

- Présidence de M. Xavier Pintat, vice-président -

 

M. Robert del Picchia, co-rapporteur du programme 212. - Le ministre a annoncé des restructurations dont nombre touchent l'armée de terre. Elles consistent en deux suppressions d'unités de Châlons-en-Champagne, mais surtout des adaptations capacitaires qui touchent un grand nombre d'unités. Le terme « de régiment d'infanterie de nouvelles génération » est employé. Qu'est-ce que cela signifie ? Quel est l'impact de ces transformations sur le plan opérationnel et sur le plan capacitaire ?

Y aura-t-il d'autres annonces au cours de l'exécution de la LPM ? Ne serait-il pas plus simple et pour les militaires et pour les collectivités qui vont perdre des implantations d'avoir une visibilité à moyen terme ?

Nous avons compris que le dysfonctionnement de LOUVOIS avait des conséquences lourdes sur le budget de la défense. On avait beaucoup parlé jusqu'ici des soldes négatives et des soldes à zéro qui suscitaient des difficultés pour les militaires et leurs familles. Le problème s'est-il réduit dans son ampleur ? Il semble qu'aujourd'hui la principale difficulté soit les sommes indues qui ont été versées et qu'il faut récupérer auprès des militaires et des anciens militaires, plus de 200 millions d'euros. L'armée de terre a-t-elle entrepris une action spécifique auprès de ses cadres pour accélérer le recouvrement de ces sommes ? Je sais que cela est difficile pour certaines familles ; des solutions sont-elles mises en place ?

L'année 2015 va être marquée par le déménagement de l'EMAT à Balard. Comment se prépare ce déménagement ? Avez-vous des inquiétudes à cet égard ?

 

Mme Christiane Kammermann. - Vous avez exprimé le ressenti des militaires et perçu un sentiment de dégradation dans l'exercice du métier. Pour ma part, je regrette l'abandon du service militaire, vous pourriez disposer, grâce à celui-ci, de la capacité de former des hommes prêts à servir dans les armées. Pourrait-on y revenir ?

Dans certaines opérations extérieures, nous mesurons combien nos soldats sont exposés à l'agressivité d'un ennemi qui connaît le terrain et sait se protéger. Pour autant, l'intervention au sol est nécessaire et nous mesurons le risque et le dévouement de nos soldats.

 

Général Jean-Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre. - Les armées disposent de trois types de drones qui ont chacun leur place. Les DRAC sont des petits aéronefs lancés à la main qui permettent à une unité de voir ce qui se passe dans son environnement immédiat, derrière la ligne de crête. C'est l'outil de la compagnie de tête. Le SDTI permet quant à lui d'éclairer la situation tactique du GTIA plus loin et plus longtemps. C'est typiquement le moyen qui précède un convoi, sur une distance plus importante, qui reconnaît son itinéraire, préparera l'intervention des hélicoptères pour appuyer, couvrir ou dégager cet itinéraire. C'est l'outil du chef de corps. Le drone MALE pour sa part est un drone stratégique qui permet de surveiller un vaste territoire, pendant de longues heures, pour détecter des cibles qui seront traitées le plus souvent par frappe aérienne. Ces trois types de drones ne sont pas substituables car ils sont complémentaires. Très logiquement, et l'expérience l'a d'ailleurs montré, les priorités d'emploi du niveau stratégique « écrasent » les besoins vitaux en renseignement du chef tactique. Au bilan, affecter à un emploi tactique un moyen tel que le drone MALE irait à l'encontre du principe de différenciation et de la logique d'économie des coûts. Le drone tactique est donc le drone de la subsidiarité et de la complémentarité car il remplit à coût plus réduit des missions de renseignement et de protection aux profits des unités au contact, réservant l'emploi des drones MALE, plus performant et onéreux, à des opérations d'un niveau d'intérêt supérieur.

S'agissant du choix du SDTI, l'armée de terre s'est intéressée au Watchkeeper qui est en service dans l'armée britannique qui en est satisfaite. Une mise en concurrence a été décidée. Dans ce cas, les offres qui seront présentées avec de bons rapports coût-efficacité seront étudiées avec attention.

Avant de répondre sur les hélicoptères, je voudrais faire une remarque sur l'usure des matériels qui dépend des conditions dans lesquelles ils sont mis en oeuvre. Le Mali nous en apporte une illustration éclatante : en presque deux ans d'emploi dans le désert malien, les VAB présentent les mêmes symptômes de fatigue et le même taux d'usure que ceux utilisés en 10 ans d'Afghanistan.

