Le Secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen et le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg [Photo prise lors de la visite du Secrétaire général de l'OTAN en Norvège, en mai 2013] (Archives/OTAN)
28 mars 2014 par Jacques N. Godbout
Le Norvégien Jens Stoltenberg, partisan lui aussi du renforcement de la coopération atlantique et d’un meilleur partage des responsabilités, succédera au Danois Fogh Rasmussen à la tête de l’OTAN.
Ce vendredi 28 mars, le Conseil de l’Atlantique Nord a décidé de nommer Jens Stoltenberg Secrétaire général de l’OTAN et président du Conseil de l’Atlantique Nord, en remplacement de d’Anders Fogh Rasmussen. Il assumera ses fonctions de secrétaire général à partir du 1er Octobre 2014, lorsque le mandat de Fogh Rasmussen expirera après 5 ans et 2 mois à la tête de l’Alliance.
Fogh Rasmussen: «La Russie, adversaire ou partenaire?»
Anders Fogh Rasmussen, avait pris ses fonctions en tant que 12ème secrétaire général de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord le 1er Août 2009.
Né en Ginnerup, Jutland, le 26 Janvier 1953, devenu membre du Parlement danois représentant le Parti libéral en 1978, il a occupé de nombreux postes au sein du gouvernement et de l’opposition tout au long de sa carrière politique.
Après les élections législatives danoises en 2001, il a formé son premier gouvernement Réélu en 2005 et 2007 respectivement, et il a occupé le poste de Premier ministre jusqu’à ce qu’il a été élu en tant que futur secrétaire général de l’OTAN lors du sommet de Strasbourg-Kehl en Avril 2009.
Au cours de la présidence danoise de l’Union européenne de Juillet à Décembre 2002, Fogh Rasmussen avait joué un rôle clé dans le processus menant à la conclusion des négociations d’adhésion avec 10 candidats pour adhésion à l’UE lors de la réunion du Conseil européen de Copenhague en Décembre 2002.
Partisans, bien sûr, d’un renforcement de la coopération atlantique, Fogh Rasmussen, qui redoute une intervention de Moscou dans l’est de l’Ukraine, a déclaré lors d’une récente allocution sur la crise ukrainienne que le rattachement de la Crimée à la Russie constitue la «plus grave» menace pour la stabilité de l’Europe depuis la Guerre froide.
On ne sait plus si la Russie est un partenaire ou un «adversaire», s’était interrogé Fogh Rasmussen, précisant que les prochaines réunions de l’OTAN devaient «se pencher sur les conséquences à long-terme de l’agression russe sur notre propre sécurité».
Jens Stoltenberg, pour un plus grand effort de l’Europe
Jens Stoltenberg, lui, est né à Oslo le 16 Mars 1959. Il a passé son enfance à l’étranger, avec son père diplomate, sa mère et ses deux sœurs.
Plusieurs noms avaient été auparavant évoqués, dont celui du ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski ou le ministre belge de la Défense Pieter De Crem, mais Stoltenberg a reçu le soutien des dirigeants des principaux pays de l’Alliance, notamment États-Unis, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni.
Stoltenberg a été nommé Premier ministre de son pays pour la première fois en 2000, à l’âge de 40 ans. Il a démissionné après l’élection de l’année suivante et a été chef de l’opposition jusqu’en 2005, quand il est redevenu Premier ministre, cette fois pour un gouvernement de coalition, un poste qu’il a occupé jusqu’en Octobre 2013.
Il est actuellement chef du Parti travailliste norvégien, ainsi que chef du groupe parlementaire du parti.
Le futur Secrétaire général de l’OTAN a eu un certain nombre de missions internationales, notamment de la présidence du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la cohérence du système et le Groupe consultatif de haut niveau sur le financement du changement climatique. Il est actuellement envoyé spécial des Nations unies sur les changements climatiques.
Alors que M. Stoltenberg était Premier ministre,souligne-t-on dans sa biographie sur le site de l’OTAN, les dépenses de défense de la Norvège a augmenté régulièrement, avec le résultat que la Norvège est aujourd’hui l’un des membres de l’Alliance dont les dépenses sont les plus élevées par habitant de la défense.
Il a également joué un rôle dans la transformation des forces armées norvégiennes, mettant l’accent sur les capacités de déploiement.
Sous sa direction, le gouvernement norvégien les forces norvégiennes ont contribué à diverses opérations de l’OTAN.
En outre, durant son mandat à la tête du Danemark, Jens Stoltenberg a souvent appelé l’OTAN à de se concentrer sur les défis de sécurité à proximité du territoire de l’Alliance.
En pleine crise ukrainienne
Le futur Secrétaire général de l’OTAN est un fervent partisan du renforcement de la coopération transatlantique, y compris un meilleur partage de la charge par tous les membres de l’Alliance atlantique.
Il voit l’OTAN et l’Union européenne comme des organisations complémentaires pour garantir la paix et le développement en Europe et ailleurs dans le monde.
La nomination de Jens Stoltenberg intervient au moment où l’OTAN, qui va célébrer ses 65 ans, est confrontée à la crise ukrainienne et où l’Amérique presse l’Europe de faire sa part et d’augmenter ses dépenses militaires, la crise ukrainienne illustrant éloquemment pour certains que «la liberté a un prix».
Le Premier ministre canadien Stephen Harper pour sa pars’est réjoui de cette nomination, déclarant avoir «hâte de travailler en étroite collaboration avec le nouveau Secrétaire général aux dossiers liés à la défense et à la sécurité qui touchent la région euro-atlantique» et soulignant clairement qu’à ses yeux «Compte tenu de l’occupation militaire illégale russe en Crimée et de la violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, c’est d’autant plus important aujourd’hui que l’OTAN démontre sa solidarité et renforce sa capacité à prévoir les défis liés à la sécurité de l’Alliance et à y répondre rapidement».
Dans la crise ukrainienne, l’Alliance atlantique se retrouve en première ligne bien que l’Ukraine ne soit pas l’un de ses membres.
Pour rassurer ses membres voisins de l’Ukraine et de la Russie, l’OTAN a déployé début mars avions-radars AWACS pour effectuer des missions de reconnaissance au-dessus de la Pologne et de la Roumanie, dans le cadre de «la surveillance» de la crise» tandis que les États-Unis dépêchaient des avions de chasse et de surveillance dans la zone.