12 mars 2015 45eNord.ca (AFP)
Des milliers de soldats irakiens renforçaient jeudi le siège de la ville de Tikrit en attendant de mener l’assaut contre les quelques centaines de djihadistes du groupe Etat islamique (EI) qui y sont terrés.
Onze jours après le lancement de leur offensive, les militaires irakiens affirmaient que la reprise prochaine de Tikrit ne faisait guère de doute car le temps jouait contre les jihadistes.
« Nous commençons à appliquer la deuxième phase de notre plan », a expliqué le ministre de la Défense, Khaled al-Obeidi en déplacement dans la province de Salaheddine, dont Tikrit est la capitale. « Le temps est de notre côté, nous avons l’initiative » et « nous voulons limiter au maximum les pertes humaines », a-t-il ajouté.
« Tikrit est bouclée de tous les côtés » mais « nous ne voulons pas nous précipiter », a précisé le général de police Bahaa al-Azzawi, interrogé par l’AFP à Albou Ajil, un village d’où est visible Tikrit de l’autre côté du Tigre.
En attendant, les forces gouvernementales, fortes de plusieurs milliers d’hommes, tiraient sporadiquement à l’artillerie sur Tikrit, ont constaté les journalistes de l’AFP.
Des soldats, des policiers et des membres des Unités de mobilisation populaire, une force para-militaire principalement composée de miliciens chiites, avaient réussi mercredi à entrer dans Tikrit et à reprendre le contrôle du quartier de Qadisiyah, dans le nord de la ville.
Le commandant des Unités, Hadi al-Ameri, a affirmé qu’il n’y avait plus d’issue pour les quelques centaines de jihadistes terrés dans le centre-ville.
Ils « ont deux choix: se rendre ou mourir », a-t-il prévenu.
« Nous n’avons pas besoin d’attaquer, cela pourrait faire des victimes dans les rangs de nos combattants », a ajouté le commandant Ameri, dont l’organisation Badr est l’une des plus importantes milices chiites d’Irak.
L’avancée des forces gouvernementales est en effet délicate car la technique éprouvée des jihadistes est de truffer de bombes et autres engins explosifs les lieux qu’ils s’apprêtent à quitter. « Nous n’avons pas face à nous des combattants au sol mais un terrain piégé et des snipers », a résumé un haut gradé.
Aucun bilan de victimes depuis le début de l’offensive contre Tikrit n’était disponible, mais plusieurs dizaines de corps sont acheminés quasi quotidiennement à Bagdad et dans la ville sainte chiite de Najaf.
L’incertitude demeure en outre sur le nombre de civils qui seraient toujours présents dans Tikrit et sur leur condition humanitaire et sécuritaire.
« L’accès aux zones de combat est soumis à des restrictions et il faudra du temps pour obtenir des informations sur d’éventuels abus », a souligné à l’AFP Donatella Rovera, d’Amnesty International.
La bataille de Tikrit, une ville majoritairement sunnite et ex-fief de l’ancien dictateur Saddam Hussein, représente l’offensive la plus ambitieuse lancée par Bagdad pour reconquérir les villes et territoires occupés depuis l’été 2014 par l’EI, qui a proclamé un « califat » à cheval sur l’Irak et la Syrie.
Les observateurs considèrent cette bataille comme un test de la collaboration entre les nombreuses forces combattantes et de la capacité des groupes chiites à prévenir des actes de revanche contre les sunnites.
M. Obeidi, ministre sunnite, a déclaré avoir été impressionné par la bonne entente sur le terrain, qui « envoie un message très positif au peuple irakien ».
« Avec notre unité, nous pouvons obtenir la victoire », a également lancé le Premier ministre Haider al-Abadi.
Dans cette dernière province, l’EI a mené une attaque spectaculaire mercredi avec au moins douze attentats simultanés à la voiture piégée dans la ville de Ramadi. Parmi les kamikazes, figurerait un adolescent australien de 18 ans qui était sous surveillance, selon le gouvernement australien.
Dans la Syrie voisine, plus de 50 soldats et rebelles ont été tués dans de violents combats près d’une colline stratégique de la province côtière de Lattaquié (ouest), fief du clan de Bachar al-Assad, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Près de quatre ans après le début du conflit dans ce pays, 21 ONG ont dénoncé l’incapacité de la communauté internationale à faire face au désastre humanitaire. « Nous avons trahi nos idéaux », a affirmé Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés qui a contribué au rapport.