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20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 19:45
RCA : le point sur l’opération Sangaris

 

20 janvier, 2014 Guillaume Belan (FOB)

 

Retour sur les dernières semaines en Centrafrique et les évolutions du théâtre.

 

Au plan politique

 

Le Ministre de la Défense aura eu une période de fin d’année intense. En cause : le bourbier centrafricain bien sûr. Du 31 décembre au 2 janvier, Jean-Yves Le Drian a fait une tournée dans la zone, après le Mali, le Niger, le Tchad, la RCA, le Congo et enfin le Gabon pour y rencontrer les présidents africains afin de trouver une issue à la situation inextricable de la Centrafrique (relire l’analyse de FOB ici). Jean-Yves Le Drian a rencontré le représentant spécial de la Minusma, Bert Koenders lundi dernier, et se rend aux États-Unis le 23 et 24 janvier où il sera beaucoup question du rôle de la France au Sahel.

 

L’opération Sangaris

 

Les dernières semaines montrent une situation toujours très sensible et instable. Par visioconférence durant le point presse du Ministère de la Défense la semaine dernière, le général Soriano, commandant de l’opération Sangaris confiait que le « calme relatif » de décembre s’était achevé le 19 du même mois avec « une remontée des tensions », qui s’est intensifiée le 24 et 25 décembre. Trois zones en particuliers posent des difficultés, le 3ème, 4ème et 5ème arrondissements de la capitale, zones de proximité des communautés chrétienne et musulmane, ce qui a poussé l’opération Sangaris  « à faire un effort de sécurisation dans ces zones ».

L’objectif demeure la mise en application des mesures de confiance (cantonnement des groupes armés et désarmement), soit des patrouilles pour le contrôle de zone et des opérations de désarmements (munitions, armements…) menées « quotidiennement ».

A ce jour, les français sont déployés sur deux points : Bangui, qui compte l’essentiel des soldats et Bossangoa.

Le commandant français qualifie la situation de « volatile, complexe, mais avec des améliorations réelles ».

Le général Soriano, commandant l'opération Sangaris (DR)

Le général Soriano, commandant l’opération Sangaris (DR)

 

 

La MISCA monte en puissance

 

La Misca compte à ce jour, 4400 soldats (dont 3200 à Bangui), qui sécurisent les deux principaux axes : celui vers le nord au Tchad et celui vers l’ouest, menant au Cameroun. La Misca devrait atteindre le total de ses effectifs, soit 6000, fin février. Les Rwandais ont commencé fin de semaine dernière à arriver à Bangui.

Le général Soriano a également insisté sur l’étroite coopération avec les forces africaines de la Misca. En parallèle, le CNT (Conseil National de Transition, présidé par l’actuelle maire de Bangui, Catherine Samba-Panza) tente de reconstituer les forces de sécurité. Ils seraient déjà plusieurs centaines dans la capitale.

En Parallèle de la montée en puissance des effectifs de la MISCA, la force africaine devrait se réorganiser, selon le général Soriano. Les forces camerounaises devraient se redéployer à l’ouest, les tchadiens au nord, les congolais au sud, les gabonais au centre et les burundais à l’ouest.

 

L’UE décidément à la traîne

 

L’union européenne, vient finalement de voter ce jour, à l’unanimité, le principe d’une opération pour la RCA. Ourah ! Il aura fallu plus de deux mois à l’UE pour déployer à peine 600 soldats. Et encore, il faudra voir combien de temps prendra la génération de force. Car oui, cette opération européenne ne sera pas menée par un Battle Group (EUBG), mais par les contributions de pays volontaires. Rappelons, que depuis 2007, l’UE dispose de 18 Groupements Tactiques de 1500 soldats (GT1500) qui se relaient pour prendre des périodes d’alerte. Sauf que jamais ce système n’a été employé et il est difficile de comprendre pourquoi il ne l’est pas aujourd’hui…

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16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 12:45
photo ECCPAD

photo ECCPAD

 

16/01/2014 par Claire Meynial - Le Point.fr

 

Le général Francisco Soriano, commandant des Forces françaises au Gabon (FFG), est à la tête de l'opération Sangaris. Retour sur un mois et une semaine de mission.

 

Le Point.fr : Un peu plus d'un mois après le lancement de Sangaris, quel bilan tirez-vous de l'opération ?

 

Général Soriano : Notre mission consistait à ramener un niveau de sécurité minimum avec la Misca, et d'assurer la montée en puissance de celle-ci, qui doit passer de 4 000 à 6 000 hommes. Nous nous sommes déployés dès le 5 décembre, je suis arrivé le 6 de Libreville avec une partie des éléments. Il fallait ramener le calme, faire cesser les exactions et en parallèle, assurer notre propre montée en puissance. Cela a été une véritable prouesse : en moins de trois jours la force a pu se déployer en totalité. Cela nous a permis de mener la première opération de désarmement dès le 9 décembre. Je peux vous assurer que peu d'armées sont capables de monter en puissance dans des délais aussi brefs et en utilisant tous les dispositifs en venant de France, du Gabon, du Cameroun, en s'appuyant sur les effectifs pré-positionnés, l'alerte Guépard, la réserve opérationnelle embarquée sur le Dixmude. Tout est arrivé en même temps, de façon coordonnée et sans casse.

