15/10/2013 45eNord.ca (AFP)
Une semaine après sa capture controversée à Tripoli, le Libyen Abou Anas al-Libi, responsable présumé d’Al-Qaïda, a été transféré à New York où il devrait comparaître dès mardi.
Il a été «transféré ce week-end [...] directement à New York où il est inculpé depuis plus de dix ans. Le gouvernement pense qu’il sera présenté à un officier de justice demain», a annoncé lundi le procureur de Manhattan Preet Bharara dans un bref communiqué.
Libi, 49 ans, avait été inculpé à New York en 2000 en lien avec des attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, et le FBI offrait jusqu’à 5 millions de dollars pour sa capture.
L’attentat de Nairobi avait tué 213 personnes, dont 12 Américains, et fait plus de 5.000 blessés le 7 août 1998. L’attentat de Dar es Salaam, simultané, avait fait 11 morts et 85 blessés.
Libi a été capturé le 5 octobre devant chez lui à Tripoli par les forces spéciales américaines, et d’abord transféré à bord d’un navire de l’US Navy en Méditerranée, le USS San Antonio, pour y être interrogé, hors la présence de tout avocat.
Tripoli a réclamé sa remise, en vain
Les Américains l’accusent d’avoir notamment mené, dès 1993, des opérations de surveillance «visuelle et photographique» de l’ambassade américaine à Nairobi.
L’année suivante, selon l’acte de mise en accusation, Libi, considéré comme un expert en informatique, avait étudié avec d’autres membres d’Al-Qaïda plusieurs cibles possibles d’attentat, dont l’ambassade américaine à Nairobi, l’agence américaine pour le développement international dans la même ville, et des «cibles britannique, française et israélienne à Nairobi».
Son groupe était allé ensuite rapporter ses informations à Oussama Ben Laden au Soudan.
Libi avait été inculpé à New York en 2000 avec 20 autres membres présumés d’Al-Qaïda, notamment de complot visant à tuer des citoyens américains et complot visant à détruire des bâtiments et propriétés des Etats-Unis, en lien avec les attentats en Afrique.
Plusieurs de ces inculpés, dont Oussama Ben Laden, sont morts depuis.
De son vrai nom Nazih Abdul Hamed al-Raghie, Libi avait été membre du Groupe islamique de combat libyen (Gicl) avant de rejoindre Al-Qaïda à ses débuts. Les Américains espèrent qu’ils pourront en obtenir de précieuses informations sur les premières années du groupe.
Dans les années 90, il avait vécu au Royaume-Uni, où il avait obtenu l’asile politique, selon le FBI.
La Libye, très embarrassée par sa capture qui a provoqué la colère de groupes d’ex-rebelles et de partis politiques, a dénoncé un «enlèvement», affirmant qu’elle n’en avait pas été prévenue.
Tripoli a convoqué après la capture l’ambassadrice des États-Unis, et le Congrès général national libyen (CGN), la plus haute autorité politique de Libye, a demandé, en vain, «la remise immédiate du citoyen libyen», qualifiant le raid américain de «violation flagrante de la souveraineté nationale».
Mais le président des États-Unis Barack Obama a affirmé qu’il serait jugé par la justice américaine.
«Nous savons que Libi a aidé à planifier et à mettre en oeuvre des complots qui ont abouti à la mort de centaines de personnes, dont de nombreux Américains. Nous en avons des preuves solides. Et il sera traduit en justice», a-t-il assuré.
Les États-Unis ont agi conformément aux «lois internationales sur la guerre, au fait que nous sommes habilités, d’après la loi internationale, à nous défendre», a également affirmé la semaine dernière la porte-parole du département d’Etat, Marie Harf.
Les États-Unis ont refusé de dire s’ils avaient demandé la permission d’intervenir au gouvernement libyen.