La route est encore longue et surtout très incertaine en matière de drone MALE (Moyenne altitude longue endurance) européen. Mais le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian fait preuve d'une bonne volonté pour gagner ce pari. En tout cas, les études de ce futur drone MALE de nouvelle génération seront lancées cette année, avec un accord de principe dès le salon aéronautique du Bourget, a annoncé mercredi Jean-Yves Le Drian.
"Notre effort en matière de drones de surveillance et d'ISR (Intelligence, Surveillance & Reconnaissance, ndlr) devrait être accentué, avec notamment, dès cette année, le lancement des études relatives au futur drone européen, que la France envisage à l'horizon 2025 avec l'Allemagne et l'Italie", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Quand une telle décision sera-t-elle prise? "Le Salon du Bourget, au mois de juin, constituera un autre rendez-vous majeur pour nos industries de défense. Ce sera d'ailleurs un jalon important sur le chemin de la réalisation du drone européen, puisque nous signerons à cette occasion un accord de principe sur le lancement des études", a précisé le ministre. En juin 2013, Jean-Yves Le Drian, au moment où il avait annoncé son choix d'acheter des drones américains Reaper, avait expliqué qu'à plus longue échéance, il fallait "préparer avec les Européens le drone MALE de troisième génération". On y est mais existe-t-il un marché?
A l'époque, Jean-Yves Le Drian avait évalué le marché à 30 ou 40 drones en Europe. Selon lui, la Pologne pourrait à terme avoir besoin de ce type de drones, qu'utilisent déjà l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie. Pour autant, certains observateurs restent sceptiques sur la constitution d'une filière industrielle : le marché européen, déjà difficile à unifier, reste trop étroit et un drone MALE est un programme relativement modeste pour accepter de nombreux partenaires.
Un projet européen
Ce projet de drone MALE européen est porté par Airbus Group, Dassault Aviation et Alenia Aermacchi (groupe Finmeccanica) qui ont soumis en mai dernier aux gouvernements français, allemand et italien une proposition concrète pour construire ensemble un drone militaire d'ici à 2020, un marché dominé par les États-Unis et Israël. Les trois groupes européens d'aéronautique avaient en juin 2013 fait part de leur volonté de coopérer pour fabriquer un drone MALE de nouvelle génération.
"Non seulement un tel programme conjoint satisferait les besoins des forces armées européennes, mais en outre il surmonterait les difficultés budgétaires actuelles par la mise en commun des ressources allouées à la recherche et au développement", avaient souligné les trois partenaires.
Lors de la présentation de ses résultats annuels mercredi, Dassault Aviation a évoqué dans ses faits marquants "le début des discussions avec les ministères de la Défense français, allemand et italien en vue de la phase de définition d'un programme de drone MALE européen, sur la base de la proposition" élaborée avec ses deux partenaires, sans plus de précision.
Le Reaper, le drone MALE européen
Pour autant, les industriels et les nations européennes ont échoué pendant plus de dix ans à s'entendre sur un projet commun de drone MALE, avec pour conséquence la domination du Reaper en Europe, où il équipe déjà la Grande Bretagne, l'Italie et la France. Acet égard, Jean-Yves Le Drian a indiqué mercredi que la France allait recevoir au mois d'avril un troisième drone Reaper et en commander trois supplémentaires à l'été.
Lors d'un sommet consacré à la Défense en décembre 2013, les Européens avaient souligné l'urgence du besoin de drones pour les pays européens, mais les baisses des budgets militaires n'ont pas jusqu'ici permis de débloquer les crédits pour développer un tel projet de drone. Et l'avenir est très sombre notamment en Grande-Bretagne et en Italie où des coupes dans les budgets de défense sont à prévoir... Pour le drone MALE européen, le chemin est encore très incertain.