Le Mig-29K face au tremplin de la piste d’envol du porte-avions Kouznetsov. Photo MIG
14 mars 2012 par Rédaction - Aerobuzz
La commande le 29 février 2012 par Moscou de 24 avions de combat embarqués Mig-29K permet à MiG de sortir pour un temps la tête hors de l’eau et de damer le pion à son rival
Sukhoi.
Cela fait plus de trente ans que le bureau d’études russe MiG espérait doter la marine russe d’un avion de chasse embarqué. La commande de 24 avions débouchera sur des premières livraisons dès
2015, juste à temps pour relever les SU-33 à bout de souffle. La genèse du Mig-29K n’a pas été un long fleuve tranquille.
A la fin des années 70, l’avionneur planchait en parallèle sur la version terrestre et embarquée du célèbre biréacteur de combat. Mais à l’époque l’Union Soviétique manquait d’expérience et
tâtonnait. Ce n’est que vers 1989 que le premier Mig-29K (K pour « embarqué ») procédait à son premier appontage sur le porte avions Kouznetsov. Mais c’était sans compter sur son rival Sukhoi qui
mettait lui aussi au point une version navale du Su-27 optimisée pour le combat aérien : le Su-33. Et c’est ce dernier qui contre toute attente a remporté les suffrages des aviateurs soviétiques.
Appontage d’un Mig-29K sur le porte-avions Kouznetsov. Photo MIG
MiG qui livrait alors près de 200 appareils par an avait d’autres chats à fouetter, il se concentra sur des améliorations du Fulcrum en accroissant sa fiabilité, son endurance, et la qualité de
son système d’arme. Pendant ce temps, une petite équipe dirigée par Nikolai Bountine continuait à plancher sur une nouvelle évolution à usage naval, en reprenant les dernières avancées du moment
en misant sur des jours meilleurs. Le salut viendra d’Inde qui dès 2005 veut doter son porte-avions d’un appareil performant, polyvalent et ….plus petit que le Su-33. Un intérêt qui débouchera en
2004 sur la commande puis la mise en service des premiers Mig-29K export.
Mig-29K ailes repliées sur le pont du Kouznetsov. Photo MIG
Le Mig-29K nouveau n’a plus rien à voir avec ses devanciers. L’agencement intérieur des équipements a été repensé pour gagner de la place pour le carburant, les commandes de vol électriques
remplacent les bons vieux systèmes du Fulcrum tandis que la voilure qui s’agrandit et les apex sont modifiés pour améliorer le contrôle aux basses vitesses. Pour gagner de la place, la voilure
devient repliable, le système d’arme articulé autour d’un nouveau calculateur, d’une centrale de navigation hybridée GPS/INS /Glonass et d’un radar Zhouk M est capable de mettre en œuvre des
armes air-air longue portée AA12 Adder, des armes air-sol de précision, et des missiles anti navires et antiradar. Une polyvalence hors de portée du Su-33. Les capacités défensives ont également
été améliorées par l’adjonction d’un nouvel ensemble d’autoprotection numérique. A l’instar du Mig-35, le K devient ravitaillable en vol avec la possibilité de devenir ravitailleur à son tour.
Son endurance peut ainsi dépasser les quatre heures, une première en Russie.
Les premières livraisons du Mig-29K sont prévues à partir de 2015. Photo MIG
Enfin les moteurs RD33 sont dotés d’une poussée augmentée pendant quelques secondes pour permettre les décollages « lourds » sur de courtes distances. Une fonction indispensable car, malgré ses
efforts, Moscou n’a jamais réussi à doter ses porte-aéronefs d’une catapulte efficace. Du coup, le porte-avions russe est doté d’un tremplin pour faciliter le décollage, l’appontage se terminant
comme sur notre bon vieux Charles de Gaulle par l’accrochage d’un brin d’arrêt. L’appareil bien que tardif semble bien né, il est rapide, maniable, polyvalent, et disponible rapidement à un prix
abordable puisque largement financé par l’Inde.
La Russie a commandé 24 exemplaires du Mig-29K Photo MIG
Pour les marins, le Mig-29K représente la relève. Il est non seulement plus petit que le Su-33 de Sukhoi, ce qui permet d’en loger plus sous le pont d’envol, mais aussi plus performant car doté
d’un système d’arme plus polyvalent. Le Mig-29K est à comparer au F/A18E américain ou au Rafale en termes de taille et de concept d’emploi. MiG se prend aujourd’hui à croire à de nouveau à un
avenir radieux. Lui qui depuis les années 90 accumule les revers commerciaux et les déconvenues techniques au profit de son rival Sukhoi On se souvient de l’échec du 1.44 pour le contrat des
appareils de cinquième génération, puis du départ des meilleurs ingénieurs, qui faute de considération étaient partis vers de nouveaux horizons, le tout suivi par les déboires à répétition des
Mig29 russes victimes de pannes de moteur à répétition et de problèmes de corrosion.
Le Mig-29K le futur chasseur embarqué russe, plus compact que le Su-33 - Photo MIG
Avec le Mig-29K et son pendant terrestre Mig-35, MiG veut à son tour reconquérir ses parts de marché d’avant Perestroika. Il compte pour cela sur le soutien du gouvernement et des militaires
russes. Reste qu’une commande de 24 appareils seulement ne saurait suffire à constituer un nombre suffisant pour une aéronavale russe porteuse des ambitions de tout un pays mais qui souffre de
façon chronique du manque de matériels performants et de moyens financiers suffisants.