23.05.2014 Propos recueillis par Vincent Groizeleau - Mer et Marine, mai 2014
Alors que les armées sont menacées d’un nouveau coup de rabot budgétaire, la présidente de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale répond aux questions de Mer et Marine. Dans cet entretien, Patricia Adam revient sur l’impérieuse nécessité de préserver la nouvelle loi de programmation militaire, fruit d’un minutieux travail de compromis et qui ne dispose d’aucune marge de manœuvre budgétaire. La députée du Finistère, qui ne voit pas comment il serait possible de demander de nouveaux efforts à la Défense sans revoir à la baisse les ambitions stratégiques de la France, met en garde contre les conséquences désastreuses qu’auraient de nouvelles restrictions. Cela, alors que les militaires évoluent déjà dans un environnement très difficile, comme ont pu le constater les élus des commissions parlementaires, et que les industries, grands groupes comme PME, atteignent un seuil critique pour leur plan de charge.
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MER ET MARINE : Depuis deux semaines, le monde de la Défense manifeste une forte inquiétude quant à la perspective de nouvelles coupes budgétaires. Pour mener à bien le plan d’économie de 50 milliards d’euros que le gouvernement compte réaliser entre 2015 à 2017, la Défense pourrait être encore mise à contribution. Cela, alors même qu’elle a déjà consenti de lourds sacrifices avec la nouvelle Loi de Programmation Militaire, qui a été votée il y a à peine six mois. Alors que l’on attend l’arbitrage du premier ministre et du président de la République, pensez-vous qu’il y a aujourd’hui un réel danger pour l’armée et le tissu industriel lié à la Défense ?
PATRICIA ADAM : La LPM engage notre défense pour les cinq prochaines années. Elle définit des objectifs à atteindre, en termes financiers et budgétaires notamment. Certains voudraient les remettre en cause, considérant qu’une loi de programmation n’est pas une loi de finances. Mais j’en appelle aujourd’hui à la responsabilité de chacun. Car les enjeux sont extrêmement importants. Nous sommes avec le ministre de la défense des acteurs responsables. Nous avons conçu une Loi de Programmation Militaire en conformité avec les objectifs de désendettement que nous souhaitons tous atteindre. La LPM contribue en effet au redressement des comptes publics tout en permettant à la France de garder le rang qui est le siens dans le monde.
La Défense est-elle si importante pour l’influence du pays sur la scène internationale ?
Les deux sont étroitement liés. Notre outil de défense confère aux décideurs politiques une capacité d’action et de décision autonome. Grâce à sa défense, la France ne dépend d’aucune autre puissance Sa parole est donc crédible, car elle s’appuie sur un outil de défense qui a fait et continue de faire ses preuves. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la France est respectée pour une raison simple : quand elle s’engage, elle fait ce qu’elle dit et elle le fait bien parce qu’elle en a les moyens. Les opérations récentes ont, à ce titre, permis de démontrer à ceux qui en doutaient que l’armée française dispose des capacités pour intervenir seule et en premier, comme ce fut le cas dans la région du Sahel. C’est pour une bonne part la défense qui permet à la France de continuer à peser sur la scène internationale.
Suite de l'entretien
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