01.07.2014 45eNord.ca
Le président ukrainien, Petro Porochenko, cédant à son armée et à l’opinion publique ukrainienne, a préféré l’offensive militaire aux négociations et a annoncé dans la nuit de lundi à mardi la fin du cessez-le-feu unilatéral d’une semaine et la reprise de l’offensive de l’armée dans l’Est, malgré les pressions russes et européennes.
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Mise à jour au 01/07/2014 à 16h15
Les chefs de la diplomatie allemande, française, russe et ukrainienne se réuniront mercredi de cette semaine à Berlin pour des discussions sur la crise en Ukraine, rapporte l’AFP, disant tenir l’information de source diplomatique française.
Frank-Walter Steinmeier, Laurent Fabius, Serguei Lavrov et Pavlo Klimkine se retrouveront dans l’après-midi pour des pourparlers sur la crise, alors que Kiev a repris ses opérations militaires contre les séparatistes pro-russes dans l’est du pays, et que Moscou l’accuse de torpiller le processus de paix.
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«Après avoir examiné la situation, j’ai décidé, en tant que commandant en chef des forces armées, de ne pas prolonger le régime de cessez-le-feu unilatéral», a déclaré M. Porochenko.
Une «offensive massive d’artillerie et d’aviation» a été déclenchée, a annoncé pour sa part le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense Oleksiï Dmytrachkivskiï.
«L’opération antiterroriste» a repris mardi matin, a déclaré de son côté le président du parlement Oleksandr Tourtchinov à l’ouverture de la séance de la chambre unique. «Les forces armées effectuent des frappes contre les bases et les bastions des terroristes», a dit M. Tourtchinov, cité par Interfax.
Et ce mardi 1er juillet, première victoire, les forces gouvernementales ont repris le contrôle du poste-frontière de Dovjanskiï occupé par les insurgés prorusses dans la région de Lougansk (est), a annoncé le président ukrainien Porochenko.
Des sapeurs ont déminé ses environs, enlevant 15 engins explosifs sur les voies d’accès à ces installations et 20 autres sur le territoire du poste lui-même.
À une trentaine de kilomètres de Donetsk, se déroulaient également ce matin des combats impliquant des chars selon des témoins et des journalistes sur place.
Ailleurs sur le terrain, la situation était calme et inchangée.
Plusieurs incidents et violations avaient marqué le cessez-le-feu et les deux parties s’étaient pointées du doigt.Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères ukrainien diffusé tard lundi soir, 27 soldats ont été tués par les séparatistes pro-russes et 69 autres blessés pendant la trêve.
Le contrôle de la frontière
Le contrôle du territoire et, en premier lieu de la frontière, est l’un des objectifs de l’opération ukrainienne qui vise notamment à empêcher l’entrée dans les zones séparatistes d’hommes et de matériels en provenance de Russie.
À l’issue d’entretiens téléphoniques avec ses homologues Angela Merkel, François Hollande et Petro Porochenko lundi 30 juin, le président russe Vladimir Poutine, tout en appelant à une prolongation du cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, avait pourtant proposé à son homologue ukrainien le déploiement d’observateurs à la frontière pour s’assurer une fois pour toutes que ne passent pas d’hommes armés.
Mais le président Porochenki était soumis à de fortes pressions pour qu’il mette fin aux cessez-le-feu, alors qu’en Ukraine l’opinion publique était favorable à la reprise des opérations militaires contre les «séparatistes», estimant que la suspension des combats permettait à ces derniers de recevoir de nouveaux renforts de Russie.
Dans une adresse solennelle à la nation, Porochenko avait rejeté la responsabilité de la situation sur les rebelles, dénonçant leurs «activités criminelles» qui ont fait échouer son plan de paix, tout en se gardant bien d’évoquer la Russie.
Moscou déplore la situation
Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que les Occidentaux devaient «cesser d’utiliser l’Ukraine comme monnaie d’échange dans les jeux géopolitiques».
Après son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le président russe a déploré à son tour le refus de Kiev de prolonger le cessez-le-feu. «En refusant de prolonger le cessez-le-feu, le président ukrainien Piotr Porochenko s’est porté pleinement responsable de la situation en Ukraine, notamment des conséquences de l’opération militaire», a déclaré mardi le président Vladimir Poutine devant les ambassadeurs russes et les représentants permanents de la Russie auprès des institutions internationales.
«L’Ukraine n’abandonne pas son plan de paix», a toutefois affirmé le président ukrainien lors de l’annonce dans la nuit de lundi à mardi du refus de prolonger le cessez-le-feu. «Notre plan de paix, en tant que stratégie pour l’Ukraine et le Donbass, reste en vigueur. Et nous sommes même prêts à revenir au régime de cessez-le-feu à tout moment. Quand nous verrons que toutes les parties s’attachent à appliquer les points essentiels de ce plan de paix».
Sanctions ou pas
Vendredi dernier, à Bruxelles, les chefs d’État de l’UE avaient donné trois jours à la Russie pour engager des actions concrètes visant à faire baisser la tension dans l’est de l’Ukraine.
Par ailleurs, selon des sources européennes, l’UE a décidé de préparer de nouvelles sanctions contre la Russie considérant l’absence de désescalade dans le dossier ukrainien.
Mais ces sanctions, si elles étaient adoptées, demeureraient ciblées, selon l’une de ces sources, et il semble exclu que l’on passe à des mesures de phase 3 qui, elles, pourraient toucher des secteurs entiers de l’économie russe.
En outre, les Vingt-Huit n’envisageaient pour le moment d’imposer tout de suite de nouvelles sanctions à la Russie, ont aussi indiqué à Bruxelles des diplomates européens, la décision à ce sujet ne devant pas être prise avant la réunion de lundi prochain.
Les sanctions, n’en déplaise aux Américains et aux John Baird de ce monde, semblent de moins en moins une réponse à la crise ukrainienne, pas plus, peut-être, que la reprise des opérations militaires dont les victoires pourraient s’avérer bien éphémères.