Parmi ces groupes figurent de puissantes katibas comme la faction salafiste Arar el-Sham, Liwa el-Tawid, proche des Frères musulmans, et Liwa el-islam, liée à l'Arabie saoudite. Bien implantés notamment au nord de la Syrie, ces trois groupes totalisent au moins 40.000 hommes sur les 150.000 que compterait l'ensemble de l'insurrection.
«La charia comme la seule source de législation»
La Coalition nationale syrienne (CNS), le bras politique de l'opposition soutenue par les Occidentaux, «ne nous représente pas et nous ne la reconnaissons pas», soulignent les treize groupes dans un communiqué. Ils appellent à faire de la charia, la loi islamique, «la seule source de législation».
En vidant le courant modéré de l'insurrection, cette défection est un très mauvais coup porté à l'Armée syrienne libre et à son patron, le général Sélim Idriss, qui a écourté un séjour outre-Atlantique pour rentrer précipitamment dans les zones dites libérées du nord de la Syrie. Ses conséquences sont immédiates. D'abord sur la question de l'armement des rebelles, idée relancée récemment par François Hollande qui insiste pour «un contrôle renforcé» des fournitures d'armes aux opposants à Bachar el-Assad. Mais comment faire lorsqu'une partie de ces modérés, qui ne représentaient déjà que 15 à 20% des rebelles, passent du côté des radicaux islamistes?
De nombreux insurgés ont perdu espoir
Ce durcissement est également la conséquence du renoncement américain à engager des frappes punitives contre le pouvoir d'el-Assad, que la composante modérée de la rébellion attendait avec impatience pour enfin gagner du terrain face à ses rivaux djihadistes.
Mais, depuis, de nombreux insurgés ont perdu espoir, tandis que les factions djihadistes en ont profité pour renforcer leurs positions, en éliminant des chefs de groupes qui refusaient de passer sous leur contrôle.
Ces défections sonnent enfin le glas d'un gouvernement transitoire que la CNS et certains de ses soutiens occidentaux - la France en particulier - souhaitaient installer dans les régions nord de la Syrie, où le régime a perdu le contrôle d'une grande partie du territoire. Elles pourraient précipiter un éclatement d'une Coalition, à laquelle les rebelles reprochent de se tenir trop loin de la réalité du terrain.
«Un avertissement à la communauté internationale»
«Les Français et d'autres ont continué de croire le général Idriss quand il leur assurait avoir sous ses ordres 85% des rebelles, constate un observateur indépendant à Damas. Ils se sont fait avoir. Ils avaient demandé au général Idriss de réclamer des commandants des conseils révolutionnaires de publier des communiqués dans lesquels ils répondaient à son commandement. Les chefs rebelles ont dit: ok, on prend l'argent et les armes. Mais ensuite sur le terrain, les chefs rebelles continuent de rejeter les ordres des cadres de l'ASL à l'extérieur.»
«C'est une sonnette d'alarme et un avertissement à la communauté internationale», a réagi Louaï Moqdad, un responsable de l'ASL.
Dans ces conditions, tout cessez-le-feu résultant d'une conférence internationale sur la Syrie risquerait de ne pas être respecté par la mouvance radicale salafiste et djihadiste, qui représente environ la moitié des rebelles, selon l'ONU sur place en Syrie et l'institut de recherche britannique Jane's.