J’assistais, mardi 1er avril, aux obsèques de Roger Baléras, qui fut pendant de nombreuses années Directeur des Applications Militaires au sein du Commissariat à l’Energie Atomique.
Ce petit bonhomme à l’esprit vif et au regard pétillant d’intelligence était un grand monsieur, un très grand monsieur malheureusement inconnu du grand public.
C’est en effet à lui et aux équipes qu’il a dirigées que l’on doit notre force de dissuasion nucléaire, qui est tout à fait à la pointe de ce que l’on fait de mieux dans le monde, grâce aux techniques innovantes qu’il a su développer et nous devons lui en savoir gré.
Il faisait partie de ceux à qui le général de Gaulle avait confié le soin de développer une force de dissuasion nucléaire stratégique (FNS) indépendante qui a su conférer à notre pays le statut de grande puissance reconnue dans le monde.
Au moment où l’on entend ici ou là des personnalités se prononcer pour l’abandon de notre FNS et pour l’abandon du nucléaire comme arme de dissuasion, je me pose la question de savoir si ces personnalités ont bien mesuré la portée de leurs paroles.
Savent-ils que dans le monde actuel nombre de pays se dotent de l’arme nucléaire comme assurance pour leur défense ? Il est inutile, me semble-t il, de se perdre en discussion sur le bien ou le mal de ce constat : le fait est là ! Si nous prenions la tête d’une grande opération de dénucléarisation nous serions dans l’utopie, et on ne peut que sourire à l’idée qu’une telle proposition impressionnerait des pays comme- pour ne citer qu’eux- l’Iran ou la Corée du Nord qui, dans un grand élan abandonneraient sur le champ leurs projets ! La réponse est très simple, nous resterions seuls avec nos grandes idées généreuses qui nous conduiraient à confier notre assurance sécurité à d’autres.
Suite de la tribune
* Général de l’armée, Vincent Lanata a été chef d’État Major de l’Armée de l'Air. Il a notamment commandé des unités en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Qatar ou encore en Jordanie, de 1991 à 1994. Il s’est rendu deux fois au QG des forces françaises en Arabie saoudite, lors de la première guerre du Golfe, en tant qu’inspecteur général de l’armée de l’air. Il a ensuite été chargé de mission auprès du ministre des Transports, Bernard Pons, de 1995 à 1997. Retraité du service actif, Vincent Lanata a monté deux sociétés de conseil.
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