Le projet de budget de la défense 2016, présenté le mercredi 30 septembre en conseil des ministres, est le premier à bénéficier des effets de l’actualisation de la loi de programmation militaire, réalisée après les attentats de janvier. 500 millions d’euros sont donc ajoutés, portant le total à 31,98 milliards d’euros (hors pensions). 9,95 milliards d’euros servent directement à l’achat d’équipement neuf, 7,24 milliards à la préparation des forces et à leur emploi. Au total, l’agrégat équipement porte sur 17 milliards d’euros, en augmentation de 300 millions. Ces choix et ceux qui suivent devront être votés par le parlement : régulièrement, les élus injectent leurs propres amendements.
- Des renforcements d’effectifs. Des centaines de postes de protection – non quantifiés à ce stade, la présentation diffusée ce mercredi n’entre pas dans le détail de la ventilation – sont créées dans la Marine, pour renforcer la posture de protection. Cinq cents postes de fusiliers marins ont été ouverts en 2015, et, dans la Marine, on estime que le même volume de recrutement serait proposé en 2016. S’y ajoutent aussi des spécialistes de la cyberdéfense et de la sûreté nucléaire.
- La dissuasion toujours soutenue. La dissuasion air et marine dispose de 3,6 milliards d’euros de crédits, dans un ratio non défini, mais qui s’établit en moyenne à 10/90. En 2016, l’adaptation du troisième SNLE au missile M-51 se poursuit, en même temps que sont lancées la nouvelle version de ce missile intercontinental et les études sur les successeurs des SNLE actuels. La tête nucléaire océanique (TNO) doit également être mise en service. Le missile ASMP-A fait, lui, l’objet d’une rénovation à mi-vie, et déjà, de l’étude de son successeur. Il est utilisé par les chasseurs de l’armée de l’air, mais aussi les Rafale marine du porte-avions.
Les réseaux de transmissions des ordres nucléaires doivent aussi être modernisés. Une des unités qui s’en charge doit d’ailleurs migrer sur la base d’Avord (Cher) l’an prochain.
- Les commandes : B2M, BSAH, SLAMF, Fremm, FTI. Pour la Marine, les commandes portent sur une frégate multimission (Fremm), deux bâtiments de soutien et d’assistance hauturière (BSAH, portant le total à quatre), un quatrième bâtiment multimission (B2M), mais aussi un prototype de système de lutte antimine futur (Slamf). Elle doit aussi passer la commande de kits de largage de chaînes Sar pour les derniers avions de surveillance maritime Falcon 50 livrés ces derniers mois, et qui ne disposaient pas de trappes de largage, contrairement à la première génération exploitée par la flottille 24F de Lann-Bihoué. Le document budgétaire entérine également le transfert de quatre avions de patrouille maritime ATL-2 à la mission de surveillance maritime.
En outre, les études relatives aux frégates de taille intermédiaire (FTI) seront lancées (leur entrée en service est prévue en 2023), et le contrat pour l’arme d’infanterie future (AIF), qui équipera également la Marine, sera notifié.
- Les livraisons : Fremm, Rafale, Caïman. En 2016, la Marine percevra une Fremm supplémentaire, le premier patrouilleur léger guyanais (PLG), ainsi que trois Rafale marine de première génération, rénovés au standard 3. Mais elle ne recevra pas le moindre chasseur neuf.
L’aviation navale va aussi bénéficier de deux Caïman marine supplémentaire – elle vient de recevoir le quinzième fin septembre. Les 25 premiers poids lourds des forces spéciales (PLFS) seront livrés également en 2016, et les commandos marine doivent recevoir leur part.
Plus étonnant, le document budgétaire révèle que les deux premiers lots de missiles de croisière navals (MDCN) seront aussi livrés pour les Fremm et les futurs Barracuda (alors que le premier est toujours en construction).
- Des injections dans le MCO. Le poste du maintien en condition opérationnelle progresse de 7 % à 3,4 milliards d’euros, et 250 millions d’autorisations d’engagement nouvelles sont identifiés. Pour la Marine, il s’agit de l’entretien des futurs patrouilleurs, des frégates et des SNA. Ces derniers affichent déjà une activité de 1 000 jours de mer, grâce à l’action de DCNS à Toulon. Les pièces de rechange d’hélicoptères sont aussi concernées : la flotte la plus en difficulté actuellement est, paradoxalement, celle du Caïman marine, dont seulement un peu plus de la moitié des hélicoptères sont disponibles.