La phase d’assemblage du Vladivostok, premier bâtiment de projection et de commandement russe, a débuté à Saint-Nazaire, où STX France est chargé de sa construction. La cérémonie de mise
sur cale s’est déroulée vendredi dernier, dans la plus grande discrétion. Tout devrait, maintenant, aller très vite, STX France ayant pris de l’avance dans le calendrier en travaillant par
anticipation sur le bâtiment afin de combler le creux de charge traversé par ses ateliers. La plupart de blocs constituant la coque est d’ailleurs déjà rassemblée sur l’aire de pré-montage.
S’y ajouteront des sections de la partie arrière réalisées en Russie et qui ne sont pas encore arrivées à Saint-Nazaire, les travaux ayant débuté l’été dernier chez OSK, à
Saint-Pétersbourg. Les chantiers russes sont en effet impliqués dans ce programme (dont DCNS est maître d'oeuvre), qui comporte un transfert de technologie destiné à moderniser leur outil
industriel et à leur permettre de participer à la construction des BPC avec une part croissante au fil des bâtiments.
Vue d'un futur BPC russe (© : DCNS)
Transfert de technologie vers Saint-Pétersbourg
Au moment de l’annonce du contrat, entré en vigueur fin 2011, il était question que Saint-Pétersbourg réalise l’équivalent d’environ 20% de la coque du premier bâtiment puis 40% de celle du
second. Et, si deux BPC supplémentaires étaient commandés par la Russie, OSK réaliserait, toujours selon les informations livrées en 2011, 60% de la coque du BPC 3 et 80% de celle du BPC 4,
ces deux bateaux étant alors assemblés à Saint-Pétersbourg avec les blocs réalisés en Russie et d’autres provenant de France. On ne sait pas, aujourd’hui, si les termes de cet accord
initial sont toujours d’actualité où s’ils ont évolué.
Toujours est-il que le Vladivostok doit être livré en 2014 et son sistership (le futur Sébastopol), dont la construction est en cours (l’usinage est terminé), l’année suivante. Sauf retard
éventuel des blocs réalisés en Russie, le montage devrait être très rapide. Pour mémoire, le Dixmude, dernier BPC construit pour la Marine nationale, avait vu son assemblage
s’achever le 23 juillet 2010 (pose de la dernière partie de l’îlot), six mois seulement après sa mise sur cale (19 janvier 2010) à Saint-Nazaire. Puis, à l’issue de son armement et de ses
essais, le bâtiment avait mis le cap sur Toulon en juillet 2011 afin que DCNS procède à la mise au point de son système de combat. Ce fut chose faite le 14 janvier 2012, date de la
livraison du Dixmude à la Marine nationale.
Hélicoptère de combat Kamov Ka-52 sur un BPC, ici le Mistral en 2009 (© : MN)
Un dérivé des Mistral adapté aux besoins russes
Longs de 199 mètres pour un déplacement de 22.000 tonnes en charge, les futurs Vladivostok et Sebastopol, connus sous le nom de « M33 » et « N33 » à Saint-Nazaire, se
distinguent des BPC français par un certain nombre de détails. Ainsi, l'îlot, surmonté de nombreuses antennes de communication, ne disposera pas de passerelle de défense à vue. Sur
l'arrière, on notera également que le radier est totalement fermé. Côté armement, les Russes ont apparemment choisi de disposer deux systèmes multitubes de 30mm AK-630 à tribord avant et
bâbord arrière, alors que deux systèmes hybrides canon/missiles surface-air seraient installés sur bâbord avant et tribord arrière. Pour le reste, les BPC russes reprennent les grandes
lignes des bâtiments du type Mistral de la Marine nationale. Dotés de six spots d'appontage, ils disposeront de deux ascenseurs communiquant avec le hangar. Celui-ci a été adapté à la
hauteur des hélicoptères à double rotor, comme les machines des types Kamov et Helix. Pour les navigations en zones polaires, la coque sera renforcée, alors que la puissance
électrique sera augmentée, en particulier pour assurer le dégivrage partiel du pont d'envol.
Pour mémoire, les BPC sont à la fois des transports de troupes, de véhicules et d'engins de débarquement, des porte-hélicoptères d'assaut, des bâtiments de commandement et des hôpitaux
flottants. Les Mistral, Tonnerre et Dixmude de la Marine nationale, armés par un équipage de 170 marins environ, peuvent embarquer 16 hélicoptères, 70 véhicules (dont 13 chars lourds), 450
soldats et 4 chalands de débarquement (ou 2 catamarans de 30 mètres de type EDAR, concept qui pourrait être adopté par la Russie).
Vue d'un futur BPC russe (© : DCNS)