Alignés sur le pont d’envol du porte-avions, pilotes aux commandes, les SEM s’apprêtent au catapultage aux ordres des chiens jaunes -photo Marine nationale - Daniel FERELLEC
27 Juin 2014 LV Colomban Errard - Marine Nationale
Il a bien failli ne jamais voir le jour, et pourtant, il fête aujourd’hui ses 40 ans. Il, c’est le Super-Étendard et son évolution, le Super-Étendard modernisé. Bref retour en arrière, nous sommes en 1972 : La Marine contacte des constructeurs, notamment américains, mais la volonté de doter l’aéronautique navale d'un avion de construction entièrement française l'emporte finalement. Elle opte pour une version modernisée de l'Étendard IV, appelée Super-Étendard. Le premier vol a lieu le 28 octobre 1974 sous la conduite de Jacques Jesberger. Produit à 71 exemplaires pour la Marine nationale, entre 1977 et 1983, le Super-Étendard - arrivé en flottilles en 1978 - est un avion fiable et robuste malgré son âge. Au fil du temps, les missions assignées à l'appareil conçu par Dassault-Aviation s’élargissent : projection de puissance (attaque d'objectifs terrestres, appui feu des troupes au sol, reconnaissance aérienne), protection et soutien des forces maritimes (éclairage de zone, frappes à la mer) et enfin dissuasion nucléaire (délivrance du missile Air-sol Moyenne Portée – ASMP).
Un quadra encore pimpant
Si son ergonomie est caractéristique des années 60, l’armement du Super-Étendard modernisé témoigne indéniablement de son appartenance aux années 2000. Des améliorations indiscutables ont en effet été apportées à l’aéronef. Les évolutions des standards 1 et 2 portent sur la cabine et le radar. À partir de 1992, date de l'apparition du standard 2, l’avion aux capacités opérationnelles fortement accrues prend l'appellation de Super-Étendard modernisé (SEM). Le standard 3 permet ensuite le tir par guidage laser. Le standard 4 améliore pour sa part le système d'autoprotection contre les missiles antiaériens et l'autonomie de l'avion pour le tir d'armes à guidage laser. Il permet aussi l'emport du pod CRM 280, qui permet à l'avion d’effectuer des missions de reconnaissance. Enfin, le standard 5 permet de nombreuses améliorations, comme la capacité d'attaque de nuit, l’intégration du FLIR (Forward Looking InfraRed –imagerie infrarouge frontale), le traitement bas niveau de lumière (BNL) de la cabine pour navigation de nuit sous jumelles de vision nocturne (JVN), ou encore une meilleure précision du tir bombes.
Un vécu opérationnel exceptionnel
Depuis les porte-avions « Foch » et « Clémenceau », le Super-Étendard prend part à diverses opérations conduites par la France : Olifant en 1983 et 1984 (guerre civile au Liban), Prométhée en 1988 (guerre Iran-Irak), Capselle en 1989 (Liban), Alerte Irak en 1991 (Irak), Balbuzard et Salamandre (ex-Yougoslavie) de 1993 à 1995, Trident (Kosovo) en 1998-1999. Puis, c’est depuis le porte-avions « Charles de Gaulle » que le SEM poursuit sa brillante carrière : Héraclès et Agapanthe (Afghanistan) de 2001 à 2010 ou encore Harmattan (Libye) en 2011. Sur ces différents théâtres, l’avion a acquis son surnom de « couteau-suisse de l’aéronautique navale » : un aéronef capable de remplir toutes les missions, mais une seule à la fois.
Adieu aux armes…
La transformation de la flottille 11F sur Rafale a eu lieu le 19 septembre 2011 et la page SEM sera définitivement tournée en 2016 avec la « bascule Rafale » de la 17F, qui compte encore 8 à 10 SEM au gré des entretiens. Place donc demain au « tout Rafale », avion « multirôle ». Un remplacement qui s’inscrit dans une démarche générale de modernisation de la force de l’aéronautique navale.
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