07.12.2013 24heures.ch
Les Etats-Unis ont dévoilé leur feuille de route pour la destruction de l'arsenal chimique syrien. Les opérations se dérouleront en mer, sur le MV Cape Ray, un cargo de 200 mètres, et prendront «entre 45 et 90 jours».
Un navire, deux usines portables, 45 à 90 jours pour traiter des «centaines de tonnes» d'agents chimiques: le Pentagone a dévoilé sa feuille de route pour la destruction des armes chimiques syriennes considérées comme les plus dangereuses.
Après le refus de l'Albanie de détruire sur son sol les agents chimiques dits de «priorité 1», considérés comme les plus dangereux et qui doivent avoir quitté la Syrie avant le 31 décembre, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a décidé de confier leur neutralisation aux Etats-Unis.
Les Américains mèneront ces opérations en mer à bord d'un navire. Le Pentagone est en train de préparer sur sa base de Norfolk (Virginie, est) le MV Cape Ray, un cargo de 200 mètres appartenant à la flotte de réserve, avec les équipements nécessaires pour mener cette mission qui n'attend plus qu'un feu vert définitif de l'OIAC.
150 conteneurs
Les agents chimiques considérés comme les plus dangereux, qui doivent être détruits d'ici avril 2014, sont de l'ordre de plusieurs «centaines de tonnes», soit environ «150 conteneurs», selon un haut responsable américain de la Défense, s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Damas a déclaré un total de 1290 tonnes d'armes chimiques, de précurseurs ou d'ingrédients.
Les conteneurs doivent être convoyés par l'armée syrienne vers le port de Lattaquié, d'après l'OIAC. Ils seront ensuite transportés par des navires vers le port d'un pays tiers, qui reste à déterminer. La Norvège et le Danemark se sont engagés à fournir tout ou partie de ces navires.
Une fois dans ce port, les conteneurs seront transbordés dans un délai de 48 heures à bord du Cape Ray, qui mènera vraisemblablement ses opérations de neutralisation dans les eaux internationales.
Neutralisation à bord
Le département américain de la Défense installe actuellement dans les entrailles du Cape Ray deux systèmes d'hydrolyse déployable (FDHS). Ces sortes d'usines portables sont capables de «neutraliser» les agents chimiques syriens les plus dangereux, ceux qui entrent dans la composition du gaz moutarde, du sarin et du VX.
Mis au point en début d'année par le Pentagone, ils sont installés dans les cales du navire sous une tente dotée d'un système de filtration. Ils seront opérés par une soixantaine d'employés civils de la défense américaine, pour un équipage total d'environ 100 personnes à bord.
Ce système d'hydrolyse mixe les agents, stockés séparément sous forme liquide «en vrac», avec beaucoup d'eau et de lessive, et aboutit à un «produit inerte avec un faible degré de toxicité» très commun dans l'industrie, selon le haut responsable américain. Les opérations de neutralisation prendront «entre 45 et 90 jours».
«Décennies d'expérience»
«C'est une technologie éprouvée. Les agents chimiques et leur réaction sont bien connus, c'est sûr et respectueux de l'environnement», estime le responsable, assurant qu'il n'y aura «absolument rien» de rejeté en mer.
«Le département de la Défense a des décennies d'expérience dans la démilitarisation des armes chimiques», a-t-il plaidé. Les Etats-Unis sont toujours en train de détruire leur arsenal issu de la guerre froide et ont aidé la Russie, l'Albanie et la Libye à se débarrasser des leurs.
Une fois équipé, le navire procédera à des essais en mer puis sera «prêt à appareiller en début d'année prochaine (pour sa mission). C'est une question de semaines», selon lui.
Appel d'offres
Le Pentagone, pour qui il s'agit d'une opération à «faible risque», n'a pas donné de précisions sur la bulle de sécurité qui sera vraisemblablement instaurée autour du Cape Ray lors des opérations de neutralisation.
Les produits inertes issus de l'hydrolyse seront ensuite confiés à des sociétés de traitement spécialisées dans les déchets industriels. Tout comme les autres agents chimiques syriens, pour lesquels l'OIAC a lancé un appel d'offre au secteur privé. Quelque 35 sociétés ont exprimé leur intérêt, selon l'un des porte-parole de l'OIAC, Christian Chartier.
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