08.12.2014 par 45eNord.ca (AFP)
La Syrie a accusé dimanche Israël d’avoir mené deux raids contre des secteurs tenus par le régime près de Damas, l’accusant d’apporter un «soutien direct» aux rebelles et djihadistes.
Ailleurs dans le pays déchiré par plus de trois ans de guerre civile, les forces pro-gouvernementales ont repoussé un assaut des djihadistes du groupe État islamique (EI) dans la province orientale de Deir Ezzor, et resserraient l’étau sur des positions rebelles dans le secteur d’Alep (nord).
Dimanche après-midi, «l’ennemi israélien a attaqué deux régions sécurisées (gouvernementales) de la province de Damas : le secteur de Dimas (nord-ouest) et celui de l’aéroport international de Damas», a accusé l’armée syrienne dans un communiqué diffusé à la télévision, précisant que les raids n’avaient causé que des dégâts matériels.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a indiqué dimanche soir qu’il demandait au Secrétaire général Ban Ki-moon et au Conseil de sécurité de l’ONU d’imposer des sanctions contre Israël. Le ministère a qualifié ces raids de « crime atroce contre la souveraineté de la Syrie», selon l’agence de presse officielle SANA.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Dimas est un site militaire et l’aéroport de Damas est en partie civil et en partie militaire.
«Cette agression directe par Israël a été menée pour aider les terroristes en Syrie après que nos forces eurent remporté d’importantes victoires à Deir Ezzor, Alep et ailleurs», a ajouté l’armée. «Cela apporte la preuve du soutien direct d’Israël au terrorisme en Syrie».
Dans la terminologie du régime, le mot «terroriste» englobe tous les rebelles, qu’il s’agisse des modérés ou des djihadistes.
Les autorités israéliennes n’avaient pas réagi dans l’immédiat.
Un assaut de l’EI repoussé
L’armée et l’aviation israéliennes ont mené plusieurs attaques contre des positions militaires depuis le début de la révolte contre le régime syrien en mars 2011.
L’aviation israélienne a aussi visé en Syrie des infrastructures appartenant au puissant mouvement libanais chiite Hezbollah ou des armes lui étant destinées. Le Hezbollah – qui soutient militairement le président syrien Bachar al-Assad – et Israël s’étaient livrés une guerre dévastatrice et meurtrière en 2006.
L’annonce de ces raids survient alors que les forces pro-gouvernementales syriennes ont connu plusieurs succès ces dernières 24 heures.
Elles ont réussi dimanche à repousser une attaque de l’EI contre un important aéroport militaire situé à Deir Ezzor, selon l’OSDH, qui a précisé que plus de 100 djihadistes et 59 combattants pro-régime avaient été tués.
D’après l’OSDH, plusieurs jihadistes ont souffert de «suffocation» en raison de l’utilisation par l’armée de chlorite.
L’aéroport militaire de Deir Ezzor est considéré comme la seule voie de ravitaillement alimentaire des forces gouvernementales dans l’Est syrien. C’est de là que les avions et hélicoptères de l’armée décollent pour des raids contre les djihadistes et rebelles dans plusieurs régions de Syrie.
Rencontres diplomatiques
Par ailleurs, l’armée avançait dimanche dans la province d’Alep, selon l’OSDH, qui a précisé qu’au moins 24 rebelles et jihadistes avaient été tués au nord-est de la ville éponyme. «L’armée (…) a pris le secteur de Breij», a déclaré à l’AFP le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane.
Cela signifie que l’armée resserre l’étau sur les rebelles à l’est d’Alep: «il y a une menace très réelle que la route d’approvisionnement de l’opposition soit coupée», a-t-il précisé.
Alep, deuxième ville de Syrie, est divisée depuis juillet 2012 entre secteurs loyalistes à l’ouest et secteurs rebelles à l’est. Ces derniers sont menacés depuis début octobre d’être totalement assiégés par l’armée.
Toujours à Alep, des rebelles ont fait exploser un tunnel près d’une ancienne mosquée, affirmant viser des positions de l’armée, selon l’OSDH.
La télévision officielle a indiqué que les rebelles avaient fait exploser la mosquée de Sultaniyeh. Selon l’OSDH, la mosquée n’a pas été endommagée mais 12 soldats ont été tués dans l’explosion.
Le conflit en Syrie a commencé en mars 2011 par un mouvement de contestation pacifique qui s’est ensuite transformé en rébellion armée. Celle-ci a été largement éclipsée ces derniers mois par la montée en puissance de groupes jihadistes, notamment l’EI.
Alors que les combats ont fait plus de 200.000 morts, le ballet diplomatique a repris pour tenter de mettre un terme aux violences.
L’émissaire de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura, discutera dans les prochains jours à Gaziantep, en Turquie, avec les chefs rebelles d’Alep d’un «gel» des combats dans cette ville.
La Russie, qui entend relancer le processus de paix, recevra de son côté mercredi une délégation d’opposants syriens tolérés par le président Assad, après des personnalités du régime fin novembre.
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, se rend lui lundi à Téhéran pour une conférence sur l’extrémisme et la violence à laquelle doit également participer Ibrahim al-Jaafari, son homologue d’Irak où l’EI sévit également.