20 janvier 2015 par Jacques N. Godbout - 45eNord.ca
Après que le commandant des Forces d’opérations spéciales du Canada a révélé, lundi, que des soldats canadiens avaient échangé des tirs en Irak avec des combattants de l’État islamique, le chef du NPD, Thomas Mulcair, s’est empressé d’accuser le premier ministre Harper d’avoir induit les Canadiens en erreur sur la participation du Canada au combat contre le groupe djihadiste.
Le premier ministre canadien, quant à lui, réplique en se déclarant très fier de l’action des militaires canadiens.
Hier à Ottawa, au « briefing » sur l’opération IMPACT, la contribution canadienne à la lutte de la coalition menée par les États-Unis contre l’organisation de l’État islamique, le brigadier-général Michael Rouleau, commandant des Forces d’opérations spéciales du Canada, a révélé que des membres des Forces spéciales canadiennes, dépêchés en Irak pour participer à la lutte contre le groupe djihadiste ultra-radical, ont essuyé des tirs ennemis et ont été contraints de répliquer.
Les membres des forces spéciales canadiennes prennent part directement aux frappes de la coalition contre des cibles de l’État islamique, a-t-on également appris hier.
Ils ont ainsi aidé jusqu’à maintenant les avions de chasse amis à localiser des cibles ennemies à 13 reprises.
Mais, lors de la planification d’un bombardement non loin de la ligne de front, des membres des forces spéciales ont été attaqué par des tirs de fusils mitrailleurs et de mortiers, a révélé le le commandant des Forces d’opérations spéciales.
« Lorsqu’ils ont avancé pour confirmer les plans et visualiser ce dont ils avaient discuté sur une carte, ils ont immédiatement essuyé des tirs de mortier et le feu de mitrailleuse », a précisé le brigadier-général Rouleau.
Les Canadiens ont alors répliqué aux tirs ennemis dans une posture purement défensive et ont détruit les deux positions ennemies d’où venaient les tirs grâce à des snipers. Il n’y a eu aucun blessé du côté canadien.
Mulcair accuse Harper d’avoir trompé les Canadiens
Le chef du NPD, Thomas Mulcair, pour cette raison, accuse le premier ministre Stephen Harper d’avoir induit les Canadiens en erreur au sujet de la participation du Canada à des combats au sol en Irak.
« M. Harper ne peut s’en tirer et dire aux Canadiens: ‘Il n’y aura pas de combat de nos troupes’ et ensuite essayer d’expliquer qu’en fait, ils sont impliqués dans ces combats », a déclaré le chef de l’Opposition lors d’un point de presse.
« Je lui ai posé ces questions spécifiquement en septembre, et il a dit aux Canadiens qu’ils ne seraient pas impliqués dans une mission de combat. Il n’a pas dit la vérité. », a poursuivi le chef néo-démocrate.
« Maintenant qu’on sait que les Canadiens sont impliqués dans les combats (au sol, ndlr), on dit que ce n’est toujours pas une mission de combat. Les hommes et les femmes qui sont là-bas méritent mieux que les jeux de mots du premier ministre. C’est une question d’intégrité gouvernementale », a martelé le chef néo-démocrate.
Les Forces armées canadiennes plaident la légitime défense
L’automne dernier, avant l’adoption de la motion autorisant la mission, tout au long du débat sur la participation canadienne à la coalition, le premier ministre Harper a toujours affirmé que le Canada ne participerait pas à des combats au sol. « Les soldats canadiens n’accompagneront pas les forces irakiennes au combat », répétait alors le premier ministre canadien.
Les membres des forces spéciales canadiennes ont initialement été déployés en Irak pour une mission de formation des forces de sécurité irakiennes. Cette mission a ensuite été élargie pour permettre à des avions militaires canadiens de participer à des frappes aériennes sur des cibles de l’EI.
Quant à l’échange de tirs auquel se réfère Thomas Mulcair, depuis le début de la mission canadienne en Irak, c’est la première fois qu’un incident de ce type se produit, a bien précisé hier lors de la séance d’information à Ottawa le brigadier-général Rouleau, insistant pour bien faire comprendre qu’il s’agissait d’un cas unique et de légitime défense.
Quant à l’identification de cibles, notamment à l’aide de lasers pointés sur des cibles au sol, ces activités s’inscrivent selon le commandant des Forces spéciales dans le cadre de la mission d' »aide et de formation », les forces de sécurité irakiennes n’étant pas pour le moment en mesure d’accomplir ces tâches par eux-mêmes.
Quant au premier ministre Harper, il s’est pour sa part, contrairement au chef néo-démocrate, déclaré très fier de l’action des militaires canadiens en Irak.
« Le mouvement djihadiste international a déclaré la guerre au Canada et à ses alliés. Nous devons faire face directement à cette menace et c’est exactement ce que fait le gouvernement », a déclaré le chef du gouvernement canadien « Nous sommes immensément fiers du travail extraordinaire que font nos forces armées canadiennes en combattant la menace terroriste que constitue le soi-disant État islamique en Irak et nous les appuyons à 100%. Contrairement aux libéraux et au NPD, qui préféreraient voir le Canada se tenir en retrait pendant que d’autres se battent pour nous, nous allons continuer à soutenir la coalition internationale dans la lutte contre les terroristes de l’EI ».
Alors, l’échange de tirs entre les soldats canadiens et les combattants djihadistes, l’exception qui confirme la règle ou…la nouvelle règle?