Mogadiscio, 6 oct 2014 Marine et Oceans (AFP)
L'armée somalienne et les troupes de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom) sécurisaient lundi la localité portuaire de Barawe, "capitale" de fait des islamistes shebab, reprise dimanche.
C'est la première fois que la ville est sous contrôle d'une autorité centrale somalienne depuis 1991 et la chute du régime autoritaire du président Siad Barre qui a plongé le pays dans le chaos et l'a livré aux milices de chefs de guerre, aux gangs criminels et aux groupes islamistes.
"Les shebab ne sont plus à Barawe", a déclaré lundi aux habitants Abdirisak Khalif Elmi, un des chefs de l'armée somalienne, les appelant à soutenir le gouvernement somalien.
Des tanks et des véhicules blindés patrouillaient dans la ville lundi, selon des habitants. Les combattants shebab avaient commencé à évacuer Barawe dès vendredi face à l'avancée de l'armée somalienne et de l'Amisom.
Certains soldats ont fouillé les maisons à la recherche d'armes, tandis que le gros des troupes installaient leurs bases à la sortie de la ville, selon le gouverneur de la province de Basse-Shabelle, Abdukadir Mohamed Nur.
"Les opérations pour assurer la sécurité sont en cours", a-t-il déclaré à l'AFP par téléphone.
Selon Ali Nurow, un habitant, des "tanks et d'autres véhicules blindés sont entrés ce (lundi) matin et des maisons ont été perquisitionnées, ils ont visé des maisons où vivaient des chefs shebab".
"La situation est calme et il n'y a pas de combat, seulement des tirs intenses en l'air de la part de troupes somaliennes et de l'Amisom, quand ils sont réentrés dans la ville", lundi, a déclaré de son côté à l'AFP un autre habitant, Isak Mohamed.
La prise de Barawe est un nouveau coup dur pour les shebab, un mois après la mort de leur chef suprême Ahmed Abdi "Godane", tué début septembre par une frappe américaine. Outre l'aspect symbolique de la prise de leur "capitale" de fait, les shebab perdent avec le port de Barawe, plateforme d'où ils exportaient du charbon de bois vers les pays du Golfe, l'une de leurs principales sources de revenus.
"La Somalie s'éveille à un futur plus radieux", a estimé le représentant spécial de l'ONU, Nick Kay, sur Twitter.
Barawe était l'objectif principal avoué de l'opération "Océan Indien", lancé fin août par l'armée somalienne et l'Amisom et qui a déjà permis de reprendre une dizaine de localités du centre et du sud de la Somalie aux shebab.
Selon l'Amisom, dont les effectifs ont été portés en janvier à 22.000 hommes, Barawe est tombée dimanche, "sans grande résistance" de la part des shebab, qui confrontés à une puissance de feu supérieure de l'Amisom, ont abandonné sans combattre l'essentiel de leurs bastions du sud et du centre de la Somalie.
Depuis qu'ils ont été chassés de Mogadiscio en août 2011, les islamistes ont essuyé une série ininterrompue de défaites militaires face à l'Amisom. Ils ont abandonné le combat conventionnel pour les actions de guérilla et les attentats, parfois spectaculaires notamment à Mogadiscio ou au Kenya et à Djibouti qui fournissent des troupes à l'Amisom.
Ils contrôlent néanmoins toujours de larges zones rurales et des axes routiers reliant les localités aux mains de l'Amisom et de l'armée somalienne, et restent une sérieuse menace pour la sécurité de la Somalie et de la région, selon les experts.