Nous avons aussi ce type de problèmes s'agissant des hélicoptères. Pour le Tigre, le niveau de disponibilité peut paraître faible, mais il résulte du choix du commandement et de la maintenance de procéder à des visites régulières d'entretien. Le NH90 a été projeté pour la première fois en opérations extérieures cette semaine. Il est encore tôt pour en tirer des enseignements. Concernant les différentiels de coûts de maintien en condition, ils s'expliquent par le fait que l'armée de terre vient de recevoir ses premiers NH90. Nous supportons donc les coûts d'entrée de programme (commande de pièces, lot d'outillage) qui augmente mécaniquement le coût du MCO. J'observe que l'on nous a fait le même faux procès l'an dernier à propos des Caracals. Or sur des flottes stabilisées et comparables, le coût à l'heure de vol dans l'armée de terre est le plus faible : 7 000 € pour le Puma et de 13 000 € pour le Cougar. Le Tigre a été déployé dans des conditions très différentes en Afghanistan, dans la bande saharo-sahélienne et en RCA dans des périodes à hygrométrie défavorable. Il a montré son efficacité et sa polyvalence. Nous espérons que le NH90 sera aussi robuste. Je note que ces matériels ont fait l'objet de programmes d'armement. Le Caracal a, quant à lui, été acheté pour un emploi spécifique, il n'a pas fait l'objet d'un programme. Il n'est donc pas si étonnant qu'il soit moins polyvalent lorsqu'il est employé dans d'autres conditions que celles pour lesquelles il a été conçu.

La première phase du programme Scorpion a été lancée, nous devrions recevoir, avant 2019, 92 VBMR sur les 980 attendus avant 2025. L'objectif qui consiste à pouvoir projeter en 2021 un groupement tactique interarmes sur VBMR, et disposer en 2023 d'une première brigade interarmes SCORPION projetable est ambitieux. Pour l'atteindre, il faudra faire preuve de la plus grande vigilance année après année. En sachant que SCOPRION vise en réalité à renouveler les capacités de combat médianes de 3 brigades interarmes, ce qui nous projette bien au-delà de 2025. Le plan d'équipement va donc être étalé dans le temps, nécessitant de prolonger les matériels toujours en service. Ce qui distingue ce programme, c'est sa cohérence d'ensemble, il s'agit non seulement de produire un véhicule mais d'y intégrer d'emblée plusieurs fonctions : un système d'information qui s'interface et communique avec les autres éléments du champ de bataille, mais aussi des capacités de simulation grâce à son optique embarquée. Le matériel sera livré équipé en coût complet. Nous aurons un devoir de mise en cohérence en matière de livraison des équipements.

S'agissant de la question des emprises militaires, je pense que l'armée de terre, dont le milieu naturel est le territoire national, doit y conserver une empreinte équilibrée. Ceci contrevient à l'idée d'un regroupement de ses unités sur quelques grandes bases pour réduire le volume des soutiens. Il faut arriver à définir le seuil critique entre la permanence sur le territoire national et la réduction des coûts du soutien. Il faut trouver un juste milieu, d'autant que le maintien d'une certaine présence me parait répondre à un vrai besoin.

Concernant la question des régiments d'infanterie de nouvelle génération, c'est une expérimentation qui vise à tester une nouvelle organisation des appuis (tireurs d'élite, mortiers, antichars). Le choix d'organisation final du RI NG et son extension aux autres régiments sera décidé à l'issue de cette expérimentation. S'agissant des restructurations, les militaires et leur famille, comme les élus souhaiteraient avoir plus de visibilité. C'est bien sûr une préoccupation que je partage pour des raisons humaines évidentes d'abord mais aussi car c'est un gage de sérénité pour accompagner le changement. Ce principe est également valable pour bâtir un modèle d'armée pérenne qui puisse d'inscrire dans la durée.

Permettez-moi à ce sujet de partager une réflexion. Lorsque le premier Livre blanc sur la défense a été publié en 1972, il a débouché sur la mise en place d'un modèle d'armées adapté aux menaces de l'époque. Vingt ans plus tard, le Livre blanc suivant publié en 1994 entérinait un nouveau schéma. L'armée mixte de conscription et d'unités professionnelles répondait à la situation jusqu'à ce que la décision soit prise d'adopter un schéma de rupture en passant à une armée de professionnels en 1996. Le même modèle alors est resté en application pendant 14 ans, jusqu'au Livre blanc de 2008 qui en a initié à son tour un nouveau. En 2013, cinq ans plus tard, le Livre blanc prend acte du changement de paysage géostratégique et resserre encore notre format d'armée. Nous pensions pouvoir prolonger le modèle 2008 jusqu'en 2019, mais cela va être difficile. Aujourd'hui, l'évolution des menaces, mais aussi la charge de déflation qui nous est imposée nécessitent de réfléchir une organisation qui redonne à l'armée de terre de la stabilité et de la profondeur.