Après les premières opérations de désarmement, le calme est revenu dans la capitale jusqu'au 19 décembre. Il y a eu un nouveau pic de violence quand les milices ont repris les armes pendant deux jours. Des violences que nous sommes arrivés à contenir jusqu'à Noël, période de tension où nous avons mis un maximum de monde à Bangui et en province. Le pic de violence a été ramené, le 25, à un niveau très bas à nouveau. Ensuite, la démission du président Michel Djotodia a placé le pays dans une période d'attente, propice à certains fauteurs de troubles. Nous étions parfaitement préparés et dès la démission annoncée, nous avons lancé l'opération Ngounda, sur les grands axes, à la fois avec de la présence fixe et beaucoup de mobilité et des patrouilles avec la Misca, près des lieux de pouvoir. Depuis le 13 janvier, nous sommes revenus à une période de calme, que nous espérons la plus longue possible, pour permettre la transition politique. Nous allons continuer, c'est indispensable pour la Centrafrique qui a besoin d'une autorité de transition.

 

Combien de temps la force doit-elle encore rester ? Les projections ont-elles évolué ?

La Misca doit terminer sa montée en puissance fin février, pour pouvoir pleinement remplir sa mission fin juin. Après le mois de juin, elle devra prendre à son compte la sécurité. Notre collaboration pourra prendre d'autres formes, comme du conseil. Mais nous resterons le temps qu'il faudra.

 

Si la mission consistait à rétablir la sécurité, était-ce vraiment l'armée qu'il fallait envoyer ? N'était-ce pas plutôt une mission pour la gendarmerie ?

Notre mission n'est pas une mission de police. Un militaire de Sangaris, en une journée, peut être amené à faire face à des mouvements de foule mais pas seulement. Les militaires peuvent être pris à partie, parfois il faut mobiliser l'ensemble de la force, avec des éléments qu'il n'y a pas dans les forces de police. Le panel d'actions est extrêmement varié, dans un contexte sécuritaire où des groupes armés récalcitrants peuvent utiliser un armement de guerre. Seule une troupe maîtrisant cet armement peut leur faire face.

Les éléments de la force travaillent énormément, ils ont beau être entraînés et bénéficier d'une expertise certaine, ils sont épuisés. N'êtes-vous pas manifestement en sous-effectif ?

Beaucoup d'acteurs saluent le travail de la force, aussi bien les ONG que les dignitaires, les religieux... Ils sont unanimes sur la disponibilité, l'engagement, la maîtrise de nos éléments. C'est un vrai motif de fierté. C'est la marque d'une armée professionnelle, aguerrie, qui sait faire face à ce type de situations difficiles. Mais nous ne sommes pas seuls. Nous sommes avec la Misca. On est là pour être avec eux et assurer la montée en puissance. Nous devons les amener, de plus en plus, à travailler avec nous. Avec les contingents de sept nations. Dans la capitale, il y a des Burundais et des Tchadiens, des Congolais et des Camerounais parmi les forces de police. Ils sont de grande valeur, disponibles et très sollicités. Soyons aussi un peu indulgents avec la Misca, elle existe depuis le 19 décembre ! Il y a eu une violence ahurissante, et la Misca a accompli sa part pour la contrôler. La coordination se fait au niveau de l'état-major, avec environ dix officiers de liaison. Nous avons aussi une équipe de liaison sur le terrain, notamment avec le contingent burundais.

Aujourd'hui, la transition patine, n'avez-vous pas le sentiment que l'armée a été envoyée alors que le volet politique n'avait, lui, pas été assez pensé ?

J'ai des ordres clairs, une mission claire, je suis en contact quotidien avec les autorités parisiennes et j'ai un soutien total, je me sens totalement à l'aise. Pour moi et pour mes soldats. Alors que nous sommes dans une situation complexe, ils savent exactement ce qu'ils ont à faire, ils ont la bonne attitude pour que la situation ne dérape pas inutilement. Cela nous a permis de maintenir la violence à un niveau minimal et les soldats n'ont pas été critiqués. La population centrafricaine a souffert, elle souffre encore, il faut l'aider. Il faut désarmer les mains, mais aussi les coeurs. Par ailleurs, je veux juste signaler que notre arrivée a suscité beaucoup d'attente, c'est irréaliste de croire qu'en un mois, on va résoudre vingt années de crise.

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