13 Avril 2012 Jean-Dominique Merchet - Secret Défense
Dans le meilleur des cas, le désengagement pourrait être accélérer de quelques mois.
Alors que l'armée française a transféré, jeudi 12 avril, le contrôle de la Surobi aux forces de sécurité afghanes, la question du retrait se heurte toujours à d'importantes difficultés logistiques. La France s'est engagé à retirer ses troupes combattantes fin 2013. François Hollande, au cas où il serait élu, a promis d'accèlerer ce calendrier, pour la fin de cette année, même s'il met progressivement de l'eau dans son vin...
Le défi logistique est colossal. Selon les chiffres américains et pour l'ensemble des troupes de la coalition, il s'agit de retirer en trois ans : 72.000 véhicules et 150.000 conteneurs, tout en rendant 1300 emprises. Les logisticiens américains ont calculé que cela signifiait enlever un équipement toutes les sept minutes et 150 conteneurs par jour pendant trois ans... A côté, la question du rapatriement de dizaines de milliers d'hommes semble être un jeu d'enfant.
Par où passer ? Les deux routes qui partent de l'Afghanistan vers le Pakistan (Khyber Pass au Nord et Quetta au Sud) sont fermées depuis cinq mois par les autorités pakistanaises et nul ne sait quand elles réouvriront... La route du nord n'est pas plus simple. Même si les Russes acceptent le transit par leur territoire, il faut d'abord arriver en Russie. Et donc traverser des Républiques d'Asie centrale : Ouzbekistan, Tadjikistan, Kirghizistan et Kazakhstan. Pas simple dans tous les cas et forcément couteux...
Pour l'heure, la solution la plus simple semble être, pour la France, un "brouettage" aérien dans deux directions. La première est déjà utilisée : en avion gros porteur jusqu'à Abu Dhabi puis par la mer. L'autre reste à mettre en place : en gros porteur jusqu'en Russie ou au Kazakhstan, puis par la route ou mieux, le rail.
Quoi qu'il en soit, cette affaire prendra du temps. Dans les armées, on estime aujourd'hui que si le pouvoir politique l'exigeait, le délai pourrait être raccourci "de quelques mois au plus, pas plus de six, si l'on veut faire les choses de façon sécurisée et à condition que les routes pakistanaises soient réouvertes".