S'agissant des dysfonctionnements de LOUVOIS, je voudrais rappeler que l'armée de terre en est d'abord victime. Nous avons du mal à nous extraire des difficultés, qui vont d'ailleurs perdurer dans l'attente du nouveau système ; et qui posent de vrais problèmes administratifs à nos personnels. Des systèmes ont été mis au point pour prévenir les dysfonctionnements par identification des moins et des trop-perçus. Toute solde qui sort en deçà de 1 000 euros ou au-delà de 10 000 euros est recalculée manuellement. Cela nécessite la mobilisation d'un important dispositif au CERHS de Nancy, mais cela n'évite pas les erreurs du calculateur. 59 000 personnes, soit environ 50% des personnels de l'armée de terre, ont été touchées au moins une fois cette année par un dysfonctionnement de LOUVOIS. C'est une réelle difficulté, pour toute les catégories de personnel et pour nos familles, surtout ceux déployés en OPEX, car suivre de près ces questions à distance, loin de son régiment et loin des proches compliquent les choses. C'est d'ailleurs pourquoi l'aide apportée par les commandants d'unité, les chefs de sections et de groupe, bref l'investissement du commandement de proximité, est aussi capitale.

 

M. Yves Pozzo di Borgo, co-rapporteur du programme 178. - Je suis très étonné de l'absence d'identification des responsables de ces dysfonctionnements qui dans n'importe quelle organisation seraient sanctionnés. C'est aussi une question de crédibilité pour nos armées.

 

Général Jean-Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre. - Il n'y a aucune inquiétude s'agissant de notre déménagement à Balard qui devrait avoir lieu en juin 2015. Nombre de nos collaborateurs seront mieux logés que dans l'îlot Saint-Germain, et la proximité avec les autres armées sera une plus-value.

Un retour au service national obligatoire me semble impossible. D'autant qu'il faudrait prévoir ce service pour les hommes et pour les femmes. En l'état de leur ressources, les armées ne disposent plus des capacités d'incorporer, instruire, héberger, habiller et nourrir toute une classe d'âge entière. En revanche, si le service civique volontaire connaissait une extension sous une forme militaire, l'armée de terre serait tout à fait disposée à accueillir des jeunes gens et des jeunes filles dans ce cadre. Ne perdons pas de vue le rôle positif que notre institution peut jouer en direction de la jeunesse, et en particulier vers celles et ceux qui ont besoin de retrouver des repères et qui veulent prendre un nouveau départ. Nous disposons de l'expérience pratique et surtout des compétences pour transmettre des valeurs, former et instruire. Pour ma part, je regrette que les déflations d'effectif nous conduisent à supprimer des postes et à nous séparer d'une force humaine qui pourraient être utilement mis au service de notre jeunesse, que ce soit pour leur emploi ou pour leur insertion, qui pourrait d'ailleurs être aussi une forme de pré-recrutement pour certains d'entre eux.

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7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 16:55
Armement : le contrat Scorpion enfin dompté

L'armée de terre doit acquérir 92 VBMR au cours de la période de la loi de programmation militaire (LPM) sur un objectif de 2.080 blindés

 

05/11/2014 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Les trois industriels participants au programme Scorpion (Nexter, Renault Trucks Défense, Thales) et la direction générale de l'armement (DGA) ont signé le contrat. Une commande de 6,5 milliards d'euros sur 18 ans.

 

Selon des sources concordantes, les trois industriels participants au programme Scorpion (Nexter, Renault Trucks Défense, Thales) et le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ont signé le contrat. Un programme très important dans le cadre de la modernisation des équipements de l'armée de terre d'une valeur de 6,5 milliards d'euros sur une période de 18 ans. Le contrat est actuellement à l'étude à Bercy et devrait être notifié d'ici à la fin de l'année, vraisemblablement début décembre comme le souhaiterait le ministère de la Défense.

