Vedomosti photo RIA Novosti. Ilia Pytalev
MOSCOU, 3 octobre - RIA Novosti
Pour la première fois depuis le début du XXIe siècle, les Forces nucléaires stratégiques russes disposent d'autant de vecteurs et d'ogives nucléaires que les USA, écrit vendredi le quotidien Vedomosti.
Tel fut le constat du département d’État américain au cours de l'échange de renseignements avec la Russie sur les armements stratégiques, le 1er septembre.
Cet échange d'informations est prévu par le traité russo-américain de réduction des armes stratégiques (START 3) signé à Prague en 2011. Conformément à ce texte, les vecteurs stratégiques déployés – les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE), les bombardiers stratégiques et les missiles balistiques intercontinentaux à silo, les vecteurs non déployés (par exemple, les SNLE qui ne sont pas dotés de missiles en ce moment) et les ogives sur les vecteurs déployés – sont comptablisés à part.
Selon Pavel Podvig, chef du projet Armement nucléaire russe, l'augmentation du nombre de munitions et de vecteurs dans les deux catégories s'explique par l'arrivée, ces dernières années dans la marine russe, de sous-marins du nouveau projet 955 dotés de nouveaux missiles Boulava avec plusieurs ogives. Fin 2013, la marine a mis en service le deuxième sous-marin de cette classe Alexandre Nevski: chacun de ses 16 missiles est considéré comme un vecteur d'après le START et embarque six ogives, comme prévu. De plus, le missile intercontinental Topol-M, avec une seule ogive, n'est plus en service. À sa place est déployé le missile Iars muni de trois ogives, explique l'expert. Selon lui, d'ici 2018, quand les restrictions prévues par le START 3 entreront en vigueur, une parité approximative sera maintenue entre les forces stratégiques russes et américaines, alors que dans les années 2000 on assistait à une réduction des forces stratégiques plus rapide par rapport aux USA car les vecteurs obsolètes étaient retirés du service plus rapidement en Russie. Dans le même temps, il ne faut pas surestimer cette arrivée formelle à une parité, selon Pavel Podvig: "Les règles de prise en compte dans le cadre du START 3 sont telles qu'en cas de l'envoi d'un SNLE en maintenance et de son désarmement il ne serait plus considéré comme un vecteur déployé. Les États-Unis ont déjà utilisé cette méthode par le passé pour réduire provisoirement le nombre de vecteurs et d'ogives déclarés".
Selon un ancien responsable du ministère russe de la Défense, un autre facteur explique cette égalisation du nombre d'ogives russes et américaines: le rythme de retrait du service des missiles Topol s'est réduit, mais ces missiles seront de toute façon retirés et d'ici 2018 les USA auront de nouveau un certain avantage en termes d'ogives.