La mise en service d'avions sans pilote (drones) de surveillance américains Reaper au sein de l'armée de l'air française franchit une nouvelle étape. Mardi 26 novembre, les trois premiers équipages français ont reçu de leurs instructeurs américains un diplôme de fin formation à leur mise en œuvre. Chaque équipage est formé de deux militaires: un pilote, spécialiste de l'appareil et un «opérateur capteurs» qui met en œuvre les équipements notamment la caméra optique en temps réel afin d'assurer les missions de surveillance. La cérémonie a eu lieu sur la base de l'US Air Force d'Holloman au Nouveau-Mexique. Ce diplôme sanctionne quatre mois de formation, 100 heures de cours académiques, 10 vols en condition réelle et 15 séances en simulateurs.
«Nous organisons un flux continu de formation d'équipage mais aussi de mécaniciens et de personnels de renseignements afin d'être prêt à mettre en œuvre deux systèmes de drones c'est-à-dire six appareils et quatre cockpits d'ici à 2017 et deux autres systèmes d'ici à 2019», explique le Lieutenant-Colonel Christophe Fontaine, commandant de l'escadron de drones 1-33 «Belfort». Pour le moment la centaine d'aviateurs de l'escadron disposent de quatre drones Harfang, un appareil israélien adapté par EADS. Mais ces drones d'ancienne génération, sont à bout de souffle.
«Marauder au-dessus de la Centrafrique»
Afin de répondre à «l'urgence capacitaire», Jean-Yves Le Drian, le ministre de la défense, a décidé d'acheter sur étagère 12 drones américains fabriqués par General Atomics. Les deux premiers seront livrés entre fin décembre 2013 et début 2014 afin d'être positionnés au-dessus de la zone sahélo-saharienne. Mais ils pourront mener des missions là où sont les forces françaises grâce à leurs liaisons satellites. Ils pourraient être employés pour «marauder» au-dessus de la Centrafrique où l'armée française s'apprête à intervenir. Ces deux premiers drones seront opérés depuis la base française de Niamey, capitale du Niger. Non armés, ils seront utilisés en complément des vieux Harfang jusqu'en 2017. Ces derniers seront ensuite retirés du service.
«Il nous manquait des capacités de surveillance car nos Harfang sont déclinants», souligne le Lieutenant-Colonel Fontaine. «Avec le Reaper, nous changeons de dimension: il vole plus vite et plus loin que le Harfang». Un Reaper vole en moyenne à 350 km/heure contre 170 km/heure pour un Harfang. Surtout, le temps de transport pour arriver au-dessus d'une cible va être réduit: «Entre 40 et 50 % du temps de vol étaient consacrés au trajet sur cible. Ce ne sera que 25 % avec le Reaper», ajoute le commandant de l'escadron de drones.
Quant aux 10 autres engins, ils font l'objet d'une négociation avec les Américains. Ces derniers doivent accepter de laisser à l'armée française l'accès à la «boîte noire» des drones en vue de les reprogrammer afin qu'ils puissent voler dans l'espace aérien européen. A défaut d'un feu vert, Jean-Yves Le Drian a déjà prévenu qu'il avait un plan: acheter des drones de nouvelle génération israéliens. Le ministre de la défense veut d'ailleurs profiter du conseil européen de défense, en décembre, pour former un «club européen des utilisateurs de Reaper» qui soit aussi une force de négociation avec les États-Unis.