Le troisième traité START en chiffres
MOSCOU, 10 avril - RIA Novosti
Le secrétaire d'Etat John Kerry a annoncé que le Traité russo-américain sur la réduction des armes stratégiques (START) était "réglé comme une horloge" et pourrait devenir la base d’une poursuite
de la réduction des armes nucléaires, écrit le quotidien Kommersant du 10 avril.
Les experts américains sont moins enthousiastes et soulignent que les deux pays n'ont retiré du service que 203 ogives nucléaires. La Russie continue d’accroître ses plateformes de lancement mais
les Etats-Unis conservent un net avantage de ce point de vue,
"Même si ceux qui contestent le traité font des déclarations paniquées, il est réglé comme une horloge", déclare John Kerry dans un article publié dans le Foreign Policy. Il explique que les deux
pays ont procédé à 78 inspections de sites nucléaires et échangé 4 000 rapports sur le nombre, la localisation et le déplacement des munitions.
Le traité START a été signé par les présidents russe et américain le 8 avril 2010 à Prague.
Le Sénat américain n'a ratifié le document qu'en décembre après huit mois de débats et il est entré en vigueur en 2011. Les républicains avaient exigé l'adoption d'une résolution supplémentaire,
selon laquelle le nouveau traité n'aurait pas d'incidence la mise en place du bouclier antimissile (ABM) en Europe. Selon les termes du traité, les deux pays doivent réduire le nombre d'ogives
nucléaires à 1 550 unités d'ici 2018, limitant le nombre de bases de tir à 700 unités (missiles en silo, sur les sous-marins et les bombardiers stratégiques).
D'après le secrétaire d'Etat, le "succès inconditionnel de l'application du traité" permet de passer à l'étape suivante des négociations : la poursuite de la réduction des arsenaux, y compris des
réserves d'armes nucléaires tactiques. "Nous continuerons à avancer vers cet objectif en consultant le congrès et nos alliés, tout en impliquant activement la Russie dans les futures
négociations", précise-t-il.
Les experts indépendants ne sont pas aussi enthousiastes. Ils soulignent que les chiffres annoncés la semaine dernière par le département d'Etat concernant les arsenaux nucléaires des deux pays
ne tiennent pas compte du nombre d'ogives nucléaires entreposées dans les dépôts. De plus, il n'est question que des missiles stratégiques déployés sur des plateformes de lancement. A l'heure
actuelle les Etats-Unis disposent de 1 654 ogives et de 792 bases de tir. Alors que la Russie est en-dessous du seuil prévu par le traité : 1 480 ogives et 492 plateformes.
"Les réductions menées ces dernières années n'impressionnent pas vraiment, déclare l'expert Hans Kristensen, membre de la Fédération des scientifiques américains. Depuis février 2011, les deux
puissances nucléaires mondiales, dont l'arsenal compte près de 10 000 ogives, n'en ont mis hors-service que 203." Les Etats-Unis ont retiré seulement 14 missiles et 68 ogives. Sachant que 14 de
ces ogives sont "symboliques" car elles font partie de l'arsenal des bombardiers B-52G qui ne sont plus utilisés par l'armée de l'air américaine comme base de tir depuis des années. Néanmoins,
ces bombardiers sont inscrits sur la liste des armements du traité START.
Depuis septembre 2012, la Russie n'a réduit le nombre d'ogives que de 19 unités. Selon les experts américains, un nombre aussi bas ne permet pas de dire si cette réduction est due au retrait des
armes obsolètes ou encore s'il s'agit d'ogives transportées par des sous-marins périodiquement en maintenance. Dans le même temps, la Russie a augmenté le nombre total de ses plateformes de
lancement, qui a augmenté de 35 unités par rapport à février 2011. Toutefois, la majeure parti d'entre elles (308) se trouvent dans des entrepôts.
Les experts sont préoccupés par la supériorité flagrante des Etats-Unis en termes de bases de tir déployées. "La différence est de 300 unités, rappelle Hans Kristensen. Et cette inégalité pousse
la Russie à déployer davantage d'ogives sur chaque missile et faire des déclarations paranoïaques sur une éventuelle sortie du traité START."