Le programme Scorpion, qui a pour objectif de renouveler et moderniser les moyens des Groupements tactiques interarmes (GTIA) de l'armée de terre, est crucial pour Nexter ainsi que la filière de l'armement terrestre : 6,5 milliards sur 18 ans, dont 1 milliard dans l'actuelle loi de programmation militaire (LPM). Avec ce programme, Nexter devrait empocher environ la moitié des 6,5 milliards d'euros pour le développement et la fabrication de 2.080 véhicules blindés multirôles (VBMR), un véhicule 6x6 de 18-19 tonnes, et de 248 Engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC) ainsi que des tranches de soutien. La part de Renault Trucks Défense (RTD) devrait s'élever quant à elle entre 2,4 et 2,8 millliards d'euros.

 

Scorpion, un programme dédié à l'armée de terre

Le cœur du programme Scorpion permettra l'intégration de tous les systèmes d'information existant actuellement en un seul. Il deviendra à terme le système des systèmes d'information permettant à tous les éléments du GTIA de dialoguer selon un même langage et une même procédure. Mais c'est aussi une nouvelle génération de systèmes d'armements comme le successeur des antiques VAB (Véhicule de l'avant blindé), "le chameau" de l'armée de Terre vieux de 40 ans en 2016.

Ainsi, le Véhicule blindé multirôles (VBMR), un véhicule 6x6 de 18-19 tonnes, vaudra grand maximum 1 million d'euros TTC l'unité, hors tourelleau. L'armée de terre doit acquérir 92 VBMR au cours de la période de la loi de programmation militaire (LPM) sur un objectif de 2.080 blindés au total. Ils seront livrés à compter de 2018. En novembre 2011, Nexter Systems et Renault Trucks Defense avaient conclu un accord de coopération en vue d'apporter une solution unique lors de la consultation pour le programme VBMR, destiné à assurer le rééquipement des forces françaises en véhicules blindés multi-rôles de classe moyenne.

 

Modernisation des chars Leclerc

Elle doit également disposer des EBRC, qui sera équipé, avait précisé en juin dernier le ministre de la Défense, "du nouveau missile moyenne portée (...), le MMP et du canon de 40 mm télescopé", pour renouveler l'actuel parc de véhicules blindés AMX 10RC, ERC 90 et VAB Hot. L'objectif à terme est fixé à 248 pièces.

Scorpion prévoit également la modernisation de 200 chars Leclerc avant 2025. Car, selon Jean-Yves Le Drian, Scorpion "permettra de maintenir la capacité du char Leclerc jusqu'en 2040, en l'intégrant à la manœuvre des GTIA". Un marché qui devrait être passé en 2015. Enfin, les premiers missiles MMP, fabriqués par MBDA, devraient être livrés en 2017 de façon à éviter une rupture capacitaire dans le domaine des missiles tactiques du combat débarqué.

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27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 12:55
Le VBMR doit venir remplacer le VAB, qui va sur ses 40 ans de service

Le VBMR doit venir remplacer le VAB, qui va sur ses 40 ans de service

 

27 octobre, 2014 Guillaume Belan (FOB)

 

C’est en ce début de semaine que le comité ministériel d’investissement (CMI) présidé par Jean-Yves Le Drian devrait aborder le sujet Scorpion. Le programme d’ensemble de l’armée de terre pourra ensuite être notifié par la DGA pour ce renouvellement des capacités de contact de l’armée de terre. On se souvient des déclarations du Ministre de la Défense lors du salon Eurosatory en juin dernier. Il aura fallu attendre un peu, mais le programme, absolument vital pour l’armée de terre, va enfin pouvoir être lancé. Rappelons que la première partie qui devrait être lancée est le projet EBMR (relire l’article de FOB ici), qui doit venir donner un successeur au VAB, AMX30, ERC 90 Sagaie. Il sera attribué à un consortium d’industriels français, à savoir Renault Trucks Defense pour la partie mobilité, Nexter pour la caisse et l’armement et Thales pour la vétronique.

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 16:55
Le Ministre de la Défense en visite sur le stand Nexter durant Eurosatory 2014 (crédits Guillaume Belan)

Le Ministre de la Défense en visite sur le stand Nexter durant Eurosatory 2014 (crédits Guillaume Belan)

 

16 juin, 2014 Guillaume Belan (FOB)

 

