L’ancien consultant de l’agence américaine de renseignement NSA était auditionné par des députés de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. (45eNord.ca)
8 avril 2014 par Nicolas Laffont - 45eNord.ca
Lors d’une audition devant le Conseil de l’Europe, l‘ancien analyste de la CIA et lanceur d’alertes Edward Snowden a plaidé mardi en faveur de nouvelles normes internationales, pour éviter que les abus commis par la NSA en matière de surveillance des données ne se généralisent dans le monde.
L’ancien consultant de l’agence américaine de renseignement était auditionné par téléconférence depuis Moscou où il est réfugié, par des députés de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.
Au cours de son audition qui aura duré un peu plus d’1h15, Edward Snowden a évoqué les programmes de surveillance de masse des télécommunications par la NSA et a rappelé que «nous avons l’obligation de développer des normes internationales pour empêcher que ne se banalise le recours à de tels abus». Selon lui, il ne s’agit pas simplement d’un problème propres aux États-Unis ou à l’Europe, mais bien un «problème international».
La NSA a développé des algorithmes pour déterminer des «personnes d’intérêt», c’est-à-dire qui sont intéressantes à surveiller, mais «qui ne sont encore soupçonnées d’aucun crime». «On rend des gens coupables par association», sans avoir mené d’enquête sur eux, a-t-il ajouté, estimant qu’il s’agissait là d’une «violation des droits de l’Homme».
En outre, cette surveillance ne s’exerce «pas seulement pour la prévention du terrorisme», mais également à des fins de «maintien de l’ordre, pour la détection de délits même non violents», a dit l’ancien consultant de 30 ans, dénonçant l’«utilisation disproportionnée d’un moyen d’enquête extrêmement invasif contre un groupe de population», plutôt que «contre des individus spécifiquement ciblés».
«C’est la pire menace contre les droits civils des temps modernes», qui s’exerce sans aucun contrôle juridique et surtout sans aucune possibilité de sanction contre les responsables des abus, s’est alarmé le lanceur d’alerte.
Les autorités américaines ne sont pas les seules à blâmer, car elles sont unies par un «partenariat très fort» avec certains États européens, a-t-il souligné. Le mois dernier, M. Snowden avait déjà insisté sur ce point dans une déposition écrite adressée à une commission du Parlement européen.
Selon lui, l’UE a laissé se mettre en place, sous pression américaine, un bazar de l’espionnage généralisant la surveillance de masse à tous les citoyens, notamment en Suède, aux Pays-Bas, ou en Allemagne.
«C’est difficile d’obtenir des changements révolutionnaires du jour au lendemain, surtout en matière de droits de l’Homme», a témoigné mardi Edward Snowden. «Néanmoins nous avons fait des progrès considérables, car on en parle. Le fait qu’aujourd’hui l’homme de la rue est sensible à ce problème est un progrès», a-t-il estimé.
À la suite des révélations d’Edward Snowden, Barack Obama avait initié à la mi-janvier une réforme des programmes de surveillance électronique américains, sans remettre en cause le principe de collecte massive de données par la NSA.