Enfin ! Après d’âpres débats et batailles budgétaires, le Ministre Jean-Yves Le Drian l’a annoncé à l’occasion de sa visite au salon Eurosatory « fort des engagements du Président de la République en faveur du budget de la défense, je m’apprête à lancer le programme Scorpion. Les premières livraisons seront donc en 2018 pour les VBMR et en 2020 pour les EBRC ». En voilà une bonne nouvelle ! Car le programme Scorpion est absolument essentiel pour l’armée de terre. Scorpion, rappelons le, c’est le renouvellement des capacités de contact de l’armée de terre, à savoir le remplacement de matériels déjà hors d’âge : VAB, AMX10RC, ERC90 Sagaie, mais aussi missile Milan, radio PR4G ou systèmes d’information et de commandements vieillissants. Sachant que Scorpion intègre également le maintien en condition opérationnel (MCO), de nouveaux systèmes d’armements (le 40 mm CTAi, MMP…) et également une importante partie formation grâce à la simulation. Porteur d’enjeux très forts pour l’armée de terre mais aussi pour l’industrie de défense, Scorpion a déjà subi quelques coups de rabots. Reste à espérer que Bercy cesse de grappiller les budgets des armées, sous peine de sérieuses pertes de cohérence du programme Scorpion.

 

« Il pourrait être tentant, dans ces heures difficiles, de sacrifier les intérêts futurs pour préserver nos intérêts de cours et moyen terme. Mais ce n’est pas ma vision des choses, ni celle du gouvernement. » a assuré le ministre. Croisons les doigts…

 

L’export à la hausse

 

La seconde bonne nouvelle de la journée concernait les chiffres export de la France en 2013 : 6,67 milliards d’euros, « soit une augmentation de 42% par rapport à 2012. L’année 2014 sera encore meilleure, j’en ai la conviction, la barre des 7 milliards ne nous arrêtera pas. » Ces bons chiffres sont réalisés grâce aux clients traditionnels de la France : Moyen Orient, mais aussi en Asie et en Amérique Latine. Le secetur terrestre a lui enregistré pour 570 millions d’euros de prises de commandes, soit une augmentation de 5%.

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13 juin 2014 5 13 /06 /juin /2014 13:55
Eurosatory 2014- programme SCORPION

 

13.06.2014 ministeredeladefense

 

Présentation du programme SCORPION

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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 17:55
VBMR + EBRC = EBMR

 

4 février, 2014 Guillaume Belan (FOB)

 

L’équation Scorpion n’est pas simple! Ce n’est pas deux mais un seul appel à candidatures qu’a lancée la DGA le 20 décembre dernier, pour, pourtant, deux véhicules distincts. D’un coté le VBMR (véhicule Blindé Multi-rôles) qui doit remplacer les VAB. De l’autre, l’EBRC (Engin Blindé de Reconnaissance et Combat), remplaçant des AMX10RC et ERC90 Sagaie.

 

Ainsi, cette consultation, qui serait restreinte au seul consortium français constitué de Nexter, Renault Trucks Defense (RTD) et Thales, porte sur une seule base roulante commune, baptisée l’EBMR (Engin Blindé Multi Rôle), qui devra se décliner en deux programmes VBMR et EBRC.

 

Cette base roulante unique sera un 6X6 de la classe des 20 tonnes, avec un blindage de niveau 4 et une vétronique similaire. En bref, le consortium industriel français a donc la tâche de trouver le maximum de communalités entre les deux véhicules, afin de jouer sur l’effet de série et ainsi d’économiser sur le développement, la production mais aussi la maintenance des flottes de blindés Scorpion.

 

Alors que l’EBRC sera un char léger (canon de 40 mm CTA et missile MMP) dédié à la cavalerie, le VBMR sera lui décliné en de multiples versions (mortier embarqué…), dont la plus importante sera celle Infanterie.

 

Donc, bien que d’architectures très différentes (tourelle pour l’EBRC, large volume intérieur pour le VBMR…), les deux blindés auront le maximum de composants en communs. Le défi pour l’équipe industrielle est aussi là.

 

Aller vite

 

Ce programme EBMR sera également un défi dans le temps. L’objectif est d’obtenir une notification pour la fin de l’année pour disposer d’un prototype du VBMR dès 2017 et une livraison pour 2018 (on évoque une soixantaine de véhicules).

 

« Scorpion est essentiel et majeur pour l’armée de terre » confiait le général Ract Madoux à quelques journalistes le 21 janvier dernier « avoir les VBMR d’ici quatre ans et l’EBRC d’ici 6 ans est un véritable défi ». Les premières livraisons de l’EBRC sont attendues pour 2020.

 

Aller vite, car « Les VAB et AMX10RC sont usés jusqu’au bout » indiquait le chef d’état-major de l’armée de terre.

 

2080 VBMR et 248 EBRC doivent êtres livrés. Soit un marché total de près de 3 milliards d’euros ! L’objectif étant d’atteindre un coût d’acquisition de 1 million d’euros par VBMR et de 3 millions l’unité pour l’EBRC, selon nos sources.

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